Le Cycle d’Alamänder T2 – Le Mehnzotain


Les orcs, les elfes, les dragons, vous croyez que c ‘est ça la fantasy ? Partez donc pour Alamänder ! Toujours vivant ? Vous n’êtes pourtant pas au bout de vos peines.
La révolte gronde dans la capitale, la menace d’ennemis terrifiants surgis du passé se fait plus précise. Après avoir triomphé de l’énigme de Pallas, Jonas n’aura pas trop de la venue de Rachelle, mercenaire aussi capricieuse que redoutable, pour mettre fin aux agissements de son terrible adversaire. De son côté, Ninfell voit son maître disparaître. Livré à lui-même, il va bientôt devoir affronter la plus cruelle épreuve de son existence.
Souhaitons qu’il en ressorte grandi pour la gloire de l’Ecole. Le deuxième tome d’Alamänder monte en puissance et en tension. Comme le premier ouvrage, celui-ci peut être à l’origine de désordres neurologiques irréversibles. Il est encore temps de reculer.


Autant vous l’avouer tout de suite, j’ai toujours un peu de mal à me replonger dans la suite d’une histoire lue il y a plusieurs mois ! Heureusement qu’il y avait le « résumé de l’épisode précédent » au début du tome 2. C’est une idée vraiment sympathique que de nombreux auteurs devraient copier, surtout lorsque leur prend la fantaisie de continuer une histoire longtemps après la fin du premier tome !:)

Après ces quelques chapitres dans lesquels j’ai un peu pataugé pour me remettre dans le bain (vive la métaphore aquatique que j’arrête, promis!), j’ai eu le plaisir de retrouver des personnages que j’avais appréciés, avec en top 3 Jonas, Retzel et Ernst ! Bon, le démon occupe une place mineure en comparaison du premier tome, mais j’ai aimé voir la manière dont son absence fait beaucoup plus parler que sa présence ! Les autres personnages sont toujours aussi humains dans leurs réactions, d’autant que nous pouvons découvrir des situations nouvelles, parmi lesquelles la jalousie et l’adversité féminine tient une grande part !

La lecture de ce tome 2 ne connaît pas de temps-mort. Vous serez embarqués dans des aventures que vous ne soupçonniez même pas à la lecture du premier tome. De même, l’ampleur de la machination que cache le meurtre ne vous laissera pas de marbre. Il faut saluer le talent de conteur et d’intrigant d’Alexis Flamand qui cache bien son jeu. C’est bien simple, j’ai hâte d’en lire plus dans le tome 3 de cette saga !

Au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, l’intrigue se dévoile et l’enquête sur le meurtre de Pallas prend énormément d’ampleur ! Elle permet même d’en apprendre plus à propos de l’univers d’Alexis Flamand qui se révèle très original et haut en couleurs, mais aussi en créatures ! Assurément, un esprit aussi créatif que le sien n’avait pas besoin des elfes ni des orcs pour nous embarquer dans la fantasy. Je ne crache pas sur ces créatures auxquelles je suis très attachée dans la littérature, mais c’est vrai que changer un peu d’horizon ne fait pas de mal, bien au contraire.

Alexis Flamand manie la langue française avec talent. On pourrait évoquer la manière dont il manipule l’intrigue pour l’amener à son point d’orgue dans ce second tome. Mais je préfère, et de loin, parler de la post-face qui m’a fait mourir de rire. Je vous en avais montré un morceau dans l’Extrait qui fait envie, et je dois dire que cette partie du livre est ce que j’apprécie le plus dans l’écriture d’un auteur, sa capacité de dérision et l’humour avec lequel il peut écrire. En plus (eh oui, que voulez-vous, j’ai adoré!), Alexis Flamand propose dans cette postface un véritable « behind the scenes » pour évoquer les secrets de production d’un livre à gros budget.

~ En bref ~

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce tome 2 du Cycle d’Alamänder. Entre aventures palpitantes et découverte de ce monde décidément très originale, vous n’aurez pas une minute de répit. J’ai encore une fois beaucoup apprécié l’humour dont fait preuve l’auteur dans son écriture, humour bien réparti pour qu’on puisse en trouver une touche pile là où elle devait être !

