Les Guerres madrières

Dans le premier tome de la saga de fantasy Blizzard, Le Secret des Esthètes, la révolte s’est propagée contre la tyrannie de l’Inquisiteur, des pentes montagneuses balayées par les vents glacés aux somptueuses galeries souterraines des Esthètes jusqu’à la capitale où se tient le Grand Tournoi. L’invasion des Erzats, le peuple mi-humain mi-animal irradié par la magie, menace de déclencher une nouvelle grande guerre. Au coeur des montagnes, Chasseur, le jeune leader des révoltés, embarque pour le plus dangereux des voyages : explorer la part sombre de sa mémoire. Qui est-il réellement ? Ravivera-t-il les récits des terribles premières grandes guerres ? Réussira-t-il à trouver l’enfer des mages où se terre l’ombre de son étrange maître, Blizzard ? 

Si je suis restée sur ma faim avec Blizzard, j’attends tout de même la suite. Ce premier tome ouvre tout un champ de possibles, et j’espère vivement que la suite sera épique et plus étoffée !

Voici les derniers mots de mon avis du tome 1 de Blizzard.  Eh bien ce tome 2 a largement comblé mes attentes en termes d’épique et d’action ! Comme son titre l’indique si bien, la majeure partie relate l’histoire d’une affreuse guerre. Le récit de l’Esthète qui y a participé est vraiment bien narré et sait comment transmettre tous les détails dans un conte fluide qui nous emporte dans la fièvre et la peur des combats. Je suis à chaque fois ressortie un peu déboussolée de cette lecture. 
L’auteur possède un véritable talent de conteur donc, mais il sait aussi faire passer toute une palette d’émotions à travers ses mots. L’empathie se dégageant de ce texte est vraiment importante et il est difficile de ne pas se sentir immergée dans ce texte. Pierre Gaulon alterne donc des phases nerveuses avec d’autres plus calmes et contemplatives. Cette dynamique ainsi créée crée un rythme où le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer. Car le danger, la peur et l’exaltation guerrière rôdent à chaque pages pour nous replonger dans le tourbillon du passé de cette contrée
L’histoire est vraiment bien construite avec une alternance temporelle : le présent et celle des guerres madrières où tout a commencé. Il pourrait être aisé de se perdre dans une telle mouvance des époques, mais Pierre Gaulon manie sa plume avec dextérité et la transition entre présent et passé est fluide, naturelle. La maîtrise du suspens, si importante dans un tel récit, est bien présente. On quitte à regret une époque pour retrouver un nouveau rebondissement dans l’autre. Si parfois il m’est arrivée de passer des chapitres d’une période dans un roman, ça n’a pas été le cas ici. 
On retrouve les mêmes personnages qu’au début. Bien qu’ayant lu le premier tome il y a déjà quelques mois, je n’ai pas mis trop de temps pour me les rappeler. Ils n’ont bien entendu pas beaucoup évolué, mais reprendre là où on les avait quitté à la fin du tome 1 crée une continuité appréciable. Je suis toujours vraiment intéressée par les Esthètes et les mages, ces deux catégories si mystérieuses et complexes. 
Notons enfin la magnifique couverture réalisée par Michal Karez qui invite au voyage au même titre que le texte.
#En Bref
Les Guerres madrières est un très bon texte qui m’a beaucoup plu. Son caractère épique et la richesse des émotions qu’il sait faire paraître en fait un plaisir à lire à tel point que je l’ai refermé à contrecœur. 
Vous l’aurez compris, il s’agit d’un coup de coeur que je vous conseille. Pierre Gaulon est un auteur qu’il faut suivre à mon sens.

Cygne, intégrale

Couverture Cygne, intégrale
Corleu, était différent des autres errants avec ses cheveux couleur lune et sa fascination pour les légendes : celle du Cygne, du Roi d’or dans sa maison noire, de l’Aveugle qui voit à travers son anneau du temps, de la danseuse des rêves et son ours blanc…
Alors qu’il se promenait en lisière de la forêt, au milieu des marais, il franchît la porte interdite et se retrouva au plus profonds des mystères, perdu dans les légendes de son enfance…


Avant que l’on me propose la lecture de cette intégrale, je n’avais jamais entendu parler de cette auteure. Eh bien elle m’a laissée songeuse…

Au sens propre du terme, car ce sont deux contes oniriques que nous propose Patricia McKillip. Ce texte est une véritable invitation au voyage par le rêve. Je suis à chaque fois sortie de cette lecture dans le même état que lorsque je quitte un rêve… C’est une sensation que je retrouve rarement dans mes lectures qui me procurent d’autres émotions… Celle-ci a été une bonne expérience !

J’ai eu du mal à m’attacher aux personnages. L’écriture de Patricia McKillip crée une distanciation entre le lecteur et les protagonistes de l’histoire, due à leur statut de figures légendaires. Une identification difficile donc, mais qui n’enlève pas pour autant la qualité des personnages. J’ai vraiment eu l’impression de me plonger dans une épopée onirique digne des grands auteurs classiques. 

L’auteure nous propose une écriture très poétique où chaque mot semble délibérément choisi pour résonner avec les autres et former une musique propice pour rendre le lecteur réceptif. Des descriptions aux dialogues en passant par la narration, tout est fait pour nous faire voyager et nous plonger dans un état contemplatif. Un peu comme si un conteur nous dévoilait son histoire d’une voix douce au coin d’un feu crépitant. 

