Praërie T1- Le Monde des Sinks


En 1994, un centre de recherche et un village entier disparaissent mystérieusement dans une petite vallée du sud de la France, sans laisser de traces… Vingt ans plus tard, le lieutenant Vincent Marty est envoyé sur les lieux dans le plus grand secret. Objectif : récupérer les travaux de ce laboratoire perdu… des travaux portant sur la miniaturisation. Plus facile à dire qu’à faire, quand on vous réduit à la taille d’une fourmi et que vous disposez de seize heures pour vous frayer un chemin dans la plus impitoyable des jungles, hantée par des créatures cauchemardesques plus terrifiantes, voraces, rapides et meurtrières les unes que les autres… les insectes. Là, au milieu d’un peuple d’humains microscopiques, Vincent découvrira un univers plus incroyable encore qu’un monde de fantasy. Une société violente, impitoyable, calquée sur le modèle du règne animal et des êtres déracinés qui trouveront avec lui le chemin de leur humanité.


Un résumé pour le moins intéressant, n’est-il pas ? En tout cas, cela promet une odyssée vraiment passionnante ! Pour sûr, la première chose que l’on peut dire, c’est que le dépaysement est total. Et le haut-fait est encore plus impressionnant lorsqu’on sait qu’il s’agit d’un voyage presque immobile : Vincent et les Sinks restent en effet dans la même prairie. Voilà quel a été pour moi le principal attrait de ce roman : il nous apprend toute la relativité du temps et du monde qui nous entoure. Jean-Luc Marcastel fait mention d’une théorie selon laquelle le temps possède une durée que nous lui attribuons. Je suis pour ma part tout à fait d’accord avec cette théorie, et j’ai apprécié de voir que je ne suis pas la seule à le penser.

L’histoire de base est intéressante, et je suis curieuse d’en savoir plus. En commençant ma lecture, je m’attendais à la découverte de la nouvelle vie des habitants du village, habitants qui auraient du faire face à de nouveaux périls venus de la terre qu’ils foulaient auparavant insouciamment. Mais rien de tout cela. On trouve à la place une nouvelle civilisation « tribale » aux coutumes certes originales, et qui semblent descendre des humains. Pourquoi pas après tout… si la quasi-totalité de l’histoire ne tournait pas autour d’eux ! Je comprends tout à fait que Vincent ait à les rencontrer, mais je ne m’attendais pas à plonger aussi longuement dans leur mode de vie. Je pensais simplement que l’aventure hors de la cité prendrait une place plus grande. Mais qu’on se le dise, ce n’est que mon avis personnel sur la question.

Si j’ai apprécié certains aspects de ce monde découvert durant ma lecture, je n’en ai guère apprécié d’autres. Le mode de vie avec les séparations des sexes ne m’a pas plu du tout, de même que la régulation religieuse qui m’a davantage fait penser à l’omniprésence de catholicisme durant le Moyen-Age. J’ignore si c’est voulu par l’auteur, mais le calque est trop présent pour que cela ne me gêne pas, malheureusement. Par contre, j’ai beaucoup apprécié les coutumes guerrières de cette civilisation.

Passons rapidement aux personnages… je n’ai que peu eu le loisir de m’attacher à eux. Néanmoins, leur mise en parallèle représente au niveau supérieur celle de deux civilisations différentes qui doivent se découvrir et ce fait est pour moi très intéressant. Lo’Hiss a été de loin le plus intéressant à découvrir, car il est le meilleur représentant de sa civilisation dans ce roman. J’ai pu en apprendre plus à travers lui, et sa vision des choses et du monde a été très intéressante.
Vincent quant à lui est mon personnage favori pour la simple et bonne raison qu’il apporte au texte ces réflexions à propos de la relativité du temps dont j’ai parlé au début de ma chronique. Il m’a invité à reconsidérer la question et j’ai fortement apprécié cette expérience.

