Les Chants de Felya

Aux confins de l’univers, loin du regard de la civilisation, se commettent les pires atrocités. Comme sur Felya, une planète d’extraction minière où la puissante compagnie Fetexport exploite toutes les ressources à sa portée : minérales, animales, végétales… et humaines. Pour les tribus indigènes, divisées, toute résistance est vaine. Que peuvent des lances contre des tanks et des hélicoptères ? Les unes après les autres, elles passent sous le joug de la compagnie : les hommes rejoignent les rangs de leur armée, les femmes leurs bordels. Puni pour avoir enfreint les coutumes de son peuple, le jeune Lorin doit prouver son attachement aux siens. Dans sa quête, il rencontrera Soheil, issue de la tribu des tailleurs de sel. Tous deux devront mettre de côté leurs différences s’ils veulent survivre aux épreuves dressées sur leur chemin. 

Et de leur amour naîtra peut-être l’étincelle de la rébellion, l’espoir attendu par toute une planète…


# Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

J’ai plusieurs fois entendu parler (en bien) de Laurent Genefort sans avoir eu l’occasion de le lire. Autant dire que je partais avec seulement un a priori positif mais aucune idée préconçue, en bien ou en mal. Je remercie Le Livre de Poche de m’avoir offert l’opportunité de découvrir cet auteur et ce titre ô combien intéressant !

# Portrait pessimiste de l’espèce humaine

Intéressant, mais guère flatteur concernant l’espèce humaine. Pas le genre de roman dont on ressort plein de philanthropie, tout au contraire. Mais qui donne à réfléchir, ça oui. On a beau transposer l’humanité dans un nouvel univers, il reste égal à lui-même si on lui donne un tant soit peu de pouvoir. Esclavage, torture mentale et physique, viol, racisme, xénophobie… rien n’est épargné à l’humanité qui est vraiment montrée sous son pire aspect.

On perçoit cet aspect à travers les yeux des peuples autochtones de Felya, particulièrement Lorin. Personnage plutôt attachant s’il en est, sûrement le plus attachant des trois histoires à mon sens. Et sans doute le protagoniste le plus fouillé et le mieux construit du texte. On suit ses péripéties et les épreuves qu’il traverse en se mettant à sa place. Et bien sûr, on ne peut s’empêcher de compatir à ses souffrances et ses humiliations. Ses réactions, ainsi que celles des autres personnages (malheureusement) sont vraiment crédibles et ce réalisme fait la grande force de cette histoire, mais aussi le talent de l’auteur.

Il s’agit d’un texte très complexe et l’intrigue se construit petit à petit autour d’un couple de personnages. J’avoue avoir été un peu déroutée en entrant dans l’histoire, car on atterrit au beau milieu d’un monde et on en découvre la richesse en mettant nos pas dans ceux des personnages. Cet univers est très développé et le choc des cultures est vraiment intéressant et très instructif. Mais cette plongée dans l’inconnu est loin d’être désagréable, bien au contraire.

Petit bemol, Laurent Genefort a utilisé quelques raccourcis totalement superficiels, comme pour éviter de développer certains passages de son histoire. Si j’ai apprécié son écriture de manière générale, ces ellipses ont un peu gâché ma lecture.

# En Bref

J’ai globalement apprécié cette histoire. Les personnages sont vraiment très bien construits et l’histoire est à la fois intéressante, facile à suivre et instructive. Mis à part les raccourcis abusif pris par l’auteur dans le texte, oui, je vous conseille Les Chants de Felya.

Les Chants de Felya.- Laurent Genefort.- Ed. Le Livre de Poche.- Disponible

De plomb à la lumière


Du plomb à la lumière est composé de vingt nouvelles, chacune illustrée et accompagnée d’une thématique musicale inédite. L’auteur, l’illustrateur et le compositeur se verront confier à l’issue de votre vote la conception du premier roman à réalités augmentées de la collection.
Second opus de l’initiative originale proposée par les éditions Mille Saisons, un recueil de nouvelles papier à partir duquel les lecteurs pourront voter pour leur texte favori à l’aide d’un code.


(alchimique of course !)

Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?


Les éditions Le Grimoire m’ont fait confiance pour la seconde année consécutive et m’ont envoyé ce titre en service de presse. Encore merci à eux pour cette initiative qui laisse aux lecteurs le choix dans la sélection de la nouvelle. Ce n’est peut-être pas l’avis de tous, mais j’y suis personnellement très sensible.
Et une chose à laquelle je suis encore plus sensible, les nombreuses dédicaces qui parsèment le recueil et font de lui un ouvrage unique.

Vingt nouvelles, vingt univers

Entrons directement au cœur du sujet : j’ai vraiment apprécié ce recueil. Beaucoup plus que le premier opus en tout cas. Peut-être la thématique m’a davantage correspondu. Le plomb, la lumière, la transmutation de la matière et/ou des idées. En bref, l’alchimie ! Élévation de l’esprit par l’art ou la science, punition de ceux qui outrepassent les limites…

Du plomb à la lumière est un recueil riche où s’entrecroisent des univers originaux et baignant chacun dans une atmosphère bien particulière. Horreur, humour, futur se mélangent et forment un tout particulièrement homogène. Bien sûr, j’ai préféré certaines nouvelles plutôt que d’autres. Globalement, j’ai eu plus de mal avec les textes fantasy et j’ai largement préféré les textes fantastiques.