Tous les paysages décrits semblent vaporeux, faits de brume et prêts à s’évaporer au moindre geste un peu brusque. S’il est un peu difficile d’appréhender certaines scènes, celles que l’on capte sont un vrai plaisir à lire et à s’imaginer. Le pays même où se déroule l’action possède une géographie, une histoire vague, comme forgé par des mythes. 

Deux histoires pouvant être lues séparément sont proposées dans cette intégrale, avec comme lien des personnages récurrents. J’ai préféré le premier texte qui s’inscrit beaucoup plus dans la mythologie de l’univers de l’auteur. La fantasy y est beaucoup plus éthérée et cette interaction de Corleu, le protagoniste, avec les personnages de légende est un plaisir à lire. 

Mais la seconde partie nous emmène dans un pays étrange et dangereux, peuplé de créatures dangereuses et invisibles quand elles le souhaitent, les dragons. Si j’ai une légère préférence pour le premier texte, cette seconde partie m’a plu pour l’action et le rythme plus enlevé de l’histoire. 

C’est donc un récit vraiment dense que nous propose l’auteure, mais aussi un texte très riche en ressentis sur lesquels est mis l’accent. La plume de l’auteur inclut chaque action dans une délicate gangue d’émotions et d’affects parfois difficiles à percer. Malheureusement, les actions se perdent parfois dans de longues pauses descriptives où la plume confine parfois à la poésie. C’est un style que j’ai plutôt apprécié malgré les longueurs. Mais je comprendrais aisément qu’il puisse rebuter d’autres lecteurs. 

#En Bref


L’intégrale du Cygne a été un bon moment de lecture. L’écriture très poétique et l’aspect mythologique et onirique témoignent d’un grand talent de l’auteur. Difficile avec cette écriture de ne pas perdre ses lecteurs dès les premières pages. 
Défi relevé, je vous conseillerais assez cette intégrale. 

La Cour des miracles

Couverture La cour des miracles

Prenez le Pouvoir ! N’attendez pas que les miracles se produisent. Réalisez-les !

Le Prix Mille Saisons inaugure avec La Cour des Miracles la première collection interactive des littératures de l’imaginaire. Nous vous proposons de choisir l’univers, l’auteur et l’illustrateur de nos prochaines publications. 


#Principe du recueil

Voilà à quoi vous attendre avec ce recueil pas tout à fait comme les autres. La Cour des miracles agit un peu comme un comité de lecture qui doit choisir un auteur plutôt qu’un banal recueil présentant des nouvelles reliées par un même thème. 

Je crois qu’il est vraiment indispensable de garder ceci en tête pour pouvoir appréhender correctement ces textes. A la fin du livre, vous disposez d’un code à entrer sur le site Internet du Grimoire pour choisir l’auteur et l’illustrateur les plus prometteurs qui seront ensuite publiés dans la collection Mille Saisons. 

Ce livre constitue à mon sens un pari plutôt risqué, puisque les éditions du Grimoire tablent sur l’adhésion financière et la participation des lecteurs à ce fonctionnement. Mais il s’agit d’une initiative très originale qui mérite d’être soulignée. J’ai trouvé l’implication des lecteurs dans le processus de sélection du prochain auteur et ce choix via Internet plutôt novateur. 
Bien entendu, il y a de quoi être inquiet pour la qualité future du livre, car ce n’est pas l’éditeur qui fera le choix (quoi que…), mais bien les lecteurs. J’espère tout de même qu’il s’agira d’un roman et que les nouvelles sont là pour donner un aperçu de ce dont l’auteur est capable !

#Et les nouvelles alors ?


La Cour des miracles est un recueil de vingt nouvelles de longueurs, d’univers et de qualité inégales. Certaines sortent clairement du lot car leurs auteurs ont réussi à dépasser la thématique de la « gueuserie » de la cour des miracles de Paris au XVIIe siècle. D’autres en revanche se sont cantonnés à cela et j’ai trouvé cela dommage.

On côtoie plusieurs univers. De l’historique à la science-fiction en passant par le fantastique et la fantasy, La Cour des Miracles est le moyen de découvrir différentes façons de voir la cour des miracles. Au total, ce sont vingt mondes qui s’esquissent et j’avoue avoir plusieurs fois eu l’envie de voir se prolonger l’aventure.

C’est le cas avec la nouvelle de Marion Poinsot, qui est pour moi la meilleure. Elle nous propose un univers far-west médiéval avec une pointe de fantasy et même un savant fou ! Je ne la connaissais qu’à travers ses illustrations des livres et bandes-dessinées de Pen of Chaos (Le Donjon de Naheulbeuk) et je pense qu’il s’agit d’un auteur vraiment prometteur. J’espère qu’elle sera sélectionnée !

On peut choisir l’auteur, mais également l’illustrateur. Ici, mon choix est plus difficile car aucun dessin n’a été un coup de cœur pour moi… Rassurez-vous, il y en a tout de même des très beaux.

Dans l’ensemble, les auteurs possèdent une bonne maîtrise du genre de la nouvelle. Celles-ci sont bien rythmées et possèdent une fin claire qui bien souvent n’a rien de brutal. Même si leur univers ne m’a pas forcément entraînée, il faut reconnaître leur maîtrise de la forme de la nouvelle !

