Les Arcanes du temps


Et si les voix que Jeanne d’Arc prétendait entendre n’étaient pas d’origine divine et que la réalité se révélait plus stupéfiante encore ? Et si une technologie de voyage intertemporel permettait d’agir sur le passé pour modifier le présent? Après de multiples aventures, Khéléan va découvrir que notre Histoire n’est que le fruit d’une incroyable machination…

Ah, j’aime quand le pitch des romans commencent par « Et si… ? » ! C’est Lionel Bhera qui est venu vers moi afin de me présenter ce roman qui a attiré mon œil par ce résumé pour le moins surprenant !
Je vous le dis tout de suite, il s’agit d’un bon moment de lecture. Malgré les quelques longueurs à déplorer dans la mise en place de l’histoire, le rythme et les rebondissements dans l’intrigue rendent la lecture agréable. Attention tout de même, il ne s’agit pas juste d’un groupe d’adolescents envoyés malgré eux sauver Jeanne D’Arc et à travers elle le destin de la France. L’intrigue et beaucoup plus complexe que cela, et ce n’est rien de le dire !
Chaque chapitre s’enfonce un peu plus loin dans cette complexité, et il faut vraiment s’accrocher durant certaines explications pour savoir de quoi il est question. Heureusement que j’ai été initiée aux voyages dans le temps et l’espace par Doctor Who ! Je vous le dis, c’est parfois un vrai twist mental pour remettre en place la chronologie et réussir le jeu de « qui est qui ».
C’est peut-être étrange à lire, mais c’est précisément le défaut de la qualité. L’auteur a réussi à tisser une histoire bien construite sans incohérences et avec de nombreux rebondissements. Mais c’est aussi un piège dans lequel l’auteur est tombé, celui de perdre son lecteur dans les trop nombreux replis narratifs. Heureusement que l’histoire reste cohérente !
Que dire à propos des personnages… Les adolescents sont bien campés, avec chacun un trait psychologique qui lui est propre. Jeanne d’Arc quant à elle m’a intéressée car, en plus d’être l’élément central de cette histoire, j’étais curieuse de voir la manière dont elle allait être mise en scène par Lionel Behra. Challenge réussi pour moi donc sur ce point !
Le personnage du docteur m’a laissée perplexe. Il s’agit peut-être du personnage possédant le plus de potentiel de tout le roman. J’aurais aimé le voir plus approfondi, c’est dommage.
~ En bref ~

Les Arcanes du temps a été pour moi un bon moment de lecture, malgré une histoire parfois trop complexe et capillotractée, mais qui se tient.

Les Arcanes du temps.- Lionel Behra.- Ed .Rebelle

Notre-Dame des loups


En 1868, Jack, Würm, Evangeline, Jonas et les autres sont des Veneurs, des chasseurs de loups-garous. Ils ne peuvent plus être définis autrement, ils ont renoncé à tout le reste afin d’accomplir leur devoir : décimer les meutes, protéger les colons, et surtout, pourchasser celle par qui tout a commencé, la légendaire Notre-Dame des Loups.
A travers une Amérique glaciale, battue par les vents et couverte de neige, insensibles au froid, à la fatigue et au découragement, les Veneurs avancent, encore et toujours. Guidés par des chiens de guerre, équipés d’armes crachant des balles d’argent, protégés du Mal par la mystérieuse sorcellerie de leurs amulettes, ils pourchassent, malmènent, et acculent les loups-garous, qui n’ont d’autre choix que les affronter… et mourir.
Mais l’ennemi n’est pas le seul à dissimuler sa véritable nature…

Après avoir écrit deux romans plutôt volumineux et jouissant d’une bonne popularité, Adrien Tomas revient avec une très courte histoire nous propulsant dans le XIXe siècle américain, soit en plein dans un univers western.

Mais un univers un peu particulier, car dans ce continent alors à peine découvert rôdent des créatures aussi mystérieuses que mortelles, des lycanthropes. Ces créatures, aussi appelées des « wendigos », font l’objet d’une traque sans merci par les Veneurs, des héros de l’ombre dont la vie est vouée à l’éradication des abominations.

