En espérant que tu ne m’oublies jamais

Et si comme ce vieil homme vous receviez un appel téléphonique passé il y a 70 ans ?

Et si comme Bénédicte vous trouviez sous un sapin de noël un dé mystérieux qui peut prédire l’avenir ?

Et si vous deveniez gardien de cimetière et que trois jours par an une rose était déposée sur une tombe datant du XVIe siècle…

Que choisiriez-vous ? Chercher des réponses… ou fuir ?

C’est l’auteur lui-même qui a tenu à m’envoyer un exemplaire de son livre, et je le remercie pour sa confiance. En espérant que tu ne m’oublies jamais est un petit recueil de nouvelles très rapide à lire, environ 230 pages. Il est composé de neuf nouvelles aux thèmes très différents mais dont la tonalité fantastique est plus ou moins fortement présente.
J’ai parlé de la rapidité de lecture. Elle n’est pas seulement due à la faible épaisseur du recueil. L’écriture est fluide et chaque texte se lit très facilement. Je passerai sur les petites maladresses dans la syntaxe et le style d’écriture car Yohann Larousse est un jeune auteur dont En espérant que tu ne m’oublies jamais est le premier recueil de nouvelles. Et je trouve qu’il ne se défend pas mal du tout.
L’auteur propose donc neuf histoires aux thématiques variées allant de la modification du futur à la romance par-delà la mort. Les personnages mis en scène sont banals, des monsieur et madame-tout-le-monde dans des situations de la vie de (presque) tous les jours. On pourrait très bien être à leur place, et c’est le décalage créé entre la situation de départ et celle à laquelle doivent faire face les protagonistes qui est attirante.
Le sens de l’intrigue est bien maîtrisé, et bien souvent il s’agit de dénouements touchants. Car ce recueil est vraiment touchant. L’auteur y a mis tout son talent et son enthousiasme, et on le ressent dans la lecture. Un lecteur attentif sera sensible à cela et ne ressortira pas indemne de cette lecture qui, sans vous changer la vie, vous la fera envisager un peu autrement.

~ En Bref ~
En espérant que tu ne m’oublies jamais est un premier recueil prometteur et je vous invite à le découvrir car il a été pour moi une bonne surprise.
En espérant que tu ne m’oublies jamais.- Yohann Larousse.- Ed. Prem’Edit.- 2013

Les Kerns de l’Oubli T2 – Les larmes du désert

« Et viendra l’Étranger. L’Espoir Éternel. Il ouvrira ses ailes, en phénix, et sous lui refleurira le désert. Il redonnera à Saham le souvenir de son âge d’or perdu. »
Ainsi commande l’Ararak. La prophétie fondatrice de l’ordre des Prêtres Noirs.
Mais qui es-tu, homme ? Toi, maudit par la Terre et les Dieux ? Toi dont le passé se fait le ciment de cette humanité ? Al Gahama, sauras-tu trouver la force d’ébranler la forteresse millénaire du mensonge, afin que jaillisse enfin… la Vérité ?
Hauts les fers ! Par ces pages, l’annonce en est faite, l’aventure des Kerns continue !