Les différentes plumes qui peuplent ce récit sont vraiment de bonne qualité, la sélection opérée par Le Grimoire est vraiment bonne et c’est un plaisir que de déguster ces vingt histoires. Chaque auteur a réussi à traiter de la thématique de manière originale et ont su la moduler avec finesse pour aboutir à des résultats vraiment très différents les uns des autres. On passe ainsi d’une chasse au collier magique à une foire un peu particulière via une réelle descente aux enfers de deux policiers. Dépaysement garanti avec cette lecture où chacun trouvera assurément son compte !


Je sais que c’est mal de juger sur le physique, mais il s’agit d’un très beau livre. La couverture est à la fois sobre et sublime. Et la mise en page quant à elle, est soignée jusque dans les moindres détails avec de petites illustrations du meilleur effet à chaque début de nouvelle. Et, nouveauté de cet opus, chaque texte a été mis en musique. On avait bien parlé de nouvelles augmentées, vous en avez la preuve !

Quelle est l’heureuse élue ?

Malheureusement trop difficile à dire. Et comme cet article ne verrouille pas mon vote, j’en profite pour vous parler des nouvelles que j’ai apprécié ! 

Question fantastique, j’aime beaucoup quand l’histoire confine à l’horreur. Et que celle-ci soit palpable bien entendu. Sinon ce n’est pas drôle vous en conviendrez. 

  • Eh bien question sensations fortes, « Notre-Dame de Baltimore » de Kéti Touche se place sans conteste en première place ! On y suit la piste de deux policiers américains fouillant une église en ruine pour trouver de la drogue. Mais à la place, ils vont tomber sur une Vierge à l’enfant pas vraiment sympathique. La tension monte imperceptiblement à travers le récit, cachée sous une couche de poésie te de douceur. Mais quand elle apparaît au grand jour. Il est trop tard !


  • Nouvelle hors-catégorie, fantasy cette fois, « Le coup du collier » de Valentin Desloges. La première du recueil, hors catégorie. Il s’agit d’un texte au rythme enlevé et à l’humour digne de Pratchett. C’est dire. L’histoire est plutôt courte et on y suit les traces d’un sorcier un peu vaniteux. C’est un euphémisme bien sûr.


  • « Les Hommes de métal » d’Anthony Boulanger enfin. Oui, je me limite à trois nouvelles préférées. Sinon ça fait un peu long. Bref. Une nouvelle axée sur le métal… dans son sens premier. Une société faite d’être métallique gouvernée par des métaux nobles. Et les métaux qui le sont moins, me direz-vous ? Eh bien ils sont cantonnés aux bas-quartiers. Un récit qui fait réfléchir sur la différence, surtout celle qui fait que les « soit-disant » puissants le sont et qui ne tient au final qu’à peu de chose.


celle des deux inspecteurs qui « visitent » l’église en ruine. Particulièrement apprécié cette atmosphère qui passe de l’extase à la terreur la plus primitive et surtout sait faire transparaître ce sentiment au lecteur.

En bref

J’ai passé un très bon moment de lecture avec Du plomb à la lumière. Et oui, je vous conseille cette lecture vraiment très distrayante. Vous ne verrez pas passer le temps, c’est sûr !
Comment ? Vous pensiez que j’allais divulguer la nouvelle pour laquelle je compte voter ? Et puis quoi encore ? 😀

Du plomb à la lumière.- Collectif.- Collection Mille Saisons.- Ed. Le Grimoire.- Disponible

Eos

Eos, adolescent orphelin, quitte la mère-patrie pour le Val-de-la-lune avec son oncle et ses amis, alors que dans les hautes sphères, les oracles prédisent que les Ombres sont en mouvement. Eos et sa colonie sont victimes d’une attaque par des créatures monstrueuses. Le jeune homme se révèle un combattant sans pitié et fait une rencontre bouleversante, celle de la reine déchue Ouraorc.

Arriveront-ils à lever le voile du mystère entourant cette créature et son mystérieux artefact ?

# Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

Il s’agit d’un envoi de la part des éditions Mnémos qui me font confiance depuis quelques années déjà… Le temps passe affreusement vite ! Eos a été décrit comme un coup de coeur, presque celui de l’année 2016. J’avais donc vraiment hâte de le commencer.

Eos dessine un univers inconnu, mystérieux, peuplé de créatures non moins étranges. Un univers au final peu décrit mais qui semble receler bien des non-dits. Aucune carte, pas la moindre explication historique ou immersion géographiques. J’ai été plutôt perdue, ce dès le début de cette lecture. Pas vraiment un bon point de départ, mais passons. Je me suis tout de même accrochée, pas mon genre de laisser tomber un livre à la première difficulté !