Adrien Tomas nous propose un enchaînement de chapitres proposant chacun le point de vue d’un des veneurs ainsi que la façon dont il est entré dans cette étrange compagnie. La manière dont sont construits les chapitres est répétitive et se termine toujours de la même manière. J’ai par contre apprécié de lire les histoires propres à chaque membre de la compagnie. Mais l’histoire suit tout de même son cours et propose une intrigue à la fois simple, traquer la souveraine des lycanthropes, mais dont la chute se révèle… surprenante par l’enchaînement des actions.
Si la lecture de la plus grande partie du roman est agréable mais répétitive, je marquerais une préférence certaine pour les dernières pages où la vénerie, dont la taille est alors réduite à peau de chagrin, se retrouve confrontée au boss de fin, c’est à dire la Dame des loups. C’est un véritable exercice d’écriture auquel s’est livré l’auteur, et c’est pour moi un pari réussi.

Concernant les personnages, l’autre point incontournable de ce roman, Adrien Tomas dresse les portraits de plusieurs personnages tous très différents mais extrêmement bien travaillés. Dans le premier chapitre, l’auteur nous les présente d’un point de vue extérieur, à travers le regard de l’un d’entre eux. Puis chaque chapitre est l’occasion de développer la personnalité de chacun en mettant en lumière ses qualités, ses défauts, ainsi que sa vision des choses et du fléau qui assaille les États-Unis.
Cette façon de présenter les personnages permet un travail psychologique plus complet sur leurs portraits et constitue pour moi l’un des points forts de cette courte histoire.

~ En bref ~

Il s’agit d’un roman assez bref, rapide à lire mais qui n’est pas pour autant dénué d’intérêt. L’histoire est un vrai travail d’écriture dans lequel l’auteur nous perd dans la vie des personnages pour mieux nous surprendre à la fin. C’est une bonne surprise que je vous recommande !

Notre-Dame des loups.- Adrien Tomas.- Ed. Mnémos

Le Cycle d’Alamänder T2 – Le Mehnzotain


Les orcs, les elfes, les dragons, vous croyez que c ‘est ça la fantasy ? Partez donc pour Alamänder ! Toujours vivant ? Vous n’êtes pourtant pas au bout de vos peines.
La révolte gronde dans la capitale, la menace d’ennemis terrifiants surgis du passé se fait plus précise. Après avoir triomphé de l’énigme de Pallas, Jonas n’aura pas trop de la venue de Rachelle, mercenaire aussi capricieuse que redoutable, pour mettre fin aux agissements de son terrible adversaire. De son côté, Ninfell voit son maître disparaître. Livré à lui-même, il va bientôt devoir affronter la plus cruelle épreuve de son existence.
Souhaitons qu’il en ressorte grandi pour la gloire de l’Ecole. Le deuxième tome d’Alamänder monte en puissance et en tension. Comme le premier ouvrage, celui-ci peut être à l’origine de désordres neurologiques irréversibles. Il est encore temps de reculer.


Autant vous l’avouer tout de suite, j’ai toujours un peu de mal à me replonger dans la suite d’une histoire lue il y a plusieurs mois ! Heureusement qu’il y avait le « résumé de l’épisode précédent » au début du tome 2. C’est une idée vraiment sympathique que de nombreux auteurs devraient copier, surtout lorsque leur prend la fantaisie de continuer une histoire longtemps après la fin du premier tome !:)

Après ces quelques chapitres dans lesquels j’ai un peu pataugé pour me remettre dans le bain (vive la métaphore aquatique que j’arrête, promis!), j’ai eu le plaisir de retrouver des personnages que j’avais appréciés, avec en top 3 Jonas, Retzel et Ernst ! Bon, le démon occupe une place mineure en comparaison du premier tome, mais j’ai aimé voir la manière dont son absence fait beaucoup plus parler que sa présence ! Les autres personnages sont toujours aussi humains dans leurs réactions, d’autant que nous pouvons découvrir des situations nouvelles, parmi lesquelles la jalousie et l’adversité féminine tient une grande part !

