Le pianiste


Septembre 1939. L’invasion de la Pologne, décrétée par Hitler, vient déclencher la Seconde Guerre mondiale. Varsovie est écrasée sous les bombes ; à la radio résonnent les derniers accords d’un nocturne de Chopin. Le pianiste Wladyslaw Szpilman est contraint de rejoindre le ghetto nazi recréé au coeur de la ville. Là, il va subir l’horreur au quotidien, avec la menace permanente de la déportation. Miraculeusement rescapé de l’enfer, grâce à un officier allemand mélomane, le pianiste témoigne au lendemain de la victoire alliée…


Tout le monde connaît le film réalisé par Roman Polanski où Wladek est brillamment interprété par Adrien Brody. Le pianiste est également un véritable témoignage rédigé par Wladyslaw Szpilman après-guerre.


C’est un récit poignant dans lequel l’auteur détaille son quotidien dans une atmosphère allant de l’incrédulité générale à l’horreur en passant par la peur. Dans ce ghetto où la mort règne en maîtresse absolue, l’auteur nous décrit la manière dont il a réussi à survivre durant six années, bravant le froid, la faim et la maladie, et surtout les pires épreuves physiques comme morales.
Qu’il soit simple curieux ou bien féru d’histoire, différents sentiments traverseront le lecteur du Pianiste. L’horreur, la peur, le dégoût mais également une émotion lorsque l’officier allemand choisit d’aider le musicien en lui fournissant draps et fournitures.

Chaque témoignage de cette guerre me semble digne d’être pris en compte. L’oubli est en effet le meilleur moyen de permettre à la folie des hommes de commettre à nouveau de telles horreurs.
Cela a été un rude moment de lecture, mais que j’ai malgré tout apprécié. Les lectures fortes qui remuent aussi bien l’esprit que les tripes font du bien parfois. Ceux qui me connaissent personnellement savent l’importance que j’attache à la sauvegarde de la mémoire de l’extermination effectuée par les nazis, non seulement sur les Juifs, mais sur d’autres personnes comme les homosexuels et des personnes handicapées.
Je vous invite à lire ce récit qui ne vous laissera pas indifférent.

Le pianiste.- Wladyslaw Szpilman.- 2001 (Ed Belfond)

Les lumières de Haven


Alors qu’ils préparent le bac, cinq adolescents sont projetés dans l’univers merveilleux de Haven, un monde parallèle volontairement bloqué au XVIIIe siècle. Old Jack, l’Intendant règne en despote éclairé sur ce havre de Paix…
Mais un personnage mystérieux menace de révéler un secret millénaire qui pourrait faire exploser ce fragile équilibre et transformer ce paradis en enfer de guerre, de feu, de sang…
Que peuvent faire les cinq Arrivants pour éviter ce cataclysme ? Quelles créatures terribles devront-ils affronter ? Quel mystère entoure la disparition des premiers habitants légendaires de Haven ?


Résumé alléchant n’est-il pas, ami lecteur ? Le début du roman alterne entre plusieurs scènes relatant la vie de lycéens aux quatre coins de la France, tous amis. Un début intriguant, me direz-vous. Où est l’imaginaire, le monde utopique promis dans la quatrième de couverture ?
Il arrive dès le second chapitre qui enclenche une action qui restera rapide et rythmée tout au long de l’histoire. Car une chose est sûre, on ne s’ennuie pas dans Les Lumières de Haven. Chaque page recèle une nouvelle aventure dans la vie des Arrivants.
Le monde que nous décrit l’auteur est riche, et son histoire mêlant mythologie et faits réels est complexe et plausible. Les anges font écho à nos dragons et autres fées de nos propres légendes. Sans s’y calquer à 100 %, il se rapproche du XVIIIeme siècle français par le raffinement de la cour et des coutumes du peuple Havenien.
La plume de Pauline Bock est sûre et ne souffre d’aucune hésitation dans le vocabulaire et j’ai eu la joie de constater que le niveau était à la fois égal et élevé tant dans les descriptions que dans les dialogues.
Comme rien ne peut être parfait, je déplore que les derniers chapitres soient un peu faibles. J’aurais aimé qu’ils soient un peu développés. J’ai en effet eu une double-impression de « cheveu sur la soupe » et de frustration. Mais la toute fin reste très touchante malgré tout ! Un autre souci tient aux personnages. Certains peuvent se montrer parfois très irritants, et mériteraient une bonne paire de claques. Mais c’est un avis très personnel sur ce point je le reconnais.
C’est une toute jeune auteur qui signe ce roman très prometteur. Pauline Bock est en effet âgée de 20 ans, et c’est sa passion pour la littérature et la période des Lumières qui lui a inspiré ce très bon roman. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié cette lecture et je la recommande bien volontiers.