J’ai entamé ce second tome presque un an après avoir terminé le premier. C’est donc avec un peu de mal que je me suis plongée dans cette lecture qu’à ma grande honte j’ai repoussé pendant trois mois. Mais je l’ai terminé et j’ai bien aimé cette lecture.
On découvre un nouveau pan du monde proposé par Feldrik Rivat, sur le plan géographique comme sur le plan théologique. L’histoire qu’il nous raconte nous emmène en effet à la fois à travers un immense désert, au plus profond de la terre et au sommet des montagnes, mais aussi dans les méandres de la mémoire des hommes qui, petits ou grands, ont fait l’histoire telle qu’elle est dans le présent pour Erkan. Les personnages restent bien travaillés malgré un petit bémol pour Erkan. Lui qui croyait se trouver dans un monde faux se retrouve à l’admettre sans sourciller. Peut-être ce changement aurait mérité un peu de développement, mais je vous rassure que cela n’entravera pas votre lecture !
Les différentes peuplades parlent des langues différentes, et j’ai particulièrement apprécié la traduction faite dans les dialogues.
L’histoire quant à elle est comme dans le tome 1 très complexe et stratifiée sur plusieurs générations : même si on ne suit au final que peu de personnages principaux, la plongée dans l’esprit d’autres hommes rendent parfois la compréhension de la temporalité du roman difficile à saisir. L’intrigue est riche, assurément, et l’auteur a su distiller les indices au bon endroit et au bon moment pour qu’on puisse les garder en mémoire et se les rappeler le moment venu.
L’enchaînement des chaîtres qui impliquent un changement de personnage permet à la fois de garder l’attention du lecture mais aussi de faire une pause dans la narration. En plus, cela empêche les longueurs, que demander de plus ?
Le système de magie proposé par Feldrik Rivat est très intéressant quoique complexe ! C’est avec plein de subtilité qu’Erkan, le personnage principal réussit à réellement modeler la réalité. Il semble être le dépositaire d’une très grande et très ancienne puissance et la manière dont la magie est évoquée m’a beaucoup intéressée. J’aimerais d’ailleurs en savoir un peu plus… On pourrait presque l’utiliser dans un système de jeu de rôle !

J’ai été surprise en rencontrant le brusque passage dans un passé lointain qui plonge le lecteur dans une ambiance science-fiction. Je vous le jure : rien de mieux que pour relancer l’intérêt du lecteur que de changer brutalement la tonalité du texte ! J’aurais aimé que l’intrigue se poursuive un peu plus loin dans ce genre, mais ce sera peut-être pour le troisième tome, qui sait ?

Enfin, parlons de la magnifique illustration de la couverture ! 😀 Que de talent, chez l’Homme sans Nom !
~ En bref ~
Le tome 2 des Kerns offre une lecture agréable et divertissante dans un monde toujours aussi bien construit. L’intrigue, quoi qu’un peu compliquée parfois, reste agréable à suivre et les personnages sont intéressants. Je retiendrai surtout la brusque intrusion de la science-fiction pour évoquer un passé très lointain qui m’a bien plu.
Essayez, vous passerez un bon moment !

Pour voir la chronique du tome 1 : c’est par ici !

Les Kerns de l’Oubli T2 .- Les Larmes du désert.- Feldrik Rivat.- Editions de l’Homme sans nom

Les Lames du Cardinal


Paris, an de grâce 1633. Louis XIII règne sur la France et Richelieu la gouverne. Le Cardinal, l’une des personnalités les plus puissantes et les plus menacées de son temps, doit sans cesse regarder des ennemis de la Couronne. L’espionnage, l’assassinat, la guerre, tout est bon tour parvenir à leurs fins… et même la sorcellerie, qui est l’œuvre des plus fourbes adversaires du royaume: les dragons! Ces redoutables créatures surgies de la nuit des temps ont en effet survécu et se dissimulent parmi les humains, ourdissant de sombres complots pour la reconquête du pouvoir. Déjà la cour d’Espagne est tombée entre leurs griffes… Alors, en cette nuit de printemps, Richelieu décide de jouer sa carte maîtresse. Il reçoit en secret un bretteur exceptionnel, un officier dévoué que la trahison et le déshonneur n’ont pourtant pas épargné : le capitaine La Fargue. Car l’heure est venue de reformer l’élite secrète qu’il commandait jadis, une compagnie d’aventuriers et de combattants hors du commun, rivalisant d’élégance, de courage et d’astuce, ne redoutant nul danger: les Lames du Cardinal!

Ce roman écrit en 2011 et publié à la base aux éditions Bragelonne s’inscrit dans la lignée des romans de capes et d’épées d’Alexandre Dumas, mais avec des dragons en plus ! Je connaissais déjà le talent d’écrivain et de conteur de Pierre Pevel à travers Les Enchantements d’Ambremer ou plus récemment dans la trilogie de la Wielstadt.
Je ressors de cette lecture plus qu’enchantée par le Paris du XVIIe siècle, par ses personnages mais surtout par l’intrigue de l’histoire. Pas le temps de reprendre son souffle car les chapitres s’enchaînent, recoupant les parties de l’intrigue vers un final qui offre une démonstration d’écriture des plus réussies. On ne se plonge pas uniquement dans une simple réécriture de l’histoire agrémentée de fantasy. Pierre Pevel nous fait véritablement revivre un passé qui aurait pu être : nonobstant les dragons, il est aisé d’imaginer que tous les détails historiques ont été réels. Il suffit pour cela de voir les (trop) nombreuses indications géographiques et les mentions à des personnages historiques : Richelieu, le Pont-Neuf et les anecdotes concernant la vie parisienne en sont des preuves. Je voudrais attirer votre attention sur la minutie des descriptions, aussi bien des bâtiments que celles des personnages. C’est un vrai travail de peintre que nous propose Pierre Pevel dans ses descriptions.