Le Cycle d’Alamänder T2 – Le Mehnzotain.- Alexis Flamand.- Ed de l’Homme sans nom

Néogicia T1 – Le Second éveil


Dans un monde dominé par la magie, les néogiciens, une civilisation portée par une puissance nouvelle appelée technologie, ont fondé l’Empire, dont la capitale est Centralis.
Saly Asigar, une jeune olydrienne, entreprend de rejoindre ce peuple. Pour y prétendre, elle doit subir une injection, l’isolant définitivement des flux magiques parcourant le monde d’Olydri. Une telle pratique n’est pas sans risques. Dans l’hypothèse d’une incompatibilité génétique, elle mourrait ou pire encore ! Elle pourrait muter en ce que les scientifiques appellent une aberration.
A l’aube de ce second éveil, la procédure semble prendre une tournure inattendue…

Attention, si l’intrigue de ce roman se déroule dans Olydri, le monde de Noob, il s’agit ici d’une histoire parallèle, un spinoff ! Vous ne trouverez en ces pages ni Sparadrap, ni Omega Zell, mais des personnages tout juste esquissés jusque là dans la web-série à travers le personnage d’Ivy, les néogiciens. C’est donc à la base de cette « classe de personnages » que Fabien Fournier nous emporte dès le début du roman !
On entre donc dans un monde très moderne voire futuriste qui contraste avec ce que l’on peut trouver de médiéval-fantastique dans le reste du monde d’Olydri. Il s’agit d’un monde épuré, gigantesque et extrêmement bien décrit par l’auteur à travers les yeux du personnage de Saly. Le moindre endroit dans lequel le personnage se rend est en effet passé au crible de la vision exacerbée de la jeune néogicienne, ce qui nous permet de nous rendre compte de ce talent de plume de Fabien.
Aucun élément n’est superflu et chaque acte, chaque élément scénique semble s’emboîter avec le reste avec une précision cinématographique. Il n’y a qu’à citer les ellipses temporelles par exemple : la première année de Saly à Memoria est résumée en une seule phrase pour en arriver à l’essentiel, l’examen et la mission sur Syrial !
L’univers que propose Fabien Fournier est très riche et bien travaillé. On ressent les tensions existant entre les différentes factions, mais aussi au sein d’une même faction, celle de l’Empire. J’ai eu grand plaisir d’en apprendre plus à propos de cet univers que je ne connaissais qu’à travers les formats assez courts de la web-série ! En plus, pas besoin de background puisque chaque élément pouvant poser problème est minutieusement expliqué par les personnages ou le narrateur.
L’intrigue proposée dans ce premier tome de Néogicia est intéressante. Elle est d’abord ingénieusement construite, car elle vous permettra de découvrir le fonctionnement de l’Empire par l’intermédiaire de Saly qui le découvre elle aussi. Chaque chapitre nous mène à la découverte d’un aspect du monde d’Olydri, d’un personnage important ou d’un élément géopolitique tout en avançant dans l’intrigue et la construction de la nouvelle vie de Saly Asigar.
L’histoire en elle-même est entraînante et la découverte du monde favorisera votre immersion. Préparez-vous à enchaîner les chapitres pour en apprendre plus à propos de l’Empire et connaître la suite des aventures de Saly. Aucune longueur n’est à déclarer dans cette lecture qui se révélera pleine de surprises !
Les personnages maintenant. J’apprécie cette catégorie de personnages qui peuvent donner des idées à certains maîtres du jeux pour la création d’une nouvelle classe sortant de l’ordinaire. Ce n’est sans doute pas cette catégorie que je jouerais, mais j’aime l’emploi d’une forme de technologie basée sur une pierre tombée de l’espace et qui fait fonctionner une civilisation entière !
Un énorme plus pour le personnage de Loreley qui est vraiment drôle. C’est également pour moi, avec Saryahblööd, l’un des personnages les plus charismatiques du roman.
Saly Asigar est un personnage très intéressant bien entendu. Mais on la voit dans la plupart du roman dans une position d’apprentissage. Il y a certes la fin du roman dans laquelle elle se montre sous une nouvelle envergure, mais je pense qu’il faudra attendre le prochain tome de Néogicia pour pouvoir voir Saly se développer. Après tout, elle est exceptionnelle !
Les deux membres de la famille impériale se montrent pleins de surprises, de mystère, et j’espère que la prochaine histoire lèvera d’autre pans de l’énigme des Luccans ! Il n’y a plus qu’à espérer que Saly entre dans la sphère la plus élevée de la société néogicienne !
~ En Bref ~

Je dois vous avouer une chose : j’ai été triste de terminer ce roman, parce que j’en ai adoré la lecture bien entendu, mais parce qu’il me permet d’en apprendre plus sur cet univers qui se révèle très bien construit. J’ai hâte d’en savoir plus à propos du monde d’Olydri dans les prochaines histoires ! 