#En Bref


La Cour des miracles est un ouvrage intéressant à plusieurs titres. Il s’agit d’un moyen de sélectionner le futur auteur publié dans la collection Mille saisons. Mais il propose également de nombreux univers de qualité diverses il est vrai, dont certains textes valent le détour. Votre chois sera difficile si vous décidez de tenter l’aventure ! Je vous conseille la nouvelle de Marion Poinsot que j’ai adoré !
Alors, prêts à faire un tour par la Cour des miracles ?

La Cour des miracles.- Collectif.- Coll. Mille Saisons.- Ed. Le Grimoire.- 25€

La Saga des neuf mondes

Couverture Sagas des Neuf Mondes, intégrale
Au cœur de notre vaste univers se dresse un majestueux frêne au tronc solide et aux branches vigoureuses sur lesquelles reposent neuf royaumes. Son nom : Yggdrasil.
Ami, prenez place ! En cette froide nuit d’hiver, Bjarni Steingrim, le scalde vagabond du Nord, a fait halte à notre porte pour nous conter l’histoire de ces mondes merveilleux où vivent de puissants dieux, de courageux mortels et d’étranges créatures.
Tremblez devant la colère de Thór ! Indignez-vous des fourberies de Loki ! Partagez la douleur de Freyja… Mais n’oubliez pas : côtoyer les dieux peut s’avérer dangereux.


Au vu de la couverture et des noms du pitch, vous êtes prévenus. En avant pour une plongée dans les mythes et légendes nordiques ! A la manière d’un conteur, l’auteur nous fait voyager entre Midgard, Asgard, Jotunheim. Sa plume nous emporte à travers ces histoires, nous fait côtoyer les dieux.

Pierre Efratas réussit à faire passer toutes les émotions ressenties par les protagonistes de l’histoire. Les contes ménagent du suspens et de l’action. Je me suis laissée entraîner dans cette ambiance si particulière de la veillée au coin du feu. Pas besoin de se concentrer beaucoup pour être réceptif aux émotions d’autant plus fortes qu’elles sont bien décrites : amour, tristesse, haine ou révolte.

Ces émotions sont rendues plus intenses du fait que les protagonistes sont souvent des Dieux. Créatures divinement supérieures à l’homme, mais qui se révèle tellement humaines par moments. Mais après tout ces contes sont racontés par un humble être humain… Dans tous les cas, on ne peut rester de marbre devant la détresse de Freya ou adorer détester le malicieux Loki !

Avec La Saga des neuf mondes, Pierre Efratas rend un véritable hommage aux Eddas poétiques par sa plume pleine de sensibilité et de finesse, tant dans ses descriptions que dans la narration. Ce court recueil de nouvelles, c’est du Snorri Sturluson remis au goût du jour, en gardant la beauté du texte et des légendes nordiques !

Et si on parlait du livre en lui-même pour terminer ? Il s’agit d’un très bel objet à la couverture cartonnée. Et le must réside dans les magnifiques illustrations signées Catherine Nodet

#En Bref

La Saga des neuf mondes est un véritable voyage dans l’espace et le temps sur les traces des Ases, des Géants de glace et des humains de Midgard ainsi qu’un hommage à Snorri Sturluson. Le tout magnifiquement illustré. 
Qu’attendez-vous ?! Je vous le conseille !

Je remercie Babelio et les éditions Flammèche  pour m’avoir permis de découvrir ce livre !


Ce livre entre dans le challenge 1 mois, 1 consigne 2015 !

La Saga des neuf mondes, intégrale.- Pierre Efratas.- Ed. Flammèche.- 2014

La Reine des voleurs

Aux commandes du Tyran Boréal, Giselle se prépare à prendre de force le contrôle de la Maison Altarane pour libérer son île natale des flottes impériales. Pendant ce temps, Simmera est en quête d’un mentor pour lui enseigner l’usage du Varii Sensus, ce pouvoir mystérieux qui pourra peut-être la protéger de Nathan Tiresta et Staniel Suidaster. Mais Giselle et Simmera ont attiré sur elles l’attention de la Reine des Voleurs, une femme d’affaires au visage masqué qui dirige depuis son palais souterrain tous les criminels de Nagovie et qui ne reculera devant rien pour tirer profit de ces éléments perturbateurs.


Après un premier tome que j’avais vraiment apprécié et qui se terminait sur une promesse d’action, ce second tome démarre sur les chapeaux de roues. On se retrouve plongé in medias res dans la guerre souterraine qui fait rage entre les grandes maisons, mais aussi entre des entités immortelles. 

Pas le temps de s’ennuyer donc durant les 400 pages, je peux vous l’affirmer ! J’ai lu le premier tome il y a plusieurs mois, et j’avoue avoir eu un peu de mal à me rappeler qui est qui et qui appartient à quelle faction. Il faut dire que Varii Sensus possède un univers vraiment riche qui fait qu’on se perd parfois. Je persiste et signe d’ailleurs : il faut un addendum avec un rappel des principales informations. Comme les termes spécifiques, la théologie, les grandes maisons… 

Mais concentrons-nous sur l’histoire. Son rythme ne laisse pas au lecteur le temps de souffler et l’auteur l’entraîne à chaque chapitre dans cette intrigue qui se révèle pleine de surprises. On plonge ici sous la mystérieuse brume pour découvrir des êtres vraiment étranges. J’attends la suite de l’histoire pour en apprendre plus, car ils m’ont beaucoup intriguée. Certes, ces créatures sont tout juste évoquées, mais le peu de chose dévoilé place un mystère énorme qui tient en haleine sur ce monde en dessous de la Brume.