L’intrigue est bien montée et chaque chapitre apporte un élément de résolution, mais aussi d’autres qui la complexifient. Au final, vous resterez littéralement scotchés à votre livre pour comprendre le fin mot de l’histoire. Et l’ajout des dragons dans ce monde teinte une histoire déjà palpitante rend cette histoire déjà intéressante carrément attractive. Ce n’est que le premier tome de la trilogie, mais les dragons font partie intégrante de la trame historique (et Historique d’ailleurs). Et même si l’intrigue concernant leur organisation secrète n’en est qu’à ses débuts, ce qu’on apprend augure une intrigue bien menée que j’aurai grand plaisir à suivre. Pour terminer sur l’intrigue, un petit indice sans spoil : la fin vous fera hurler de frustration !

Que serait une histoire sans ses personnages ? Il y en a pléthore dans Les Lames du Cardinal, pour tous les goûts ! Manipulateurs, menteurs, héroïques ou charmeurs, chaque personnage possède un caractère qui lui est propre, mais qui cache aussi une part d’ombre remplie de secrets. Et ce sont ceux-là qui créent principalement l’intrigue et les retournements de situation dans l’histoire. Certaines relations entre les personnages est très forte et très émouvante et c’est peut-être leurs sentiments qui les rendent si humains pour les lecteurs. Les lames du cardinal forment une confrérie que rien n’arrête, dont les membres sont liés par des liens presque indéfectibles mais qui possèdent tout de même leurs petits secrets.
En plus des dragons, Pierre Pevel nous propose une nouvelle race hybride entre les cracheurs de feu et les hommes que j’aimerais personnellement incarner dans un jeu de rôle.

~En Bref ~


Je ne peux rien rajouter sans risquer de vous révéler quelque chose d’important. Vous l’aurez compris, j’ai adoré cette lecture, je l’ai presque lu d’une seule traite et je ne peux que vous le conseiller !
 Les Lames du Cardinal était aussi ma sélection du mois de mars !

Les Lames du Cardinal.- Pierre Pevel.- Ed Folio.- 2013

Elfes T2 – L’honneur des elfes sylvains

Les Elfes sylvains se sont retirés du monde et préservent jalousement leur indépendance et leurs lieux sacrés. Quiconque pénètre sur leur territoire devient une proie…
Eysine, Cité-Etat de l’Est, a toujours vécu dans le respect des anciennes lois liant les Elfes et les Hommes. Pourtant, quand une puissante armée de mercenaires Ork assiège le royaume, Llali, la fille du roi de la cité, décide de rappeler aux Elfes le traité qui autrefois liait leurs deux races.
Ce récit est celui de deux peuples qui ont oublié leur passé commun…
Il est celui d’un Elfe et d’une femme qui portent en eux le pouvoir de faire renaître ce passé.

Une BD, une histoire, une espèce d’elfes particulière. C’est le principe de cette magnifique série dont je vais vous présenter le second tome. Pourquoi pas le premier et ensuite celui-ci ? Parce qu’il n’y a aucun lien narratif entre les deux, et que je préfère les elfes sylvains. 🙂


L’histoire proposée sur un tome si fin, à peine 54 pages se révèle surprenante par la profondeur de son propos. Nous sommes confrontés à une inimitié ancestrale entre deux peuples qui ont pourtant un passé commun. La menace ork ainsi que le désastre imminent fera réfléchir le lecteur sur l’importance du pardon et de la tolérance. Le genre fantasy est pour moi un bon vecteur de ce genre de messages car la présence de plusieurs races de personnages met en lumière la notion d’intolérance. 


