Les lumières de Haven


Alors qu’ils préparent le bac, cinq adolescents sont projetés dans l’univers merveilleux de Haven, un monde parallèle volontairement bloqué au XVIIIe siècle. Old Jack, l’Intendant règne en despote éclairé sur ce havre de Paix…
Mais un personnage mystérieux menace de révéler un secret millénaire qui pourrait faire exploser ce fragile équilibre et transformer ce paradis en enfer de guerre, de feu, de sang…
Que peuvent faire les cinq Arrivants pour éviter ce cataclysme ? Quelles créatures terribles devront-ils affronter ? Quel mystère entoure la disparition des premiers habitants légendaires de Haven ?


Résumé alléchant n’est-il pas, ami lecteur ? Le début du roman alterne entre plusieurs scènes relatant la vie de lycéens aux quatre coins de la France, tous amis. Un début intriguant, me direz-vous. Où est l’imaginaire, le monde utopique promis dans la quatrième de couverture ?
Il arrive dès le second chapitre qui enclenche une action qui restera rapide et rythmée tout au long de l’histoire. Car une chose est sûre, on ne s’ennuie pas dans Les Lumières de Haven. Chaque page recèle une nouvelle aventure dans la vie des Arrivants.
Le monde que nous décrit l’auteur est riche, et son histoire mêlant mythologie et faits réels est complexe et plausible. Les anges font écho à nos dragons et autres fées de nos propres légendes. Sans s’y calquer à 100 %, il se rapproche du XVIIIeme siècle français par le raffinement de la cour et des coutumes du peuple Havenien.
La plume de Pauline Bock est sûre et ne souffre d’aucune hésitation dans le vocabulaire et j’ai eu la joie de constater que le niveau était à la fois égal et élevé tant dans les descriptions que dans les dialogues.
Comme rien ne peut être parfait, je déplore que les derniers chapitres soient un peu faibles. J’aurais aimé qu’ils soient un peu développés. J’ai en effet eu une double-impression de « cheveu sur la soupe » et de frustration. Mais la toute fin reste très touchante malgré tout ! Un autre souci tient aux personnages. Certains peuvent se montrer parfois très irritants, et mériteraient une bonne paire de claques. Mais c’est un avis très personnel sur ce point je le reconnais.
C’est une toute jeune auteur qui signe ce roman très prometteur. Pauline Bock est en effet âgée de 20 ans, et c’est sa passion pour la littérature et la période des Lumières qui lui a inspiré ce très bon roman. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup apprécié cette lecture et je la recommande bien volontiers.

Les Lumières de Haven.- Pauline Bock.- Ed Scrinéo.- 2013

La geste d’Alban, T1, L’enfant monstre



Les Maljours s’achèvent à peine, la lumière caresse timidement les terres d’Oc blessées par le cataclysme. Les hommes luttent contre les Malebestes en un combat sans merci. C’est en cet âge sombre que naît Alban, un enfant difforme, touché par le souffle maudit de la Brèche du Diable. Rejeté par les siens après la mort de son père, il va, toujours masqué pour dissimuler son visage aux autres hommes…
Alban deviendra pourtant le plus fameux des Traquebestes de son temps, un héros dont le nom restera, dans tous les cœurs, synonyme de courage et de vaillance. Dans son périple émaillé d’épreuves terribles, de violence et de merveilles, il rencontrera l’amitié et peut être l’amour, la trahison et le vrai visage du mal qui se répand sur les Terres d’Oc, pour enfin trouver son combat et tailler sa place en ce monde.


Quel beau récit que cette première partie de la Geste d’Alban, aussi nommé le lion blanc dont la légende est sûrement parvenue à vos oreilles par quelque talentueux conteur. Laissez-vous bercer par son récit et emmener en Occitania, l’actuel sud-ouest de la France à l’époque médiévale. C’est un monde rude de montagnes et de plaines battues par les vents que nous dépeint l’auteur avec une plume aussi précise qu’envoûtante. Lisez les pages de cette geste et vous serez envahis de sensations diverses mais toujours prenantes.
Préparez-vous à tressaillir, à goûter aux injustices et aux pires agissements dont peut être capable l’espèce humaine ! Car au-delà d’un récit fantastique, c’est bien une réflexion sur les différences humaines que nous offre l’auteur. La façon dont Alban est traité à cause de difformités dues à la Brèche fera sûrement réfléchir plus d’un lecteur sur le fait de juger à partir des apparences. Une belle leçon qui montre que le jugement basé sur les apparences et les superstitions mène rarement à la vérité et la sagesse.
En plus des très belles descriptions, la tonalité de l’écrit totalement inspirée du parler médiéval immerge totalement le lecteur dans cette époque aux sombres croyances. De quoi ressortir totalement dépaysé de cette lecture.