J’ai eu beaucoup de mal avec l’écriture de l’auteur. Je dois reconnaître une certaine poésie dans sa plume. Néanmoins, sa tendance à l’envolée lyrique m’a lassée à terme. Je suis une immense fan de J.R.R. Tolkien et sa tendance à la description ne le rebute pas, bien au contraire. Mais ici, l’auteur utilise des poncifs et à force le ton devient plus grandiloquent que vraiment poétique.

C’est vraiment dommage, ce monde trop peu exploité. Car ce qui est esquissé est vraiment intéressant : les croyances m’ont l’air très développées, il y a un jeu socio-politique qui se dessine, la magie est là en filigrane et les créatures de la fantasy classique m’ont l’air d’appartenir – plus ou moins en tout cas, à la légende. Peut-être dans le prochain tome, cela dit !

Malgré tout, il s’agit d’une histoire qui se lit assez vite. L’intrigue est relevée et donne envie de la suivre. Les actions sont bien placées pour relancer l’intérêt du lecteur et l’humour est là au bon moment et sait faire ressortir une étincelle dans la noirceur d’une situation.

Les personnages quant à eux manquent vraiment de relief. On note bien quelques uns d’entre eux qui sortent du lot, comme s’ils avaient été davantage travaillés que les autres. Ceux-ci semblent vraiment humains, avec leurs peurs, leur capacité de raisonnement et leur humour
J’ai par contre eu un énorme problème avec Eos, le personnage principal. D’adolescent orphelin et taciturne, il devient psychopathe. Et cela ne me semble pas crédible : difficile d’imaginer qu’un choc, aussi puissant soit-il, puisse autant transformer quelqu’un. C’est juste dommage car son destin est plein de promesses pour le prochain tome. Difficile de cerner la personnalité de ce personnage et impossible de s’attacher à lui. Il m’est juste apparu antipathique du début à la fin. Seules les raisons pour lesquelles je ne l’ai pas apprécié ont évolué.

#En bref


Je suis plutôt partagée à propos de ce titre. Il se situe dans un univers plein de promesses et de mystères encore non dévoilées par l’auteur. L’intrigue et le rythme créent une lecture agréable et on note même une pointe d’humour. Néanmoins, le protagoniste me pose problème. J’ignore si on en apprendra plus à son propos dans le prochain tome, mais j’ai du mal avec sa soudaine et peu crédible évolution.

Eos.- G.D. Arthur.- Ed. Mnémos

Chroniques d’un rêve enclavé

« On ne bâtit rien sur le désespoir, fors la haine, mais avec la colère et l’usure des souffrances qui se répètent, avec la faim et la peur du lendemain, avec nos seuls coudes serrés pour nous tenir chaud, et nos larmes en écho, et nos rires enfuis, un jour, avec juste ça, entre hommes et femmes, nous n’aurons plus besoin que d’un rêve pour nous éveiller. »

Dans cette cité médiévale où règnent recruteurs, faiseurs de dîme et de gabelle, les poètes meurent, les rêveurs aussi. Les rêves, eux, ne demandent qu’à voyager. 

Parleur, vagabond visionnaire, parviendra-t-il à leur faire franchir les murs de la Colline ?



# Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?


Les éditions Le livre de Poche m’ont fait l’honneur de choisir mon blog pour un partenariat. J’ai donc pu sélectionner ce titre parmi quelques autres. Je ne connaissais Ayerdhal que de nom et je n’ai donc pas pu découvrir ses textes de son vivant… Ce que je regrette après avoir lu Chroniques d’un rêve enclavé.

# De l’imaginaire engagé

Bien entendu, que c’est possible ! Chroniques d’un rêve enclavé est l’histoire d’un idéal, d’un rêve de liberté et de libre-arbitre dans un monde régi par un système féodal fort et répressif. Un monde dans lequel une poignée de personnages hauts en couleur ont décidé malgré tout de prendre leur vie et leur destin en main et mènent une résistance à leur manière. 

Ayerdhal ne se propose pas uniquement d’effleurer un sujet sans approfondir sa position comme peuvent le faire d’autres auteurs. Au contraire. Ici, les personnages s’engagent dans un processus irréversible et mettent en jeu bien plus que leurs simples idéaux

Se dégage de ce texte une grande réflexion à propos du droit inhérent (dans notre propre société en tout cas) de l’Homme à disposer de lui-même sans être asservi d’aucune manière. Ce qui peut nous sembler comme allant de soi dans notre démocratie ne l’a pas toujours été et ne l’est pas dans d’autres pays du globeEt par extension, je pense que ce texte fait relativiser sur les défauts de notre système politique.

Dans ce texte, chaque personne disposant d’un peu de pouvoir ne peut s’empêcher de l’utiliser pour favoriser les siens, même de manière totalement inconsciente. Dans toute décision, qu’elle soit politique ou non, on peut donc se demander ce qui anime inconsciemment la personne qui en est à l’origine. Par l’intermédiaire de Parleur,  Ayerdhal nous offre une paire de lunette des plus importantes, celle qui nous permet de voir à travers les grands discours pour débusquer son sens caché.