La lecture de ce tome 2 ne connaît pas de temps-mort. Vous serez embarqués dans des aventures que vous ne soupçonniez même pas à la lecture du premier tome. De même, l’ampleur de la machination que cache le meurtre ne vous laissera pas de marbre. Il faut saluer le talent de conteur et d’intrigant d’Alexis Flamand qui cache bien son jeu. C’est bien simple, j’ai hâte d’en lire plus dans le tome 3 de cette saga !

Au fur et à mesure que l’on avance dans l’histoire, l’intrigue se dévoile et l’enquête sur le meurtre de Pallas prend énormément d’ampleur ! Elle permet même d’en apprendre plus à propos de l’univers d’Alexis Flamand qui se révèle très original et haut en couleurs, mais aussi en créatures ! Assurément, un esprit aussi créatif que le sien n’avait pas besoin des elfes ni des orcs pour nous embarquer dans la fantasy. Je ne crache pas sur ces créatures auxquelles je suis très attachée dans la littérature, mais c’est vrai que changer un peu d’horizon ne fait pas de mal, bien au contraire.

Alexis Flamand manie la langue française avec talent. On pourrait évoquer la manière dont il manipule l’intrigue pour l’amener à son point d’orgue dans ce second tome. Mais je préfère, et de loin, parler de la post-face qui m’a fait mourir de rire. Je vous en avais montré un morceau dans l’Extrait qui fait envie, et je dois dire que cette partie du livre est ce que j’apprécie le plus dans l’écriture d’un auteur, sa capacité de dérision et l’humour avec lequel il peut écrire. En plus (eh oui, que voulez-vous, j’ai adoré!), Alexis Flamand propose dans cette postface un véritable « behind the scenes » pour évoquer les secrets de production d’un livre à gros budget.

~ En bref ~

Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce tome 2 du Cycle d’Alamänder. Entre aventures palpitantes et découverte de ce monde décidément très originale, vous n’aurez pas une minute de répit. J’ai encore une fois beaucoup apprécié l’humour dont fait preuve l’auteur dans son écriture, humour bien réparti pour qu’on puisse en trouver une touche pile là où elle devait être !

Le Cycle d’Alamänder T2 – Le Mehnzotain.- Alexis Flamand.- Ed de l’Homme sans nom

Néogicia T1 – Le Second éveil


Dans un monde dominé par la magie, les néogiciens, une civilisation portée par une puissance nouvelle appelée technologie, ont fondé l’Empire, dont la capitale est Centralis.
Saly Asigar, une jeune olydrienne, entreprend de rejoindre ce peuple. Pour y prétendre, elle doit subir une injection, l’isolant définitivement des flux magiques parcourant le monde d’Olydri. Une telle pratique n’est pas sans risques. Dans l’hypothèse d’une incompatibilité génétique, elle mourrait ou pire encore ! Elle pourrait muter en ce que les scientifiques appellent une aberration.
A l’aube de ce second éveil, la procédure semble prendre une tournure inattendue…