Néogicia T1, Second éveil.- Fabien Fournier.- Olydri éditions

Les arcanes de Naheulbeuk T1, Bière, monstre et bière


La terre de Fangh recèle bien des dangers. On y raconte aussi de nombreuses légendes, dont certaines se révèlent parfaitement stupides. D’autres encore concernent uniquement les elfes, ou les nains, et on s’en tamponne l’oreille avec une babouche. Quoi qu’il en soit, avant de partir à l’aventure, il vaut mieux savoir à l’avance ce qu’on peut trouver en travers du sentier. Savez-vous ce qu’il y a au niveau trois du donjon de Naheulbeuk ? Pouvez-vous décrire les effets d’un claptor de Mazrok ? D’où viennent les aventuriers, et qu’ont-ils accompli dans leur jeunesse ? Comment les nains creusent-ils les tunnels ? A quoi ressemblerait un barbare de niveau 10 ? Ou se trouve la rue des Talifurnes ? Est-il possible de mélanger du pâté de lapin avec un yaourt aux fraises ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses, en images, dans les arcanes de Naheulbeuk.

Attention, il ne s’agit pas d’une bande dessinée relatant les aventures de la compagnie la plus bancale de toute l’histoire de Fangh, mais du premier tome de ce que l’on pourrait appeler un vade-mecum à l’usage des lecteurs curieux.
Dans Bière, monstre et bière, les fans de la saga de Pen of chaos trouveront une multitude d’informations utiles (ou pas) à propos de cet univers. J’ai adoré pouvoir connaître le passé des aventuriers de la compagnie sans nom fixe, c’est à dire avant que le MVAC (Mystérieux Vieux A Capuche) Gontran Théogal ne les recrute. Assister à leur enfance, en particulier celle dont on ne savait presque rien, comme celle de la magicienne par exemple, a été un véritable plaisir.
On en apprend plus sur l’histoire de cette contrée de manière plus générale, avec par exemple des informations précises sur les périodes historique tant de fois évoquées dans les romans ou la saga audio !
De plus, on peut presque imaginer s’inspirer de la biographie des aventuriers pour créer le background de son personnage, ou tout au moins lui donner une petite touche amusante. Mais Pen of chaos et Marion Poinsot vont plus loin que cela et dépassent vos espérances les plus secrètes en présentant l’évolution des classes de personnages des niveaux 1 à 12. Pourquoi ne pas aller au-delà ? Arrivez déjà là avec vos propres personnages, bande de petits sacripans !
Les auteurs nous proposent également une illustration des publicités les plus illustres en terre de Fangh. Il s’agit de la partie que j’ai le moins apprécié, car la version audio est de loin meilleure que la version bande dessinée.
Toute bonne bière se doit d’être accompagnée par une chanson ! Ce volume propose les paroles, accompagnées d’illustrations, de plusieurs chansons du Naheulband ! Vous pourrez ainsi les entonner en choeur avec vos amis, vos compagnons d’armes ou même seuls devant votre miroir ! Je n’affirmerai pas qu’agir ainsi vous conférera un bonus de charisme cela dit…
Enfin, un énorme plus pour moi qui suis une grande fan de cartes : ce tome comprend plusieurs cartes ainsi que des plans des principaux lieux de pérégrinations de nos héros. Le tout, en papier mat, pour mon plus grand plaisir. Cela peut aussi servir aux maîtres du jeux qui souhaitent essayer d’intégrer leurs joueurs en terre de Fangh !
J’apprécie particulièrement les illustrations de Marion Poinsot. Celles-ci sont chaleureuses et invitent au rire. En cela, elles illustrent bien (au sens propre comme au figuré, c’est le cas de le dire) l’univers de John Lang. Les personnages sont en effet joviaux et presque amicaux. Presque…
~ En Bref ~

Ce premier tome des Arcanes de Naheulbeuk, Bière, monstre et bière, propose de nombreuses informations à propos de l’univers de John Lang. Il s’agit d’un tome très intéressant qui plaira aux amateurs auxquels je le destinerais particulièrement. Je pense en effet qu’il faut connaître un minimum Le Donjon de Naheulbeuk pour apprécier pleinement les moindres détails de cette bande dessinée. 

Les Arcanes de Naheulbeuk T1, Bière, monstre et bière.- John Lang & Marion Poinsot.- Ed Clair de lune

L’Ombre de l’âme


Sam, un jeune écrivain en herbe, a bâti un monde imaginaire où son âme désenchantée vient se ressourcer. Sur cette terre d’évasion, il conte la quête de Zgor, un chevalier qui passe un pacte avec la Mort. Mais sa création va peu à peu échapper à son contrôle pour devenir un véritable cauchemar. Son héros maudit hante son esprit et ceux de ses proches jusqu’à leur faire commettre des crimes atroces.
Mais qui se cache derrière Zgor ? Son créateur, emporté par la folie ? Osgeir, le guerrier viking dont il s’est inspiré ? A moins qu’il ne s’agisse d’un démon tapis depuis l’aube de l’humanité dans l’ombre de notre âme…

Ce roman m’a été vivement conseillé par une amie qui l’avait lu et adoré. Lui faisant confiance, je l’ai donc acheté et commencé quelques temps après. Il faut dire que L’Ombre de l’âmeimpressionne par son épaisseur, près de 600 pages. Mais en toute franchise, vous ne les sentirez pas passer.