L’intrigue est prenante et totalement immersive. Le dessinateur a joint son talent à celui du scénariste pour nous proposer un univers où violence, indifférence et amour sautent non seulement aux yeux, mais aussi aux tripes. 


Le dessin des personnages est très réaliste et favorise la représentation des sentiments qui les assaillent. Mais plusieurs planches nous proposent des vision « panoramiques » à couper littéralement le souffle. Elles représentent de majestueux paysages au détail très fin qui invitent à la contemplation et à la rêverie. 


~ En Bref ~ 


J’ai vraiment apprécié la lecture de ce tome dont l’intrigue est aussi prenante que les dessins sont beaux. C’est avec plaisir que j’ai lu et relu cette BD qui mérite qu’on se la procure au plus vite ! Vous ne vous ennuierez pas !

Le Faucheur


Fantômes, vampires, zombis, banshees, croque-mitaines… Les morts vivants se multiplient. Car une catastrophe frappe le Disque-Monde : la Mort est porté disparu (oui, la Mort est un mâle, un mâle nécessaire). Plus moyen de défunter correctement. Fini le repos éternel et bien mérité ! Il s’ensuit un chaos général tel qu’en provoque toujours la déficience d’un service public essentiel. Et pendant ce temps-là, dans les champs d’une ferme lointaine, un étrange et squelettique ouvrier agricole manie la faux avec une rare dextérité. La moisson n’attend pas…

Après la mort qui part en vacances, voici la mort qui prend sa retraite. Du coup, personne ne peut mourir ! Plutôt embêtant, surtout lorsqu’on a préparé tout son décès. Mais toute une série de phénomènes étranges se produit, mettant la ville d’Ankh-Morpork en effervescence. Et nous, lecteur, assistons avec grand amusement à cette débâcle.
Car c’est un réel plaisir de se plonger à nouveau dans la lecture d’un roman de Terry Pratchett. Le Faucheur est une histoire remplie d’humour avec mon personnage préféré, la Mort. On la retrouve dans un rôle inhabituel, mais au final plutôt logique pour elle : le fauchage du blé. Il s’agit relativement de la même chose pour lui, juste que le blé est moins bavard. L’histoire est parsemée de ce genre d’analogie ainsi que de dialogues tous plus drôles les uns que les autres.
Les personnages sont attachants, chacun à leur manière ce qui fait que j’ai vraiment eu du mal à m’en séparer au moment d’achever ma lecture. Terry Pratchett nous offre des dialogues dont la merveilleuse traduction de Patrick Couton nous rend toute la truculence et l’humour. Il s’agit sans doute d’une des meilleures traduction que j’ai pu lire.
Il faut avouer que parfois l’histoire peut être assez difficile à suivre concernant les événements d’Ankh-Morpork. Néanmoins, on s’y retrouve assez facilement malgré les va-et-vient de l’histoire entre l’histoire de Pierre Porte et celle des mages qui luttent contre de mystérieux chariots tout de métal construits…
L’auteur alterne dans son récit entre des moments franchement drôles, et d’autres tout aussi plaisant mais dont la portée dépasse la seule volonté de faire rire. Il nous invite ainsi à réfléchir sur la portée des actes de la vie humaine sur le reste du (disque)monde.
~ En bref ~

Le Faucheur est une lecture très divertissante, mais du genre qui marque les esprits et qui donne envie de le relire pour savourer à nouveau tous les jeux de mots qui sont un véritable délice de lecture. Un conseil d’ami, jetez-vous sur ce livre, il en vaut franchement la peine:)

Le Faucheur.- Terry Pratchett.- 2013.- Ed. Pocket

Green Blood – T1


À Manhattan à la fin du XIXe siècle, misère, criminalité et prostitution ravagent le quartier de Five Points, immense ghetto où échouent tous les laissés-pour-compte du rêve américain. La pègre, qui a corrompu les autorités, y fait régner sa loi. Au sein de la marée d’immigrants qui transitent par New York jour après jour, le jeune Luke Burns s’efforce de rester honnête et joue les dockers pour survivre.
Il sait, comme tout le monde, que le clan mafieux le plus dangereux de la ville, les Grave Diggers, s’appuie sur des assassins impitoyables pour asseoir son autorité. Mais ce qu’il ignore, c’est que le plus célèbre et le plus redoutable d’entre eux, le Grim Reaper, n’est autre que son frère aîné, Brad…


Je ne suis pas vraiment ce que l’on pourrait appeler une « accro » aux mangas. Je n’en lis que très rarement lorsqu’on m’en prête ou que la quatrième de couverture de l’un d’eux retient mon attention. Ca a été le cas de Green Blood. J’ai eu l’occasion d’en lire un extrait à la Comic con en juillet dernier.