Les Lumières de Haven.- Pauline Bock.- Ed Scrinéo.- 2013

La geste d’Alban, T1, L’enfant monstre



Les Maljours s’achèvent à peine, la lumière caresse timidement les terres d’Oc blessées par le cataclysme. Les hommes luttent contre les Malebestes en un combat sans merci. C’est en cet âge sombre que naît Alban, un enfant difforme, touché par le souffle maudit de la Brèche du Diable. Rejeté par les siens après la mort de son père, il va, toujours masqué pour dissimuler son visage aux autres hommes…
Alban deviendra pourtant le plus fameux des Traquebestes de son temps, un héros dont le nom restera, dans tous les cœurs, synonyme de courage et de vaillance. Dans son périple émaillé d’épreuves terribles, de violence et de merveilles, il rencontrera l’amitié et peut être l’amour, la trahison et le vrai visage du mal qui se répand sur les Terres d’Oc, pour enfin trouver son combat et tailler sa place en ce monde.


Quel beau récit que cette première partie de la Geste d’Alban, aussi nommé le lion blanc dont la légende est sûrement parvenue à vos oreilles par quelque talentueux conteur. Laissez-vous bercer par son récit et emmener en Occitania, l’actuel sud-ouest de la France à l’époque médiévale. C’est un monde rude de montagnes et de plaines battues par les vents que nous dépeint l’auteur avec une plume aussi précise qu’envoûtante. Lisez les pages de cette geste et vous serez envahis de sensations diverses mais toujours prenantes.
Préparez-vous à tressaillir, à goûter aux injustices et aux pires agissements dont peut être capable l’espèce humaine ! Car au-delà d’un récit fantastique, c’est bien une réflexion sur les différences humaines que nous offre l’auteur. La façon dont Alban est traité à cause de difformités dues à la Brèche fera sûrement réfléchir plus d’un lecteur sur le fait de juger à partir des apparences. Une belle leçon qui montre que le jugement basé sur les apparences et les superstitions mène rarement à la vérité et la sagesse.
En plus des très belles descriptions, la tonalité de l’écrit totalement inspirée du parler médiéval immerge totalement le lecteur dans cette époque aux sombres croyances. De quoi ressortir totalement dépaysé de cette lecture.

Un mot d’ordre donc : un réalisme immersif assez poussé. Les personnages, par exemple, sont tellement réalistes qu’aucun d’entre eux ne vous laissera indifférent, qu’ils brillent par leur inhumanité ou par la complexité de leur esprit.
~ En bref ~
La Geste d’Alban est un roman fantasy qui mérite d’être lu. Il recèle plein de surprises ainsi qu’une merveilleuse histoire dans un monde rude empli de malebestes qui n’est pas sans rappeler l’univers des Ombres d’Esteren…

La geste d’Alban, T1, L’enfant monstre.- Jean-Luc Marcastel.- Ed Matagot.- 2012

La fille d’Hécate, T1, la voie de la sorcière


Maëlys, une jeune femme étudiante en psychologie, devient le cobaye d’une étrange expérience menée par Alex, un beau jeune homme. Son but : prouver que la télépathie existe.
L’expérience la chamboule au-delà de tout soupçon et dévoile en elle des pouvoirs de sorcière. Sceptique d’abord, elle prend la décision de les développer, aidée de Dorine, sa nouvelle amie. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu : une menace plane sur la vie de Maëlys…

La voie de la sorcière ouvre une trilogie mêlant fantastique, sorcellerie et thriller. La romance y est présente sans pour autant prendre une place trop importante dans l’histoire. Le personnage principal, Maëlys, est une jeune femme pleine de vie mais tourmentée et plus âgée que la plupart des héroïnes de romans que l’on peut rencontrer de nos jours.
Peut-être un peu trop « jeune » d’esprit peut-être…
Les descriptions sont quant à elles présentes sans être trop étouffantes. Claires et concises, elles auraient peut-être pu être développées à certains moments, notamment lors des rituels magiques qui auraient mérité une explication, historique par exemple, intégrée au récit.
Les ambiances, bien que différentes, s’enchaînent de manière fluide. Toutes bien décrites, elles plongent le lecteur dans plusieurs mondes et l’emmènent à travers l’horreur, la féerie, et l’angoisse. Du bon travail de la part de Cécile Guillot qui a su mêler plusieurs genres en un seul – et trop court – roman.

