Le fantôme du mur

Ainsi, il existe à Dole, dans le Jura, une certaine maison de la vieille ville où on peut lire, gravée à même la pierre, la mise en garde suivante : « Abeant fures mures lemures ». Phrase latine qui peut se traduire par : « Fuyez voleurs, souris, fantômes ». Le fantôme du mur imagine ce qu’aurait pu être l’histoire – l’une des histoires – de cette maison et de ses habitants : un homme entre deux âges, un peu perdu, une vieille dame au soir de sa vie, un peu indigne. Sans parler de ses anciens locataires… Vous y croiserez également – doit-on y voir un hasard ? – l’esprit de Marcel Aymé sur fond d’histoire de la ville. 


Premier titre d’une collection très prometteuse, Le Fantôme du mur est un récit bien particulier. Court, mais plutôt riche de par son intertextualité et son contenu historique et géographique. 

C’est en effet une plongée dans les rues de la ville de Dole, une ancienne cité qui a connu bien des tracas. Se pourrait-il que le fantôme soit l’un des templiers qui avaient élu domicile dans la ville ? A travers son personnage, Jean-Pierre Favard mène l’enquête et nous fait découvrir une partie de l’oeuvre de Marcel Aymé, Le Passe-Muraille. 

Le Fantôme du mur est un texte très court qui s’inscrit dans la lignée de ce que d’autres auteurs classiques comme Maupassant auraient pu écrire. Un récit où le fantastique provient souvent de la façon qu’ont les gens de voir le monde… Le narrateur prend en effet le temps de considérer son environnement d’une autre manière et prend surtout le temps pour l’observer. 

#En Bref

J’ai apprécié de bref voyage dans le Dole passé et présent en compagnie du narrateur. Jean-Pierre Favard a su construire une intrigue prenante et qui se résout tout en délicatesse et en émotion.
Le Fantôme du mur ouvre une nouvelle collection prometteuse. Qu’attendez-vous pour découvrir cette histoire ? 

Le Fantôme du mur.- Jean-Pierre Favard.- Coll.LoKhaLe.- Ed. La Clef d’Argent.

Le Manuel des investigateurs

Le manuel des investigateur n’est pas un livre de règles à proprement parler. Cela ne signifie pas qu’il soit inutile pour autant ! Call of Cthulhu est un univers pouvant vous mener au paroxysme de l’angoisse, mais les scénarii se déroulent dans un cadre très réaliste, et ce quelle que soit l’époque. Et pour un jeu réaliste, il faut que joueurs et maître du jeu soient au fait de nombreux détails concernant l’époque dans laquelle il s’apprêtent à jouer…

Voilà l’utilité de ce Manuel des investigateurs. Il détaille toutes les occupations, les classes sociales et les grands événements survenus dans les années 1920. Le but est de fournir au investigateurs, comprenez les joueurs, une base complète et presque exhaustive pour leur permettre de construire leur personnage

La première partie du livre concerne la création d’un personnage, du pré-tiré à la création avancée. Comment calculer les valeurs des caractéristiques, définir ses motivations, ses occupations, l’origine du protagoniste… Tout y est expliqué et mène pas à pas le joueur vers un personnage complet et prêt pour l’enquête.

La suite du manuel détaille plusieurs grandes occupations possibles pour vos investigateurs. Chacune est divisée en plusieurs métiers. Par exemple, la « classe » artiste regroupe des occupations aussi différentes que l’architecte, l’illusionniste ou l’écrivain. Il est important de bien se renseigner avant de choisir une occupation, car c’est elle qui motivera votre personnage et pourra définir en partie son caractère. 

Le Manuel des investigateurs est une mine d’information historiques, sociales et même culturelle sur les Etats-Unis des années 1920. L’ensemble est présenté de manière claire, compréhensible et précise et donne une vision globale à la fois globale et précise d’une thématique. Tout est fait pour donner le maximum d’éléments pour permettre aux joueurs de bien faire le choix pour créer l’investigateur qu’il veulent. Cela sert également d’information pour le roleplay. Il serait dommage, avec autant d’informations, de faire un contre-sens ou un anachronisme… 