J’ai tout de suite apprécié l’ambiance western qui se dégage de cette histoire. Il s’agit d’un quartier mal-famé, pauvre et dirigé par des clans mafieux protégés par les forces de l’ordre sensées être incorruptibles. Le dessin fait d’ailleurs bien ressortir cette particularité sans détail superflu. 

La trame de fond de l’histoire est elle aussi intéressante. On a l’habitude d’entendre parler de la traite des noirs en Amérique, mais on parle moins de la situation des nouveaux immigrés et de la misère noire dans laquelle ils se trouvent une fois débarqués sur le nouveau continent. 

Un scénario intéressant se met en place dans ce premier tome, et j’espère qu’il se poursuivra aussi régulièrement jusqu’à son terme. Le tome 1 se termine par une action intense, et on a vraiment envie de continuer à suivre les aventures du Grim Reaper dans les tomes suivants. 

J’ai tout de suite apprécié le trait de dessin et en particulier le soin porté aux détails physiques des personnages et aux décors. Les personnages représentés sont relativement réalistes et s’éloignent beaucoup du style « manga traditionnel » que l’on peut voir dans d’autres séries plus classiques. Je n’aime pas trop ce style de dessin, et j’ai été heureuse de constater son absence. 

~ En bref ~ 

Je recommande ce premier tome plein d’intérêt et d’attraits autant aux amateurs de mangas que de novices en la matière comme je le suis. L’ambiance western n’y est certainement pas pour rien, et je dois dire que la trame de fond est touchante, malgré la violence qui règne en maîtresse absolue sur ce quartier sordide de Manhattan surnommé « Five points ». 

J’ai bien aimé, et je pense lire le tome 2 🙂

Green Blood T1.- Masasumi Kakizaki .- Ed. Kioon.- 2013


[Lecture commune] Mordre le bouclier


Castel de Broe, six mois ont passé depuis la mort de Noalle et Chien du heaume, anéantie par la perte de ses doigts, s’abîme dans la contemplation de sa griffe de fer, cadeau de Regehir le forgeron. Bréhyr entend lui redonner vie et l’entraîne sur les routes à la recherche du dernier homme qu’elle doit tuer : Herôon. Parti en Terre sainte, celui-ci reviendra par le Tor, une tour mythique où le monde des vivants s’ouvre à celui des morts. Les deux guerrières remontent alors le sillage de sang, de larmes et de pourriture des croisades, arpentant côte à côte la voie de la folie et de la vengeance. Dans ce calvaire, Chien rencontrera Saint Roses, chevalier à la beauté d’icône, au savoir de maestre et dont la foi s’est érodée au pied des hautes murailles de Jérusalem. Une faible lueur qui annonce peut-être un espoir de rédemption.

Ce roman sommeillait dans ma PàL depuis son achat en 2011 au Salon du livre de Paris avec la pastille orange qui le prouve ! J’avais apprécié le premier tome de ce diptyque, son écriture franche et sans fioriture à l’image du personnage principal. Mais ce court second tome s’est vite perdu sous de nouveau livres et il a fallu que je compare ma PàL avec celle de Rhi-Peann pour qu’il retombe entre mes mains ! Car oui, il s’agit de la première lecture commune de ma seconde année de partenariat avec le Livre-Monde !
Comme lors de la lecture de Chien du Heaume, j’ai à nouveau été de suite percutée par la plume acérée, sans concession et au style franc de Justine Niogret. Les amateurs de contemplation en littérature peuvent reposer ce livre s’ils s’attendent à de longues descriptions de personnages ou d’envolées lyriques à propos des paysages. Dans Mordre le bouclier, tout est efficace et direct, à l’instar des personnages. Justine Niogret ne prend de pincettes ni avec les portraits qu’elle nous offre, ni avec les dialogues qu’elle nous rapporte.
L’auteur nous propose ici encore des personnages semblant taillés à la serpe : ils sont rudes et tout en saillies de tempérament. Ce sont des portraits sans concession que nous propose Justine Niogret, portrait qui dégagent même une impression de réalisme presque palpable qu’on en aurait presque le cœur serré à ressentir toutes les épreuves qu’ils ont enduré avec courage et force morale.