Le monde sauvage décrit par Jean-Luc Marcastel est vraiment immersif. Il réussit à faire d’une prairie banale à nos yeux d’humains (ou d’Haoms, comme vous préférez) un véritable petit monde qu’un seul Sink ne peut arpenter seul. Les hautes herbes deviennent des arbres immémoriaux, une rivière un immense fleuve, et une petite colline un sommet vertigineux. Je regrette simplement que le voyage hors de la ville de la compagnie n’ait pas duré plus longtemps car j’aurais aimé en profiter plus. Peut-être dans le second tome ?

~ En Bref ~

Je reste mitigée en repensant à ma lecture de ce premier tome de la nouvelle trilogie de Jean-Luc Marcastel. Ce n’est pas un mauvais roman du tout, attention. L’écriture est très agréable et l’histoire vraiment prenante, de même que les paysages décrits qui invitent au voyage. Je pense simplement que je m’attendais à autre chose que ce que j’ai pu lire, voilà tout. Peut-être que le tome 2 satisfera mes attentes, je l’espère en tout cas !  

Praërie T1- Le Monde des Sinks.- Jean-Luc Marcastel.- Ed. Scrinéo

Montres Enchantées


Indécis entre fuite et union, le temps est un amant insaisissable. Omniprésent, dès qu’on le regarde, il s’efface pourtant, déjà évanescent. Inlassablement, il permet croissance ou use jusqu’à l’extinction. L’être humain pourchasse depuis toujours ce dieu créateur et destructeur, en quête de son asservissement. Secondes, minutes, heures… L’esprit cartésien a beau le fractionner, il n’en demeure pas moins incontrôlable.
Et si la relecture de notre passé, de notre culture, ou encore du progrès scientifique nous en accordait la maîtrise, l’Homme saurait-il mieux gérer son temps ?
Plongez-vous sans perdre une minute dans cette anthologie et peut-être, parmi ses pages, percevrez-vous le tic-tac de ces montres enchantées ?


Un recueil de nouvelles sur le thème « Montres enchantées », le tout à résonance steampunk. Voilà ce que nous proposent les éditions du Chat Noir dans ce recueil. J’apprécie de manière ce genre de livres, car une nuée d’auteurs nous offrent dans leur travail leur vision de la thématique et le fruit de leur inspiration.

La mouvance steampunk m’attire, mais à petites doses, car les auteurs tournent malheureusement très vite en rond. J’ai vu fleurir ce genre d’univers comme une mode sur les tables des libraires et j’avoue en avoir vite eu assez. Mais lorsque ce livre est paru, il m’a de suite fait de l’œil. Il s’agit d’un recueil comportant dix-sept nouvelles d’auteurs confirmés comme d’écrivains débutants.

Il faut d’abord souligner la qualité d’ensemble des textes. Que l’on aime ou que l’on aime pas certaines nouvelles, toutes sont globalement bien écrites et originales. Certes, des éléments reviennent souvent, mais leur utilisation dans l’histoire leur donne une originalité qui leur est propre. Les auteurs nous plongent dans des univers à la fois semblables et très différents. C’est cela le charme de ce genre de recueil, naviguer dans des univers à la fois nouveaux et vaguement connus. Un beau voyage en somme !

~ Focus sur… ~

Je ne peux m’empêcher de vous parler plus en détail de ma nouvelle préférée de ce recueil, celle écrite par Fabien Clavel intitulée Tourbillon aux Trois ponts d’or. L’auteur nous emmène dans la France du XIXe siècle au cœur d’une enquête comme on en écrit plus de nos jours. On y suit donc l’investigation de l’inspecteur Ragon qui, aidé d’un agent, se retrouve à devoir élucider un bien mystérieux crime. Le fantastique dans cette nouvelle se mêle à la réalité et à la minutie avec laquelle Fabien Clavel nous dévoile indice après indice le fin mot de l’histoire. J’ai vraiment pris un énorme plaisir à lire cette nouvelle car j’ai pu retrouver une histoire digne d’un Conan Doyle ou d’une Agatha Christie, car Ragon a l’œil d’un Holmes ou d’un Hercule Poirot.

C’est l’une des dix-sept nouvelles des Montres Enchantées. J’en ai apprécié certaines, d’autres moins. Mais je vous conseille vraiment ce recueil de qualité. Un petit plus qui fait toujours plaisir, la maquette de ce livre, aussi bien intérieure qu’extérieure, qui est vraiment très bien réalisée. 

