Les Héritiers de l’Aube – T1, Le Septième sens


Trois jeunes personnes ont été arrachées à leurs époques respectives : Alex l’australien du XXIe siècle, Laure la française du XVIIIe siècle et Tom l’anglais du XIXe siècle. Transportés par la volonté de Merlin dans le Paris de l’an de grâce 1411. Que peut bien relier ces adolescents appartenant à des époques différentes ? Les pouvoirs qu’ils possèdent sans le savoir ainsi que l’absence de ligne de vie au creux de leur main qui font d’eux les Héritiers d’une ancienne magie qui date de l’aube des temps. Leur mission est simple en apparence : récupérer une mystérieuse pierre verte. Mais plusieurs ennemi de taille se dresseront sur leur route, dont un démon qui traque l’objet depuis le premier matin du monde…

Ce roman est le premier tome de la nouvelle saga de l’auteur des Hauts-Conteurs, Patrick Mc Spare. Il s’agit d’un retour dans le passé, dans le paris médiéval. Un beau voyage en perspective. C’est du moins ce que je me suis dit une fois le résumé de l’histoire lu.
Les trois aventuriers sont de jeunes gens venant d’époques différentes. L’on peut tout de suite percevoir un vent de compréhension et de tolérance mutuel – bien qu’un peu chaotique – souffler entre les adolescents. L’auteur fait montre de bonnes qualités d’observation et a su rendre correctement des réactions typiquement adolescentes, surtout concernant Alexander. C’est d’ailleurs ce qui m’a un peu lassée dans cette histoire, les jérémiades incessantes de cet adolescent que tout incommode.
Mis à part ce petit bémol, rien à redire sur les personnages. L’auteur a su reprendre les réactions des français que l’on suppose «normales » au moyen-âge vis à vis de la technologie. C’est avec le sourire que j’ai lu les tours de « magie » mis en place par Alex avec son briquet pour soutirer aux brigands ce qu’il voulait savoir.
J’ai déjà lu de très bonnes histoires mélangeant histoire et fantasy. Je pense bien sûr à la Wielstadt de Pierre Pevel (n’ayant pas encore commencé les Lames du Cardinal). Ce premier tome des Héritiers de l’Aube conviendra autant à tous les accro à la fantasy qu’aux amateurs d’histoire curieux de se plonger dans un genre nouveau. Je ne me suis pas plongée dans l’histoire de France du XIIIe siècle, mais le peu que j’ai pu lire sur le sujet montre que les personnages et les factions ont bien existé.
L’intrigue est prenante et les péripéties dans lesquelles sont plongés les héros vous donneront envie de connaître la suite de l’histoire, d’autant que l’auteur a eu la bonne idée (pour la plus grande frustration de son lecteur) de terminer son premier tome par une magnifique piste lancée qui donne envie de commencer le second volet de l’histoire sans attendre !
~ En bref ~

Le Septième Sens ouvre une série qui promet d’être palpitante et pleine de surprise. J’aurais cependant préféré voir une couverture illustrée par Olivier Péru, auteur et artiste que j’aime beaucoup.

Les Héritiers de l’aube.- T1 Le septième sens.- Patrick Mc Spare.- Ed. Scrinéo.- 2013

Palace Athéna


Paris, 1889, l’Exposition Universelle vient d’ouvrir ses portes. Trois enquêteurs hors normes poursuivent un mystérieux tueur dont les méfaits semblent liés à la mythologie grecque. Tandis qu’ils se lancent sur les traces d’une étrange actrice de cabaret, d’inquiétants phénomènes se multiplient dans la capitale. Et si tout cela était lié à un retour des dieux antiques ?


Je ne suis pas férue du tout de mythologie grecque, mais j’adore les romans qui mêlent histoire et imaginaire, quand c’est réussi bien sûr. C’est le cas pour Jonas Lenn qui réussit relativement bien le pari de mélanger les deux.

