Chronique du soupir

Couverture Chronique du Soupir
Lilas, une naine flamboyante, a choisi, depuis la disparition de Frêne, son époux, de prendre sa retraite de Chef de la garde du palais de la Haute Fée pour ouvrir une auberge au bord de la mer, à l’endroit même où Frêne s’est « ancré » pour l’éternité. Entourée de quelques amis et d’Errence, un elfe qui est aussi son amant, elle mène une existence un peu trop paisible à son goût.
Alors qu’elle s’interroge avec angoisse sur son devenir, son fils Saule, pourchassé par un groupe de miliciens au service de la Haute Fée, fait irruption dans l’auberge. Il serre dans ses bras une adolescente de 16 ans, Brune, qui est à l’agonie.
Après quelques heures d’hésitation, et bien que pressentant l’immense danger qui émane de façon indicible de la personnalité de Brune, Lilas décide de les protéger envers et contre tous.




J’entretiens un rapport très étrange avec ce roman. J’ai tenté de le lire plusieurs fois, en vain. Il me tombait des mains à chaque fois. Mais il faut croire que c’était le bon moment puisque non seulement je n’ai pas lâché cette lecture, mais je l’ai au final plutôt appréciée ! Il était temps que Chronique du soupir sorte de ma PàL… il stagnait là depuis plusieurs années ! C’est un peu ça, la magie de la lecture.
Ne vous attendez pas à de l’action à toutes les pages. Pour moi, Mathieu Gaborit pêche un peu sur ce point car les péripéties qui d’ordinaire rythment le récit sont chaotiques et brouillonnes. À tel point que j’ai du les relire pour bien saisir et comprendre précisément de quoi il retournait.
Chronique du soupir est un récit axé sur la psychologie des personnages. Sur ce point, l’auteur a réalisé un très bon travail. La psyché des protagonistes est finement ciselée et on retrouve au fil du texte de nombreuses plongées introspectives plutôt réussies et très naturelles. Ce sont elles, plus que les actions, qui font véritablement avancer l’intrigue. Cet aspect psychologique est legros point fort de cette histoire.
L’intrigue quant à elle est véritablement complexe et bien structurée. Certes, le peu d’explications à propos du background a de quoi égarer, mais un peu d’attention suffit pour se maintenir à flot. Malgré tout, celui-ci semble très riche et développé et les simples évocations présentes dans le texte tendent à montrer l’installation de l’univers de Mathieu Gaborit pour les connaisseurs. Néanmoins, peut-être qu’un petit addenda sur le fonctionnement du monde pourrait éclairer les novices.
Le système de souffle, les fées et leur magie ainsi que tout ce système de lignes très complexe confère à Chronique du soupir une teinte spirituelle à cette histoire et renforce la présence du genre fantasy. On pourrait même inventer un nouveau terme : spiritual fantasy.
Le début du récit esquisse une intrigue dont la portée bouleversera l’univers. L’auteur réussit à atteindre son but sans prendre le chemin qui semble le plus visible. Mais on semble s’en éloigner en changeant totalement de protagonistes. Et pourtant… tout finit par se rejoindre. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter cette qualité du récit et la maîtrise de son auteur qui sait mener son lecteur par le bout du nez. Avec talent bien entendu. Et loin de minimiser la portée quasi-mythique du récit, la focalisation sur des personnages a priori anodins et leurs actions lui donnent une touche humaine. Enfin…naine.
Un dernier mot quand même à propos de cette couverture que je trouve juste magnifique.

#En Bref



J’ai eu du mal à rédiger cet avis au final plutôt descriptif. Mais j’ai apprécié Chronique du soupir. Ce livre restera dans ma mémoire grâce à son histoire, mais aussi car il conforte la théorie selon laquelle il existe des livres destinés à un moment précis de la vie.


Et oui, je vous le conseille.

Chronique du soupir.- Mathieu Gaborit.- Ed. France Loisirs (Pré au clercs)

Trolls et légendes

Couverture Trolls et Légendes : l'anthologie officielle
Depuis dix ans, le festival Trolls et Légendes est un événement incontournable pour tous les amateurs de fantasy.
En partenariat avec le festival, les éditions ActuSF vous proposent cette anthologie exceptionnelle, rassemblant une formidable sélection d’auteurs francophones et une nouvelle inédite de la star mondiale du genre : Robin Hobb.
Entre mythologie, humour et (en)quêtes, parcourez avec eux les sentiers qui mènent aux trolls, ces créatures de légende. Retournez dans le Paris délicieusement steampunk d’Ambremer avec Pierre Pevel ; embarquez pour l’Islande aux côtés de Claudine Glot et d’un chevalier en mal d’aventures ; tombez sous le charme d’un retable aux étranges pouvoirs avec Estelle Faye ou mettez fin à l’exploitation des nains de jardin dans le monde de la nuit parisienne en compagnie d’Adrien Tomas.


Pour certains, c’est celle des Imaginales. Pour moi, c’est l’anthologie de Trolls et légendes que je ne peux pas louper ! Retour sur ce recueil de dix nouvelles de bonne qualité à propos de ces chers trolls.