L’intrigue s’articule autour de l’évolution de cette réflexion. Je vous l’assure, elle tient en haleine tellement, partagés entre l’espoir et le pessimisme. Curieux partage je vous l’avoue, mais au final pas si étrange que ça : l’espoir de voir les plans de la Colline aboutir à une vie meilleure et le pessimisme de connaître le genre humain qui fait redouter la fin de l’histoire. Rassurez-vous, je ne vous dévoilerai rien de celle-ci !

L’écriture est vraiment bien maîtrisée. De la première à la dernière page, chaque mot est savamment dosé, le texte fluide et l’ambiance se prête à la réflexion, même au plus fort de l’action. Fluide… jusqu’aux dernière pages où tout explose. Ce bouquet final, bien construit, m’a tout de même secouée par sa brutalité et sa violence. Ce n’est qu’avec un peu de recul que j’ai eu l’occasion d’apprécier toute la beauté de ce final.
Un mot enfin sur les personnages. Ceux-ci sont nombreux et ont des rôles variés à jouer dans l’histoire. Nous les voyons à travers le regard, décillé il est vrai de la sœur d’un poète rebelle assassiné par le pouvoir en place. Les descriptions physiques ne sont pas légion dans ce texte, ce qui laisse plus de place aux idées que les protagonistes véhicules, le point fort du texte. Leur dessin psychologique est très fin et vraiment bien travaillé. Ils semblent vraiment humains dans leurs faiblesses et leurs moments de force.
Ayerdhal propose quelques archétypes judicieusement choisis, de ceux sont actes et paroles ont une portée immense, du genre qui dépasse le simple cadre du texte. Et ça, c’est fort.

# En Bref

Oui, j’ai apprécié Chroniques d’un rêve enclavé. D’abord parce que l’histoire est captivante. Ensuite, parce que la réflexion qui s’en dégage retient l’esprit longtemps après que le livre est refermé. Et enfin, parce que le texte et la plume de l’auteur sont vraiment bons !

Lisez-le !

Chroniques d’un rêve enclavé.- Ayerdhal.- Ed. Le Livre de Poche.

One-Punch Man

Saitama est un jeune homme sans emploi. Un jour, il rencontre un homme crabe qui recherche un jeune garçon au menton fendu. Saitama finit par rencontrer ce jeune garçon et décide de le sauver de l’homme crabe, qu’il arrive à battre difficilement. Dès lors, Saitama décide de devenir un super-héros et s’entraîne pendant trois ans. À la fin de son entrainement, il remarque qu’il est devenu chauve et fort, tellement fort qu’il arrive désormais à battre tous ses adversaires avec un seul coup de poing, ce qui fait que Saitama s’ennuie et ce n’est pas prêt de s’arranger. Malgré sa force, les situations de mal-entendu vont s’accroître et le faire passer pour un loser et un tricheur.

Plus blasé, tu meurs !


# Comment ce manga m’est-il tombé entre les mains

Pas par hasard en tout cas. J’ai beaucoup entendu parler de l’anim’ que je n’ai d’ailleurs toujours pas vu. J’ai toujours un peu de mal à me poser et à regarder quelque chose qui demande de l’attention car je suis toujours tentée de faire autre chose en même temps. Dans tous les cas, j’ai vu qu’il était sorti en version papier, je n’ai pas hésité !

# Du grand n’importe quoi… en dessin !

Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas forcément négatif. On suit une série d’aventures mettant en scène Saitama, un jeune chômeur devenu super-héros par ennui. Des histoires assez courtes donc au rythme très rapide et entraînant. Côté action, le lecteur est servi ! Malgré la brièveté des scènes d’action, une histoire arrive à passer. Néanmoins, le schéma se répète un peu trop souvent pour moi : le héros est occupé à ses tâches quotidiennes, un vilain méchant le prend à parti, il le tabasse, Saitama montre son fulguro poing et le monstre est au tapis. Pas très recherché question scénario, mais la fin de ce premier tome annonce une suite que j’espère plus travaillée.

Heureusement, les monstres sont tout simplement déjantés et j’ai passé un excellent moment à la lecture de leurs dialogues. Certains sont badass, d’autres ridicules et les troisièmes simplement rigolos.

Le texte quant à lui déborde d’humour. Qu’il s’agisse de petites piques lancées par le héros, ses réactions ou celles de ses ennemis, le scénariste a su rester léger et relativement subtil. À certains égards, Saitama m’a fait penser à Deadpool : le décalage entre les héros de comics (ou de manga) et leur vie quotidienne. Et par cet aspect, ainsi que d’autres, j’ai trouvé Saitama assez attachant. Bien que sa morosité m’ait donné plusieurs fois envie de le gifler. De toute manière, je n’aurais jamais osé. Si vous ne savez toujours pas pourquoi… Je ne peux rien pour vous !

Clairement, il ne s’agit pas d’un one shot. Un personnage se rajoute et bien entendu, un revirement dans l’histoire, le passé du personnage, arrive PILE à la fin du texte. En bref, « attendez le tome 2 pour voir la suite ». UN PEU frustrant faut l’avouer.