Un mot d’ordre donc : un réalisme immersif assez poussé. Les personnages, par exemple, sont tellement réalistes qu’aucun d’entre eux ne vous laissera indifférent, qu’ils brillent par leur inhumanité ou par la complexité de leur esprit.
~ En bref ~
La Geste d’Alban est un roman fantasy qui mérite d’être lu. Il recèle plein de surprises ainsi qu’une merveilleuse histoire dans un monde rude empli de malebestes qui n’est pas sans rappeler l’univers des Ombres d’Esteren…

La geste d’Alban, T1, L’enfant monstre.- Jean-Luc Marcastel.- Ed Matagot.- 2012

Du choix des livres


Il est rarement un choix aussi difficile que celui-ci. Toute une palette de choix s’offre à nous lorsqu’on se trouve devant elle ! Comment faire, me direz-vous ? Écouter son instinct ? Son cœur ou son envie du moment ? Tenir compte des devoirs et des impératifs ?


Vous l’aurez deviné, je parle bien sûr du choix des livres ! Ce n’est pas l’angoisse de la page blanche qui nous occupe ici mais plutôt l’angoisse de la dernière ligne ! Alors que l’on se croyait sauvé pour un bon moment avec un bon gros pavé, celui-ci a eu la malice de nous absorber à tel point que l’on arrive à sa dernière page sans s’en rendre compte.
Tout le monde, selon son goût, son humeur ou même ses occupations actuelles a plusieurs manières de choisir ses livres. Je me propose donc de vous les détailler. ATTENTION, ce ne sont que des propositions subjectives qui n’engagent que moi !
1) Le conseil
D’un ami, d’un libraire, pioché sur un blog ou un forum… Nos plus belles lectures proviennent parfois de quelqu’un ! Quand la personne l’a bien conseillé, il s’agit du livre qu’on s’est procuré le plus rapidement possible, un livre qui ne restera pas longtemps sur son étagère non-lu. Je ne peux bien sûr pas vous assurer que la lecture sera bonne pour autant, mais qui ne tente rien n’a rien dit le proverbe !
Et puis si on vous l’a conseillé, c’est sûrement en connaissance de cause alors laissez-vous aller !
2) Le coup de cœur
C’est LE livre qu’on a croisé par hasard et dont on a adoré le résumé et les quelques pages lues, le livre pour lequel on abandonnera nos lectures en cours sans hésitation. Tout ce qu’on espère est qu’il nous plaise jusqu’au bout, et que l’intrigue ne s’essouffle pas arrivé au bout d’un certain temps.
Je vous avoue que lorsqu’un livre de ce genre fait son apparition, je n’hésite pas à en lire deux en même temps ! L’alternance des lectures c’est la vie ! (en plus du gras)
3) La lecture-nécessité
Pour les cours, le travail ou simplement car la date du prêt arrive à échéance, il FAUT que vous le lisiez. Certes, le plaisir peut être moins grand quand la lecture est « forcée », mais le tout est d’y trouver soi même de bonnes raisons qui feront renaître ce plaisir de la lecture. OK, ça fait un peu mantra de prêtre-guerrier, mais ça a marché pour un de mes cours que je n’appréciais pas trop au début du semestre…
4) La lecture alors qu’on a un autre livre qu’on devrait lire absolument
Et pourtant, il faudrait le lire, ce livre ! Il poireaute depuis tellement longtemps sur sa bibliothèque (ou dans la pile, selon la manière dont vous rangez votre PAL) que vous avez presque l’impression qu’il vous lance des signaux de détresse quand vous choisissez votre lecture.
Il vous tente… Mais il lui manque de petit quelque chose pour faire pencher votre cœur en sa faveur. Un autre jour, les livres sont patients !
5) Ces beaux-livres qui nous tentent toujours
Ils sont là, rangés sagement sur leur étagère spéciale, à exhiber leurs belles couvertures. Il arrive que j’en prenne un et que je me pose pour les feuilleter. Je lis quelques pages, puis je le repose. Pour faire durer le plaisir et profiter des moindres détails de ces œuvres mêlant souvent textes et magnifiques images !
6) Les lectures sur un coup de tête
Il ne vous est jamais arrivé, en pleine lecture d’un livre passionnant, de penser à un autre roman que vous avez soudain une énorme envie de lire ? A priori, aucun rapport entre les deux livres, mais l’envie d’en savoir plus vous poussera à le terminer. Étrange, non ?
Vous l’aurez compris, il peut être compliqué pour moi de trouver un livre quand je n’ai pas de « coup de cœur » à lire absolument ! Mais je suis sûre que je ne suis pas la seule à être confrontée à ce petit dilemme !
Quelle est votre manière de choisir vos lectures ?