Les Dieux de la Grèce Antique qui, souhaitant revenir parmi les hommes, choisissent le Paris de la Belle Époque. Pourquoi pas ? C’est au moins une idée originale qui m’a changé de mes lectures habituelles. J’apprécie beaucoup cette période historique que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer dans Les Enchantements d’Ambremer, de Pierre Pevel, qui est depuis l’une de mes histories favorites.
Toutes les descriptions sont bien dessinées et avec suffisamment de détails pour que l’on puisse se croire partie prenante de l’histoire.
L’histoire est quant à elle plutôt dure à suivre. Je cherche toujours le lien entre le prologue et la suite de l’histoire, et ma compréhension de l’enchaînement des scènes m’a parfois semblé relever du hasard. De plus, certaines explications m’ont semblé plutôt capillotractées… Je m’attendais à une vraie course poursuite, et une intrigue mieux travaillée avec une implication plus forte des femmes hystériques. Pourquoi pas remonter au personnage de Charcot lui même ?
J’ai globalement apprécié les trois protagonistes, avec une préférence pour La Dive dont les péripéties m’ont plutôt fait sourire. Les personnages restent toutefois plutôt archétypaux, ce qui est un peu dommage. Je regrette ne pas avoir passé plus de temps dans le théâtre de Méliès, un personnage dont le travail me fascine.
~ En bref ~

Une lecture en demi-teinte qui m’a laissé sur ma faim. Malgré quelques personnages drôles ou intéressants (Méliès, vous l’aurez compris), une histoire pour le moins originale mais très difficile à suivre par moments, ce ne sera pas pour moi un livre inoubliable. 
J’en suis d’autant plus surprise que j’avais beaucoup aimé son recueil de nouvelles intitulé Crop Circles dont vous pourrez lire la chronique bientôt. 

Palace Athéna.- Jonas Lenn.- Ed Asgard.- 2013

[Lecture commune] Macbeth de Shakespeare

A la suite d’une bataille victorieuse, le valeureux Macbeth, sujet du roi Duncan d’Ecosse, rencontre trois sorcières qui le désignent comme le duc de Glamis (ce qu’il est ) le duc de Cawdor, et le futur roi. Peu de temps après, Macbeth est informé que le roi, en récompense de son courage et de sa dévotion, le fait duc de Cawdor.
Macbeth fait part de la singulière entrevue à son épouse qui va le pousser à assassiner le roi pour prendre sa place, réalisant ainsi la troisième prédiction des trois sorcières.


Comme pour la précédente lecture commune, j’ai réussi à joindre l’utile à l’agréable en alliant une lecture universitaire à la lecture commune prévue avec Rhi-Peann. C’est donc sur Macbeth que se porte notre choix ce mois-ci !

Shakespeare est un auteur que j’apprécie beaucoup. Par ses pièces bien sûr, mais surtout pour ses fameux Sonnets que je prend plaisir à lire tant en français qu’en anglais. Macbeth n’est pas ma tragédie préférée du dramaturge, mais j’aime le style piquant et satirique de Shakespeare a tout pour me plaire. 

On peut voir la dimension satirique dans le personnage éponyme, en particulier dans la manière qu’il a de passer de la figure d’un conquérant à celle d’un homme soumis aux caprices de son épouse assoiffée de pouvoir. Sa dégringolade reflète le pathétique du personnage qui, pour se rassurer, entend ce qu’il veut des prédiction des trois sorcières… 

Je pense que lorsqu’on perçoit le côté ironique de la situation de Macbeth, cette pièce prend toute sa dimension satirico-comique qui ravira les amateurs et qui m’a personnellement ravie. 

Les Faucheurs sont les anges


Depuis vingt-cinq ans, la civilisation se réduit à de pauvres enclaves qui s’efforcent d’endiguer des flots de morts-vivants. Une jeune fille nommée Temple sillonne ces paysages d’une Amérique dévastée lors d’une errance solitaire qui lui permet de faire taire ses démons intérieurs. Elle n’a pas souvenir du monde avant l’arrivée des zombies, mais se rappelle le vieil homme qui les avait recueillis, son jeune frère et elle ; un cadet dont elle a eu la charge jusqu’à la tragédie qui l’a poussée à aller de l’avant, en quête de rédemption. Un voyage initiatique d’îlot préservé en îlot préservé, à travers un Sud ravagé en proie à la sauvagerie, au cours duquel Temple devra décider où fonder un foyer et trouver le salut qu’elle cherche désespérément.