C’est aussi un vrai plaisir de lecture car l’accent est mis sur la fluidité. Pas de pavé, mais de courts chapitres agrémentées de fiches techniques et récapitulatives. Des photographies d’époque viennent illustrer les propos, permettant une immersion encore plus grande dans l’Amérique de 1920. Et histoire de vous immerger un peu plus, vous trouverez des articles de journaux relatifs à la thématique. Si avez cela vous ne trouvez pas investigateur à votre pied…

#En Bref

Le Manuel de l’investigateur est un livre destiné aussi bien aux joueurs qu’au maître du jeu. Les premiers y trouveront de quoi créer leur personnage, tandis que le MJ pourra s’en servir comme mine d’idées pour imaginer des scénarii bien construits et s’inscrivant bel et bien dans l’Histoire pour y introduire l’Horreur…
L’ensemble se révèle à la fois complet et très facile d’accès à tous types de joueurs. 
Je vous le conseille !

Trolls et légendes

Couverture Trolls et Légendes : l'anthologie officielle
Depuis dix ans, le festival Trolls et Légendes est un événement incontournable pour tous les amateurs de fantasy.
En partenariat avec le festival, les éditions ActuSF vous proposent cette anthologie exceptionnelle, rassemblant une formidable sélection d’auteurs francophones et une nouvelle inédite de la star mondiale du genre : Robin Hobb.
Entre mythologie, humour et (en)quêtes, parcourez avec eux les sentiers qui mènent aux trolls, ces créatures de légende. Retournez dans le Paris délicieusement steampunk d’Ambremer avec Pierre Pevel ; embarquez pour l’Islande aux côtés de Claudine Glot et d’un chevalier en mal d’aventures ; tombez sous le charme d’un retable aux étranges pouvoirs avec Estelle Faye ou mettez fin à l’exploitation des nains de jardin dans le monde de la nuit parisienne en compagnie d’Adrien Tomas.


Pour certains, c’est celle des Imaginales. Pour moi, c’est l’anthologie de Trolls et légendes que je ne peux pas louper ! Retour sur ce recueil de dix nouvelles de bonne qualité à propos de ces chers trolls.

~ Sous les ponts de Paris de Pierre Pevel ~

Une très belle nouvelle, toujours aussi bien écrite. Mais on en attendait pas moins de Pierre Pevel ! Elle ouvre le recueil et nous plonge dans le Paris de la Belle Epoque avec une Tour Eiffel en bois et des trolls portant le nom de chaque pont. Un régale à lire et une piqûre de rappel des Enchantements d’Ambremer, un roman que j’avais adoré et qui m’a fait découvrir l’immense talent de son auteur ! Une nouvelle hélas trop rapide, mais j’ai eu plaisir à retrouver les personnages du roman.

D’azur au troll d’or de Claudine Glot ~

Cette nouvelle avait tout pour me plaire. Elle reprend les codes des romans de chevalerie médiévaux que j’apprécie beaucoup et tourne le tout de manière moderne. Et avec une écriture fluide qui restitue parfaitement les émotions de l’histoire. Un bon moment de lecture. 

~ La Montagne au troll d’Estelle Faye ~

 C’est une véritable déclaration d’amour à la nature et au retour à l’essentiel que nous propose là Estelle Faye à travers sa plume que j’apprécie tant. C’est aussi un cri d’appel à la survivances des anciennes légendes. Comme quoi il vaut mieux ne pas fâcher la montagne et les représentations anciennes. Les émotions sont à vif, sauvages et sont allées jusqu’à me faire frissonner. J’ai passé également un excellent moment à cette lecture. 

~ Yamadut de Cassandra O’Donnell ~

Il y a des choses qu’on apprécie, d’autres moins. Eh bien je n’ai pas du tout accroché à cette nouvelle. J’ignore si comme d’autres auteurs, Cassandra O’Donnell utilise l’univers de l’un de ses romans, mais je n’ai pas accroché du tout au personnage et à son espèce ni à l’histoire qui nous plonge in medias res dans une action absconse. J’ai eu l’impression qu’on aurait pu remplacer le troll par n’importe quelle créature fantastique que l’effet aurait été le même. Cassandra O’Donnell n’a pas réussi à garder mon intérêt. Dommage. J’ai pourtant tenté, sans succès.