La fille d’Hécate, T1, la voie de la sorcière


Maëlys, une jeune femme étudiante en psychologie, devient le cobaye d’une étrange expérience menée par Alex, un beau jeune homme. Son but : prouver que la télépathie existe.
L’expérience la chamboule au-delà de tout soupçon et dévoile en elle des pouvoirs de sorcière. Sceptique d’abord, elle prend la décision de les développer, aidée de Dorine, sa nouvelle amie. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu : une menace plane sur la vie de Maëlys…

La voie de la sorcière ouvre une trilogie mêlant fantastique, sorcellerie et thriller. La romance y est présente sans pour autant prendre une place trop importante dans l’histoire. Le personnage principal, Maëlys, est une jeune femme pleine de vie mais tourmentée et plus âgée que la plupart des héroïnes de romans que l’on peut rencontrer de nos jours.
Peut-être un peu trop « jeune » d’esprit peut-être…
Les descriptions sont quant à elles présentes sans être trop étouffantes. Claires et concises, elles auraient peut-être pu être développées à certains moments, notamment lors des rituels magiques qui auraient mérité une explication, historique par exemple, intégrée au récit.
Les ambiances, bien que différentes, s’enchaînent de manière fluide. Toutes bien décrites, elles plongent le lecteur dans plusieurs mondes et l’emmènent à travers l’horreur, la féerie, et l’angoisse. Du bon travail de la part de Cécile Guillot qui a su mêler plusieurs genres en un seul – et trop court – roman.

La voie de la sorcière est rapide à lire : pas plus de deux jours. Il faut dire que la magie est instillée avec finesse dans une histoire qui en est a priori exempte. Le roman présente une branche assez célèbre mais finalement peu connue de la magie : la wicca. Il s’agit d’une pratique visant à vivre en accord avec les forces de la natures et à être en accord avec soi-même.
Je suis curieuse de lire la suite des aventures de notre sorcière novice. La Fille d’Hécate est une histoire qui donne envie d’avoir des pouvoirs magiques.
Plusieurs rites y sont développés… Pour en savoir plus, je vous invite à lire le tome 1 de la Fille d’Hécate !

La fille d’Hécate, T1, la voie de la sorcière.- Cécile Guillot.- Ed du Chat Noir

Magma


Sur Orkrün, Kon et noK règnent en maître et on fait disparaître la nuit. Pire, ils grossissent et transforment la planète en un désert immense, annonçant sa destruction prochaine. Alors que la vie dans le désert est dangereuse, deux guerriers, uniques rescapés de leur tribu, se voient confier une mission d’un genre un peu particulier : sauver le monde. Mais pour ça, ils vont devoir trouver des compagnons, et affronter les terribles dangers du désert. Seront-ils à la hauteur de cette mission ?