J’ai pu noter dans les personnages un rapport étroit entre les personnages et leurs caractères : Chien, jeune femme taciturne et toujours au bord de la colère à l’image d’un dogue, Béhyr au caractère affirmé et volontaire comme l’image qui est donné d’elle par l’auteur, et Saint Roses le chevalier désabusé et méditatif qui se perd dans de longs discours presque métaphysiques.
Les descriptions des personnages que nous propose l’auteur sont réussies et mettent en valeur aussi bien les qualités que les défauts des protagonistes. Tout n’est pas noir ou tout blanc, et Justine Niogret fait preuve d’un sens aigu de l’observation du genre humain.
Mais Mordre le bouclier n’est simplement la suite d’un bon premier tome : cette histoire peut presque se lire pour elle-même, c’est à dire sans connaître l’intrigue du premier tome dans les détails. L’immersion est quasi-instantanée : quelques pages de tournées et nous voilà plongés dans le climat rigoureux du Nord en compagnie de personnes au caractère pour le moins taciturne. Tous les détails de cette histoire vous frapperont avec plus de force que lors d’une lecture normale. C’est du moins ce que j’ai pu ressentir.

Les propos échangés par les personnages portent à une certaine réflexion sur la vie et la croyance en dieu, ce qui pourrait même pousser le lecteur à parfois poser son livre pour s’attarder un petit moment sur la question. Pas à chaque fois bien sûr, mais l’une des questions soulevées, sur celle que l’on doit appeler sa mère par exemple, m’a fait réfléchir pendant un petit moment. J’apprécie particulièrement ce genre d’histoire qui ne se contente pas de raconter, mais qui propose une réflexion derrière le plaisir.
~ En bref ~
Je ne m’explique pas pourquoi j’ai laissé ce petit roman prenant dans ma PàL. Je suis sûre qu’il y a encore beaucoup de petits trésors dedans. Peut-être que la prochaine lecture commune le permettra ?:)
Mordre le bouclier.- Justine Niogret.- Ed. Mnémos.- 2010

Zoanthropes, T2 – Rébellion


Après la trahison de Varuna et de Soire, Shina doit faire face au retour de Sedna Aletis, chef de l’organisation qui la poursuit. Elle n’a plus qu’une seule arme pour le contrer : la vérité. Elle décide de retourner là où tout a commencé, en pays humain, alors que s’y organise une révolution. Pour vaincre Sedna, elle devra lever le voile sur le secret des zoanthropes et affronter son propre passé, ses propres origines…

Presque un an après la lecture du premier volume de Zoanthropes, j’avais découvert un monde qui semblait bien s’être bâti sur les ruines du nôtre. Mais j’ai pu me rendre compte qu’il s’agit d’un véritable futur alternatif à notre présent.
Je n’ai pas eu trop de mal à me replonger dans l’histoire même un an après la lecture du premier tome. L’histoire démarre en trombe, et même si les souvenirs de lecture sont un peu flous, de petites piqûres de rappel sont mises à votre disposition pour garantir une lecture fluide sans temps mort. Rébellion – tel est le nom de ce volume, apporte enfin de l’action après la découverte de la véritable nature de l’héroïne et celle de son nouveau chez-elle. Chaque chapitre apporte son lot d’aventure, de surprises et de suspens.
J’ai globalement apprécié ce tome 2, peut-être un peu plus que le premier, car je lui ai trouvé beaucoup plus de profondeur dans l’écriture, avec une réelle épaisseur psychologique accordée aux personnages mais aussi au travail sur le background historique de ce diptyque.
Shina par exemple passe du statut de jeune fille à l’animal particulier à une figure emblématique du monde zoanthropien. Je ne spoil pas, la couverture du tome 2 l’annonce déjà. Ce n’est plus une simple adolescente qui connaît ses premiers émois amoureux, mais une jeune femme déterminée à sauver son nouveau – et vrai peuple au péril de sa vie.
Matthias Rouage propose une histoire du monde pour le moins intéressante : comment celle-ci aurait pu tourner après la seconde guerre mondiale. J’ai apprécié les recoupements faits entre des éléments du tome 1 et les révélations à propos de l’origine des zoanthropes et de l’Eversio Extremus. J’apprécie particulièrement le travail fourni sur cet aspect des choses.
~ En bref ~