A ceux qui attendraient le récit du début d’une apocalypse zombie, rien de tout ça dans ce roman. L’histoire se déroule une période ultérieure à cela. C’est donc en plein scénario post-apocalyptique que nous suivons Temple, une adolescente à travers les États-Unis.

Une histoire un peu différente de tous les films ou histoires catastrophes que j’ai pu voir ou entendre, et le concept a pu me plaire bien que j’aime aussi les premières heures d’une invasion de Zombies.
On y suit donc une jeune adolescente de 15 ans, Temple, qui n’a connu de ce monde que sa version post-apocalyptique. C’est un véritable survival roadtripque ce roman. L’auteur dessine un nouveau pays à travers les rencontres de personnes qui tentent de rebâtir un nouveau quotidien malgré tout. L’accent est donc mis sur les rencontres entre vivants plutôt que sur le dégommage de « sacs à viande » comme Temple appelle les zombies.
On y découvre des personnes animées d’un véritable esprit d’équipe, mais également des personnes préférant faire « cavalier seul ». Tout un panel de personnes dont le véritable fond n’a pas été changé par le réel chambardement, et qui ne sont pas très différentes de celles que l’on peut croiser dans notre réalité.
J’ai été un peu déçue par la fin de l’histoire qui tombe un peu à plat. L’on pouvait s’attendre à de plus amples péripéties et un duel plus… épique. J’ai presque eu l’impression que l’auteur en a eu assez de cette histoire et a trouvé une porte de sortie un peu grossière.
~ En bref ~
Les faucheurs sont les anges est une lecture assez plaisante et un roman qui se lit vite. Mais la fin un peu abrupte m’a clairement laissée sur ma fin. J’ai refermé mon exemplaire en me disant « Et.. ? ». Mais la suite n’est pas encore venue.

Point important, cette lecture m’a été permise par l’opération Masse Critique de Babelio. Merci à eux pour nous donner souvent la chance de découvrir de nouveaux auteurs. 

Les Faucheurs sont les anges.- Alden Bell.- Ed Folio.- 2013

Frankia, Livre 1


1940, Seconde Guerre Mondiale.
Dans une France décalée où la magie se mêle à la technologie, les tracteurs à vapeur sont actionnés par des élémentaires de feu, les arachnopanzers et mécanovouivres déchaînent leur fureur mécanique, les protocoles technomanciens altèrent la réalité, les orcs, colonisés et exploités, se sont battus aux côtés des Frankiens pendant la première guerre mondiale et les elfes sont persécutés et exploités par les Teutoniens et leur maître, le Technarkonte Von Drakho.
C’est dans ce contexte que Loïren, un jeune Frankien élevé par un orc, en zone libre, va recueillir une jeune femme elfe poursuivie par la milice, et se retrouver au cœur du conflit qui embrase Europa. Derrière l’Histoire, celle des États et des Nations, ici ou ailleurs, se cachent le combat, la haine et l’amour des hommes et des femmes emportés dans la tourmente, qu’ils soient réels ou imaginaires.