~ Seulement les méchants de Jean-Luc Marcastel ~

C’est un début de texte plutôt original que nous propose l’auteur : le polar qui détonne du reste du recueil. L’histoire reste plutôt réaliste avec cette touche de magie qui fait le charme de cette nouvelle. On y rencontre un troll bien entendu, qui respecte en tout point la légende. Mais Jean-Luc Marcastel possède cette capacité de montrer qu’il est important de ne pas s’accrocher à ses idées et d’ouvrir son esprit. Et il apparaît dans cette nouvelle que les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Une belle nouvelle.

~ Une créature extraordinaire de Magali Ségura ~

Je ne connaissais pas cet auteur, mais cette nouvelle est sans doute l’une de mes préférées ! On plonge ici à l’époque où les vikings multipliaient les raids dévastateurs. Une époque où Yggdrasil signifiait encore quelque chose. Une jeune fille rencontre par hasard un troll et décide de lui rendre l’espoir. Une histoire où l’émotion affleure, une émotion qui fait du bien. Car sans espoir, un troll n’est que de la pierre. (Merci pour cette dédicace)

~ Le Troll de sa vie d’Adrien Tomas ~

Un récit policier où on a pas le temps de s’ennuyer. Voilà comment on pourrait résumer cette très très courte nouvelle se déroulant dans un univers plutôt contemporain. Je l’ai appréciée, et j’aimerais voir cet univers développer dans un roman comme l’auteur sait si bien le faire ! Un Paris contemporain dans lequel humains et créatures fantastiques cohabitent. Cela ne vous fait pas envie ?

~ Le Mythe de la caverne de Gabriel Katz ~

Plus qu’une nouvelle fantastique, c’est avant tout un récit humain que nous propose l’auteur. Et il sort de ce à quoi il nous a habitué avec sa trilogie du Puits des mémoires. Il reprend le fameux mythe de Platon en l’adaptant à son message. Une fin surprenante, on reconnaît bien là la fâcheuse manie de l’auteur de terminer son récit au paroxysme de l’action ! J’ai d’ailleurs eu droit à une dédicace plutôt rigolote : 

~ Le Mal caché de Patrick Mc Spare ~

On plonge de l’autre côté du miroir, l’univers de Faërie où les trolls peuvent reprendre leur apparence naturelle. Il semblerait en effet qu’ils aient traversé l’histoire des Héritiers de l’Aube. C’est la partie que j’avais préféré dans le second tome, celle où les jeunes gens étaient propulsés à l’époque de Merlin en Bretagne. J’avais regretté que ce chapitre ne soit pas plus étendu, et mes prières ont été exaucées avec cette nouvelle !

~ Vieux tacot de Megan Lindholm ~

Cette histoire m’a plutôt surprise à cause de son caractère qui détonne par rapport aux autres nouvelles. Ici, les trolls ne sont pas des créatures fantastiques, mais des voitures redevenues sauvages ! Enfin, c’est comme ça que j’ai perçu cette nouvelle.
J’en ai apprécié la lecture en tout cas. C’est la première fois que je lis une nouvelle écrite sous ce pseudo !

#En Bref

Cette anthologie Trolls et légendes est une réussite au niveau du casting, mis à part un auteur dont j’ai moins aimé la nouvelle. Mais tous les goûts sont dans la nature, et il faut reconnaître que l’ensemble est de qualité tant sur le plan de l’écriture que des histoires. Une déferlante d’imaginations toutes plus prolifiques les unes que les autres !


Ce livre entre dans le cadre du challenge 1 mois, 1 consigne pour ma lecture d’avril ! 

Incursion

Couverture Incursion
« Lorsque l’inspecteur David Caine doit reprendre du service, il ne s’attend pas à plonger dans une affaire qui le dépasse. Vince Homme, prisonnier envoyé dans le passé, se fait assassiner par un être invisible.
Qui est-il et d’où vient-il ? Pourquoi ce meurtre ?
Existe-t-il un rapport avec l’agence Dream & House spécialisée dans les maisons « dématérialisées » et cette récente et incroyable découverte de la NASA ?
Quelle est cette étrange femme qui vient visiter l’inspecteur ?
A-t-on sans le vouloir, ouvert une porte vers un autre monde ?
Notre avenir est-il menacé ?

Autant de mystères que David aidé de ses acolytes, devra résoudre au risque d’y laisser sa vie. Et il ne sera pas au bout de ses peines…»


Incursion. J’étais plutôt intriguée à la lecture de la quatrième de couverture de ce roman. Un thriller fantastique dans un univers futuriste. Cela a de quoi surprendre n’est-ce pas ? Eh bien mon bilan est plutôt mitigé. Je préfère largement les textes fantastiques et les contes de Pierre Brulhet.