C’est d’ailleurs le premier point qu’il me faut évoquer : la rapidité de lecture de ce roman ! Elle est impressionnante, et l’intrigue y est pour beaucoup. Partant de la vie d’un écrivain ne sentant pas à sa place dans l’époque moderne, on arrive à une intrigue sur plusieurs niveaux qui nous plongent dans les abysses de la folie humaine où les pires monstres semblent pouvoir prendre corps dans la réalité.
Prenez garde où vous mettez les pieds, car dans ce roman, on se perd entre réalité, fantasme et apparitions surnaturelles. David Gibert nous propose un voyage entre présent et passé entre lesquelles les frontières semblent avoir disparues.
Les personnages de L’Ombre de l’âme sont psychologiquement très travaillés, notamment sur le plan des relations sociales et amicales. Le sentiment d’amitié occupe une place primordiale dans cette histoire : comment réagirions-nous si nos amis les plus proches, ceux avec qui nous partageons tout étaient plongés dans de tels tourments ?
L’évolution mentale des personnages, qu’ils soient possédés par Zgor ou simplement décidés à aider leur ami envers et contre tout.
N’oublions pas de préciser le PRINCIPAL point fort de ce roman : le vibrant hommage aux littératures de l’imaginaire et au jeu de rôle de manière générale. Bien sûr, je ne suis pas totalement objective sur ce point, mais voir à quel point l’écriture, la lecture, le jeu de rôle et le GN permettent de se sentir mieux dans sa peau fait du bien à mon petit cœur !
Le voyage dans le monde onirique de l’imaginaire que nous propose l’auteur est un réel plaisir. David Gibert nous laisse entrevoir des mondes fabuleux à travers des descriptions magnifiquement bien réalisées. La maîtrise est complète, à tel point que d’un revers de plume, il transforme cette situation onirique en paysage tiré des pires cauchemars d’un esprit torturé.
Je vous parle des descriptions, mais la plume de l’auteur possède le pouvoir extraordinaire de nous emmener avec lui en quelques pages pour une aventure palpitante d’où l’on ne sort pas indemne.
~ En Bref ~

Il s’agit d’un roman que je conseille vivement car il s’agit d’un véritable coup de cœur. De l’horreur à la poésie, du fantastique le plus sombre à la fantasy la plus épique, voilà ce que nous propose David Gibert dans L’Ombre de l’âme

L’Ombre de l’âme.- David Gibert.- Ed. Lokomodo.- 2014

Accros du roc

Suzanne est une jeune étudiante discrète. Si discrète qu’elle devient très souvent invisible. Ses origines familiales sont un peu floues d’ailleurs… Un beau jour, la Mort aux Rats vient la chercher en couinant, Suzanne ne comprend pas un mot mais elle sent que quelque chose de grave et d’important se prépare. Un magnifique cheval blanc l’emmène à travers les airs jusqu’à une immense demeure : ah oui, il s’agit de la maison de la Mort. Son grand-père. Il vient d’avoir une petite crise existentielle et a délaissé ses affaires courantes. Suzanne doit assurer l’intérim. Pendant ce temps-là, à Ankh-Morpork, un jeune barde débarque en ville, accompagné de sa harpe et bien décidé à en jouer. En chemin vers la Guilde des Musiciens, il rencontre ses futurs acolytes, un troll et un nain, le premier tape sur des cailloux et le second s’essouffle dans un cor. Mais un accident est vite arrivé : le jeune barde perd son instrument et trouve à la place une guitare, animée semble-t-il d’une vie propre. Le premier concert – illégal – est un feu d’artifice le premier Groupe de rocs du Disque-Monde vient de se créer et fait un sacré remue-ménage à Ank-Morpork ! Mais cette guitare met le barde en danger de mort, et Suzanne devra intervenir… Roc and troll, quand tu nous tiens !