Rude programme que de s’attaquer à une réécriture de la seconde guerre mondiale, sujet sensible par excellence ! Parce que oui, cette histoire traite de l’occupation allemande (Teutonia dans le roman) en France (Frankia, toujours dans le roman) et de la déportation. Mais ce pari est relevé avec talent par Jean-Luc Marcastel qui l’adapte à la sauce fantasy. Car nains, elfes, orcs et même des mages, les fameux technomanciens s’invitent dans cette histoire revisitée.
Cette fois, ce sont les elfes qui sont opprimés par les Teutoniens, et l’on peut lire dans cette histoire un véritable hommage à la résistance française durant l’occupation allemande au début des années 1940. On peut en effet lire quelques passages narrant l’histoire de personnes abritant des réfugiés elfes qui mettent en péril leur vie en luttant contre le géant teutonien. C’est dans tous les cas un bel hommage de l’auteur à ces héros souvent méconnus voire inconnus.
L’histoire quant à elle est prenante. Au-delà de l’histoire d’amour qui a le mérite d’apporter un mystère sur la véritable personnalité du héros nommé Lorïen, Jean-Luc Marcastel nous offre un espoir salvateur concernant le peuple elfique en la personne d’une jeune elfe dont les ancêtres ne sont rien moins que les fondateurs du peuple elfique.
Le suspens à la fin de chaque chapitre, et de manière plus générale à la fin de ce premier tome est bien gérée, ce qui donne sincèrement envie de se pencher sur le second tome de l’histoire.
Les personnages enfin sont drôles et attachants, ce qui fait que j’ai eu hâte de tourner les pages pour les retrouver au plus vite et frissonner en lisant leurs péripéties. L’auteur fait encore une fois montre de son talent pour la narration et nous emmène dans un monde noir aux mains d’un véritable homme devenu monstre et à la lutte des races minoritaires pour survivre malgré le racisme et les brimades.
~ En bref ~

Au-delà d’une fantasy classique, Jean-Luc Marcastel a tenté de faire passer un message de tolérance, mais également un véritable hommage aux personnes déportées mais aussi aux héros de l’ombre, la résistance qui a lutté sans relâche contre l’oppresseur lors de la seconde guerre mondiale. 

Frankia, Livre 1.- Jean-Luc Marcastel.- Ed Mnémos.- 2013 (Collection Hélios)

Le Songe d’Adam


Allemagne, Forêt-Noire, de nos jours.
C’est dans ce cadre magnifique que s’installent Hugo, chercheur dans le domaine des lettres, et sa fille Morgane, inventive adolescente. Mais la Forêt-Noire est également le cadre de légendes ancestrales, dont certaines seraient peut-être bien plus que de simples légendes…
Et lorsque Morgane commence à percevoir des choses qui ne devraient pas exister et que les fantômes du passé du père et de la fille semblent devenir plus que des souvenirs, l’horreur surgit, et les disparitions au cœur des bois trouvent une explication que l’esprit humain ne peut concevoir…

Il semble que l’auteur soit un grand amateur de Stephen King, le grand maître du suspens et du frisson (à ce qu’on dit). Je n’écris pas cela parce qu’il y a une quelconque ressemblance dans l’histoire ou dans le style. Non, Sébastien Péguin n’a pas plagié l’auteur américain : la qualité de son écriture est bien meilleure que celle de King. Cela va sans doute vous choquer, mais c’est ainsi !
Les forêts sont toujours chargées de mystère, c’est bien connu. Et celle-là ne fait pas exception à la règle : dès l’arrivée de la petite famille, plusieurs mésaventures vont survenir et vous feront dresser les cheveux sur la nuque. Tout commence par une banale erreur dans le choix de la route, voie qui n’est indiquée sur aucune carte. Puis viennent plusieurs rencontres plus ou moins fantastiques… Je ne vous en dis pas plus, allez le lire !
L’intrigue en elle-même est passionnante et mêle au frisson une véritable intrigue basée sur les légendes germaniques, avec Yggdrasil comme invité surprise ! Moi qui suis friande de cette mythologie, je suis tombée sous le charme de cette histoire au point de ne pas pouvoir me détacher du livre.
Des personnages très humains avec leurs petits caractères et les grands mystères qu’ils cachent. Ils sont tous plein de surprises et vous feront sourire, frissonner ou frémir de colère. En un mot, les descriptions des personnages, qu’elle soient physiques ou psychologiques sont très travaillées et donnent au lecteur l’impression d’être présent lors des rencontre entre les protagonistes.
La qualité des descriptions que j’ai évoqué plus haut s’applique également aux paysages et aux lieux que vous rencontrerez. Leur magie et leur mystère sont rendus encore une fois avec tout le talent dont dispose l’auteur.