Quelques tournures de phrases m’ont fait tiquer. Le style vraiment oral de l’écriture par exemple. On peut trouver que c’est adapté à une histoire rapide, mais cela n’a pas collé avec moi. Il en va de même pour les fautes et erreurs syntaxiques que j’ai pu trouver…

Mais le texte est cohérent, et l’histoire réussit à tenir sur 200 pages ! N’étant pas experte dans le domaine, j’ai plutôt apprécié le côté thriller, et l’ambiance oppressante et cette sensation d’urgence a réussi à me tenir en haleine tout au long de ma lecture. L’intrigue proposée par Pierre Brulhet a quelque chose d’originale dans le danger auquel la Terre doit faire face : les fantômes. Je n’aurais pas aimé me retrouver à la place du personnage !

Les personnages, s’ils sont au final peu épais, soulignent la brièveté de l’existence humaine face à l’éternité de leurs spectres. Un bon travail d’écho entre les personnages et l’histoire, comme un miroir qui doit être souligné et apprécié à sa juste valeur.

L’intrigue de base donc, a su me séduire tant elle était intéressante. Mais elle n’a à mon sens pas été assez exploitée ! A plusieurs reprises, j’ai été frustrée de voir les raccourcis pris dans l’histoire, comme si l’important était de la finir vite. Frustrée, car je reste persuadée qu’elle aurait donné quelque chose de vraiment passionnant si elle avait été creusée un peu plus, si l’auteur avait réussi à prendre son temps. 
C’est un peu comme s’il avait eu peur de déranger son lecteur par un récit trop long…

Heureusement, il y a de nombreuses scènes d’action qui donnent du rythme au récit. Le lecteur n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer face à la bougeotte des personnages. Et c’est sans compter les chapitres très courts qui séquencent encore l’histoire pour créer cette sensation d’urgence qui sied si bien au genre du thriller.

#En Bref

Si mon bilan de cette lecture est plutôt mitigé, il y a tout de même certains détails qui font d’Incursion un texte intéressant.


Incursion.- Pierre Brulhet.- Ed. La Madolière

DarKrün


« Derrière lui, il sentait la pression de tout un peuple. Il entendait la respiration d’un million d’individus. La tension était à son comble. Manlöck se replia sur lui-même pour se concentrer au maximum. Il savait qu’il ne gagnerait probablement jamais cette course, le DarKrün. Mais qu’avait-il à perdre ? »
Un puits sans fond dans un village d’Afrique d’où s’échappent, la nuit, d’étranges créatures buveuses de sang; un arbre magique dissimulant un trésor jalousement gardé par des fées; un corset qui confère un pouvoir fascinant à celle — ou à celui — qui le porte; deux frères qui tentent de s’échapper des enfers; une course folle dans un désert qui ne connaît jamais la nuit…
Des plaines de Mars à la savane africaine, du Moyen Âge au plus lointain futur, 15 nouvelles où le fantastique, la science-fiction, le merveilleux et l’horreur sont pour Pierre Brulhet autant d’occasions de laisser s’exprimer un imaginaire riche et multiforme.

Après plusieurs contes et un roman fantasy, voici enfin un recueil des nouvelles de Pierre Brulhet. Et la première chose qui m’est venue à l’esprit après cette lecture : il devrait en publier beaucoup plus ! J’ai toujours trouvé le genre de la nouvelle assez compliqué, car il requiert de raconter une histoire en quelques pages seulement, d’aller à l’essentiel tout en prenant le temps de poser une ambiance.
Darkrün expose différents genres littéraires montrant l’attachement de son auteur aux littératures de l’imaginaire. Si certaines nouvelles tournent autour du conte, d’autres visent la science-fiction, le fantastique horrifique cher à Lovecraft, du post-apocalyptique et même de la fantasy !
Les textes projettent facilement leurs lecteurs dans leur univers grâce à une narration concise, efficace et fluide. Certes ce recueil ne fait que 200 pages environ, mais il est riche en aventures diverses à vivre via la lecture.
Un exemple ? La première nouvelle « Trésor de l’arbre » nous propulse dans un univers médiéval, au coin du feu. Malgré sa fin pour le moins violente, l’histoire reste bien contée.
Car le gros point fort dans l’écriture de Pierre Brulhet est de nous plonger dans des univers très différents en l’espace de quelques pages, et surtout sans artifice d’écriture apparent. Mais c’est souvent quand cela semble être fait sans efforts que cela cache bien un énorme travail !
Plusieurs genres littéraires sont exploités dans ce recueil, et c’est une bonne chose. Mais c’est aussi le défaut de cette qualité, car certains devraient un peu être laissés de côté au profit d’autres que je trouve bien meilleurs. C’est le cas des nouvelles horrifiques d’inspiration lovecraftienne que j’ai beaucoup apprécié, et qui mérité d’être davantage développées.
#En Bref