La voie de la sorcière est rapide à lire : pas plus de deux jours. Il faut dire que la magie est instillée avec finesse dans une histoire qui en est a priori exempte. Le roman présente une branche assez célèbre mais finalement peu connue de la magie : la wicca. Il s’agit d’une pratique visant à vivre en accord avec les forces de la natures et à être en accord avec soi-même.
Je suis curieuse de lire la suite des aventures de notre sorcière novice. La Fille d’Hécate est une histoire qui donne envie d’avoir des pouvoirs magiques.
Plusieurs rites y sont développés… Pour en savoir plus, je vous invite à lire le tome 1 de la Fille d’Hécate !

La fille d’Hécate, T1, la voie de la sorcière.- Cécile Guillot.- Ed du Chat Noir

Magma


Sur Orkrün, Kon et noK règnent en maître et on fait disparaître la nuit. Pire, ils grossissent et transforment la planète en un désert immense, annonçant sa destruction prochaine. Alors que la vie dans le désert est dangereuse, deux guerriers, uniques rescapés de leur tribu, se voient confier une mission d’un genre un peu particulier : sauver le monde. Mais pour ça, ils vont devoir trouver des compagnons, et affronter les terribles dangers du désert. Seront-ils à la hauteur de cette mission ?


Ce qui attire tout de suite dans Magma, c’est l’originalité du monde dans le vaste milieu de la fantasy française. Si on connaît des mondes rudes où la vie est difficile, on en rencontre moins à ce point de déchéance. C’est ce qui fait certainement l’une des forces de ce livre : le rythme narratif est accéléré par la menace de fin et par la brièveté du roman.
Mais la brièveté de Magma constitue également son principal point faible : l’action aurait amplement mérité d’être beaucoup plus développée, et je suis ressortie de ma lecture avec un sentiment de frustration sur ce point. Le début du récit est rythmé comme tout autre, avec des actions ponctuelles plutôt bien décrites. Mais tout s’accélère à la fin et se résout un peu à la manière d’un  »Deux ex machina ». Dommage.
Les descriptions font ressortir la rudesse de cet univers malgré tout riche en vie. De nombreuses entités réussissent en effet à survivre dans ce désert a priori inhospitalier. C’est la diversité de ces entités ainsi que leurs descriptions qui donnent envie de connaître un peu plus cet univers si particulier et si instable.
Pas de créatures comme les elfes, ou les dragons, mais tout un bestiaire animal est développé dans l’histoire. C’est un savant mélange entre des éléments connus et une totale nouveauté qui crée l’originalité de ce bestiaire. Les humains ne sont pas en reste. C’est tout un panel de caractères au final très réaliste que nous offre Pierre Brulhet.
Qu’ils soient attachants, énervants voire carrément répugnants, aucun personnage ne pourra vous laisser totalement indifférent. Chacun comporte son lot de forces et de faiblesses comme tout un chacun. Ce sont les dialogues entre les personnages qui créent le point faible de l’histoire. Comme l’action, ils auraient mérité d’être développés.
Terminons sur une bonne note en parlant de la toute fin de l’histoire qui est à la fois prenante et très poétique. C’est le récit d’un sacrifice, et l’auteur offre à son lecteur une réflexion tout en finesse et en beauté sur l’importance de la nature et la nécessité de la sauvegarder.
Depuis le temps que j’ai entendu parler de ce livre, je suis contente de l’avoir enfin lu, et il me laisse une assez bonne impression ! Merci aux éditions Juste Pour Lire pour ce cadeau.
Magma.- Pierre Brulhet.- Ed. Juste pour Lire.- 2012

La Dernière Terre, T1, L’Enfant Merehdian

Un immense mur de pierre protège la dernière terre et sa capitale Tileh Agrevina des Brumes où les âmes des morts errent. Dans cette cité, le jeune Cahir apprend à vivre avec ses différences. Jeune garçon au passé nébuleux, pupille d’un Haut-Garde inapte à tout sentiment, il appartient à une population rejetée, les Giddires. Mais il brave les idées reçues et réussit à faire sa place dans la garde Agrevine. Lorsqu’un jour, alors qu’il se trouve en poste sur le Rempart, un incident effroyable se produit. Une énorme bête apparaît, ayant de toute évidence réussi à s’extraire des Brumes jusque-là. Blessé à mort, Cahir a néanmoins réussi à sauver Ghent, l’un des rares Agrevins à lui accorder une amitié, toute relative soit-elle.
Mais cet incident s’auréole de mystère lors de la convalescence de notre jeune héros. Quels étranges évènements entourent le passé du jeune Giddire ?