Ce qui attire tout de suite dans Magma, c’est l’originalité du monde dans le vaste milieu de la fantasy française. Si on connaît des mondes rudes où la vie est difficile, on en rencontre moins à ce point de déchéance. C’est ce qui fait certainement l’une des forces de ce livre : le rythme narratif est accéléré par la menace de fin et par la brièveté du roman.
Mais la brièveté de Magma constitue également son principal point faible : l’action aurait amplement mérité d’être beaucoup plus développée, et je suis ressortie de ma lecture avec un sentiment de frustration sur ce point. Le début du récit est rythmé comme tout autre, avec des actions ponctuelles plutôt bien décrites. Mais tout s’accélère à la fin et se résout un peu à la manière d’un  »Deux ex machina ». Dommage.
Les descriptions font ressortir la rudesse de cet univers malgré tout riche en vie. De nombreuses entités réussissent en effet à survivre dans ce désert a priori inhospitalier. C’est la diversité de ces entités ainsi que leurs descriptions qui donnent envie de connaître un peu plus cet univers si particulier et si instable.
Pas de créatures comme les elfes, ou les dragons, mais tout un bestiaire animal est développé dans l’histoire. C’est un savant mélange entre des éléments connus et une totale nouveauté qui crée l’originalité de ce bestiaire. Les humains ne sont pas en reste. C’est tout un panel de caractères au final très réaliste que nous offre Pierre Brulhet.
Qu’ils soient attachants, énervants voire carrément répugnants, aucun personnage ne pourra vous laisser totalement indifférent. Chacun comporte son lot de forces et de faiblesses comme tout un chacun. Ce sont les dialogues entre les personnages qui créent le point faible de l’histoire. Comme l’action, ils auraient mérité d’être développés.
Terminons sur une bonne note en parlant de la toute fin de l’histoire qui est à la fois prenante et très poétique. C’est le récit d’un sacrifice, et l’auteur offre à son lecteur une réflexion tout en finesse et en beauté sur l’importance de la nature et la nécessité de la sauvegarder.
Depuis le temps que j’ai entendu parler de ce livre, je suis contente de l’avoir enfin lu, et il me laisse une assez bonne impression ! Merci aux éditions Juste Pour Lire pour ce cadeau.
Magma.- Pierre Brulhet.- Ed. Juste pour Lire.- 2012

La Dernière Terre, T1, L’Enfant Merehdian

Un immense mur de pierre protège la dernière terre et sa capitale Tileh Agrevina des Brumes où les âmes des morts errent. Dans cette cité, le jeune Cahir apprend à vivre avec ses différences. Jeune garçon au passé nébuleux, pupille d’un Haut-Garde inapte à tout sentiment, il appartient à une population rejetée, les Giddires. Mais il brave les idées reçues et réussit à faire sa place dans la garde Agrevine. Lorsqu’un jour, alors qu’il se trouve en poste sur le Rempart, un incident effroyable se produit. Une énorme bête apparaît, ayant de toute évidence réussi à s’extraire des Brumes jusque-là. Blessé à mort, Cahir a néanmoins réussi à sauver Ghent, l’un des rares Agrevins à lui accorder une amitié, toute relative soit-elle.
Mais cet incident s’auréole de mystère lors de la convalescence de notre jeune héros. Quels étranges évènements entourent le passé du jeune Giddire ?