En bref, Le Songe d’Adam est un très très bon roman qui vous plongera dans une totale immersion et une grande fascination. C’est d’ailleurs l’un des romans que je relirais avec grand plaisir tellement il m’a captivée. 

Le Songe d’Adam.- Sébastien Péguin.- Ed. de l’Homme Sans Nom.- 2011

Psyckoon – T1 Yfrôn


Psyckoon est le nom d’un guerrier surpuissant. Yfrôn est un étrange enfant aux talons ailés qui deviendra ce guerrier s’il réussit à accomplir une longue et périlleuse série de métamorphoses… Une combattante d’élite, Lléna, part à sa recherche en compagnie d’Alda, son incontrôlable disciple. Ces deux jeunes et splendides guerrières sont de la race des Yptérôns, les très lointains descendants humanoïdes des Papillons. La peur s’est abattue sur ce peuple qu’abrite et protège l’antique et énigmatique Sanctuaire de Pahân. Car le prodigieux organisme vivant qu’est Pahân, objet de toutes les convoitises, se trouve menacé d’invasion par un mystérieux Seigneur qui a unifié contre les Yptérôns toutes les races monstrueuses et prédatrices de la contrée. Incarné en une miraculeuse apparition, l’Esprit de Pahân a révélé aux Yptérôns que seul le Psyckoon peut anéantir ce tout-puissant Seigneur de la guerre.

Si je n’avais qu’une seule chose à retenir à propos de ce roman, c’est sa totale originalité. Et celle-ci tient principalement aux êtres qui peuplent le monde où se place cette histoire. C’est un univers haut en couleur, peuplé de nombreuses créatures plus ou moins dangereuses et douées de conscience.
Les personnages principaux sont des humanoïdes dotés d’attributs de papillons : ailes colorées et antennes leur permettant de capter les pensées ou la présences d’êtres, qu’ils soient amis ou ennemis. C’est assurément le point fort de ce premier tome qui augure une série distrayante, mais il aurait été sage de plus travailler les héroïnes de l’histoire. Alda, la plus jeune, est égocentrique, peureuse, est franchement énervante, et si elle pourrait apporter un peu de légèreté à la gravité de certaines scènes, c’est souvent trop ou mal placé.
L’histoire est déjà-vue : il faut trouver un sauveur dont on ne connaît ni le nom ni l’apparence ni où il se trouve. Mais avant cela, de nombreuses péripéties attendent les héros qui devront les surmonter pour parvenir à leur but. Mais le style de la narration est fluide, ce qui fait que ce roman se lit relativement vite.

Je reste vraiment mitigée par ce premier tome, mais je ne peux que saluer le talent de l’illustrateur pour ses magnifiques dessins intérieurs et son illustration de couverture. 

Psyckoon, T1 Yfrôn.- Hughs Heffragus.- Ed. Atria.- 2013

Bye bye Leningrad

Bye bye Leningrad pose un regard particulièrement original sur la vie quotidienne dans l’ex-Union soviétique et les États-Unis de la seconde moitié du XXe siècle. En partie autobiographique, ce livre est à la fois un roman picaresque et d’apprentissage. Son héroïne, Tatyana Dargis, a grandi en URSS. Après une adolescence durant laquelle ses malheurs en amour n’ont d’égal que ses déboires intellectuels et administratifs avec le KGB, elle émigre aux États-Unis où de nouvelles absurdités (capitalistes, cette fois) lui donnent un aperçu cinglant de la vie en Occident.