Puis on en apprend plus sur les fameux Adinns et leurs Adirs. Ou l’inverse, difficile pour moi de m’en souvenir à chaque fois. C’est autour des dieux et des immortels que s’axe l’histoire de ce tome. Dans Varii Sensus, rien n’est tout noir ni tout blanc. Et le déroulement de l’action nous fait comprendre cet état de chose, nous pousse à envisager la problématique sous différents angles. Selon les points de vue des personnages en somme !
Je le confesse, il m’a parfois été difficile d’appréhender toutes les subtilités des pouvoirs déployés par les Adinns et les immortels. Néanmoins, les descriptions et la narration sont très dynamiques et pallient la complexité de l’histoire en éclaircissant bien vite les détails un peu abscons. 

Si vous vous attendiez à une bataille rangée du côté des humains mortels (mais non dénués de pouvoirs), il faudra attendre la suite. Pour eux, l’heure est à la mise en place des pions sur l’échiquier. Sans compter les mystérieuses créatures de dessous la Brume qui ont été dérangées… 
Vous voyez l’attente que l’auteur a su générer et que je m’efforce de souligner ?

Peu de nouveautés niveau personnages. On reprend les mêmes que dans le premier tome, on les fait évoluer et on continue de les suivre ! Mais ceux-ci ont acquis une nouvelle dimension et se sont dotés de nouveaux pouvoirs. Spectaculaires comme celui de Simmera ou plus… familiaux pour Giselle ! D’autres se révèlent un peu plus, comme Nathan ou Staniel. Ils sont toujours aussi bien campés et les deux derniers restent mes préférés par leur ruse et le charisme qui émane de leur personne. 
Chaque personnage possède une personnalité qui lui est propre et le rend attachant d’une manière particulière. Comme pour les actions, chacun possède sa part d’ombre, et cette absence de manichéisme construit et réfléchit dans de la fantasy est vraiment rafraîchissant à lire. 

Côté écriture, la plume de Victor Nicollet est toujours un réel plaisir à lire. Elle sait s’adapter au ton de l’histoire, s’alourdir ou s’alléger lorsque c’est nécessaire. L’enchaînement de l’action et des dialogues se fait de manière parfaitement fluide. L’histoire, déjà bien construite tant dans le fond que dans la forme, se déplie un peu plus à chaque chapitre et laisse présager une nouvelle dimension pour la suite. Jusqu’où ira-t-on ? Seul l’avenir le dira ! J’ai hâte de voyager à nouveau sous la Brume pour découvrir un peu plus cet univers vraiment mystérieux !

#En Bref

J’attendais ce second tome au tournant, après l’excellente surprise qu’avait constitué le premier. Eh bien je dois dire que je ne suis pas déçue du voyage, et que je signe largement pour la suite ! Je vous conseille encore une fois Varii Sensus si vous aimez les univers complexes et riches, les personnages qu’on adore détester et un système de magie très développé.

Varii Sensus T2 – La Reine des voleurs.- Victor Nicollet.- Auto-édition

Fille des deux rives

Rille des 2 Rives BD
Il y a quelques jours, Bodmaëlle Galliep était une jeune exorciste brillante, promise à un bel avenir. Aujourd’hui, à cause d’un imbécile à moitié ivre, elle grelotte dans les geôles de sa propre inquisition, accusée d’hérésie. Elle, dont la foi a toujours guidé les pas, traitée comme le dernier des mécréants !


Fille des deux rives est le premier roman publié aux éditions Mythologica que je découvre. Il s’agit d’un petit récit de moins de 300 pages dans lequel l’auteur a réussi à faire tenir une histoire au déroulement complexe.

On retrouve dans cette histoire la traditionnelle opposition religion/magie, cette dernière étant considérée comme maléfique et démoniaque. Mais l’auteur va plus loin en ouvrant un espace de dialogue entre les deux entités. Ce dialogue rappelle en filigrane celui, plus réel, de l’opposition entre science et religion qui existe encore de nos jours. Si l’entente est difficile entre les protagonistes, leurs idées, bien que différemment exprimées, sont souvent plus proches qu’on veut bien le croire. Ce débat pousse à extrapoler la réflexion sur les problématiques existant dans notre réalité, et cela fait à mon sens la grande force du récit.

La religion n’honore pas vraiment un dieu, mais plutôt l’élévation de l’esprit à travers la Sagesse. Cela peut rappeler la philosophie antique, à cela près qu’un dogme et un système judiciaire ont été instaurés pour le culte sapientiste. J’ai donc été plutôt circonspecte devant le paradoxe mis en place par cette religion qui prône l’élévation de l’esprit mais condamne certaines positions intellectuelles.

Et de l’autre côté, nous avons la magie. Celle-ci relève par certains aspects de la science. Avec quelque chose d’original en plus, l’Envers-monde, ce dans quoi les mages vont puiser une partie de leurs pouvoirs. C’est à mon sens un autre point fort de cette histoire, et j’ai particulièrement apprécié le voyage de l’un des protagonistes dans cet univers parallèle. Car c’est bien de cela qu’il s’agit à entendre le dialogue du personnage avec un autochtone. C’est simplement dommage que ce voyage ait mis autant de temps à arriver dans l’histoire. 