Ce qui interpelle le plus lors de la lecture des toutes premières pages de ce roman est la minutie et la beauté des descriptions que dresse l’auteur tout au long de son roman. Chaque détail, qu’il appartienne aux paysages, aux personnages ou aux actions, est soigneusement étudié et retranscrit. Cette impression de réalisme provient sans doute de l’autre talent de l’auteur, le dessin, que l’on retrouve d’ailleurs dans ses réalisations.
Ainsi, les paysages que la plume de l’auteur dessine sont tellement beaux que le lecteur plongé dans cette histoire pourra ressentir le froid mordant des montagnes ou les odeurs si particulières de la ville.
Les personnages semblent eux-aussi des plus réels. Leur bagage culturel et leur passé sont très développés, ce qui permet un rapprochement avec le lecteur et peut-être une identification à certains traits caractéristiques des personnages.
J’ai simplement regretté de petites longueurs dans l’histoire et des péripéties trop peu présentes. Les actions distillées surtout à la fin du premier tome font que l’on a hâte de lire le tome 2 pour connaître la suite. 🙂
Pas de dragons, ni d’elfes, mais tout un tas d’étranges évènements se mettant doucement en place dans l’histoire. Je suis curieuse de voir ce que donneront les cinq prochains tomes…
J’ai particulièrement apprécié le message humaniste caché derrière cette histoire. L’importance d’aller au-delà des apparences, apprendre à connaître les personnes malgré les rumeurs et les préjugés pouvant le entourer. Un message que tout le monde a déjà entendu, mais qu’il est toujours bon de rappeler, malheureusement.
J’ai également apprécié la présence d’un glossaire à la fin du livre permettant de mieux saisir les subtilités de ce monde nouveau. J’ai toujours trouvé énervant l’absence d’explications claires quant à certains termes dans des roman fantasy. Un autre bon point pour La Dernière Terre.
Le mot de la fin ira pour le mini art-book à propos de l’univers de La dernière terre qui regroupe les dessins d’auteurs venant d’horizons différents. J’ai bien sûr mes images favorites, mais j’aime beaucoup cet ajout au roman !
En bref
Une bonne histoire, certes un peu longue à se mettre en route. Un monde bien rude où de nombreux mystères rôdent par-delà les remparts. Que cachent les Brumes ?
L’Enfant Merehdian semble marquer le début d’une série de romans que j’espère atypiques et toujours plus immersifs.

La Dernière Terre, T1, L’Enfant Merehdian.- Magali Villeneuve.- Editions de l’Homme Sans Nom, 2012

Interview : Vanessa Terral



Auteur(e) d’un roman urban-fantasy et d’un recueil de nouvelles auto-publié, Vanessa Terral a accepté avec plaisir de répondre à quelques questions pour votre plus grand plaisir 🙂
Aucun auteur n’a été maltraité durant cette interview, c’est promis !



1 – Ton entourage t’inspire-t-il lorsque tu écris ?

J’essaie autant que possible de les épargner ! Toutefois, je dois reconnaître qu’il m’arrive de glisser une expression ou un tic d’une personne de ma connaissance dans mes personnages. Pour une série de romans encore en lointain projet, l’inspiration est plus directe car j’ai puisé dans mes proches des archétypes qu’ils incarnent à mes yeux pour former la structure de base de protagonistes.
En revanche, pour ce qui est du monde qui m’entoure – de mon « entourage » au sens d’environnement –, alors là, j’y plonge les mains jusqu’aux épaules !
Je trouve parfois des rebondissements ou des résolutions de nœuds scénaristiques en discutant avec mon compagnon ou des amis, aussi.
2 – Quels sont tes auteurs favoris ?

Neil Gaiman, pour m’avoir initiée à l’urban fantasy et aux villes réelles hantées par les êtres mythiques – même si j’avais déjà lu du Zelazny. Patricia Briggs et Kate Daniels, pour m’avoir montré que ce qu’on nomme en France « bit-lit » pouvait me plaire, et pas qu’un peu ! H. P. Lovecraft, mais aussi E. A. Poe, Baudelaire, voire Lautréamont pour toute une esthétique et des thématiques qui mêlent le verbe, le symbole, l’horreur et le morbide dans une beauté insane. Pour rester sur les poètes français, j’adore les premiers recueils de Paul Verlaine et ses textes à la fois simples, presque enfantins, et envoûtants par leurs images et leurs mélodies.
Autrement, Li-Cam, Jacques Fuentealba, Sophie Dabat et Anthony Boulanger, parce que leur écriture et leurs récits font très souvent mouche. Nathalie Dau, en raison de sa passion pour les mythologies et les légendes, et de la poésie qui se dégage de ses textes – poésie dont on s’enivre également chez Pierre Dubois, notre grand elficologue, que je respecte énormément et dont j’admire le travail, qui m’est une source d’inspiration sans fin. J’apprécie aussi les histoires de Cécile Guillot et Ambre Dubois, avec qui j’ai fait plus ample connaissance grâce aux Enfants de Walpurgis et aux éditions du Chat noir. Sinon, en ce moment, j’explore Ursula Le Guin et ce que je découvre me plaît beaucoup !
3 – Combien de temps consacres-tu à l’écriture quotidiennement ?