Ce qui interpelle le plus lors de la lecture des toutes premières pages de ce roman est la minutie et la beauté des descriptions que dresse l’auteur tout au long de son roman. Chaque détail, qu’il appartienne aux paysages, aux personnages ou aux actions, est soigneusement étudié et retranscrit. Cette impression de réalisme provient sans doute de l’autre talent de l’auteur, le dessin, que l’on retrouve d’ailleurs dans ses réalisations.
Ainsi, les paysages que la plume de l’auteur dessine sont tellement beaux que le lecteur plongé dans cette histoire pourra ressentir le froid mordant des montagnes ou les odeurs si particulières de la ville.
Les personnages semblent eux-aussi des plus réels. Leur bagage culturel et leur passé sont très développés, ce qui permet un rapprochement avec le lecteur et peut-être une identification à certains traits caractéristiques des personnages.
J’ai simplement regretté de petites longueurs dans l’histoire et des péripéties trop peu présentes. Les actions distillées surtout à la fin du premier tome font que l’on a hâte de lire le tome 2 pour connaître la suite. 🙂
Pas de dragons, ni d’elfes, mais tout un tas d’étranges évènements se mettant doucement en place dans l’histoire. Je suis curieuse de voir ce que donneront les cinq prochains tomes…
J’ai particulièrement apprécié le message humaniste caché derrière cette histoire. L’importance d’aller au-delà des apparences, apprendre à connaître les personnes malgré les rumeurs et les préjugés pouvant le entourer. Un message que tout le monde a déjà entendu, mais qu’il est toujours bon de rappeler, malheureusement.
J’ai également apprécié la présence d’un glossaire à la fin du livre permettant de mieux saisir les subtilités de ce monde nouveau. J’ai toujours trouvé énervant l’absence d’explications claires quant à certains termes dans des roman fantasy. Un autre bon point pour La Dernière Terre.
Le mot de la fin ira pour le mini art-book à propos de l’univers de La dernière terre qui regroupe les dessins d’auteurs venant d’horizons différents. J’ai bien sûr mes images favorites, mais j’aime beaucoup cet ajout au roman !
En bref
Une bonne histoire, certes un peu longue à se mettre en route. Un monde bien rude où de nombreux mystères rôdent par-delà les remparts. Que cachent les Brumes ?
L’Enfant Merehdian semble marquer le début d’une série de romans que j’espère atypiques et toujours plus immersifs.

La Dernière Terre, T1, L’Enfant Merehdian.- Magali Villeneuve.- Editions de l’Homme Sans Nom, 2012

Entretien avec un vampire


Une petite chambre sombre, la nuit tombée. Un jeune journaliste se tient dans un fauteuil et attend avec impatience un récit qui, il est loin de s’en douter, va changer sa vision du monde. Car celui qu’il interroge s’appelle Louis et est âgé de plus de deux-cent ans, un vampire. 
Il va lui narrer son existence nocturne, à défaut de raconter sa vie : sa rencontre avec Lestat, puis ses nombreux voyages et toujours ce mal-être qui l’habite toujours. 
Ami lecteur, es-tu prêt à plonger dans une existence sombre et tumultueuse mêlant faste et décadence ?


Anne Rice. Pour beaucoup, ce nom de signifie pas grand chose. Mais ce titre, Entretien avec un vampire, est bien connu ! L’auteur est connue pour ses célèbres Chroniques des vampires, avec notamment Lestat le vampire et la Reine des Damnés.

Le début d’Entretien est pour le moins surprenant. Alors que l’on s’attend à être plongé immédiatement dans la vie du héros, on se retrouve in medias res dans une conversation entre ledit vampire (ouf, déjà ça !) et un jeune homme. Mais tout est très vite expliqué, et les quelques pages de cette sorte de « prologue » sont bien vites avalées.

Car ce roman se lit très vite, tant les aventures de Louis et Lestat sont hautes en couleur et picaresques. Nous les suivons dans leurs voyages à travers les pays et les époques et sommes les témoins de leur capacité d’adaptation aux coutumes et habitudes vestimentaires du lieu et de l’époque. 