La couverture que je trouve franchement laide mise à part, Darkrün est un recueil de nouvelles de qualité. La facilité avec laquelle j’ai plongé dans les différents univers et la qualité de la narration rendent cette lecture vraiment attrayante, et vous avalerez ces 200 pages très rapidement, faites-moi confiance !

Darkrün.- Pierre Brulhet.- Ed. La Clef d’argent

L’Homme des morts


L’infection zombie a séparé les États-Unis en deux. L’Est, la Zone Libre, est complètement bouclé : personne n’y entre, personne n’en sort. L’Ouest, la Zone Occupée, a été abandonné aux morts.
Henry Marco est pourtant resté dans le Nevada. Mercenaire au service des familles de l’Est, il traque et tue les zombies qu’on lui désigne, permettant aux proches de faire leur deuil.
Maintenant le Ministère de l’Intérieur a besoin de lui pour une mission délicate : retourner en Californie, où tout a commencé. Retrouver un homme. Rapporter un secret.
Mais dans l’Ouest ravagé de l’Amérique, tout est possible. Surtout le pire.

Des zombies, mais pas que ! Parce que L’Homme des morts n’est pas seulement un roman de survie. Vous ne trouverez pas non plus d’apocalypse et d’invasion zombie détruisant tout sur son passage. En bref, ce n’est pas une histoire comme tout ce qu’on a pu lire jusque là. Attention, je ne dénigre pas le genre, j’ai moi-même pu apprécier certains titres du genre, que ce soit en comics, dans la littérature, au cinéma ou à la télévision.
Ici, on suit le quotidien d’un homme qui s’est donné pour mission (et métier) d’assurer aux vivants restés dans les zones civilisées que leurs proches sont morts et le restent. En gros, il tue des zombies en particulier contre de l’argent. Mais cela serait trop simple si le roman ne racontait que sont histoire… Son travail est découvert par un organisme officiel chargé de faire respecter la loi, et cela va le plonger dans une situation pour le moins… dangereuse. Accompagné d’un mystérieux asiatique dont il ne sait rien, Henri Marco devra retourner à la source de l’infection ‘ »zombiesque » pour prélever un échantillon qui servira à créer un antidote. 
Car oui, Henri Marco, ancien chirurgien, cet homme tourmenté par la disparition de sa femme et de sa fille, est le seul à connaître celui qui possède le possible antidote… Avouez que vous préférez rester bien au chaud chez vous !:)
L’histoire se construit donc autour de ce nœud, et l’auteur nous fait progresser au rythme du périple des deux compagnons malgré eux. L’ambiance qui plane est lourde, et j’avoue m’être parfois sentie mal lors de cette lecture. Le danger est partout et surgit au détour d’une page ou d’un chapitre. En un mot comme en cent, vous ne serez pas tranquille en lisant l’Homme des Morts ! La narration de qualité couplée aux nombreux rebondissements et au danger imminent font vraiment de L’Homme des morts une histoire de qualité.
Enfin, je dois souligner l’aspect humain très présent dans cette histoire. Que ce soit dans la psychologie d’Henri Marco, dans les relations qu’il entretient avec son compère d’infiltration ou dans la désillusion quotidienne du héros, on assiste à un véritable panorama de la part d’ombre de la psychologie humaine. Guère réjouissant c’est vrai, mais cela reste une belle histoire. De plus, le passé bien construit des deux protagonistes participe à la construction de la qualité du récit.
#En Bref

Si vous aimez les récits de zombie, L’Homme des morts en est un qui vaut le détour. Si en plus vous aimez les récits de zombie avec un petit truc en plus, c’est l’histoire qu’il vous faut ! De la tension, une ambiance comme il faut, avec une épaisseur psychologique. Vous êtes encore là ? Courez vite vous plonger dans ce roman !