Je continue ma découverte du Disque-Monde à travers la série de la Mort. Quoi de mieux que de découvrir le monde qu’en voyageant sur le dos de Bigandin, un cheval capable de traverser l’univers pour se rendre d’un point à un autre (l’univers est bleu, rappelez-vous!)
La Mort est décidément un personnage que j’adore. On la croit prévisible et… mortelle. Mais elle se révèle pleine de surprise ! Après avoir pris des vacances pour pêcher à la mouche et avoir pris sa retraite, la mort disparaît purement et simplement du Disque-Monde, contraignant Suzanne, sa petite-fille à le remplacer !
Terry Pratchett nous fait donc voyager entre Suzanne qui découvre peu à peu la vérité sur sa famille, et un groupe de musique qui enchaîne les concerts et crée un nouveau genre musical : le roc.
Ce que j’aime le plus dans les livres de Pratchett – ce volume ne fait pas exception à la règle, c’est que le moindre événement crée un tollé et un émoi profond dans la population. Ici, il s’agit de la musique qui crée d’importants troubles dans le quotidien des auditeurs, à tel point que certains portent d’étranges vêtements cloutés et repeignent leur chambre en noir. Ce sont les réactions des magiciens de l’université qui sont les plus drôles.
Côté ambiance, on voyage entre des parties très drôles à d’autres plus émouvantes sur la relation d’une petite-fille avec son grand-père. J’ai beaucoup apprécié ces moments entre les deux personnages.
L’intrigue quant à elle est complexe et il faut certainement plusieurs lectures pour en apprécier tous les rouages. J’ai notamment apprécié de voir la manière dont l’industrie du spectacle se crée dans cette histoire, et surtout les nombreux jeux de mots traduits avec talent qui croquent dans l’esprit comme autant de pépites !
~ En Bref ~
Le mélange entre l’humour et ses jeux de mots et les scènes plus émouvantes fond d’Accrocs du roc un plaisir à lire malgré une intrigue très complexe. Un énorme plus pour le personnage de la Mort !

Accros du roc.- Terry Pratchett.- Ed Pocket

La Servante

« Rekk le boucher », Rekk le sanguinaire est en train de croupir au fond d’une geôle crasseuse. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Et pourtant le meurtre de sa fille reste impuni. Sa soif de vengeance le ronge. Shani n’était alors qu’une servante, elle passait presque inaperçue mais par amour et par amitié, elle libérera le Boucher et ensemble ils mettront l’Empire à feu et à sang.

La Servante est le second volet du dyptique commencé par Le Boucher. Ces deux romans se situent dans la droite lignée d’un David Gemmell ou d’un G.R.R. Martin : il s’agit de « low fantasy » où la magie et les créatures fantastiques n’ont pas leur place. Olivier Gay nous propose encore une fois un monde rude rempli de dangers que l’on est bien content de suivre tranquillement à travers l’écran protecteur du livre.
Nous retrouvons les personnages laissés à la fin du tome 1 partis libérer Rekk des griffes de Theorocle, le nouvel Empereur aussi vicieux et incompétent qu’il est jeune et expérimenté. Les actions s’enchaînent et de nombreux périls se dressent sur le chemin de la compagnie menée par Rekk le Boucher. En bref, on a pas le temps de s’ennuyer ! Une chose que j’ai particulièrement apprécié lors de la lecture de ce tome est le fait que l’auteur ne ménage pas ses personnages lors des combats, et qu’il n’hésite pas à en faire mourir certains. Je ne dévoilerai rien de plus, rassurez-vous ! Cela évite tout de même trop de deus ex machina dans lesquels les personnages s’en sortent d’une manière totalement incongrue.
Vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer dans la lecture de ce roman : chaque fin de chapitre ou presque recèle un rebondissement qui vous fera continuer la lecture encore et encore. Pour cause : Olivier Gay possède un véritable sens de l’intrigue et de sa gestion dans son histoire. Cela fait vraiment du bien de voir cela dans un roman fantasy.
Autre point positif, les personnages. Pouvoir les suivre à travers deux tomes permet à l’auteur de les faire évoluer. J’ai surtout pris un grand plaisir à voir l’évolution de Shani dans l’histoire, à la voir s’affirmer et développer ses capacités et son autonomie. On pourrait même peut-être y voir un appel à une certaine émancipation féminine, bien que portée à son paroxysme ici.
Le seul point négatif, une carte par pitié ! J’aime tellement pouvoir me repérer, d’autant plus qu’il s’agit d’un roman où le voyage prend une grande place. Mais c’est vraiment le seul point négatif de cette histoire. Si je devais choisir entre Le Boucheret La Servante, c’est le second roman que je choisirais.
~ En Bref ~
La Servante est vraiment une bonne lecture qui se montre largement à la hauteur du premier tome de ce diptyque. J’ai pris grand plaisir à le lire et à suivre l’évolution des personnages dans les péripéties faces auxquels ils doivent faire face.
Si vous aimez la fantasy de Gemmell ou Martin, vous aimerez Olivier Gay ! 
La Servante.- Olivier Gay.- Ed Midgard.- 2014 