Le récit se déroule en grande partie au XIXe siècle, ce qui mène l’histoire à aborder plusieurs détails historiques, ce qui renforce son réalisme. Encore un point positif.

L’auteur dresse de fins portraits psychologiques de ses personnages, qui à la fois se complètent et se révèlent les exactes opposés. De plus, chaque vampire dispose d’une vision personnelle de la vie éternelle, ce qui m’a paru extrêmement intéressant à lire. Elle a de plus réussi à ne pas rendre ses personnages trop humains, en leur insufflant quelques traits de caractères (souvent légers), ne laissant que peu de doutes à ce sujet.
Les amateurs d’histoire de vampires brillant au soleil, ou sexy au plus haut point seront déçus ! Entretien avec un vampire s’inscrit dans la droite lignée de la littérature vampirique « classique » qu’elle renouvelle tout de même. 

Une très bonne lecture que je conseille vivement, que vous ayez vu le film ou non !

Entretien avec un vampire.- Anne Rice.- Ed Fleuve Noir (réédité chez Plon)

Le bord du monde – Livre 1


Aplecraft était un personnage reconnu grâce à sa magie du chant. Trouvère pour la fille du roi d’Oniriad, sa cité, il mène la belle vie. Tout bascule le jour où il tombe amoureux d’une des suivantes de la princesse. Rien de grave au premier abord, mais il s’agit en fait d’une double erreur. La première : la suivante en question est une solaire, et l’amour entre humains et solaires est prohibé. Mais c’est la seconde qui sera fatale. La princesse, qui l’aimait en secret, découvre la liaison que son trouvère n’a pas encore consommé et, aveuglée par la jalousie et la haine, les fait condamner à mort.
Trahi, découragé, abandonné par son aimée qui s’est suicidée, Aplecraft se prépare à mourir. Quand un homme étrange croisé par hasard dans la rue quelques jours plus tôt vient lui proposer un étrange marché : lui apprendre sa magie des mots et l’accompagner dans périlleux voyage au pays obscur, où la nuit règne en maîtresse absolue.
Que va trouver Aplecraft là-bas, et surtout va-t-il revenir sauf pour accomplir la vengeance comme il se l’est juré ?

Fantasy, récit initiatique, aventure et suspens, Le Bord du monde contient tout ces éléments. Étant donné la pile de livres qu’il me restait à lire, j’ai été tentée de le laisser un peu de côté. Mais j’ai finalement décidé de commencer celui-ci. Grand bien m’en a pris ! J’ai rarement vu un récit aussi rapide à lire.
Des chapitres un peu longs certes, mais la narration et les aventures vues par les yeux du héros semblent les raccourcir. Les descriptions et les dialogues s’alternent sans déséquilibre d’un côté ou de l’autre.

Le langage que les personnages emploient donne une tonalité médiévale à l’histoire qui n’est pas sans laisser indifférent. Ces touches subtiles présentes également dans les descriptions faites par le personnage à son auditeur (pourquoi pas le lecteur ?) font de ce roman une invitation au voyage que l’on serait heureux de faire, nonobstant les risques présents dans le Monde Obscur.
Je pense que l’on peut reconnaître ici un « trait de plume » de l’auteur : sa capacité à faire voyager le lecteur, à lui donner envie de suivre ses personnages malgré tous les dangers encourus.
Fabrice Anfosso propose dans ce roman un panel de personnages dont les caractères sont aussi divers que leur apparence. A l’image de nombreuses compagnies, celle-ci se compose d’une drague (une magicienne), un solaire archer, un demi-loup guerrier, un montorin et bien sûr le chef de leur clan, le Scientifique Théodulf.
C’est par ce personnage que prend place selon moi le thème central de ce roman, la véritable réflexion que l’auteur nous propose : jusqu’où peut-on croire ses convictions, alors que maintes preuves de ses paradoxes abondent sous nos yeux ?
 J’ai aimé Le Chemin des fées, un autre roman de Fabrice Anfosso. Et j’ai adoré Le Bord du monde.