L’Homme des morts.- V.M. Zito.- Ed. Le livre de poche

Wild Cards


1946.
Un virus extra-terrestre frappe le monde, tuant quatre-vingt-dix pour cent de ceux qu’il touche. L’immense majorité des survivants subit des mutations délétères, mais quelques élus y gagnent des pouvoirs surnaturels. Parmi ces surhommes, certains ont choisi de défendre ce qu’il reste de la race humaine, tandis que d’autres ont opté pour des voies plus tortueuses…

Attention. Ce n’est pas un roman dont l’auteur serait G.R.R. Martin, mais bien d’un recueil/ d’une anthologie qu’il a dirigé. Il a bien entendu écrit quelques récits, accompagné d’auteurs comme Roger Zelazny et d’autres moins connus en France.
Le pitch de cette histoire se révèle plutôt intéressant : une uchronie s’étalant sur toute la seconde moitié du Xxe siècle. Je dis intéressant car le fait de voir comment la société américaine aurait pu se réorganiser suite à l’attaque biochimique en provenance de Takis m’a attiré. Oui. Car en plus de subir des mutations génétiques tantôt effrayantes tantôt formidables, la bombe provient d’une autre planète. La société se divise donc entre trois « factions » (soyons optimistes) : les jokers, les mutations malheureuses, les as, les nouveaux « super-héros » et les norms, les gens non infectés.
J’ai bien entendu préféré certains récits à d’autres, comme cela arrive souvent lors de la lecture de recueils. Je n’ai pas de période préférée, mais l’atmosphère de certaines nouvelles m’a plus attirée que d’autres. « Le Dormeur » de Zelazny par exemple. Le récit se déroule peu après la contagion, et j’ai particulièrement apprécié ce qui arrive à Croyd, le protagoniste, ainsi que son pouvoir. Je ne vous en dis pas plus, mais vous pourrez le trouver changé à son réveil.
D’autres en revanche m’ont totalement laissée de marbre, mais je ne m’étendrai pas là-dessus. Leur univers était vraiment trop terre à terre pour moi qui recherchais un univers différent de notre propre Histoire.
Wild Cards dresse tout de même un portrait assez amer de l’espèce humaine. A travers cette société fortement stratifiée, G.R.R. Martin et ses collègues écrivains nous donnent à voir le comportement que l’Homme peut avoir envers les personnes différentes malgré elles (les jokers).
Autre point positif de ce livre, les personnages que l’on retrouve d’une histoire à l’autre. C’est normal, quand on y réfléchit, car ce recueil raconte une époque dans laquelle ils vivent. Mais ce n’est pas là où je veux en venir : les auteurs semblent s’être passé la plume pour écrire une Histoire fluide et cohérente, ce qui est plaisant à lire.
Car oui, j’ai trouvé cette histoire généralement plaisante à lire, bien que la lecture de certaines nouvelles soit parfois un peu longue. Mais ce point particulier relève de mon avis personnel et n’est pas généralisable !
~ En Bref ~
La lecture de Wild Cards a été un moment agréable. Malgré des longueurs dans certaines nouvelles, j’ai plutôt apprécié cette lecture que je conseille aux personnes qui aiment les uchronies. Si vous voulez vous mesurer à un projet de grande ampleur et de plutôt bonne qualité, pourquoi ne pas vous plonger dans Wild Cards ?

Wild Cards.- Dirigé par G.R.R. Martin.- Ed. J’ai Lu

Les Contaminés


« Vous êtes jeune, adepte de sensations fortes et avez toujours rêvé d’une aventure à vous couper le souffle ?Bienvenue dans le nouveau jeu de téléréalité le plus stupéfiant de l’année. Débarqué sur l’oasis paradisiaque d’Isla Grande, vous pourrez profiter à souhait de sa végétation luxuriante et de ses paysages merveilleux en dormant à la belle étoile. Trois maîtres du jeu seront là pour vous accueillir et s’assurer que vous soyez mis dans le bain dès le départ. Deux équipes s’affronteront, la vôtre et celle des résidents de l’île… Attention, ici, tout est vrai ! Dans ce jeu, aucun artifice n’est utilisé, et nos caméras restent allumées 24 h sur 24 pour ne pas risquer de perdre un seul instant.»