Les illustrations sont plutôt classiques et très lisibles, contrairement à d’autres titres où il faut s’accrocher pour trouver le sens de lecture de l’image. J’ai eu l’immense plaisir de me rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’un amas d’actions brouillées, mais que chaque image racontait l’histoire en parallèle du texte. Et on ne retrouve pas cela dans tous les mangas. La jaquette quant à elle est vraiment réussie !

#En Bref

Je pense que je lirai la suite de One-Punch man. D’abord parce que la fin du premier tome a su piquer ma curiosité, mais aussi parce que je trouve ce héros assez original. Si je vous le conseille ? Pourquoi pas !
Mention spéciale pour le sous-titre de la série : « Un poing c’est tout ».

Le Cabinet du Diable

Couverture Le Cabinet du Diable

Une nuit par mois, on voit passer à Moulins des êtres étranges qui semblent être aimantés par quelque chose d’inconnu. A y regarder de plus près, ils se dirigent vers une superbe et imposante demeure qui a appartenu à Louis Mantin, mort depuis déjà longtemps. Nous sommes en 2010 et sa maison, transformée en musée selon ses souhaits testamentaires, va pouvoir rouvrir après avoir dormi cent ans. La jeune carmélite Lisebeth Retamen est impatiente, autant que le pirate bibliophile Hubert Lantier dont elle va faire la connaissance. Avec lui, elle rencontre aussi un Japonais à la démarche mécanique, Kariron-san, et Suarès, un poète excentrique.

Le destin réunit ces quatre personnages bien décidés à percer le mystère de la Maison Mantin.



# Comment ce livre est-il tombé entre mes mains ?

Il s’agit d’un service de presse gentiment (comme toujours) envoyé par Philippe Gindre des éditions de la Clef d’Argent. Je dois dire que j’aime de plus en plus cette collection et les titres de cette maison d’édition.
Le Cabinet du Diable est le troisième tome de la collection Lokhale qui regroupe des récits fantastiques localisés dans plusieurs endroits de France. « Parce qu’une histoire se déroule forcément quelque part…« 

# Des fantômes et de la fantasmagorie

Ainsi qu’un récit court. Extrêmement court. L’histoire n’en est pas bâclée pour autant, je vous rassure. Mais se dégage de ce texte une impression de rapidité non négligeable. Comme une tension qu’on ressentirait tout au long de l’histoire et qui nous mènerait rapidement et sûrement à son terme. Et à une révélation un peu abrupte il faut l’avouer.

Céline Maltère maîtrise très bien son récit ainsi que la construction de celui-ci. S’il y a de petits moments d’obscurité dans la compréhension du texte, ceux-ci se retrouvent bien vite éclaircis lors que l’on arrive au terme de l’histoire. La structure de l’intrigue et du texte de manière générale m’ont maintes fois fait penser à une nouvelle fantastique du XIXe siècle.

On a affaire ici à une plume de très bonne qualité, régulière et très homogène. Parfois un peu trop d’ailleurs. Je n’ai pas pu m’empêcher de relever quelques platitudes qui ont un peu alourdi ma lecture. Les émotions des protagonistes et du texte en général ont du mal à traverser la page pour toucher le lecteur et j’avoue que je regrette un peu ce fait.

Si les émotions des personnages ont du mal à passer, la plume de Céline Maltère est très visuelle et sait suggérer une ambiance lourde en quelques lignes. Les descriptions des scènes principales, notamment celle du bal, ma préférée, ont su me fasciner par leur puissance évocatrice. J’avais vraiment l’impression d’y être.

J’ai apprécié les protagonistes de cette histoire. Tous ont quelque chose de bancale et d’enfantin qui les rend terriblement attachants. Et encore plus lorsqu’on sait ce qu’il sont vraiment : des chimères. Leur attirance très forte pour la maison les entoure d’un mystère qui ne s’évapore pas tout à fait à la fin de l’histoire et laisse à rêver.

#En Bref

Je pourrais dire que j’aurais aimé en lire plus car j’ai adoré cette histoire. C’est vrai que je l’ai adorée. Néanmoins, ce texte se suffit à lui-même. Si vous aimez le fantastique de qualité, alors lisez Le Cabinet du Diable. Il ne vous en coûtera que quelques heures, que vous ne verrez pas passer.

Le Cabinet du Diable.- Céline Maltère.- Ed. La Clef d’Argent.- Coll. Lokhale

La 25e Heure

Couverture La 25e Heure
Décembre 1888. Alors que le bon peuple de Paris s’interroge sur cette tour que l’impérieux Gustave Eiffel fait édifier à grand frais, d’étranges rumeurs circulent dans les faubourgs de la capitale : les morts parlent ! Interpellé par la presse à ce sujet, le préfet de police M. Henry Lozé tourne en ridicule « les plaisanteries de quelques coquins ». Ainsi parle-t-il devant le beau monde, sous les feux du parvis de l’Opéra Garnier. Mais, depuis l’ombre de ses cabinets, l’homme lance sur cette affaire les plus fins limiers de la République. Pendant ce temps, l’Académie de Sciences en appelle à ses éminents savants pour que la pensée rationnelle, une fois pour toutes, triomphe des ténèbres de l’obscurantisme.