Attention, si l’intrigue de ce roman se déroule dans Olydri, le monde de Noob, il s’agit ici d’une histoire parallèle, un spinoff ! Vous ne trouverez en ces pages ni Sparadrap, ni Omega Zell, mais des personnages tout juste esquissés jusque là dans la web-série à travers le personnage d’Ivy, les néogiciens. C’est donc à la base de cette « classe de personnages » que Fabien Fournier nous emporte dès le début du roman !
On entre donc dans un monde très moderne voire futuriste qui contraste avec ce que l’on peut trouver de médiéval-fantastique dans le reste du monde d’Olydri. Il s’agit d’un monde épuré, gigantesque et extrêmement bien décrit par l’auteur à travers les yeux du personnage de Saly. Le moindre endroit dans lequel le personnage se rend est en effet passé au crible de la vision exacerbée de la jeune néogicienne, ce qui nous permet de nous rendre compte de ce talent de plume de Fabien.
Aucun élément n’est superflu et chaque acte, chaque élément scénique semble s’emboîter avec le reste avec une précision cinématographique. Il n’y a qu’à citer les ellipses temporelles par exemple : la première année de Saly à Memoria est résumée en une seule phrase pour en arriver à l’essentiel, l’examen et la mission sur Syrial !
L’univers que propose Fabien Fournier est très riche et bien travaillé. On ressent les tensions existant entre les différentes factions, mais aussi au sein d’une même faction, celle de l’Empire. J’ai eu grand plaisir d’en apprendre plus à propos de cet univers que je ne connaissais qu’à travers les formats assez courts de la web-série ! En plus, pas besoin de background puisque chaque élément pouvant poser problème est minutieusement expliqué par les personnages ou le narrateur.
L’intrigue proposée dans ce premier tome de Néogicia est intéressante. Elle est d’abord ingénieusement construite, car elle vous permettra de découvrir le fonctionnement de l’Empire par l’intermédiaire de Saly qui le découvre elle aussi. Chaque chapitre nous mène à la découverte d’un aspect du monde d’Olydri, d’un personnage important ou d’un élément géopolitique tout en avançant dans l’intrigue et la construction de la nouvelle vie de Saly Asigar.
L’histoire en elle-même est entraînante et la découverte du monde favorisera votre immersion. Préparez-vous à enchaîner les chapitres pour en apprendre plus à propos de l’Empire et connaître la suite des aventures de Saly. Aucune longueur n’est à déclarer dans cette lecture qui se révélera pleine de surprises !
Les personnages maintenant. J’apprécie cette catégorie de personnages qui peuvent donner des idées à certains maîtres du jeux pour la création d’une nouvelle classe sortant de l’ordinaire. Ce n’est sans doute pas cette catégorie que je jouerais, mais j’aime l’emploi d’une forme de technologie basée sur une pierre tombée de l’espace et qui fait fonctionner une civilisation entière !
Un énorme plus pour le personnage de Loreley qui est vraiment drôle. C’est également pour moi, avec Saryahblööd, l’un des personnages les plus charismatiques du roman.
Saly Asigar est un personnage très intéressant bien entendu. Mais on la voit dans la plupart du roman dans une position d’apprentissage. Il y a certes la fin du roman dans laquelle elle se montre sous une nouvelle envergure, mais je pense qu’il faudra attendre le prochain tome de Néogicia pour pouvoir voir Saly se développer. Après tout, elle est exceptionnelle !
Les deux membres de la famille impériale se montrent pleins de surprises, de mystère, et j’espère que la prochaine histoire lèvera d’autre pans de l’énigme des Luccans ! Il n’y a plus qu’à espérer que Saly entre dans la sphère la plus élevée de la société néogicienne !
~ En Bref ~

Je dois vous avouer une chose : j’ai été triste de terminer ce roman, parce que j’en ai adoré la lecture bien entendu, mais parce qu’il me permet d’en apprendre plus sur cet univers qui se révèle très bien construit. J’ai hâte d’en savoir plus à propos du monde d’Olydri dans les prochaines histoires ! 

Néogicia T1, Second éveil.- Fabien Fournier.- Olydri éditions

Les arcanes de Naheulbeuk T1, Bière, monstre et bière


La terre de Fangh recèle bien des dangers. On y raconte aussi de nombreuses légendes, dont certaines se révèlent parfaitement stupides. D’autres encore concernent uniquement les elfes, ou les nains, et on s’en tamponne l’oreille avec une babouche. Quoi qu’il en soit, avant de partir à l’aventure, il vaut mieux savoir à l’avance ce qu’on peut trouver en travers du sentier. Savez-vous ce qu’il y a au niveau trois du donjon de Naheulbeuk ? Pouvez-vous décrire les effets d’un claptor de Mazrok ? D’où viennent les aventuriers, et qu’ont-ils accompli dans leur jeunesse ? Comment les nains creusent-ils les tunnels ? A quoi ressemblerait un barbare de niveau 10 ? Ou se trouve la rue des Talifurnes ? Est-il possible de mélanger du pâté de lapin avec un yaourt aux fraises ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses, en images, dans les arcanes de Naheulbeuk.