Les Kerns de l’Oubli T2 – Les larmes du désert

« Et viendra l’Étranger. L’Espoir Éternel. Il ouvrira ses ailes, en phénix, et sous lui refleurira le désert. Il redonnera à Saham le souvenir de son âge d’or perdu. »
Ainsi commande l’Ararak. La prophétie fondatrice de l’ordre des Prêtres Noirs.
Mais qui es-tu, homme ? Toi, maudit par la Terre et les Dieux ? Toi dont le passé se fait le ciment de cette humanité ? Al Gahama, sauras-tu trouver la force d’ébranler la forteresse millénaire du mensonge, afin que jaillisse enfin… la Vérité ?
Hauts les fers ! Par ces pages, l’annonce en est faite, l’aventure des Kerns continue !

J’ai entamé ce second tome presque un an après avoir terminé le premier. C’est donc avec un peu de mal que je me suis plongée dans cette lecture qu’à ma grande honte j’ai repoussé pendant trois mois. Mais je l’ai terminé et j’ai bien aimé cette lecture.
On découvre un nouveau pan du monde proposé par Feldrik Rivat, sur le plan géographique comme sur le plan théologique. L’histoire qu’il nous raconte nous emmène en effet à la fois à travers un immense désert, au plus profond de la terre et au sommet des montagnes, mais aussi dans les méandres de la mémoire des hommes qui, petits ou grands, ont fait l’histoire telle qu’elle est dans le présent pour Erkan. Les personnages restent bien travaillés malgré un petit bémol pour Erkan. Lui qui croyait se trouver dans un monde faux se retrouve à l’admettre sans sourciller. Peut-être ce changement aurait mérité un peu de développement, mais je vous rassure que cela n’entravera pas votre lecture !
Les différentes peuplades parlent des langues différentes, et j’ai particulièrement apprécié la traduction faite dans les dialogues.
L’histoire quant à elle est comme dans le tome 1 très complexe et stratifiée sur plusieurs générations : même si on ne suit au final que peu de personnages principaux, la plongée dans l’esprit d’autres hommes rendent parfois la compréhension de la temporalité du roman difficile à saisir. L’intrigue est riche, assurément, et l’auteur a su distiller les indices au bon endroit et au bon moment pour qu’on puisse les garder en mémoire et se les rappeler le moment venu.
L’enchaînement des chaîtres qui impliquent un changement de personnage permet à la fois de garder l’attention du lecture mais aussi de faire une pause dans la narration. En plus, cela empêche les longueurs, que demander de plus ?
Le système de magie proposé par Feldrik Rivat est très intéressant quoique complexe ! C’est avec plein de subtilité qu’Erkan, le personnage principal réussit à réellement modeler la réalité. Il semble être le dépositaire d’une très grande et très ancienne puissance et la manière dont la magie est évoquée m’a beaucoup intéressée. J’aimerais d’ailleurs en savoir un peu plus… On pourrait presque l’utiliser dans un système de jeu de rôle !

J’ai été surprise en rencontrant le brusque passage dans un passé lointain qui plonge le lecteur dans une ambiance science-fiction. Je vous le jure : rien de mieux que pour relancer l’intérêt du lecteur que de changer brutalement la tonalité du texte ! J’aurais aimé que l’intrigue se poursuive un peu plus loin dans ce genre, mais ce sera peut-être pour le troisième tome, qui sait ?

Enfin, parlons de la magnifique illustration de la couverture ! 😀 Que de talent, chez l’Homme sans Nom !
~ En bref ~
Le tome 2 des Kerns offre une lecture agréable et divertissante dans un monde toujours aussi bien construit. L’intrigue, quoi qu’un peu compliquée parfois, reste agréable à suivre et les personnages sont intéressants. Je retiendrai surtout la brusque intrusion de la science-fiction pour évoquer un passé très lointain qui m’a bien plu.
Essayez, vous passerez un bon moment !

Pour voir la chronique du tome 1 : c’est par ici !