Montres enchantées.- Collectif dirigé par Mathieu Guibé.- Ed du Chat Noir

Les Arcanes du temps


Et si les voix que Jeanne d’Arc prétendait entendre n’étaient pas d’origine divine et que la réalité se révélait plus stupéfiante encore ? Et si une technologie de voyage intertemporel permettait d’agir sur le passé pour modifier le présent? Après de multiples aventures, Khéléan va découvrir que notre Histoire n’est que le fruit d’une incroyable machination…

Ah, j’aime quand le pitch des romans commencent par « Et si… ? » ! C’est Lionel Bhera qui est venu vers moi afin de me présenter ce roman qui a attiré mon œil par ce résumé pour le moins surprenant !
Je vous le dis tout de suite, il s’agit d’un bon moment de lecture. Malgré les quelques longueurs à déplorer dans la mise en place de l’histoire, le rythme et les rebondissements dans l’intrigue rendent la lecture agréable. Attention tout de même, il ne s’agit pas juste d’un groupe d’adolescents envoyés malgré eux sauver Jeanne D’Arc et à travers elle le destin de la France. L’intrigue et beaucoup plus complexe que cela, et ce n’est rien de le dire !
Chaque chapitre s’enfonce un peu plus loin dans cette complexité, et il faut vraiment s’accrocher durant certaines explications pour savoir de quoi il est question. Heureusement que j’ai été initiée aux voyages dans le temps et l’espace par Doctor Who ! Je vous le dis, c’est parfois un vrai twist mental pour remettre en place la chronologie et réussir le jeu de « qui est qui ».
C’est peut-être étrange à lire, mais c’est précisément le défaut de la qualité. L’auteur a réussi à tisser une histoire bien construite sans incohérences et avec de nombreux rebondissements. Mais c’est aussi un piège dans lequel l’auteur est tombé, celui de perdre son lecteur dans les trop nombreux replis narratifs. Heureusement que l’histoire reste cohérente !
Que dire à propos des personnages… Les adolescents sont bien campés, avec chacun un trait psychologique qui lui est propre. Jeanne d’Arc quant à elle m’a intéressée car, en plus d’être l’élément central de cette histoire, j’étais curieuse de voir la manière dont elle allait être mise en scène par Lionel Behra. Challenge réussi pour moi donc sur ce point !
Le personnage du docteur m’a laissée perplexe. Il s’agit peut-être du personnage possédant le plus de potentiel de tout le roman. J’aurais aimé le voir plus approfondi, c’est dommage.
~ En bref ~

Les Arcanes du temps a été pour moi un bon moment de lecture, malgré une histoire parfois trop complexe et capillotractée, mais qui se tient.

Les Arcanes du temps.- Lionel Behra.- Ed .Rebelle

Notre-Dame des loups


En 1868, Jack, Würm, Evangeline, Jonas et les autres sont des Veneurs, des chasseurs de loups-garous. Ils ne peuvent plus être définis autrement, ils ont renoncé à tout le reste afin d’accomplir leur devoir : décimer les meutes, protéger les colons, et surtout, pourchasser celle par qui tout a commencé, la légendaire Notre-Dame des Loups.
A travers une Amérique glaciale, battue par les vents et couverte de neige, insensibles au froid, à la fatigue et au découragement, les Veneurs avancent, encore et toujours. Guidés par des chiens de guerre, équipés d’armes crachant des balles d’argent, protégés du Mal par la mystérieuse sorcellerie de leurs amulettes, ils pourchassent, malmènent, et acculent les loups-garous, qui n’ont d’autre choix que les affronter… et mourir.
Mais l’ennemi n’est pas le seul à dissimuler sa véritable nature…

Après avoir écrit deux romans plutôt volumineux et jouissant d’une bonne popularité, Adrien Tomas revient avec une très courte histoire nous propulsant dans le XIXe siècle américain, soit en plein dans un univers western.

Mais un univers un peu particulier, car dans ce continent alors à peine découvert rôdent des créatures aussi mystérieuses que mortelles, des lycanthropes. Ces créatures, aussi appelées des « wendigos », font l’objet d’une traque sans merci par les Veneurs, des héros de l’ombre dont la vie est vouée à l’éradication des abominations.