Bye Bye Léningrad était à la base un roman prescrit dans le cadre d’une unité d’enseignement de l’université. On m’a dit « Tu verras, c’est un roman qui est très intéressant et qui se lit très facilement ! »… Parole de professeur me direz-vous. Mais après l’avoir lu, je dois affirmer que c’est la réalité.
Il s’agit donc du récit du récit de la vie de Natacha, une jeune femme vivant en URSS. Il s’agit toutefois plus d’un journal de bord dans lequel l’auteur retrace les évènements de son existence qui ont de l’importance qu’un véritable journal intime.
Ce roman n’est pas à proprement parler d’un journal intime. Il s’agit plutôt d’un journal de bord thématique, dans le sens où l’auteur cherche à retranscrire les éléments notables de sa vie quotidienne, et non un simple récit de vie du type : « cher journal… ».
Elle dresse ainsi un portrait sans concessions de son pays à l’époque où elle y vivait. Elle y dénonce notamment tous les abus de l’administration soviétique et leurs manœuvres pour empêcher les contacts de leurs ressortissants avec l’étranger. Sans vraiment forcer le trait, elle raconte la manière dont elle est surveillée et presque manipulée par le KGB, les services secrets russes.
Elle raconte également la manière dont elle arrive à trouver son premier emploi aux Etats-Unis où elle montre que rien n’est vraiment différent de l’URSS, sur ce plan notamment. La comparaison sous-jacente entre États-Unis et URSS et la vie du personnage principal dans ces deux pays pose la question de l’appartenance à une nation, mais surtout de l’immigration. Ce roman donne une vision de l’évolution parallèle de deux pays totalement différents : l’union soviétique qui se replie sur elle-même coûte que coûte, et les États-Unis qui au contraire prône la liberté personnelle avant tout.
Ludmila Schtern nous propose un panorama non dénué d’ironie sur ses deux patries : l’Union Soviétique de sa naissance et les États-Unis, son pays d’adoption. Elle nous dévoile l’envers des livres d’histoire en mettant en lumière le quotidien des petites gens de ces deux pays, leurs travers et leurs us et coutumes.

Bye Bye Leningrad est une lecture plaisante mais sans concession à propos de tout un pan de la guerre froide. 

Bye bye Leningrad.- Ludmila Schtern.- 2013.- Ed. Intervalles

Les Kerns de l’Oubli, T1 L’Exil


Erkan. Héros de l’histoire. Jeune, beau, fort. Et amnésique. Disciple d’un cercle occulte de la puissante cité d’Almenarc’h, il se retrouve perdu au milieu de nulle part. Seul. Frappé de l’Oubli. Il est victime de la plus haute peine infligée par ceux de sa caste : l’Exil.
Préoccupé par le but naturel de retrouver son passé, il se voit bientôt harcelé par de sombres tueurs et plongé dans le cauchemar d’une fuite éreintante. Et plus il avance, plus il est terrifié par ce qu’il entrevoit de lui. Ses réflexes inhumains. Ses perceptions. Ses rêves. La mort de tous ceux qu’il approche. Et cette sibylle aux cheveux d’argent qui se dit tour à tour déesse et fille des Hommes, et qui le guide dans les traces d’un destin dont il ne veut rien ! Racheter une faute ! Vivre et mourir, sans cesse, depuis des millénaires, avec ce but ! Quel but ? Quelle faute ! Qu’on lui rende sa mémoire volée ! Qu’on lui rende son passé et ceux qu’il aime !
Et des bribes de son passé, sûr qu’il en retrouve. Et du même temps, il s’enfonce dans les arcanes d’un pouvoir occulte… Un pouvoir propre à construire ou détruire des mondes. Un pouvoir digne d’un Dieu !

Tout un programme. C’est que ce roman, premier d’une série, est pour le moins riche ! Et encore, ce terme est un euphémisme. Cette richesse d’informations est à la fois un point fort et le point faible de cette histoire.