Cela dépend si je suis dans une période « à texte » ou non. Lorsque je suis en recherche d’emploi, je peux passer quatre heures par jour à écrire, voire davantage si l’inspiration et là. À l’inverse, il arrive que je n’écrive pas une ligne de fiction durant deux, trois mois. En général, lorsque je travaille et que, dans le même temps, je suis sur un projet d’écriture qui me motive, j’écris quatre heures par week-end et l’équivalent durant la semaine.
4 – Qu’est-ce qui t’aide à développer ton imagination ?

Lire d’autres auteurs – autant en romans qu’en BD (comics, mangas…) ou que des essais –, regarder des séries, des films, écouter des groupes et des chanteurs. M’enrichir de la poésie d’autrui, mais aussi de celle des paysages, afin d’y trouver un écho dans ma propre psyché. L’histoire m’inspire également, la petite Histoire, celle des lieux aux événements étranges, à cheval entre ce que l’on nomme « réalité » et les légendes urbaines ou du terroir. Repérer des assonances entre des mythologies et des systèmes de croyance me plaît bien et j’aime donner vie à ces « toiles d’araignée » de sens.
5 – Pourrais-tu résumer ton style littéraire en un mot ?

Sensitif.
6 – Comment est née ta passion pour l’imaginaire ?

Par les histoires que me racontaient ma mère et ma grand-mère avant que je m’endorme. De là ont découlé ma passion pour la lecture, ma curiosité pour les contes, les légendes et ces récits que j’ignorais encore être des mythes.
7 – As-tu trouvé ton propre style ou est-il inspiré de plusieurs auteurs que tu aimes ?

Des auteurs ont débloqué chez moi certaines approches. Ils m’ont donné des clefs vers mon propre style. Toutefois, je ne crois pas que je m’inspire sciemment d’eux. J’essaie plutôt de trouver ma propre musique et, si je m’en suis approchée ces dernières années, je n’ai pas achevé le voyage.
8 – Quel est ton personnage préféré tous genres littéraires confondus ?

Le premier qui me vient à l’esprit est Sherlock Holmes. D’autres m’apparaissent : Long John Silver, Viviane… Mais je ne peux pas dire qu’il existe un personnage dont je sois une fan inconditionnelle.
9 – Un rêve littéraire ?

Un « rêve », nous sommes bien d’accord ?  😉
Je souhaiterais que toutes les personnes à qui mes histoires peuvent apporter quelque chose, ou qui seraient simplement touchées par elles, puissent les lire.
De manière plus prosaïque, j’aimerais pouvoir me consacrer à l’écriture sans m’inquiéter de faire bouillir ma marmite. Mais il s’agit d’un rêve partagé par de nombreux auteurs, je ne suis pas très originale pour le coup !
10 – Quels sont tes projets pour la suite ?

En ce moment, je travaille sur un nouveau roman one-shot, de la fantasyurbaine qui se déroule à Paris. On y rencontre des êtres féeriques, des créatures tout droit sorties des légendes et des mythes – comme une vouivre, un kitsuneou encore un oiseau-tonnerre – et cet humain de héros coincé au milieu.
À partir de fin janvier, peut-être début février, je commencerai l’écriture d’une novella bit-lit qui tourne autour d’une jeune femme tout juste transformée en vampire et de la chamane qui l’a « achetée » à son créateur. Le récit, lui, se déroule à Toulouse.
Je ne perds pas espoir de trouver le temps d’envoyer un petit quelque chose pour les appels à textes des éditions Argemmios, sur les mythes du Croissant fertile et sur Jack l’Éventreur.
Et, après tout cela, je terminerai mon recueil des aventures d’Hélianthe Palisède, consultante en affaires occultes et descendante de fée.

Bref, je ne chômerai pas en 2013 !

Entretien avec un vampire


Une petite chambre sombre, la nuit tombée. Un jeune journaliste se tient dans un fauteuil et attend avec impatience un récit qui, il est loin de s’en douter, va changer sa vision du monde. Car celui qu’il interroge s’appelle Louis et est âgé de plus de deux-cent ans, un vampire. 
Il va lui narrer son existence nocturne, à défaut de raconter sa vie : sa rencontre avec Lestat, puis ses nombreux voyages et toujours ce mal-être qui l’habite toujours. 
Ami lecteur, es-tu prêt à plonger dans une existence sombre et tumultueuse mêlant faste et décadence ?