Adrien Tomas nous propose un enchaînement de chapitres proposant chacun le point de vue d’un des veneurs ainsi que la façon dont il est entré dans cette étrange compagnie. La manière dont sont construits les chapitres est répétitive et se termine toujours de la même manière. J’ai par contre apprécié de lire les histoires propres à chaque membre de la compagnie. Mais l’histoire suit tout de même son cours et propose une intrigue à la fois simple, traquer la souveraine des lycanthropes, mais dont la chute se révèle… surprenante par l’enchaînement des actions.
Si la lecture de la plus grande partie du roman est agréable mais répétitive, je marquerais une préférence certaine pour les dernières pages où la vénerie, dont la taille est alors réduite à peau de chagrin, se retrouve confrontée au boss de fin, c’est à dire la Dame des loups. C’est un véritable exercice d’écriture auquel s’est livré l’auteur, et c’est pour moi un pari réussi.

Concernant les personnages, l’autre point incontournable de ce roman, Adrien Tomas dresse les portraits de plusieurs personnages tous très différents mais extrêmement bien travaillés. Dans le premier chapitre, l’auteur nous les présente d’un point de vue extérieur, à travers le regard de l’un d’entre eux. Puis chaque chapitre est l’occasion de développer la personnalité de chacun en mettant en lumière ses qualités, ses défauts, ainsi que sa vision des choses et du fléau qui assaille les États-Unis.
Cette façon de présenter les personnages permet un travail psychologique plus complet sur leurs portraits et constitue pour moi l’un des points forts de cette courte histoire.

~ En bref ~

Il s’agit d’un roman assez bref, rapide à lire mais qui n’est pas pour autant dénué d’intérêt. L’histoire est un vrai travail d’écriture dans lequel l’auteur nous perd dans la vie des personnages pour mieux nous surprendre à la fin. C’est une bonne surprise que je vous recommande !

Notre-Dame des loups.- Adrien Tomas.- Ed. Mnémos

L’Ombre de l’âme


Sam, un jeune écrivain en herbe, a bâti un monde imaginaire où son âme désenchantée vient se ressourcer. Sur cette terre d’évasion, il conte la quête de Zgor, un chevalier qui passe un pacte avec la Mort. Mais sa création va peu à peu échapper à son contrôle pour devenir un véritable cauchemar. Son héros maudit hante son esprit et ceux de ses proches jusqu’à leur faire commettre des crimes atroces.
Mais qui se cache derrière Zgor ? Son créateur, emporté par la folie ? Osgeir, le guerrier viking dont il s’est inspiré ? A moins qu’il ne s’agisse d’un démon tapis depuis l’aube de l’humanité dans l’ombre de notre âme…

Ce roman m’a été vivement conseillé par une amie qui l’avait lu et adoré. Lui faisant confiance, je l’ai donc acheté et commencé quelques temps après. Il faut dire que L’Ombre de l’âmeimpressionne par son épaisseur, près de 600 pages. Mais en toute franchise, vous ne les sentirez pas passer.