Zoanthropes II. Rébellion est une très bonne suite au premier volume de ce diptyque. Beaucoup plus approfondi, il apporte de nombreuses explications claires à ce monde et à ces créatures étonnantes que sont les zoanthropes.

Zoanthrope, T2 – Rébellion.- Matthias Rouage.- Ed Scrinéo.- 2014

Du fait de tenir un blog

A l’orée des deux ans de mon blog,  je me suis plongée dans quelques réflexions sur cet état de fait, mais aussi sur ma pratique de la lecture. Les voici…

Ce n’est pas par esprit de compétition que je le fais (vous connaissez mes points de vue sur le sujet), mais je tiens une liste de mes lectures à peu près depuis que j’ai commencé à tenir ce blog, c’est à dire depuis juin 2012 environ. Cela me permet de me rendre compte de toutes mes découvertes, mais surtout de pouvoir parler de mes dernières lectures. Je suis sûre en effet que je ne suis pas la seule à rester coite lorsqu’on me demande de parler de mes lectures préférées des mois derniers ! 
Alors maintenant, je m’en réfère à cette liste ou mieux, aux articles « La lecture du mois » et ça m’aide ! 

Je vous avais parlé dans un précédent article de fond du plaisir que j’avais de contempler ma bibliothèque. Eh bien, c’est à peu près pareil lorsque je passe en revue mes lectures passées. Au même titre que la contemplation de certains titres donne envie de les ouvrir à nouveau, les souvenir ravivés par la relecture de ma liste des livres lus me donne parfois envie de me replonger dedans. La madeleine de Proust, le retour ? On en est pas très loin !
J’ai déjà écrit un article sur la lecture qui est loin d’être un plaisir solitaire. En parcourant les salons, j’ai pu rencontrer de nombreux auteurs et éditeurs avec lesquels parler de littérature est un vrai plaisir. 

Puis il y a les blogueuses, ces personnes qui au fil du temps sont devenues de véritables relations voire des amies avec lesquelles je discute des livres en cours, lus ou des sorties littéraires que j’attends avec grande impatience. Parfois même ces personnes deviennent de véritable relations de travail, ou comment joindre le « professionnel » et le plaisir :). J’en profite pour faire un petit clin d’oeil à Rhi-Peann avec qui je suis en partenariat pour le blog, mais aussi à Elise/Frieda avec qui je travaille pour jeux de rôle magazine. Je pense qu’il est important de parler aux autres des livres qu’on a apprécié, ne serait-ce que pour faire vivre ces histoires, ou tout simplement ses relations sociales. 🙂

En écrivant ces quelques avis sur les livres que j’ai aimé, j’ai appris à rédiger autrement que pour des écrits plus académiques. Petit à petit, mon style s’est affirmé, et j’ai appris à coordonner mes arguments et à développer ma pensée. L’écriture des avis nécessite bien entendu une justification d’un point de vue, et je pense qu’au fil des rédaction, cela s’affine et je suis contente de voir que mes propos gagnent en précision.
Mon passage dans l’équipe de Mythologica m’a poussé à rédiger des avis d’une longueur minimale d’une page au format word. Cet exercice m’a permis de m’améliorer et j’en suis très heureuse.

S’il est une chose dont je suis fière – en plus de mon travail sur ce blog bien entendu, c’est de mon travail de rédactrice littéraire pour Jeux de rôle magazine. Il s’agit d’un magazine papier qui m’oblige à écrire en un format limité. Quoi de mieux pour diversifier sa plume que d’écrire de cette manière ? 🙂 Cela fait maintenant deux ans que je suis impliquée dans le magazine et j’espère vraiment que l’aventure va continuer !