Retour sur une aventure au final  palpitante


# Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

Mon exemplaire de La 25e Heure m’a gentiment été confié en service de presse par la maison d’édition de l’Homme Sans nom. J’ai beaucoup apprécié les trois premiers tomes écrits par Feldrik Rivat. J’attendais donc avec beaucoup d’impatience la sortie de son nouveau roman. Et la couverture fait envie, non ?

# Un roman feuilleton surprenant…

Attardons-nous un petit instant sur l’objet en lui-même. Tout est très soignées), jusqu’à l’intérieur du livre dans lequel on retrouve des enluminures (encrées, mais tout de même) à chaque occurrence de date. Et l’extérieur signé Elian Blackmor et Carine M est magnifique ! La promesse d’aventures, de frisson et d’extraordinaire est bien présente et donne envie de se lancer dans cette lecture.

Le genre du roman-feuilleton utilisé au XIXe siècle est repris avec brio par l’auteur qui a su le réactualiser pour évacuer les tonalités trop pompeuses qu’il pouvait y avoir dans les textes de l’époque. Dans tous les cas, ce roman policier fantastique a su me maintenir en haleine grâce à son intrigue bien construite. Et les révélations, bien placées, permettent une reprise du rythme et de l’intérêt du lecteur aux moments-clés.

Néanmoins, quelques longueurs dans l’action sont à signaler. Durant ces moments, les voyages des protagonistes entre différents lieux, le schéma est presque exactement le même. Et cela crée une petite lassitude lors de la lecture. Toutefois, on oublie vite ces petits désagréments lorsque l’intrigue s’accélère et qu’on est happé par le tumulte dans lequel sont plongés les enquêteurs.

Les personnages sont bien dessinés et possèdent chacun des traits qui leur sont propres. En particulier celui de Lacassagne, dit le Khan. Son background est très intéressant et l’intrigue qui le concerne est vraiment passionnante mais doit déborder des limites de ce seul roman. Tous, à leur manière, sont intéressants et ont su trouver leur place ainsi que leur importance dans cette histoire.

L’écriture de Feldrik Rivat m’a étonnée, en bon et en moins bon. L’auteur a bien dessiné ses personnages et l’ambiance générale d’urgence et d’effroi. Mais j’ai noté à de (trop) nombreuses reprises des répétitions, des tics de langage maladroits et des redondances à certains endroits du texte. Pourquoi ? Oui, ceci est un appel direct à l’auteur si jamais il passe par ici.

L’atmosphère dans laquelle baigne le texte est intéressante. Difficile de dire agréable étant donné les meurtres et l’horreur de l’histoire. Néanmoins, me plonger dedans a été une expérience intense et au final agréable ! Le mystère s’épaissit à chaque chapitre et ne se dévoile pas totalement à la fin de l’histoire. Vivement la suite !

# En bref


La 25e Heure n’est pas un roman parfait. Mais lequel l’est, me direz-vous ? Certes, les tics de langage, les longueurs viennent parfois plomber la lecture. Rien de grave cependant et surtout pas de quoi faire poser le livre. Après sa parution en format papier, le livre paraît par épisodes réguliers. De quoi presque faire regretter de ne pas le découvrir sous cette forme !

La 25e Heure.- Feldrik Rivat.- Ed. Homme sans nom.- Disponible

Chemins de fer et de mort

Ce recueil de textes contemporains d’angoisse ferroviaire renoue avec les anthologies que donnèrent en leur temps Dany de Laet (Histoires de trains fantastiques, 1980), Jean-Baptiste Baronian (Trains rouges, 1990) ou plus récemment Philippe Gontier (Trains de cauchemar, 2012). Au gré des pages, vous y trouverez un tunnel habité par une créature monstrueuse, une gare presque désaffectée ou franchement improbable, un contrôleur particulièrement zélé, un tueur en série traqué… Jouant sur toutes les nuances des littératures de l’imaginaire – fantastique, science-fiction, horreur, steampunk – cette anthologie vous propose d’embarquer sur des trains roulant à travers les espaces désertiques d’autres mondes, des trains futuristes sous-marins, ou plus sournoisement, sur des trains d’apparence banale où le temps et l’espace sont pourtant soumis à d’autres règles.
Mais voici le signal du départ… 

En voiture pour un voyage dont vous avez hélas peu de chance de revenir…


#Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

Chemins de fer et de mort est un service de presse que m’a envoyé Philippe Gindre, éditeur à la Clef d’Argent. Rien de plus simple donc. Je ne m’y attendais pas et ç’a vraiment été une excellente surprise et une bonne lecture.

#Calme et ambiance étrange

L’ambiance est peut-être ce qui est tellement important lorsqu’on parle d’un recueil de nouvelles disparates. En plus de la thématique bien évidemment, c’est ce qui lie les textes entre eux. Eh bien l’ambiance de Chemins de fer et de mort est saisissante. On y entre et on en ressort… un peu différent. Ce n’est sans doute pas très bien expliqué mais c’est l’impression que ça donne. Un peu d’onirisme peut-être

La richesse d’un recueil, c’est aussi la diversité des écritures et des atmosphères de nouvelles. Ici, on retrouve certes du fantastique, mais aussi de l’anticipation, de la critique sociale, des fantômes, de l’horreur… Les histoires se mêlent et on échappe de justesse au danger de l’une pour monter dans un train qui nous emporte dans d’autres époques. Passé ou présent, qu’importe.