C’est d’ailleurs le premier point qu’il me faut évoquer : la rapidité de lecture de ce roman ! Elle est impressionnante, et l’intrigue y est pour beaucoup. Partant de la vie d’un écrivain ne sentant pas à sa place dans l’époque moderne, on arrive à une intrigue sur plusieurs niveaux qui nous plongent dans les abysses de la folie humaine où les pires monstres semblent pouvoir prendre corps dans la réalité.
Prenez garde où vous mettez les pieds, car dans ce roman, on se perd entre réalité, fantasme et apparitions surnaturelles. David Gibert nous propose un voyage entre présent et passé entre lesquelles les frontières semblent avoir disparues.
Les personnages de L’Ombre de l’âme sont psychologiquement très travaillés, notamment sur le plan des relations sociales et amicales. Le sentiment d’amitié occupe une place primordiale dans cette histoire : comment réagirions-nous si nos amis les plus proches, ceux avec qui nous partageons tout étaient plongés dans de tels tourments ?
L’évolution mentale des personnages, qu’ils soient possédés par Zgor ou simplement décidés à aider leur ami envers et contre tout.
N’oublions pas de préciser le PRINCIPAL point fort de ce roman : le vibrant hommage aux littératures de l’imaginaire et au jeu de rôle de manière générale. Bien sûr, je ne suis pas totalement objective sur ce point, mais voir à quel point l’écriture, la lecture, le jeu de rôle et le GN permettent de se sentir mieux dans sa peau fait du bien à mon petit cœur !
Le voyage dans le monde onirique de l’imaginaire que nous propose l’auteur est un réel plaisir. David Gibert nous laisse entrevoir des mondes fabuleux à travers des descriptions magnifiquement bien réalisées. La maîtrise est complète, à tel point que d’un revers de plume, il transforme cette situation onirique en paysage tiré des pires cauchemars d’un esprit torturé.
Je vous parle des descriptions, mais la plume de l’auteur possède le pouvoir extraordinaire de nous emmener avec lui en quelques pages pour une aventure palpitante d’où l’on ne sort pas indemne.
~ En Bref ~

Il s’agit d’un roman que je conseille vivement car il s’agit d’un véritable coup de cœur. De l’horreur à la poésie, du fantastique le plus sombre à la fantasy la plus épique, voilà ce que nous propose David Gibert dans L’Ombre de l’âme

L’Ombre de l’âme.- David Gibert.- Ed. Lokomodo.- 2014

ChessTomb

« Son corps meurtri et griffé avait pris une teinte bleuâtre se confondant avec celle du sapin, si bien que ceux qui le trouvèrent crurent un instant à une statue végétale surgie de l’arbre lui-même. »

1922. Howard Phillips Lovecraft écrit une de ses plus étranges nouvelles : Herbert West, réanimateur.
2001.
Le meurtre atroce d’une famille plonge la ville de Chesstomb dans le deuil. Journaliste de renom, Shelby Williams vient y enquêter. Accumulant une somme de documents qui fera date dans l’histoire du journalisme d’investigation, il remonte peu à peu l’histoire de la ville. Jusqu’à cette fameuse année 1922 qui a vu la querelle de plusieurs médecins tourner au tragique. Le plus étrange : tout indique que le personnage de Lovecraft aurait son origine dans ce drame. 


John Ethan Py accomplit la performance de mise en forme de ces documents presque oubliés, créant une œuvre vertigineuse, où le réel et l’imaginaire s’entremêlent avec une force insoupçonnée.

Que de mystère autour de ce roman et de son auteur ! Il m’a été chaudement recommandé et je dois avouer que j’ai été tout de suite tentée par cette énigme. Et grand bien m’en a pris, croyez-moi !
A première vue, il s’agit d’un roman à l’intrigue assez complexe où plusieurs récits s’entremêlent. A seconde vue, l’intrigue est vraiment complexe mais elle est très facile à suivre. Chaque nouvelle partie, chaque page du journal de Sheby Williams, chaque récit qu’il nous rapporte nous rapproche du dénouement, mais la richesse de cette intrigue est un véritable plaisir à découvrir et à lire !
L’histoire ne connaît aucun temps mort et vous prendrez plaisir à lire chaque histoire des personnages qui sont tous aussi intéressants tout en gardant leurs particularités dans l’écriture de l’auteur.
Ne pas évoquer le suspens omniprésent dans l’histoire. John Py fait montre d’un incroyable talent de maîtrise du suspens et vous mènera par le bout du nez jusqu’aux dernières pages où découvrirez le fin mot de l’histoire, fin mot qui ne vous laissera pas de marbre !
J’ai particulièrement apprécié le format de l’histoire sous forme de chronique ou de journaux : on peut plus aisément suivre chaque élément de l’action, et j’ai eu l’impression d’être la destinataire des lettres et des récits des personnages. C’est également un grand hommage à des romans des 19e et 20e siècles, notamment celui de Bram Stocker. Cela permet selon moi une immersion plus facile et plus grande dans l’intrigue.
Il n’y a pas à proprement parler de personnage principal dans cette histoire, mais une multitude de personnages importants. Tous peuvent être situés sur le même plan car chacun apporte sa pierre à l’édifice de l’intrigue. Mais j’ai eu le plaisir de côtoyer Howard Philips Lovecraft et Herbert West. Cette mise en scène est vraiment passionnante et la mise en abyme sur l’écriture du roman de Lovecraft. C’était un pari risqué, mais il est relevé avec succès !
Un petit plus pour la réflexion que l’auteur nous propose à propos de l’écriture et de la personnalité de l’écrivain. Cette réflexion est vraiment très intéressante, appréciera qui pourra 😀
Dernière chose : ne hurlez pas à la toute fin du livre : elle est NORMALE ! 
~ En Bref ~
J’ai adoré ChessTomb. Il s’agit d’un roman très riche, complexe tout en gardant une accessibilité qui le rend immersif et agréable à lire!
ChessTomb.- John Ethan Py.- Ed de l’Homme sans nom.- 2014

