Le Dernier roi des elfes

Lindyll, jeune humain recueilli par le souverain des elfes, Ilgaël, auquel le lie désormais une amitié étroite, semble avoir tout oublié de ses propres origines. Devenu un vaillant guerrier, il défend son peuple d’adoption contre la soif de pouvoir et de conquête des hommes. Mais d’année en année, les territoires elfiques s’amenuisent. Lindyll, méprisé par les hommes et incompris des elfes, saura-t-il convaincre ses frères de sang de conclure une paix juste avec le peuple des forêts ?


C’est un récit pour le moins atypique que nous propose Sylvie Huguet, l’auteur. Dans un cadre d’anticipation – l’histoire commence après notre siècle – est lové le récit fantasy, le cœur de ce roman. Le tout dans un peu plus de 100 pages. C’est un pari risqué de planter une histoire fantasy dans un format aussi court, mais le pari est gagné pour Le Dernier roi des elfes. 

L’auteur a en effet choisi de se focaliser sur un événement précis et ses conséquences dans les quelques décennies qui ont suivi. Des choix ont du être faits, et seuls les éléments les plus importants ont été conservés pour une histoire brève mais où il ne manque rien. 

La première chose à dire, c’est que les humains ne sont pas vus sous leur meilleur jour. Ils sont représentés comme des créatures uniquement préoccupées par le pouvoir et aveuglés par leurs croyances. Dans cette époque pouvant correspondre au Moyen-Age, la religion monothéiste a balayé les croyances ancestrales, et les créatures ne partageant pas la même foi sont traquées et éliminées car considérées comme démoniaques. Un portrait qui ne laisse pas rêveur, loin s’en faut.

En face des humains, on retrouve les elfes : des créatures gracieuses, millénaires et peu préoccupées par leur avenir. Sylvie Huguet propose un système politique relativement intéressant, qui reprend celle de l’Utopie de Thomas More : un roi élu qui doit remettre en jeu sa couronne s’il faillit à la tâche ou en cas de désaccord majeur. Leur présence, en plus de justifier le côté fantasy de l’histoire, sert de terreau à la leçon de ce roman. Le Dernier roi des elfes montre au lecteur à quel point les préjugés peuvent être dangereux, et que se reposer sur eux pour juger et agir peut conduire à des catastrophes. On peut également voir en filigrane à quel point la connaissance est importante, et surtout l’importance de la curiosité d’esprit. Peut-être qu’en allant vers les autres, les jugements que nous portons seraient moins sévères et injustes

Et puis il y a Lindyll, un enfant capturé et élevé à la manière d’un elfe par Ilgaël. Peu à peu, une véritable histoire d’amitié se lie entre les deux hommes, et la psychologie mise en oeuvre par l’auteur est vraiment très intéressante dans ce duo. J’ai apprécié assister à la croissance de l’humain, et le voisinage de ses origines et de son éducation. Plus encore, les tourments ressentis par chacun des deux protagonistes a été vraiment intéressant à lire et à découvrir. En un mot, il est difficile de rester de marbre face à leurs tourments.

Ces deux personnages sont en effet plutôt bien construits dans leur psychisme, et j’ai vraiment eu l’impression d’être à la place d’une souris qui les épiait lorsqu’ils étaient tous les deux. Le Dernier roi des elfes ouvre sur un monde dans lequel on s’immerge facilement, et l’auteur possède cette faculté de nous en faire ressentir les moindres détails à la seule force de sa plume, presque comme si on y était.

#En Bref

Le Dernier roi des elfes est un récit bref, poignant, qui ne montre pas le genre humain sous son meilleur aspect. Mais il est aussi un appel à la compréhension, à la tolérance et à la curiosité intellectuelle.
J’ai été remuée par cette histoire, qui fait envisager la vie et surtout le monde autrement. Je vous conseille vivement la lecture de roman, si vous aimez les textes qui font réfléchir tout en nous faisant voyager !

Le Dernier roi des elfes.- Sylvie Huguet.- Ed. La Clef d’argent

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