Car le rythme est plutôt inégal dans cette histoire. Certes il y a des moments intenses en activité, mais ils sont pour moi trop inégalement répartis dans l’ensemble du récit et les creux m’ont fait parfois délaisser l’histoire. Toute la première partie du récit est plutôt lente et traite de la réclusion et de la fuite de la jeune femme. L’histoire reste prostrée sur les circonvolutions mentales des inquisiteurs et de Bodmaëlle. Certes, l’importance accordée à la réflexion est une posture qui se défend, mais je n’y ai pas accroché dans cette histoire. De longs passages contemplatifs viennent encore alourdir le récit par leur nombre beaucoup trop élevé et sans importance vitale pour l’histoire.

Le dernier bémol que je pourrais formuler à propos de cette histoire est l’absence de carte ! L’histoire dépeint un monde qui semble vraiment bien construit, mais il m’a été impossible de m’y attacher et de m’y repérer en l’absence de carte. A cause de cela, c’est un pan entier de l’histoire qui tombe à l’eau…

Ophélie Bruneau a réalisé un important travail sur la psychologie de ses personnages et tissé une toile de relations dans leurs backgrounds respectifs. Ceux-ci sont partie prenante de l’histoire et les liens qui les unissent participent à l’intérêt que j’ai eu pour Fille des deux rives.

#En Bref

Fille des deux rives est un roman à l’intrigue intéressante qui pousse à réfléchir sur le rapport entre croyance et science et surtout entre les liens qui peuvent être tissés entre eux. Ophélie Bruneau nous propose un monde et un Envers-Monde intéressants et des personnages très bien travaillés et partie prenante de l’histoire. 
Malgré une inégalité dans le rythme et certaines faiblesses de l’histoire, cette lecture m’a plu et je vous la conseille tout de même.

Fille des deux rives.- Ophélie Bruneau.- Ed. Mythologica.- Disponible

Trolls et légendes

Couverture Trolls et Légendes : l'anthologie officielle
Depuis dix ans, le festival Trolls et Légendes est un événement incontournable pour tous les amateurs de fantasy.
En partenariat avec le festival, les éditions ActuSF vous proposent cette anthologie exceptionnelle, rassemblant une formidable sélection d’auteurs francophones et une nouvelle inédite de la star mondiale du genre : Robin Hobb.
Entre mythologie, humour et (en)quêtes, parcourez avec eux les sentiers qui mènent aux trolls, ces créatures de légende. Retournez dans le Paris délicieusement steampunk d’Ambremer avec Pierre Pevel ; embarquez pour l’Islande aux côtés de Claudine Glot et d’un chevalier en mal d’aventures ; tombez sous le charme d’un retable aux étranges pouvoirs avec Estelle Faye ou mettez fin à l’exploitation des nains de jardin dans le monde de la nuit parisienne en compagnie d’Adrien Tomas.


Pour certains, c’est celle des Imaginales. Pour moi, c’est l’anthologie de Trolls et légendes que je ne peux pas louper ! Retour sur ce recueil de dix nouvelles de bonne qualité à propos de ces chers trolls.

~ Sous les ponts de Paris de Pierre Pevel ~

Une très belle nouvelle, toujours aussi bien écrite. Mais on en attendait pas moins de Pierre Pevel ! Elle ouvre le recueil et nous plonge dans le Paris de la Belle Epoque avec une Tour Eiffel en bois et des trolls portant le nom de chaque pont. Un régale à lire et une piqûre de rappel des Enchantements d’Ambremer, un roman que j’avais adoré et qui m’a fait découvrir l’immense talent de son auteur ! Une nouvelle hélas trop rapide, mais j’ai eu plaisir à retrouver les personnages du roman.

D’azur au troll d’or de Claudine Glot ~

Cette nouvelle avait tout pour me plaire. Elle reprend les codes des romans de chevalerie médiévaux que j’apprécie beaucoup et tourne le tout de manière moderne. Et avec une écriture fluide qui restitue parfaitement les émotions de l’histoire. Un bon moment de lecture. 

~ La Montagne au troll d’Estelle Faye ~

 C’est une véritable déclaration d’amour à la nature et au retour à l’essentiel que nous propose là Estelle Faye à travers sa plume que j’apprécie tant. C’est aussi un cri d’appel à la survivances des anciennes légendes. Comme quoi il vaut mieux ne pas fâcher la montagne et les représentations anciennes. Les émotions sont à vif, sauvages et sont allées jusqu’à me faire frissonner. J’ai passé également un excellent moment à cette lecture. 

~ Yamadut de Cassandra O’Donnell ~

Il y a des choses qu’on apprécie, d’autres moins. Eh bien je n’ai pas du tout accroché à cette nouvelle. J’ignore si comme d’autres auteurs, Cassandra O’Donnell utilise l’univers de l’un de ses romans, mais je n’ai pas accroché du tout au personnage et à son espèce ni à l’histoire qui nous plonge in medias res dans une action absconse. J’ai eu l’impression qu’on aurait pu remplacer le troll par n’importe quelle créature fantastique que l’effet aurait été le même. Cassandra O’Donnell n’a pas réussi à garder mon intérêt. Dommage. J’ai pourtant tenté, sans succès.