Pitch intéressant, n’est-il pas ? L’auteur nous propose un mélange entre Battle Royale et The Walking dead, ou toute autre série de zombies. Rien de bien neuf, me direz-vous. Et si je vous répondais que le tout est en fait une télé-réalité ?

C’est en effet à ce genre d’horreur malsaine et dénuée de morale que l’on a affaire. L’ambiance de ce roman est franchement glauque, et cette sensation ira crescendo pour atteindre son paroxysme sur cette fameuse île où chaque détail est là pour vous y plonger un peu plus.

L’écriture simple, efficace et facile à suivre dévoile crûment toute l’horreur de la situation. Le récit est dans la même veine : descriptions et narration sont quasi-cinématographiques. C’est simple : on plonge dans le livre pour se retrouver partie intégrante de l’histoire, et ce malgré la barrière des pages. De plus, les chapitres sont courts, ce les fait ressembler à des séquences cinématographiques.

L’auteur mélange les genres dans son roman. Si l’intrigue principale appartient clairement au genre de l’horreur, on peut également y déceler des traces de thriller dans l’enquête menée par le lieutenant Moreno. Mais la comparaison avec le cinéma s’arrête là : l’auteur mélange les genres, mais il ne tombe pas non plus dans les clichés que l’on ne voit que trop souvent : le bon flic qui se fait bêtement assassiner parce qu’il en sait trop, ou bien la jeune fille bien trop dénuée de bon sens (restons polis) pour survivre plus de deux minutes sur cette île sans être la proie des zombies.

Les personnages justement (quelle transition!) sont bien travaillés. Ils nous montrent diverses facettes de l’esprit humain et ses réactions face à un pareil danger. Bien entendu, tout cela est imaginé, mais ici on ne peut que souligner l’importance accordée par l’auteur à ses personnages qui possèdent chacun une personnalité et des réactions qui leur sont propres. J’ai eu une petite préférence pour le personnage de Laalia dont j’ai apprécié les réactions. La jeune fille est certes poussée par la peur, mais également par un instinct de survie que j’aimerais posséder. De plus, on voit Laalia mûrir au fil du textes, mais aussi s’affirmer au fil des pages.

~ En Bref ~
Vous plongerez facilement dans cette histoire et vous ne pourrez vous empêcher de vivre les aventures et de ressentir les émotions pour le moins poignantes des personnages. Plus d’une fois par exemple, j’ai redouté de retrouver Laalia morte.

Si vous voulez vous laisser emporter dans une aventure qui ne vous laissera pas de marbre, lisez vite Les Contaminés ! 

Les contaminés.– Yves-Marie Laurent.- Ed. Scrinéo

Skin Trade


Il fût un temps où cette ville était au centre du monde.

Un temps où sa puissance se nourrissait du sang et du fer. Mais aujourd’hui elle n’est plus que rouille et elle attend la ruine. C’est un territoire parfait pour Willie Flambeaux et Randi Wade. Lui est agent de recouvrement, elle, détective. Mais lorsqu’une série de meurtres particulièrement atroces ensanglante cette ville qu’ils croyaient si bien connaître, ce n’est plus dans dans le labyrinthe des rues qu’ils auront à mener l’enquête, mais dans les recoins les plus sombres de leurs propres passés.
Là où se cachent leurs plus grandes peurs.


J’ai découvert cet auteur comme beaucoup d’entre vous, par Le Trône de fer. Je savais qu’il avait écrit plusieurs récits en dehors de la fameuse saga fantasy, mais je n’avais encore jamais eu l’occasion d’en expérimenter par moi-même. Mais c’est chose faite avec Skin Trade

Ce petit roman se lit très vite, mais ce n’est pas uniquement parce qu’il ne fait que 155 pages. Je dois l’avouer, j’ai lu ce roman pratiquement du début à la fin d’une traite. Une fois que l’on a plongé dans cette histoire, il est difficile de s’en extirper, un peu comme lorsqu’on lit Le Trône de fer

George Martin possède une écriture efficace. Il va directement à l’essentiel et cette histoire n’en a que plus de puissance pour moi. L’histoire quant à elle est bien construite, mais il y a pour moi un petit bémol : la fin me semble un peu trop abrupte et étrange. Elle aurait largement mérité d’être développée. C’est presque comme si l’auteur avait voulu laisser une porte ouverte à ce récit pour le reprendre dans une suite ultérieure… Qui sait ? 