Chaque lecteur aura sa nouvelle favorite. La mienne, c’est Le Train des ouvriers de Jean-Pierre Favard. D’un départ très classique à partir duquel on ne sait pas où on va. Mais après quelques pages, l’horreur est la plus totale. Et j’avoue avoir savouré les ces quelques pages en frissonnant. L’histoire était tellement prégnante que je me suis laissée emporter sans même m’en apercevoir. Jean-Pierre Favard possède la capacité de transmettre au lecteur les émotions qui traversent les personnages dès qu’on touche les pages. Et ça, c’est fort, avouez-le !

Mais ce recueil est plus profond que cela. S’en dégage une réflexion intéressante sur le temps, la vie et l’évolution de l’Homme. Pourquoi bougeons-nous, pourquoi faisons-nous certains choix plutôt que d’autres. Plus qu’un voyage en train, il s’agit d’un véritable voyage dans la vie des hommes que nous propose Chemins de fer et de mort. Et moi qui aime les récits de voyage, quels qu’ils soient, j’ai beaucoup aimé, vous vous en doutez sûrement !

On suit plusieurs personnages. Pas le temps de s’attacher à eux (quoi que), mais leur personnalité s’efface devant leur devenir et cette évolution est pour moi le gros point fort de ce recueil.

#En Bref

J’ai bien aimé cette lecture. La Clef d’Argent propose des textes qui sortent de l’ordinaire par leur écriture, leur histoire, mais aussi – et surtout, par leur profondeur, souvent inattendue. Si vous appréciez de plonger dans des histoires comme vous entrez dans un rêve, alors foncez.

Le Gardien de la Source

« Puis elle le vit. L’individu qui l’observait se tenait en retrait, à l’opposé de la pièce. Il ne cherchait pas à se fondre dans l’assemblée des gens bien nés. D’ailleurs, ceux-ci l’évitaient. C’était presque imperceptible, mais le flot des civilités s’écartait de lui dans une valse consommée. »
En cet été 1814, Marie-Constance de Varages, marquise du bourg d’Allemagne, et son héritière, Anne-Hélène, sont conviées au bal du comte de Forcalquier. Si une telle invitation ne se refuse pas, la marquise est inquiète. Quelques mois auparavant, sa fille a souffert d’un mal funeste et été sauvée in extremis. Depuis, elle n’est plus tout à fait la même…
Quelle est donc cette ombre qui plane sur Anne-Hélène ? 

Et pourquoi le mystérieux Lazare, baron d’Oppedette, semble-t-il soudain subjugué par la jeune débutante ?



#Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

Pas du tout par hasard, c’est sûr. Je lis Vanessa Terral et ses écrits depuis plusieurs années avec son premier roman, l’Aube de la guerrière. Il faut dire que quand on croise un bon auteur, on ne le laisse pas de côté. Et Vanessa Terral, avec ses récits atypiques, fait partie du lot. J’ai donc attendu avec beaucoup d’impatience la sortie du Gardien de la Source et je l’ai acheté dès sa sortie.

#Un mélange des genres

C’est l’expression qui, je crois, colle le mieux à ce texte. J’ai eu un immense plaisir à (re)découvrir la talentueuse plume de Vanessa Terral et sa maîtrise sans faille. L’effroi côtoie les périodes plus légères avec le même naturel que les parenthèses lyriques sans mièvrerie. C’est donc avec une grande facilité qu’on passe d’un genre à l’autre pour une lecture surprenante et extrêmement riche sur le plan littéraire.

L’histoire se base sur un épisode au final peu connu de la mythologie grecque : l’enlèvement de Perséphone par Hadès. Mais il n’y a pas que ça, sinon ça serait trop facile. Ou pas hein, ce n’est pas vraiment le genre d’inspiration qu’on trouve dans tous les romans.
Mais je n’ai pas pu m’empêcher de repérer aussi une forte influence Austénienne dans la relation entre Anne-Hélène et Lazare. Cela ne m’étonnerait pas du tout qu’il y ait derrière cette relation une inspiration d’Elizabeth et Darcy dans Pride and Prejudice. Lisez-le et vous verrez !

Parce que rien n’est parfait, j’ai tout de même senti quelques longueurs dans ce texte concernant les relations des protagonistes. Rien de bien grave je vous rassure. Mais les changements incessants dans les relations et les va-et-vient (en tout bien tout honneur attention) entre affection et haine sont à la longue un peu lassants. Mais peut-être est-ce parce que je ne suis plus habituée à ce style…

Dans tous les cas, l’intrigue est parfaitement maîtrisée. l’évolution sait prendre son temps et le mystère se dévoile petit à petit en laissant toutefois une petite partie caché. Histoire de laisser le lecteur rêver encore un peu. L’histoire est pleine de rebondissements qui forment un ensemble et une lecture très agréable. Sans compter la présence du genre fantastique qui pose un voile de mystère pile comme on aime !