Le point fort est que Feldrik Rivat nous offre en un tome un aperçu d’un monde à la création poussée et complexe. De la mythologie aux lignées royales en passant pas la législation, tout est pensé. Mais c’est également le point faible, car la profusion d’informations crée chez le lecteur une certaine confusion et il sera forcé à naviguer entre la page où il est arrivé et le lexique heureusement présent à la fin du volume.
Si le monde se révèle très complexe, l’histoire l’est au moins autant. J’avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans l’histoire. Néanmoins, je me suis laissée prendre dans les péripéties, et je me suis aperçue qu’il s’agissait finalement d’une histoire, sinon plaisante, du moins captivante.
L’auteur possède un véritable talent pour les descriptions, tant « extérieures », celle des personnages ou des paysages, qu’intérieures, celle du ressenti des personnages. A mesure que vous les côtoierez, vous partagerez leurs espérances, leur colère ou leur effroi.

Comparée au monde, la liste des personnages est relativement raisonnable, ce qui permet de ne pas trop s’y perdre. De plus, la façon dont l’auteur mène son lecteur crée de nombreux rebondissements dans les liens qu’entretiennent les personnages entre eux. Pour votre plus grand plaisir bien entendu !

En bref, le premier tome des Kerns de l’Oubli est une bonne histoire malgré sa complexité qui peut paraître à première vue déroutante. Mais c’est aussi et surtout une oeuvre ambitieuse et prometteuse que met en place Feldrik Rivat.

Les Kerns de l’Oubli, T1 l’Exil.- Feldrik Rivat.- 2013.- Ed. De l’Homme sans nom

Roman d’Horreur


Valentin ne le sait pas encore, mais il un don… Un don qui lui permettra de résoudre des enquêtes en communiquant avec l’autre côté. Ils sont trois, ils sont adolescents et ils adorent frissonner de peur… sauf si c’est pour de vrai ! Cette fois-là, après une soirée « film d’horreur » hilarante, Valentin, Cédric et Zoéline vont être comblés au-delà de leurs espérances…
Grâce à l’idée géniale de l’un d’eux pour organiser la farce du siècle, le trio va vivre en live une expérience digne des meilleurs récits d’épouvante. Le décor est une maison sinistre à souhait, close comme un coffre-fort de l’enfer. Les damnés qui la hantent sont vraiment très effrayants. Et pourtant, ce n’est pas d’eux que viendra le pire…
Le pire, le monstre, le cauchemar pour de vrai… c’est l’autre, celui qui n’a pas de visage, ne parle pas, n’émet aucun son en se déplaçant. Et lorsque se produit la rencontre… il est trop tard pour fuir.

Roman d’horreur a été lu en une heure. Non pas parce que j’ai eu envie de l’écluser au plus vite pour passer à quelque chose de plus intéressant, entendons-nous bien. Non, car il est très rapide à lire, et pas très épais.

Arthur Ténor a déjà plusieurs romans à son actif, cette histoire n’est donc pas un coup d’essai, bien au contraire. L’auteur possède une très bonne maîtrise de l’intrigue et du suspens, indispensables dans ce type d’histoire. Moi qui ne suis pas (plus) coutumière de ce genre de lecture destiné à un plus jeune public, je me suis laissée entraîner avec plaisir dans les aventures à donner la chair de poule que vivent les jeunes héros.

Côté personnages, il s’agit donc d’adolescents tout justes sortis de l’enfance et désireux de s’affirmer, d’être des « grands ». L’auteur a d’ailleurs bien su rendre dans son histoire les changements qui surviennent dans la tête de ces adolescents, grâce au point de vue interne notamment. Le lecteur occupe en effet l’esprit de Valentin, un adolescent de 14 ans qui découvre les premiers émois de l’amour tout en les rejetant. Prépare-toi lecteur, car tu vas revivre cette période le temps de ta lecture !

Je l’ai dit, le point fort de ce roman est la maîtrise qu’a l’auteur sur son histoire. Chaque fin de chapitre représente un « pic » de suspens, sans parler du fantastique qui fait irruption même dans la vie quotidienne du héros. On sort alors des clichés de l’horreur qui ne se produit que la nuit.

En bref, si ce genre d’histoire a déjà été vue et écrite de nombreuses fois, il s’agit tout de même d’une bonne histoire qui pourrait très facilement faire l’objet d’une adaptation en film. 

Roman d’horreur.- Arthur Ténor.- Ed Scrinéo.-2013