L’intrigue propose un mythe du loup-garou revisité. George Martin ne s’embarrasse pas de personnages à l’histoire construite jusque dans ses moindres détails et ne nous dévoile que ceux qui nous permettent de mieux comprendre l’histoire. Cette version de la lycanthropie en tant que maladie semblerait presque plausible, et le registre fantastique qui s’insinue petit à petit dans l’histoire y est pour beaucoup. 

L’auteur nous plonge dans une époque indéterminée, entre la fin du XIXe siècle et les années 1950 pour moi, et dans une intrigue qui nous entraîne de plus en plus profondément dans cette ville mystérieuse peuplée par de non-moins mystérieuses créatures…

~ En Bref ~

Je conseille cette lecture qui m’a emportée avec elle dans cet univers au final fascinant. G.R.R. Martin possède ce talent pour nous plonger dans son récit sans même qu’on s’en aperçoive, pour mon plus grand plaisir !

Skin Trade.- G.R.R. Martin.- Ed. J’ai lu

Shanoé


Louise n’est pas une petite fille comme les autres.
Electro-sensible, sa condition la rend allergique à toutes les ondes électromagnétiques. Pas d’internet, pas de téléphone, de télévision, ni même d’ascenseur… Louise est condamnée à vivre loin de toute la modernité de notre époque.Pour préserver sa santé et lui permettre de vivre une vie normale, son père Stan, agent littéraire, et sa mère peintre, décident de partir et d’acheter une propriété à la campagne où les ondes ne passent pas.
Mais le lieu qu’ils viennent d’investir n’est pas un lieu comme les autres, et le passé violent de cet endroit ne va pas tarder à refaire surface… À mesure que Stan plonge dans l’histoire du château, le comportement de sa fille se fait de plus en plus étrange, et il ne sait que penser : Est-ce la manifestation de forces surnaturelles, ou la preuve que son enfant sombre lentement dans la folie ?


Le pitch est vraiment tentant, n’est-ce pas ? Et l’intrigue du roman vous plongera réellement au cœur de ce mystère par le biais de la narration, mais aussi de la double lecture proposée par l’histoire écrite par Louise. L’histoire est bien écrite, et le rythme allant crescendo vers le fantastique favorise une immersion aisée du lecteur.

La mise en parallèle de deux récits qui finissent par se superposer confère à l’histoire une saveur d’irréalité que j’ai personnellement apprécié. J’ai néanmoins trouvé la fin un peu rapide, ce qui est dommage car l’histoire aurait pu être un peu plus développés dans des détails que j’ai trouvé intéressant mais qui ont été laissés de côté. J’aurais par exemple aimé lire un récit plus long concernant les bohémiens.

Le thème de fond de cette histoire est intéressant et traite d’un problème méconnu mais au final de plus en plus récurrent dans nos sociétés surconnectées : l’électrohypersensibilité. Cela m’a porté à réfléchir sur la nécessité de se déconnecter de temps en temps. Vous serez touchés par le sort de cette petite fille qui souffre d’un mal dont ses parents ne comprennent la cause que bien plus tard.

Cette jeune fille, Louise, est un personnage bien campé. L’auteur évoque donc son passé douloureux dans un monde baigné par les ondes. Le personnage reste pour moi mystérieux jusqu’à la fin. Je n’ai pas pu m’empêcher de voir en elle une adolescente de quatorze ou quinze ans alors qu’elle n’en a que douze. Ce flou ne m’a pas gêné outre mesure, mais le récit aurait eu certainement plus d’impact si Louise avait eu le même âge que la jeune gitane de son récit. J’aurais aimé pouvoir faire l’amalgame plus facilement… Les autres personnages sont quant à eux ébauchés sur le plan physiques, et ne sont psychologiquement décrits que dans leurs rapports avec Louise. Encore une fois, les parents auraient mérité plus d’attention dans leur construction. Rien de bien grave cela dit.

~ En Bref ~

Sans un être un chef-d’œuvre de la littérature fantastique, Shanoé est un roman qui se lit vraiment très bien, et propose une histoire agréable à lire. Les couacs relevés font que ce roman n’est pas pour moi un coup de cœur, mais je garderai un très bon souvenir de cette lecture !

Shanoé.- Lorris Murrail.- Ed. Scrinéo