~ Sous les ponts de Paris de Pierre Pevel ~

Une très belle nouvelle, toujours aussi bien écrite. Mais on en attendait pas moins de Pierre Pevel ! Elle ouvre le recueil et nous plonge dans le Paris de la Belle Epoque avec une Tour Eiffel en bois et des trolls portant le nom de chaque pont. Un régale à lire et une piqûre de rappel des Enchantements d’Ambremer, un roman que j’avais adoré et qui m’a fait découvrir l’immense talent de son auteur ! Une nouvelle hélas trop rapide, mais j’ai eu plaisir à retrouver les personnages du roman.

D’azur au troll d’or de Claudine Glot ~

Cette nouvelle avait tout pour me plaire. Elle reprend les codes des romans de chevalerie médiévaux que j’apprécie beaucoup et tourne le tout de manière moderne. Et avec une écriture fluide qui restitue parfaitement les émotions de l’histoire. Un bon moment de lecture. 

~ La Montagne au troll d’Estelle Faye ~

 C’est une véritable déclaration d’amour à la nature et au retour à l’essentiel que nous propose là Estelle Faye à travers sa plume que j’apprécie tant. C’est aussi un cri d’appel à la survivances des anciennes légendes. Comme quoi il vaut mieux ne pas fâcher la montagne et les représentations anciennes. Les émotions sont à vif, sauvages et sont allées jusqu’à me faire frissonner. J’ai passé également un excellent moment à cette lecture. 

~ Yamadut de Cassandra O’Donnell ~

Il y a des choses qu’on apprécie, d’autres moins. Eh bien je n’ai pas du tout accroché à cette nouvelle. J’ignore si comme d’autres auteurs, Cassandra O’Donnell utilise l’univers de l’un de ses romans, mais je n’ai pas accroché du tout au personnage et à son espèce ni à l’histoire qui nous plonge in medias res dans une action absconse. J’ai eu l’impression qu’on aurait pu remplacer le troll par n’importe quelle créature fantastique que l’effet aurait été le même. Cassandra O’Donnell n’a pas réussi à garder mon intérêt. Dommage. J’ai pourtant tenté, sans succès.

~ Seulement les méchants de Jean-Luc Marcastel ~

C’est un début de texte plutôt original que nous propose l’auteur : le polar qui détonne du reste du recueil. L’histoire reste plutôt réaliste avec cette touche de magie qui fait le charme de cette nouvelle. On y rencontre un troll bien entendu, qui respecte en tout point la légende. Mais Jean-Luc Marcastel possède cette capacité de montrer qu’il est important de ne pas s’accrocher à ses idées et d’ouvrir son esprit. Et il apparaît dans cette nouvelle que les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Une belle nouvelle.

~ Une créature extraordinaire de Magali Ségura ~

Je ne connaissais pas cet auteur, mais cette nouvelle est sans doute l’une de mes préférées ! On plonge ici à l’époque où les vikings multipliaient les raids dévastateurs. Une époque où Yggdrasil signifiait encore quelque chose. Une jeune fille rencontre par hasard un troll et décide de lui rendre l’espoir. Une histoire où l’émotion affleure, une émotion qui fait du bien. Car sans espoir, un troll n’est que de la pierre. (Merci pour cette dédicace)

~ Le Troll de sa vie d’Adrien Tomas ~

Un récit policier où on a pas le temps de s’ennuyer. Voilà comment on pourrait résumer cette très très courte nouvelle se déroulant dans un univers plutôt contemporain. Je l’ai appréciée, et j’aimerais voir cet univers développer dans un roman comme l’auteur sait si bien le faire ! Un Paris contemporain dans lequel humains et créatures fantastiques cohabitent. Cela ne vous fait pas envie ?

~ Le Mythe de la caverne de Gabriel Katz ~

Plus qu’une nouvelle fantastique, c’est avant tout un récit humain que nous propose l’auteur. Et il sort de ce à quoi il nous a habitué avec sa trilogie du Puits des mémoires. Il reprend le fameux mythe de Platon en l’adaptant à son message. Une fin surprenante, on reconnaît bien là la fâcheuse manie de l’auteur de terminer son récit au paroxysme de l’action ! J’ai d’ailleurs eu droit à une dédicace plutôt rigolote : 

~ Le Mal caché de Patrick Mc Spare ~

On plonge de l’autre côté du miroir, l’univers de Faërie où les trolls peuvent reprendre leur apparence naturelle. Il semblerait en effet qu’ils aient traversé l’histoire des Héritiers de l’Aube. C’est la partie que j’avais préféré dans le second tome, celle où les jeunes gens étaient propulsés à l’époque de Merlin en Bretagne. J’avais regretté que ce chapitre ne soit pas plus étendu, et mes prières ont été exaucées avec cette nouvelle !

~ Vieux tacot de Megan Lindholm ~

Cette histoire m’a plutôt surprise à cause de son caractère qui détonne par rapport aux autres nouvelles. Ici, les trolls ne sont pas des créatures fantastiques, mais des voitures redevenues sauvages ! Enfin, c’est comme ça que j’ai perçu cette nouvelle.
J’en ai apprécié la lecture en tout cas. C’est la première fois que je lis une nouvelle écrite sous ce pseudo !

#En Bref

Cette anthologie Trolls et légendes est une réussite au niveau du casting, mis à part un auteur dont j’ai moins aimé la nouvelle. Mais tous les goûts sont dans la nature, et il faut reconnaître que l’ensemble est de qualité tant sur le plan de l’écriture que des histoires. Une déferlante d’imaginations toutes plus prolifiques les unes que les autres !


Ce livre entre dans le cadre du challenge 1 mois, 1 consigne pour ma lecture d’avril !