Anne Rice. Pour beaucoup, ce nom de signifie pas grand chose. Mais ce titre, Entretien avec un vampire, est bien connu ! L’auteur est connue pour ses célèbres Chroniques des vampires, avec notamment Lestat le vampire et la Reine des Damnés.

Le début d’Entretien est pour le moins surprenant. Alors que l’on s’attend à être plongé immédiatement dans la vie du héros, on se retrouve in medias res dans une conversation entre ledit vampire (ouf, déjà ça !) et un jeune homme. Mais tout est très vite expliqué, et les quelques pages de cette sorte de « prologue » sont bien vites avalées.

Car ce roman se lit très vite, tant les aventures de Louis et Lestat sont hautes en couleur et picaresques. Nous les suivons dans leurs voyages à travers les pays et les époques et sommes les témoins de leur capacité d’adaptation aux coutumes et habitudes vestimentaires du lieu et de l’époque. 

Le récit se déroule en grande partie au XIXe siècle, ce qui mène l’histoire à aborder plusieurs détails historiques, ce qui renforce son réalisme. Encore un point positif.

L’auteur dresse de fins portraits psychologiques de ses personnages, qui à la fois se complètent et se révèlent les exactes opposés. De plus, chaque vampire dispose d’une vision personnelle de la vie éternelle, ce qui m’a paru extrêmement intéressant à lire. Elle a de plus réussi à ne pas rendre ses personnages trop humains, en leur insufflant quelques traits de caractères (souvent légers), ne laissant que peu de doutes à ce sujet.
Les amateurs d’histoire de vampires brillant au soleil, ou sexy au plus haut point seront déçus ! Entretien avec un vampire s’inscrit dans la droite lignée de la littérature vampirique « classique » qu’elle renouvelle tout de même. 

Une très bonne lecture que je conseille vivement, que vous ayez vu le film ou non !

Entretien avec un vampire.- Anne Rice.- Ed Fleuve Noir (réédité chez Plon)

Le bord du monde – Livre 1


Aplecraft était un personnage reconnu grâce à sa magie du chant. Trouvère pour la fille du roi d’Oniriad, sa cité, il mène la belle vie. Tout bascule le jour où il tombe amoureux d’une des suivantes de la princesse. Rien de grave au premier abord, mais il s’agit en fait d’une double erreur. La première : la suivante en question est une solaire, et l’amour entre humains et solaires est prohibé. Mais c’est la seconde qui sera fatale. La princesse, qui l’aimait en secret, découvre la liaison que son trouvère n’a pas encore consommé et, aveuglée par la jalousie et la haine, les fait condamner à mort.
Trahi, découragé, abandonné par son aimée qui s’est suicidée, Aplecraft se prépare à mourir. Quand un homme étrange croisé par hasard dans la rue quelques jours plus tôt vient lui proposer un étrange marché : lui apprendre sa magie des mots et l’accompagner dans périlleux voyage au pays obscur, où la nuit règne en maîtresse absolue.
Que va trouver Aplecraft là-bas, et surtout va-t-il revenir sauf pour accomplir la vengeance comme il se l’est juré ?

Fantasy, récit initiatique, aventure et suspens, Le Bord du monde contient tout ces éléments. Étant donné la pile de livres qu’il me restait à lire, j’ai été tentée de le laisser un peu de côté. Mais j’ai finalement décidé de commencer celui-ci. Grand bien m’en a pris ! J’ai rarement vu un récit aussi rapide à lire.
Des chapitres un peu longs certes, mais la narration et les aventures vues par les yeux du héros semblent les raccourcir. Les descriptions et les dialogues s’alternent sans déséquilibre d’un côté ou de l’autre.