En espérant que tu ne m’oublies jamais

Et si comme ce vieil homme vous receviez un appel téléphonique passé il y a 70 ans ?

Et si comme Bénédicte vous trouviez sous un sapin de noël un dé mystérieux qui peut prédire l’avenir ?

Et si vous deveniez gardien de cimetière et que trois jours par an une rose était déposée sur une tombe datant du XVIe siècle…

Que choisiriez-vous ? Chercher des réponses… ou fuir ?

C’est l’auteur lui-même qui a tenu à m’envoyer un exemplaire de son livre, et je le remercie pour sa confiance. En espérant que tu ne m’oublies jamais est un petit recueil de nouvelles très rapide à lire, environ 230 pages. Il est composé de neuf nouvelles aux thèmes très différents mais dont la tonalité fantastique est plus ou moins fortement présente.
J’ai parlé de la rapidité de lecture. Elle n’est pas seulement due à la faible épaisseur du recueil. L’écriture est fluide et chaque texte se lit très facilement. Je passerai sur les petites maladresses dans la syntaxe et le style d’écriture car Yohann Larousse est un jeune auteur dont En espérant que tu ne m’oublies jamais est le premier recueil de nouvelles. Et je trouve qu’il ne se défend pas mal du tout.
L’auteur propose donc neuf histoires aux thématiques variées allant de la modification du futur à la romance par-delà la mort. Les personnages mis en scène sont banals, des monsieur et madame-tout-le-monde dans des situations de la vie de (presque) tous les jours. On pourrait très bien être à leur place, et c’est le décalage créé entre la situation de départ et celle à laquelle doivent faire face les protagonistes qui est attirante.
Le sens de l’intrigue est bien maîtrisé, et bien souvent il s’agit de dénouements touchants. Car ce recueil est vraiment touchant. L’auteur y a mis tout son talent et son enthousiasme, et on le ressent dans la lecture. Un lecteur attentif sera sensible à cela et ne ressortira pas indemne de cette lecture qui, sans vous changer la vie, vous la fera envisager un peu autrement.

~ En Bref ~
En espérant que tu ne m’oublies jamais est un premier recueil prometteur et je vous invite à le découvrir car il a été pour moi une bonne surprise.
En espérant que tu ne m’oublies jamais.- Yohann Larousse.- Ed. Prem’Edit.- 2013

Zoanthropes, T2 – Rébellion


Après la trahison de Varuna et de Soire, Shina doit faire face au retour de Sedna Aletis, chef de l’organisation qui la poursuit. Elle n’a plus qu’une seule arme pour le contrer : la vérité. Elle décide de retourner là où tout a commencé, en pays humain, alors que s’y organise une révolution. Pour vaincre Sedna, elle devra lever le voile sur le secret des zoanthropes et affronter son propre passé, ses propres origines…