Les Kerns de l’Oubli T2 .- Les Larmes du désert.- Feldrik Rivat.- Editions de l’Homme sans nom

Les Lames du Cardinal


Paris, an de grâce 1633. Louis XIII règne sur la France et Richelieu la gouverne. Le Cardinal, l’une des personnalités les plus puissantes et les plus menacées de son temps, doit sans cesse regarder des ennemis de la Couronne. L’espionnage, l’assassinat, la guerre, tout est bon tour parvenir à leurs fins… et même la sorcellerie, qui est l’œuvre des plus fourbes adversaires du royaume: les dragons! Ces redoutables créatures surgies de la nuit des temps ont en effet survécu et se dissimulent parmi les humains, ourdissant de sombres complots pour la reconquête du pouvoir. Déjà la cour d’Espagne est tombée entre leurs griffes… Alors, en cette nuit de printemps, Richelieu décide de jouer sa carte maîtresse. Il reçoit en secret un bretteur exceptionnel, un officier dévoué que la trahison et le déshonneur n’ont pourtant pas épargné : le capitaine La Fargue. Car l’heure est venue de reformer l’élite secrète qu’il commandait jadis, une compagnie d’aventuriers et de combattants hors du commun, rivalisant d’élégance, de courage et d’astuce, ne redoutant nul danger: les Lames du Cardinal!

Ce roman écrit en 2011 et publié à la base aux éditions Bragelonne s’inscrit dans la lignée des romans de capes et d’épées d’Alexandre Dumas, mais avec des dragons en plus ! Je connaissais déjà le talent d’écrivain et de conteur de Pierre Pevel à travers Les Enchantements d’Ambremer ou plus récemment dans la trilogie de la Wielstadt.
Je ressors de cette lecture plus qu’enchantée par le Paris du XVIIe siècle, par ses personnages mais surtout par l’intrigue de l’histoire. Pas le temps de reprendre son souffle car les chapitres s’enchaînent, recoupant les parties de l’intrigue vers un final qui offre une démonstration d’écriture des plus réussies. On ne se plonge pas uniquement dans une simple réécriture de l’histoire agrémentée de fantasy. Pierre Pevel nous fait véritablement revivre un passé qui aurait pu être : nonobstant les dragons, il est aisé d’imaginer que tous les détails historiques ont été réels. Il suffit pour cela de voir les (trop) nombreuses indications géographiques et les mentions à des personnages historiques : Richelieu, le Pont-Neuf et les anecdotes concernant la vie parisienne en sont des preuves. Je voudrais attirer votre attention sur la minutie des descriptions, aussi bien des bâtiments que celles des personnages. C’est un vrai travail de peintre que nous propose Pierre Pevel dans ses descriptions.

L’intrigue est bien montée et chaque chapitre apporte un élément de résolution, mais aussi d’autres qui la complexifient. Au final, vous resterez littéralement scotchés à votre livre pour comprendre le fin mot de l’histoire. Et l’ajout des dragons dans ce monde teinte une histoire déjà palpitante rend cette histoire déjà intéressante carrément attractive. Ce n’est que le premier tome de la trilogie, mais les dragons font partie intégrante de la trame historique (et Historique d’ailleurs). Et même si l’intrigue concernant leur organisation secrète n’en est qu’à ses débuts, ce qu’on apprend augure une intrigue bien menée que j’aurai grand plaisir à suivre. Pour terminer sur l’intrigue, un petit indice sans spoil : la fin vous fera hurler de frustration !

Que serait une histoire sans ses personnages ? Il y en a pléthore dans Les Lames du Cardinal, pour tous les goûts ! Manipulateurs, menteurs, héroïques ou charmeurs, chaque personnage possède un caractère qui lui est propre, mais qui cache aussi une part d’ombre remplie de secrets. Et ce sont ceux-là qui créent principalement l’intrigue et les retournements de situation dans l’histoire. Certaines relations entre les personnages est très forte et très émouvante et c’est peut-être leurs sentiments qui les rendent si humains pour les lecteurs. Les lames du cardinal forment une confrérie que rien n’arrête, dont les membres sont liés par des liens presque indéfectibles mais qui possèdent tout de même leurs petits secrets.
En plus des dragons, Pierre Pevel nous propose une nouvelle race hybride entre les cracheurs de feu et les hommes que j’aimerais personnellement incarner dans un jeu de rôle.

~En Bref ~


Je ne peux rien rajouter sans risquer de vous révéler quelque chose d’important. Vous l’aurez compris, j’ai adoré cette lecture, je l’ai presque lu d’une seule traite et je ne peux que vous le conseiller !
 Les Lames du Cardinal était aussi ma sélection du mois de mars !

Les Lames du Cardinal.- Pierre Pevel.- Ed Folio.- 2013

Elfes T2 – L’honneur des elfes sylvains

Les Elfes sylvains se sont retirés du monde et préservent jalousement leur indépendance et leurs lieux sacrés. Quiconque pénètre sur leur territoire devient une proie…
Eysine, Cité-Etat de l’Est, a toujours vécu dans le respect des anciennes lois liant les Elfes et les Hommes. Pourtant, quand une puissante armée de mercenaires Ork assiège le royaume, Llali, la fille du roi de la cité, décide de rappeler aux Elfes le traité qui autrefois liait leurs deux races.
Ce récit est celui de deux peuples qui ont oublié leur passé commun…
Il est celui d’un Elfe et d’une femme qui portent en eux le pouvoir de faire renaître ce passé.