Le langage que les personnages emploient donne une tonalité médiévale à l’histoire qui n’est pas sans laisser indifférent. Ces touches subtiles présentes également dans les descriptions faites par le personnage à son auditeur (pourquoi pas le lecteur ?) font de ce roman une invitation au voyage que l’on serait heureux de faire, nonobstant les risques présents dans le Monde Obscur.
Je pense que l’on peut reconnaître ici un « trait de plume » de l’auteur : sa capacité à faire voyager le lecteur, à lui donner envie de suivre ses personnages malgré tous les dangers encourus.
Fabrice Anfosso propose dans ce roman un panel de personnages dont les caractères sont aussi divers que leur apparence. A l’image de nombreuses compagnies, celle-ci se compose d’une drague (une magicienne), un solaire archer, un demi-loup guerrier, un montorin et bien sûr le chef de leur clan, le Scientifique Théodulf.
C’est par ce personnage que prend place selon moi le thème central de ce roman, la véritable réflexion que l’auteur nous propose : jusqu’où peut-on croire ses convictions, alors que maintes preuves de ses paradoxes abondent sous nos yeux ?
 J’ai aimé Le Chemin des fées, un autre roman de Fabrice Anfosso. Et j’ai adoré Le Bord du monde.

Le bord du monde – Livre 1.- Fabrice Anfosso.- Ed. Lokomodo.- 2012

La somme des rêves


Les Mages Bleus, servants de l’Equilibre, ont été décimés, mais l’un des leurs a survécu au prix de son honneur, motivé par le besoin impérieux de transmettre la vie.
Le jeune Cerdric, né bréon de la noble famille Tirbald, va, quant à lui, affronter une mère qui ne l’a pas désiré, un monde qui semble incapable de l’aimer.
Et si la solution à ses tourments résidait dans la Marche voisine, là où vit son mystérieux père, en exil ?
Mais au terme de son voyage, Cerdric recevra surtout le poids d’un secret terriblement lourd à porter : celui de la Somme des Rêves, une espérance de renouveau pour ceux qui refusent de s’incilner devant les dieux…



Je n’avais entendu que du bien de ce roman, et connaissant le talent d’écriture de Nathalie, je ne pouvais m’attendre qu’à un roman de qualité. Et je n’ai pas été déçue. Je suis allée de surprise en surprise en lisant cette histoire.
D’abord, la préface. Après l’avoir crue écrite par l’auteur elle-même puis par l’éditeur, j’ai découvert avec stupeur (et grand plaisir) la signature de Robin Hobb ! De quoi me conforter dans ma hâte d’en savoir plus sur cette histoire !
La somme des rêves commence avec la fuite éperdue d’un mage déchu. Pourquoi ? Une sorte d’Inquisition revisitée. S’en suit une toute autre histoire, les chroniques d’un certain Cerdric Asulen qui se révèle être le héros de l’histoire.
Fils sans père et d’une mère qui le hait, Cerdric se trouve confronté à de bien grands mystères. Élevé dans la superstition des Dieux et craignant les fées, il se retrouve confronté à son passé et à la folie que peut engendrer la foi, massacres, mensonges et autres abominations. Le lecteur pourra ainsi percer à jour les mystères de cette société régie par une hiérarchie religieuse très stricte.
Les paysages sont magnifiquement décrits, et leur magie et leur majesté transparaissent dans les lignes, de telle manière que le lecteur aura l’impression de parcourir l’immense forêt des fées ou les capitales humaines.
Chacun à leur manière, les personnages sont traversés par de nombreux sentiments qu’un jour nous avons tous ressenti, et leur intensité donne une intense impression de réalisme ainsi que toute leur tangibilité.
L’auteur a l’art de passer sur un quotidien pouvant être lourd et ne s’attarde que sur les évènements marquants de son existence. Suivre la vie du jeune Cerdric apparaît ainsi remplie de surprises et ces ellipses donnent plus de légèreté à l’histoire. Le rythme est ainsi soutenu et chaque chapitre comporte son lot de révélations et de rebondissements.
De la magie et de l’action, le tout en finesse. Nathalie Dau n’est pas tombée dans le travers de représenter des personnages bourrins et des magiciens à longue barbe grise.

En bref, La Somme des rêves est un roman plein de talent sans lourdeur ni longueur mais écrit avec beaucoup de poésie et de finesse. A conseiller aux amateurs du genre, Nathalie étant une auteure et surtout une conteuse de grand talent.

Un petit plus pour la superbe couverture de Mathieu Coudray 🙂
La somme des rêves.- Nathalie Dau.- Ed Asgard.- 2012