Presque un an après la lecture du premier volume de Zoanthropes, j’avais découvert un monde qui semblait bien s’être bâti sur les ruines du nôtre. Mais j’ai pu me rendre compte qu’il s’agit d’un véritable futur alternatif à notre présent.
Je n’ai pas eu trop de mal à me replonger dans l’histoire même un an après la lecture du premier tome. L’histoire démarre en trombe, et même si les souvenirs de lecture sont un peu flous, de petites piqûres de rappel sont mises à votre disposition pour garantir une lecture fluide sans temps mort. Rébellion – tel est le nom de ce volume, apporte enfin de l’action après la découverte de la véritable nature de l’héroïne et celle de son nouveau chez-elle. Chaque chapitre apporte son lot d’aventure, de surprises et de suspens.
J’ai globalement apprécié ce tome 2, peut-être un peu plus que le premier, car je lui ai trouvé beaucoup plus de profondeur dans l’écriture, avec une réelle épaisseur psychologique accordée aux personnages mais aussi au travail sur le background historique de ce diptyque.
Shina par exemple passe du statut de jeune fille à l’animal particulier à une figure emblématique du monde zoanthropien. Je ne spoil pas, la couverture du tome 2 l’annonce déjà. Ce n’est plus une simple adolescente qui connaît ses premiers émois amoureux, mais une jeune femme déterminée à sauver son nouveau – et vrai peuple au péril de sa vie.
Matthias Rouage propose une histoire du monde pour le moins intéressante : comment celle-ci aurait pu tourner après la seconde guerre mondiale. J’ai apprécié les recoupements faits entre des éléments du tome 1 et les révélations à propos de l’origine des zoanthropes et de l’Eversio Extremus. J’apprécie particulièrement le travail fourni sur cet aspect des choses.
~ En bref ~

Zoanthropes II. Rébellion est une très bonne suite au premier volume de ce diptyque. Beaucoup plus approfondi, il apporte de nombreuses explications claires à ce monde et à ces créatures étonnantes que sont les zoanthropes.

Zoanthrope, T2 – Rébellion.- Matthias Rouage.- Ed Scrinéo.- 2014

Cinq pas sous terre


Jabirah se réveille dans une cave, malade et incapable de faire un geste. Une femme ne tarde pas à la rejoindre. Elle dit s’appeler Muriel et être une engeôleuse d’esprits, une sorte de médium dont le but est de protéger l’harmonie entre les ombres et les humains. Cette illuminée propose à sa prisonnière un marché qui ressemble plutôt à un chantage : la servir, en échange de quoi elle lui rendra son suaire.
Paraît-il que Jabirah est une mâchonneuse de linceul, un vampire nouveau-né dont le corps va pourrir si elle n’ingère pas régulièrement des bouts de son drap mortuaire, et cela jusqu’au dernier fil. Quant à ce que Muriel demande en retour… Bah, il s’agit de trois fois rien ! Simplement tuer un engeôleur fou qui veut réveiller le passé de la Ville rose…

Après avoir lu et apprécié L’Aube de la guerrière et Ainsi commence la nuit, j’ai mordu avec grand plaisir dans les cinq épisodes de Cinq pas sous terre de Vanessa Terral. Il s’agit en effet d’une série de cinq épisodes narrant les aventures de Jabirah, une jeune mâchonneuse de linceul et de sa « boss » Muriel face à un autre engeoleur (très) mal intentionné.
Commençons par le point central de cette histoire, les personnages. La narration tourne principalement autour de Jabirah, une jeune maghrébine dont le décès a façonné son destin de vampire débutant. Il est difficile de ne pas se mettre à sa place et de ne pas souffrir avec elle face à la situation à laquelle elle doit faire face. C’est en effet une véritable personne (je ne dirais pas humaine, vous comprendrez bien pourquoi) que l’on accompagne page après page. Même s’il est peu probable que nous soyons un jour directement concernés par la nature de Jabirah, la plume de l’auteur nous amène à partager le doute, la douleur et la colère en même temps que l’apprentie-vampire. Le réalisme poussé à ce point est vraiment rare dans un récit fantastique et je pense pouvoir dire sans me trompée que c’est indéniablement un point fort de ce texte. L’effet est le même en ce qui concerne Muriel, l’engeoleuse pour qui travaille la mâchonneuse.
Dans l’un des épisodes, nous plongeons en effet dans sa conscience et pouvons ressentir à loisir les sentiments qui la déchirent. C’est proprement poignant.
Plus qu’un univers, Vanessa Terral esquisse un filtre magique qu’elle pose sur notre réalité. A travers ces péripéties occultes, elle nous invite à voir le monde autrement, à y voyager comme si nous ne le connaissions pas. Un modeste château d’eau se transforme en donjon rempli d’ombres effrayantes, et le parking de la place du Capitole de Toulouse devient le théâtre d’un combat presque épique ! C’est vous dire si nous n’ouvrons pas assez nos yeux, pauvres mortels que nous sommes. C’est là toute la magie de l’écriture et celle de Vanessa Terral en particulier. On a vraiment envie d’y croire, et presque que cela arrive, tout en espérant ne jamais être plongé dans de pareilles rencontres !
Ce qui rend la lecture de ces cinq épisodes aussi fluide et aussi rapide est la qualité de la rédaction des dialogues et des descriptions. Les deux s’enchaînent quasiment naturellement et de manière plus qu’efficace. Comme dans son roman L’Aube de la guerrière, j’ai retrouvé avec plaisir l’écriture très directe et orale de Vanessa Terral. Bref, les dialogues sont comme ceux qu’on pourrait entendre chez les beaucoup de jeunes de notre époque, insultes et grossièretés comprises !
~ En bref ~
Après avoir longuement attendu pour lire ces nouvelles, il s’agit vraiment d’une très bonne expérience pour moi. Le style percutant de l’écriture et le fantastique de cette histoire n’y sont sans doute pas pour rien d’ailleurs.