~ Seulement les méchants de Jean-Luc Marcastel ~

C’est un début de texte plutôt original que nous propose l’auteur : le polar qui détonne du reste du recueil. L’histoire reste plutôt réaliste avec cette touche de magie qui fait le charme de cette nouvelle. On y rencontre un troll bien entendu, qui respecte en tout point la légende. Mais Jean-Luc Marcastel possède cette capacité de montrer qu’il est important de ne pas s’accrocher à ses idées et d’ouvrir son esprit. Et il apparaît dans cette nouvelle que les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Une belle nouvelle.

~ Une créature extraordinaire de Magali Ségura ~

Je ne connaissais pas cet auteur, mais cette nouvelle est sans doute l’une de mes préférées ! On plonge ici à l’époque où les vikings multipliaient les raids dévastateurs. Une époque où Yggdrasil signifiait encore quelque chose. Une jeune fille rencontre par hasard un troll et décide de lui rendre l’espoir. Une histoire où l’émotion affleure, une émotion qui fait du bien. Car sans espoir, un troll n’est que de la pierre. (Merci pour cette dédicace)

~ Le Troll de sa vie d’Adrien Tomas ~

Un récit policier où on a pas le temps de s’ennuyer. Voilà comment on pourrait résumer cette très très courte nouvelle se déroulant dans un univers plutôt contemporain. Je l’ai appréciée, et j’aimerais voir cet univers développer dans un roman comme l’auteur sait si bien le faire ! Un Paris contemporain dans lequel humains et créatures fantastiques cohabitent. Cela ne vous fait pas envie ?

~ Le Mythe de la caverne de Gabriel Katz ~

Plus qu’une nouvelle fantastique, c’est avant tout un récit humain que nous propose l’auteur. Et il sort de ce à quoi il nous a habitué avec sa trilogie du Puits des mémoires. Il reprend le fameux mythe de Platon en l’adaptant à son message. Une fin surprenante, on reconnaît bien là la fâcheuse manie de l’auteur de terminer son récit au paroxysme de l’action ! J’ai d’ailleurs eu droit à une dédicace plutôt rigolote : 

~ Le Mal caché de Patrick Mc Spare ~

On plonge de l’autre côté du miroir, l’univers de Faërie où les trolls peuvent reprendre leur apparence naturelle. Il semblerait en effet qu’ils aient traversé l’histoire des Héritiers de l’Aube. C’est la partie que j’avais préféré dans le second tome, celle où les jeunes gens étaient propulsés à l’époque de Merlin en Bretagne. J’avais regretté que ce chapitre ne soit pas plus étendu, et mes prières ont été exaucées avec cette nouvelle !

~ Vieux tacot de Megan Lindholm ~

Cette histoire m’a plutôt surprise à cause de son caractère qui détonne par rapport aux autres nouvelles. Ici, les trolls ne sont pas des créatures fantastiques, mais des voitures redevenues sauvages ! Enfin, c’est comme ça que j’ai perçu cette nouvelle.
J’en ai apprécié la lecture en tout cas. C’est la première fois que je lis une nouvelle écrite sous ce pseudo !

#En Bref

Cette anthologie Trolls et légendes est une réussite au niveau du casting, mis à part un auteur dont j’ai moins aimé la nouvelle. Mais tous les goûts sont dans la nature, et il faut reconnaître que l’ensemble est de qualité tant sur le plan de l’écriture que des histoires. Une déferlante d’imaginations toutes plus prolifiques les unes que les autres !


Ce livre entre dans le cadre du challenge 1 mois, 1 consigne pour ma lecture d’avril ! 

Hantise

Couverture Les héritiers de l'aube, tome 3 : Hantise

Versailles, 1672. 

Des lettres saisies au décès de l’officier Sainte-Croix déclenchent un scandale retentissant. Tous s’en avisent, poisons, vengeances et messes noires gangrènent la cour de Louis XIV. Débarqués de Londres, les Héritiers se retrouvent aux abois. La famille est brisée. Privés des talents d’Alex et de Laure, blessée, ils ont peu d’espoir de conquérir la Pierre d’Émeraude. 
Seul un Primo-Sorcier pourrait les aider, mais le comte de Saint-Germain est censé naître dans vingt ans. Au coeur de ce monde fait d’intrigues, d’autres démons que les Fomoré perpétuent le Mal. Sainte-Croix n’a pas rendu son dernier souffle ensorcelé. Nos héros vont l’apprendre à leurs dépens, un maître des rituels satanistes se moque de la mort.


Troisième (et dernier ?) volet des aventures des Héritiers à travers l’espace et le temps. Ce tome adopte une tonalité beaucoup plus sombre et l’histoire se déroule dans une ambiance plutôt oppressante. Il faut dire que l’ambiance n’est pas au beau fixe depuis la fin de leur précédente aventure. Dont je ne vous dirai rien, je vous invite à lire le second tome !
Le passage entre cette histoire et l’épisode précédent est plutôt brutal et on assiste à de nombreux changements dans l’histoire. Alex a rejoint le clan des Fomoré et les Héritiers se retrouvent seuls dans une époque dont ils ne connaissent que peu les mœurs et les habitude. Assister aux aventures de ces personnages a été un bon moment à lire, car Patrick Mc Spare a su relancer l’intrigue lorsqu’elle menaçait de s’essouffler et à créer des rebondissements aux endroits adéquats

L’auteur a su prendre son temps pour nous offrir une histoire à l’intrigue bien bâtie dont le rythme va croissant jusqu’à s’emballer dans les dernière pages du livre pour nous offrir un bon final. Malgré tout, je m’attendais à une conclusion plus éclatante d’actions et de révélations. Petite déception pour moi de ce côté là.