Les personnages sont psychologiquement très travaillés. Les relations sont, je l’ai dit, un peu énervantes dans leurs retours en arrière, mais ô combien ciselés. Néanmoins, le récit s’inscrivant dans une durée plutôt longue autorise l’évolution et la maturité des personnages. Les ellipses sont habilement placées et évitent toutefois au récit de s’alourdir.


#En Bref


Le Gardien de la Source est une très bonne histoire. Il me serait difficile de vous en dire plus sans vous spoiler, ce que je ne compte pas faire. Le récit est bien construit, les rebondissements aux bons endroits. Lisez-le et vous passerez un très bon moment !

Vanessa Terral.- Le Gardien de la Source.- Ed. Pygmalion

IL est de retour

Couverture Il est de retour
A Berlin, en 2011. Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n’est pas content : quoi, plus personne ne fait le salut nazi ? L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe ? Tous ces Turcs qui ont pignon sur rue sont venus de leur plein gré ? Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays ? Il est temps d’agir. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin. Et pour ça, il lui faut une tribune. Ca tombe bien, une équipe de télé, par l’odeur du bon filon alléchée, est toute prête à la lui fournir. La machine médiatique s’emballe et bientôt, le pays ne parle plus que de ça. Pensez-vous, cet homme ne dit pas que des âneries ! En voilà un au moins qui ne mâche pas ses mots. Et ça fait du bien, en ces temps de crise… Hitler est ravi qui n’en demandait pas tant. Il le sent, le pays est prêt. 

Reste pour lui à porter l’estocade qui lui permettra d’accomplir enfin ce qu’il n’avait pu achever…



#Comment ce livre est-il tombé entre mes mains ?

Un peu par hasard, comme beaucoup de titres en fait. J’ai été attirée par cette couverture. Il faut dire que l’idée du graphiste est juste géniale. Aussi peu de mot qui en disent autant grâce à la mise en page de la couverture.
Bref. Hitler qui revient à la vie au XXIe siècle est une thématique intéressante et j’ai profité de sa sortie en format poche pour craquer et le lire.

#Un récit glaçant

On le sait maintenant, Hitler possédait apparemment un grand charisme. Il savait manier les mots pour faire avaler n’importe quelle couleuvre au peuple qui ne pouvait qu’acquiescer devant autant de bon sens. Et il réussit à nouveau cet exploit dans sa seconde vie… en utilisant les moyens de communication moderne.
Et cet ancrage dans une époque contemporaine est d’autant plus important que cela montre l’impact que pourra(it) avoir un tel orateur dans une société comme la nôtre. Sans trop spoiler, ça se passe ainsi : les allemands apprennent à refaire confiance à Adolf Hitler, malgré le passé, malgré les horreurs commises par le régime nazi. Et cette réalité, certes alternative, glace le sang.

C’est la réflexion qui se dégage de ce « Et si Hitler revenait et usait des médias traditionnels pour asseoir à nouveau son pouvoir » qui est tellement intéressante. L’histoire questionne également sur le rôle qu’ont les médias dans la diffusion de l’information et des idées des personnes politiques. À quel point est-on manipulé par la télévision, les journaux, la radio et même internet ?

J’ai souvent été frustrée en lisant ce texte : comment font les personnages qui côtoient Hitler pour ne pas voir la dangerosité de son discours ? J’avais envie de leur mettre de grandes claques à tour de bras tant j’étais effarée par leur passivité. Clairement, ce n’est pas un texte qui pousse à aimer le genre humain. On retrouve de nombreuses catégories de personnes : les hypocrites prêts à tout pour gagner une once de pouvoir, ceux qui adhèrent corps et âme au point de vue d’Hitler par conviction et ceux qui laissent faire pour diverses raisons (cupidité, flemmardise…). Et cette capacité à oublier le passé et ses horreurs… Pas très optimiste tout ça.

Après, dire que je n’ai pas rit en lisant ces lignes serait faux. Timur Vermes sait faire preuve d’un humour noir foncé tellement il est grinçant. La froideur du ton et le décalage avec le rocambolesque des situations est pour moi le principal atout de ce texte.

La plume de l’auteur est plutôt classique. Mis à part ce ton très mordant qui me plaît, la plume est de bonne facture, mais sans plus. Timur Vermes revient trop souvent sur les capacités d’analyse froide et implacable d’Hitler. À tel point que s’en est presque dérangeant. Vraiment. C’est d’ailleurs la principale faiblesse de ce texte.

#En Bref

J’ai apprécié ce texte pour la profondeur de sa réflexion. Certes, il ne rend pas vraiment philanthrope, mais il apporte une critique sur les discours actuels que l’on entend de plus en plus souvent. Notamment la xénophobie (l’hostilité envers les étrangers pour ceux qui dorment au fond) qui semble être la cause de tous les maux pour certaines personnes. L’humour de l’auteur de ce texte m’a également beaucoup plu. Si je vous le conseille ? Pourquoi pas !

Il est de retour.- Timur Vermes.- Ed. 10/18.- Disponible