Si vous appréciez les vampires ou simplement la littérature fantastique, n’hésitez pas ! Je ne suis pas spécialement mordue de textes vampiriques, et cet aspect de l’histoire n’occupe pas une énorme partie du texte. Jetez-vous sur ces ebook !

Palace Athéna


Paris, 1889, l’Exposition Universelle vient d’ouvrir ses portes. Trois enquêteurs hors normes poursuivent un mystérieux tueur dont les méfaits semblent liés à la mythologie grecque. Tandis qu’ils se lancent sur les traces d’une étrange actrice de cabaret, d’inquiétants phénomènes se multiplient dans la capitale. Et si tout cela était lié à un retour des dieux antiques ?


Je ne suis pas férue du tout de mythologie grecque, mais j’adore les romans qui mêlent histoire et imaginaire, quand c’est réussi bien sûr. C’est le cas pour Jonas Lenn qui réussit relativement bien le pari de mélanger les deux.

Les Dieux de la Grèce Antique qui, souhaitant revenir parmi les hommes, choisissent le Paris de la Belle Époque. Pourquoi pas ? C’est au moins une idée originale qui m’a changé de mes lectures habituelles. J’apprécie beaucoup cette période historique que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer dans Les Enchantements d’Ambremer, de Pierre Pevel, qui est depuis l’une de mes histories favorites.
Toutes les descriptions sont bien dessinées et avec suffisamment de détails pour que l’on puisse se croire partie prenante de l’histoire.
L’histoire est quant à elle plutôt dure à suivre. Je cherche toujours le lien entre le prologue et la suite de l’histoire, et ma compréhension de l’enchaînement des scènes m’a parfois semblé relever du hasard. De plus, certaines explications m’ont semblé plutôt capillotractées… Je m’attendais à une vraie course poursuite, et une intrigue mieux travaillée avec une implication plus forte des femmes hystériques. Pourquoi pas remonter au personnage de Charcot lui même ?
J’ai globalement apprécié les trois protagonistes, avec une préférence pour La Dive dont les péripéties m’ont plutôt fait sourire. Les personnages restent toutefois plutôt archétypaux, ce qui est un peu dommage. Je regrette ne pas avoir passé plus de temps dans le théâtre de Méliès, un personnage dont le travail me fascine.
~ En bref ~

Une lecture en demi-teinte qui m’a laissé sur ma faim. Malgré quelques personnages drôles ou intéressants (Méliès, vous l’aurez compris), une histoire pour le moins originale mais très difficile à suivre par moments, ce ne sera pas pour moi un livre inoubliable. 
J’en suis d’autant plus surprise que j’avais beaucoup aimé son recueil de nouvelles intitulé Crop Circles dont vous pourrez lire la chronique bientôt. 

Palace Athéna.- Jonas Lenn.- Ed Asgard.- 2013