J’apprécie, comme dans les tomes précédents, le traitement psychologique des personnages. Celui-ci est central dans l’histoire et m’a paru très bien traité. C’est avec attention, parfois même avec plaisir que j’ai suivi les évolutions, circonvolutions et doutes des personnages sur un plan mental. Patrick Mc Spare a réussi à transmettre une empathie qui dépasse le cadre de l’histoire et touche le lecteur. On assiste également à la dualité nouvelle d’Alex, j’ai apprécié le traitement de cette particularité. 

L’écriture de ce roman enfin est vraiment fluide, donne clairement envie d’aller plus loin dans sa lecture. Et si on peut relever quelques tics d’écriture, ils ne gâchent en rien cette lecture. Jamais deux sans trois, Patrick Mc Spare propose un environnement historique dans lequel on a l’impression d’évoluer tant il est bien décrit et documenté. Le Paris du XVIIe siècle, avec ses cours des miracles est captivant, et j’aurais aimé l’explorer, bien à l’abri derrière les pages du roman.

Les Héritiers de l’Aube est une trilogie prenante. Si certains des personnages principaux peuvent être un peu énervants, comme Alex, assister à leur adaptation à des environnements qu’ils ne connaissent pas est une expérience vraiment très intéressante. On peut aisément s’imaginer à leur place et réfléchir à la réaction que nous aurions nous-mêmes. 
Finalement, l’histoire se répète. Il ne faut pas s’attendre à du nouveau à chaque tome concernant l’intrigue, puisque la quête s’étend sur les trois volets de la trilogie. Voir à chaque fois la pierre d’émeraude s’échapper dans une autre époque est un peu lassant, il faut l’avouer. Alors on se rabat sur l’instant présent. Heureusement, les péripéties ponctuelles, qui se superposent parfois à l’Histoire, sont fort intéressante.
J’ai particulièrement apprécié toute la dimension celtique en trame de fond de l’histoire, mais j’aurais aimé assister à davantage de scènes se déroulant à cette époque. Il y a aussi les personnages historique que l’on rencontre durant cette histoire. C’a été un véritable plaisir de lire ces rencontres avec Nicolas Flamel et Raspoutine. 

#En Bref

De manière générale, je conseillerais la lecture de cette trilogie à tous ceux, adolescents ou adultes qui apprécient les récits d’aventures à où l’Histoire est revisitée. Il y a de petits couacs, mais rien de redhibitoire à mes yeux. Les Héritiers de l’Aube est une trilogie très bien documentée, et ça se voit. 
Une bonne lecture en somme !

Les Héritiers de l’Aube T3 – Hantise.- Patrick Mc Spare.- Ed. Scrinéo. – 400 pages

Le Dernier roi des elfes

Lindyll, jeune humain recueilli par le souverain des elfes, Ilgaël, auquel le lie désormais une amitié étroite, semble avoir tout oublié de ses propres origines. Devenu un vaillant guerrier, il défend son peuple d’adoption contre la soif de pouvoir et de conquête des hommes. Mais d’année en année, les territoires elfiques s’amenuisent. Lindyll, méprisé par les hommes et incompris des elfes, saura-t-il convaincre ses frères de sang de conclure une paix juste avec le peuple des forêts ?


C’est un récit pour le moins atypique que nous propose Sylvie Huguet, l’auteur. Dans un cadre d’anticipation – l’histoire commence après notre siècle – est lové le récit fantasy, le cœur de ce roman. Le tout dans un peu plus de 100 pages. C’est un pari risqué de planter une histoire fantasy dans un format aussi court, mais le pari est gagné pour Le Dernier roi des elfes. 

L’auteur a en effet choisi de se focaliser sur un événement précis et ses conséquences dans les quelques décennies qui ont suivi. Des choix ont du être faits, et seuls les éléments les plus importants ont été conservés pour une histoire brève mais où il ne manque rien. 

La première chose à dire, c’est que les humains ne sont pas vus sous leur meilleur jour. Ils sont représentés comme des créatures uniquement préoccupées par le pouvoir et aveuglés par leurs croyances. Dans cette époque pouvant correspondre au Moyen-Age, la religion monothéiste a balayé les croyances ancestrales, et les créatures ne partageant pas la même foi sont traquées et éliminées car considérées comme démoniaques. Un portrait qui ne laisse pas rêveur, loin s’en faut.

En face des humains, on retrouve les elfes : des créatures gracieuses, millénaires et peu préoccupées par leur avenir. Sylvie Huguet propose un système politique relativement intéressant, qui reprend celle de l’Utopie de Thomas More : un roi élu qui doit remettre en jeu sa couronne s’il faillit à la tâche ou en cas de désaccord majeur. Leur présence, en plus de justifier le côté fantasy de l’histoire, sert de terreau à la leçon de ce roman. Le Dernier roi des elfes montre au lecteur à quel point les préjugés peuvent être dangereux, et que se reposer sur eux pour juger et agir peut conduire à des catastrophes. On peut également voir en filigrane à quel point la connaissance est importante, et surtout l’importance de la curiosité d’esprit. Peut-être qu’en allant vers les autres, les jugements que nous portons seraient moins sévères et injustes

Et puis il y a Lindyll, un enfant capturé et élevé à la manière d’un elfe par Ilgaël. Peu à peu, une véritable histoire d’amitié se lie entre les deux hommes, et la psychologie mise en oeuvre par l’auteur est vraiment très intéressante dans ce duo. J’ai apprécié assister à la croissance de l’humain, et le voisinage de ses origines et de son éducation. Plus encore, les tourments ressentis par chacun des deux protagonistes a été vraiment intéressant à lire et à découvrir. En un mot, il est difficile de rester de marbre face à leurs tourments.