 Site internet de jeux de rôle magazine



Le Boucher


Dans sa jeunesse, l’empereur Marcus mena de nombreuses guerres et étendit son territoire avec l’aide d’un combattant et général hors pair, Rekk. Ses méthodes impitoyables et sa propension au massacre contribuèrent à pacifier les provinces et à annexer les jungles de Koush, au sud – mais provoquèrent également la haine du peuple. Afin de s’attirer leurs bonnes grâces, l’empereur exila donc Rekk le Boucher aux confins de l’empire. Vingt ans plus tard, Marcus est vieux et malade. Il n’a qu’un fils, Theorocle, qui lui cause plus de souci que de fierté. Les familles nobles intriguent dans l’ombre pour préparer sa succession. Quant à Rekk, ce n’est plus qu’un nom avec lequel les mères effraient leurs enfants le soir.

Les éditions Midgard ont eu l’immense gentillesse de m’envoyer Le Boucher en plus du second tome qui est sa suite, ce qui m’a permis de me plonger dans cet univers totalement original. Et bien sûr, je les en remercie.

Il s’agit donc d’une histoire fantasy dont l’inspiration « gemmellienne » est très forte : un monde brutal et très terre-à-terre. Qu’on se le dise, il n’y a pas de magie dans cet univers qui reste relativement réaliste et cohérent. Les dangers et la vie et les risques encourus pour qui sort des zones protégés par les gardes ne sont pas sans rappeler ce à quoi les gens vivant au Moyen-Age étaient confrontés.

L’auteur possède une plume qui nous immerge dans l’histoire, et ce dès les premières lignes. Il dévoile petit à petit ce qu’il faut au lecteur pour qu’il se sente partie prenante de l’intrigue à tel point que les quelques 500 pages du roman passeront sans qu’on s’en rende compte.
L’histoire est divisée en 25 chapitres au travers desquels se dessine une intrigue dont chaque partie nous mène au cœur de l’action et au dénouement. Olivier Gay nous dévoile un talent incontestable pour le maniement de l’intrigue et nous amène à la fin du roman dans une lecture fluide et sans temps mort. Chaque détail est mis à la place qui lui revient dans l’histoire et il n’y a rien de superflu.

Les personnages sont surprenants. J’emploie volontairement ce terme car ils surprennent par leur banalité : un garde ainsi qu’une servante. Deux personnes que rien ne prédestinait aux aventures qu’ils rencontrent. Mais ils se révèlent également pleins de surprises car l’aventure les transforme. Ce détail me rappelle la vision que Gandalf avait du courage, c’est à dire qu’il pouvait se trouver dans les plus petites créatures.
Le changement le plus spectaculaire est pour moi celui de Shani qui change totalement de personnalité pour devenir une femme pleine d’assurance et de courage. Concernant le personnage de Malhin, Olivier Gay a su rendre le comportement orgueilleux des hommes lorsqu’ils sont attaqués dans leur virilité. N’en déplaise aux lecteurs masculins, c’est vraiment un tableau réaliste !
J’ai beaucoup apprécié le personnage du Boucher. Il s’agit d’un homme dur et meurtrier certes, mais la complexité du personnage m’intéresse au plus haut point. Chaque page narrant sa « légende » nous montre la manière dont Rekk en est arrivé là, et nous en fait également voir la face cachée qui font du Boucher un simple exécutant.

Descriptions et scènes de combats sont précises et efficaces et s’articulent parfaitement avec l’intrigue. La seule chose que j’ai regretté tout au long de ma lecture est l’absence de carte qui fait cruellement défaut. J’aime bien pouvoir me repérer lorsqu’il est fait mention dans l’histoire d’un lieu ou d’une ville. Cet oubli est le point faible principal du Boucher. Comme quoi ce n’est pas une catastrophe !

Si vous aimez la fantasy immersive et efficace dans la lignée des œuvres de David Gemmell, Le Boucher d’Olivier Gay vous ravira !

Le Boucher.- Olivier Gay.- Ed. Midgard.- 2013