Le bord du monde – Livre 1.- Fabrice Anfosso.- Ed. Lokomodo.- 2012

La somme des rêves


Les Mages Bleus, servants de l’Equilibre, ont été décimés, mais l’un des leurs a survécu au prix de son honneur, motivé par le besoin impérieux de transmettre la vie.
Le jeune Cerdric, né bréon de la noble famille Tirbald, va, quant à lui, affronter une mère qui ne l’a pas désiré, un monde qui semble incapable de l’aimer.
Et si la solution à ses tourments résidait dans la Marche voisine, là où vit son mystérieux père, en exil ?
Mais au terme de son voyage, Cerdric recevra surtout le poids d’un secret terriblement lourd à porter : celui de la Somme des Rêves, une espérance de renouveau pour ceux qui refusent de s’incilner devant les dieux…



Je n’avais entendu que du bien de ce roman, et connaissant le talent d’écriture de Nathalie, je ne pouvais m’attendre qu’à un roman de qualité. Et je n’ai pas été déçue. Je suis allée de surprise en surprise en lisant cette histoire.
D’abord, la préface. Après l’avoir crue écrite par l’auteur elle-même puis par l’éditeur, j’ai découvert avec stupeur (et grand plaisir) la signature de Robin Hobb ! De quoi me conforter dans ma hâte d’en savoir plus sur cette histoire !
La somme des rêves commence avec la fuite éperdue d’un mage déchu. Pourquoi ? Une sorte d’Inquisition revisitée. S’en suit une toute autre histoire, les chroniques d’un certain Cerdric Asulen qui se révèle être le héros de l’histoire.
Fils sans père et d’une mère qui le hait, Cerdric se trouve confronté à de bien grands mystères. Élevé dans la superstition des Dieux et craignant les fées, il se retrouve confronté à son passé et à la folie que peut engendrer la foi, massacres, mensonges et autres abominations. Le lecteur pourra ainsi percer à jour les mystères de cette société régie par une hiérarchie religieuse très stricte.
Les paysages sont magnifiquement décrits, et leur magie et leur majesté transparaissent dans les lignes, de telle manière que le lecteur aura l’impression de parcourir l’immense forêt des fées ou les capitales humaines.
Chacun à leur manière, les personnages sont traversés par de nombreux sentiments qu’un jour nous avons tous ressenti, et leur intensité donne une intense impression de réalisme ainsi que toute leur tangibilité.
L’auteur a l’art de passer sur un quotidien pouvant être lourd et ne s’attarde que sur les évènements marquants de son existence. Suivre la vie du jeune Cerdric apparaît ainsi remplie de surprises et ces ellipses donnent plus de légèreté à l’histoire. Le rythme est ainsi soutenu et chaque chapitre comporte son lot de révélations et de rebondissements.
De la magie et de l’action, le tout en finesse. Nathalie Dau n’est pas tombée dans le travers de représenter des personnages bourrins et des magiciens à longue barbe grise.

En bref, La Somme des rêves est un roman plein de talent sans lourdeur ni longueur mais écrit avec beaucoup de poésie et de finesse. A conseiller aux amateurs du genre, Nathalie étant une auteure et surtout une conteuse de grand talent.

Un petit plus pour la superbe couverture de Mathieu Coudray 🙂
La somme des rêves.- Nathalie Dau.- Ed Asgard.- 2012

Anges foudroyés


Au pied de Vallefroy, mystérieuse cité ceinte de hautes murailles où rien ni personne ne semble vivre, un petit village mène une vie paisible. C’est là qu’officie le Berger, chargé de mener des âmes maudites aux portes de la cité maudite. Le quotidien est monotone dans la semi-pénombre perpétuelle, jusqu’à ce que trois silhouette arrivent : un templier, un cardinal et une paladine. Ils formulent une requête pour le moins risquée : ils veulent entrer dans Vallefroy pour sauver la fille du roi Roland. Y parviendront-ils ? Quelles abominations rencontreront-ils dans cette lande désolée ?


C’est un petit roman décidément bien compliqué à évoquer qu’Anges foudroyés… J’ai tout de suite été séduite par le style d’écriture de l’auteur, très poétique et contemplatif. A chaque description, on se prend même à poser le livre un instant pour se représenter le paysage en détail.
L’auteur développe dans cette histoire toute une vision de la Bible passée sous le prisme de la fantasy : dieu et le diable ne seraient que les deux pans de l’homme par exemple. C’est une vision que je trouve intéressante.
De la même manière, les personnages marquent une opposition très franche : adeptes de la religion contre créatures fantastiques. Le rapprochement des deux entités a priori opposées crée une série d’action et une histoire mêlant l’horreur et la fantasy.
Anges foudroyés est un beau mélange de conte macabre de d’aventures frôlant l’ésotérique avec une fin un peu triste. J’ai apprécié !
Un mot sur l’auteur

Philippe Tessier est né en 1966. Romancier, il est également créateur de jeux de rôles. Il a ainsi créé Polaris et a participé au jeu Shadowrun.