Ces deux personnages sont en effet plutôt bien construits dans leur psychisme, et j’ai vraiment eu l’impression d’être à la place d’une souris qui les épiait lorsqu’ils étaient tous les deux. Le Dernier roi des elfes ouvre sur un monde dans lequel on s’immerge facilement, et l’auteur possède cette faculté de nous en faire ressentir les moindres détails à la seule force de sa plume, presque comme si on y était.

#En Bref

Le Dernier roi des elfes est un récit bref, poignant, qui ne montre pas le genre humain sous son meilleur aspect. Mais il est aussi un appel à la compréhension, à la tolérance et à la curiosité intellectuelle.
J’ai été remuée par cette histoire, qui fait envisager la vie et surtout le monde autrement. Je vous conseille vivement la lecture de roman, si vous aimez les textes qui font réfléchir tout en nous faisant voyager !

Le Dernier roi des elfes.- Sylvie Huguet.- Ed. La Clef d’argent

Avant le déluge

Couverture Les Extraordinaires et Fantastiques Enquêtes de Sylvo Sylvain, détective privé, tome 2 : Avant le déluge
Panam, dans les années 1880.
La ville est la capitale d’un vaste royaume où les humains côtoient des nains, ores, lutins et autres peuples fantastiques. Des motos à vapeur y doublent coches et centaures taxis. La magie très codifiée par des mages académiciens sert à la vie de tous les jours. Sylvo Silvain, un elfe exilé de sa lointaine forêt y a jeté l’ancre et ouvert une agence de détective privé. Le voilà enfin les poches pleines, à la tête d’une équipe haute en couleur.
Les affaires tournent et l’argent fait des petits ! Nonobstant, son ami l’ambitieux journaliste Jacques Londres disparaît dans des conditions louches. Aidé de ses comparses, Sylvo se lance à sa recherche. Cette fois, le tragique et la Grande Faucheuse s’invitent.

J’ai éprouvé beaucoup de plaisir en me replongeant dans cet univers haut en couleurs et en aventures sorti tout droit de l’imaginaire de Raphaël Albert. Et retrouver Sylvo et Pixel est un bonheur, j’avais oublié à quel point leur duo était sympathique à suivre. 

La psychologie des personnages a fait l’objet d’un gros travail, surtout sur le plan des émotions. Raphaël Albert connaît bien ses personnages, c’est presque comme s’il les côtoyait depuis longtemps… ce qui est peut-être le cas après tout !
J’ai lu le tome précédent il y a déjà plusieurs années, et je n’avais plus tous les détails en tête. Je garde néanmoins le souvenir d’un récit plutôt correct et d’une écriture qui m’avait plu. Ce second tome est de bien meilleure qualité : la plume s’est affirmée et l’histoire est très bien construite. 

On retrouve les rebondissements de l’intrigue là où il le faut, et les rouages de celle-ci se dévoilent petit à petit pour nous acheminer cahin-caha à la fin de l’histoire. Elle ne laisse au lecteur aucun moment de répit, et j’ai avalé les chapitres avec délectation jusqu’au dernier.  L’auteur sait faire monter la tension dans son récit et maîtrise parfaitement le suspens de son intrigue pour nous offrir une lecture qu’on a pas envie d’interrompre.

La fin de l’histoire est plutôt abrupte, il faudra vous y attendre. Pas de cliffhanger qui vous fera hurler, mais un dernier paragraphe très dur qui tranche avec la tonalité du reste de l’histoire et met un coup car on ne s’attend pas à ce couperet. 

Cette histoire est un vrai régal à lire. Descriptions et narration sont vraiment de qualité, et l’imagination de l’auteur est sans limite, et celle-ci n’a d’égaux que son humour et sa verve. Une preuve ? La toponymie des rues de la ville (et de la ville elle-même) sont très drôle et créent un Paris décalé. Un peu comme si un filtre avait été appliqué à notre capitale, un filtre fantasy.

Car tout le bestiaire féerique est présent : les elfes bien entendu, mais aussi les leprechauns, les lutins, les centaures et les orcs ! Il y a bien entendu quelques humains dans le lot, mais si peu… J’ai vraiment ressenti cette impression de promenade dans la ville sur les traces de Sylvo Sylvain et de ses compères. Et je referais cette ballade avec plaisir.

Ajoutons enfin, pour achever de vous convaincre que ce roman vaut le détour, qu’une discrète et élégante touche steampunk est présente. Et j’ai trouvé le mélange fantasy/steampunk très efficace et original.

Un petit mot pour finir sur l’illustration réalisée par Aurélien Police qui est vraiment magnifique. 🙂

#En Bref
Si vous aimez la fantasy originale, bien écrite et remplie d’humour, et si en plus vous appréciez l’esthétique steampunk, Avant le déluge est fait pour vous ! Assurément, vous en verrez de toutes les couleurs avec cette histoire remplie de rebondissements !

Avant le déluge.- Raphaël Albert.- Ed.Mnémos.- Coll. Hélios