Une BD, une histoire, une espèce d’elfes particulière. C’est le principe de cette magnifique série dont je vais vous présenter le second tome. Pourquoi pas le premier et ensuite celui-ci ? Parce qu’il n’y a aucun lien narratif entre les deux, et que je préfère les elfes sylvains. 🙂


L’histoire proposée sur un tome si fin, à peine 54 pages se révèle surprenante par la profondeur de son propos. Nous sommes confrontés à une inimitié ancestrale entre deux peuples qui ont pourtant un passé commun. La menace ork ainsi que le désastre imminent fera réfléchir le lecteur sur l’importance du pardon et de la tolérance. Le genre fantasy est pour moi un bon vecteur de ce genre de messages car la présence de plusieurs races de personnages met en lumière la notion d’intolérance. 


L’intrigue est prenante et totalement immersive. Le dessinateur a joint son talent à celui du scénariste pour nous proposer un univers où violence, indifférence et amour sautent non seulement aux yeux, mais aussi aux tripes. 


Le dessin des personnages est très réaliste et favorise la représentation des sentiments qui les assaillent. Mais plusieurs planches nous proposent des vision « panoramiques » à couper littéralement le souffle. Elles représentent de majestueux paysages au détail très fin qui invitent à la contemplation et à la rêverie. 


~ En Bref ~ 


J’ai vraiment apprécié la lecture de ce tome dont l’intrigue est aussi prenante que les dessins sont beaux. C’est avec plaisir que j’ai lu et relu cette BD qui mérite qu’on se la procure au plus vite ! Vous ne vous ennuierez pas !

Le Faucheur


Fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines… Les morts vivants se multiplient. Car une catastrophe frappe le Disque-Monde : la Mort est porté disparu (oui, la Mort est un mâle, un mâle nécessaire). Plus moyen de défunter correctement. Fini le repos éternel et bien mérité ! Il s’ensuit un chaos général tel qu’en provoque toujours la déficience d’un service public essentiel. Et pendant ce temps-là, dans les champs d’une ferme lointaine, un étrange et squelettique ouvrier agricole manie la faux avec une rare dextérité. La moisson n’attend pas…

Après la mort qui part en vacances, voici la mort qui prend sa retraite. Du coup, personne ne peut mourir ! Plutôt embêtant, surtout lorsqu’on a préparé tout son décès. Mais toute une série de phénomènes étranges se produit, mettant la ville d’Ankh-Morpork en effervescence. Et nous, lecteur, assistons avec grand amusement à cette débâcle.
Car c’est un réel plaisir de se plonger à nouveau dans la lecture d’un roman de Terry Pratchett. Le Faucheur est une histoire remplie d’humour avec mon personnage préféré, la Mort. On la retrouve dans un rôle inhabituel, mais au final plutôt logique pour elle : le fauchage du blé. Il s’agit relativement de la même chose pour lui, juste que le blé est moins bavard. L’histoire est parsemée de ce genre d’analogie ainsi que de dialogues tous plus drôles les uns que les autres.
Les personnages sont attachants, chacun à leur manière ce qui fait que j’ai vraiment eu du mal à m’en séparer au moment d’achever ma lecture. Terry Pratchett nous offre des dialogues dont la merveilleuse traduction de Patrick Couton nous rend toute la truculence et l’humour. Il s’agit sans doute d’une des meilleures traduction que j’ai pu lire.
Il faut avouer que parfois l’histoire peut être assez difficile à suivre concernant les événements d’Ankh-Morpork. Néanmoins, on s’y retrouve assez facilement malgré les va-et-vient de l’histoire entre l’histoire de Pierre Porte et celle des mages qui luttent contre de mystérieux chariots tout de métal construits…
L’auteur alterne dans son récit entre des moments franchement drôles, et d’autres tout aussi plaisant mais dont la portée dépasse la seule volonté de faire rire. Il nous invite ainsi à réfléchir sur la portée des actes de la vie humaine sur le reste du (disque)monde.
~ En bref ~

Le Faucheur est une lecture très divertissante, mais du genre qui marque les esprits et qui donne envie de le relire pour savourer à nouveau tous les jeux de mots qui sont un véritable délice de lecture. Un conseil d’ami, jetez-vous sur ce livre, il en vaut franchement la peine:)

Le Faucheur.- Terry Pratchett.- 2013.- Ed. Pocket