Attention, il ne s’agit pas d’une bande dessinée relatant les aventures de la compagnie la plus bancale de toute l’histoire de Fangh, mais du premier tome de ce que l’on pourrait appeler un vade-mecum à l’usage des lecteurs curieux.
Dans Bière, monstre et bière, les fans de la saga de Pen of chaos trouveront une multitude d’informations utiles (ou pas) à propos de cet univers. J’ai adoré pouvoir connaître le passé des aventuriers de la compagnie sans nom fixe, c’est à dire avant que le MVAC (Mystérieux Vieux A Capuche) Gontran Théogal ne les recrute. Assister à leur enfance, en particulier celle dont on ne savait presque rien, comme celle de la magicienne par exemple, a été un véritable plaisir.
On en apprend plus sur l’histoire de cette contrée de manière plus générale, avec par exemple des informations précises sur les périodes historique tant de fois évoquées dans les romans ou la saga audio !
De plus, on peut presque imaginer s’inspirer de la biographie des aventuriers pour créer le background de son personnage, ou tout au moins lui donner une petite touche amusante. Mais Pen of chaos et Marion Poinsot vont plus loin que cela et dépassent vos espérances les plus secrètes en présentant l’évolution des classes de personnages des niveaux 1 à 12. Pourquoi ne pas aller au-delà ? Arrivez déjà là avec vos propres personnages, bande de petits sacripans !
Les auteurs nous proposent également une illustration des publicités les plus illustres en terre de Fangh. Il s’agit de la partie que j’ai le moins apprécié, car la version audio est de loin meilleure que la version bande dessinée.
Toute bonne bière se doit d’être accompagnée par une chanson ! Ce volume propose les paroles, accompagnées d’illustrations, de plusieurs chansons du Naheulband ! Vous pourrez ainsi les entonner en choeur avec vos amis, vos compagnons d’armes ou même seuls devant votre miroir ! Je n’affirmerai pas qu’agir ainsi vous conférera un bonus de charisme cela dit…
Enfin, un énorme plus pour moi qui suis une grande fan de cartes : ce tome comprend plusieurs cartes ainsi que des plans des principaux lieux de pérégrinations de nos héros. Le tout, en papier mat, pour mon plus grand plaisir. Cela peut aussi servir aux maîtres du jeux qui souhaitent essayer d’intégrer leurs joueurs en terre de Fangh !
J’apprécie particulièrement les illustrations de Marion Poinsot. Celles-ci sont chaleureuses et invitent au rire. En cela, elles illustrent bien (au sens propre comme au figuré, c’est le cas de le dire) l’univers de John Lang. Les personnages sont en effet joviaux et presque amicaux. Presque…
~ En Bref ~

Ce premier tome des Arcanes de Naheulbeuk, Bière, monstre et bière, propose de nombreuses informations à propos de l’univers de John Lang. Il s’agit d’un tome très intéressant qui plaira aux amateurs auxquels je le destinerais particulièrement. Je pense en effet qu’il faut connaître un minimum Le Donjon de Naheulbeuk pour apprécier pleinement les moindres détails de cette bande dessinée. 

Les Arcanes de Naheulbeuk T1, Bière, monstre et bière.- John Lang & Marion Poinsot.- Ed Clair de lune

L’Ombre de l’âme


Sam, un jeune écrivain en herbe, a bâti un monde imaginaire où son âme désenchantée vient se ressourcer. Sur cette terre d’évasion, il conte la quête de Zgor, un chevalier qui passe un pacte avec la Mort. Mais sa création va peu à peu échapper à son contrôle pour devenir un véritable cauchemar. Son héros maudit hante son esprit et ceux de ses proches jusqu’à leur faire commettre des crimes atroces.
Mais qui se cache derrière Zgor ? Son créateur, emporté par la folie ? Osgeir, le guerrier viking dont il s’est inspiré ? A moins qu’il ne s’agisse d’un démon tapis depuis l’aube de l’humanité dans l’ombre de notre âme…

Ce roman m’a été vivement conseillé par une amie qui l’avait lu et adoré. Lui faisant confiance, je l’ai donc acheté et commencé quelques temps après. Il faut dire que L’Ombre de l’âmeimpressionne par son épaisseur, près de 600 pages. Mais en toute franchise, vous ne les sentirez pas passer.

C’est d’ailleurs le premier point qu’il me faut évoquer : la rapidité de lecture de ce roman ! Elle est impressionnante, et l’intrigue y est pour beaucoup. Partant de la vie d’un écrivain ne sentant pas à sa place dans l’époque moderne, on arrive à une intrigue sur plusieurs niveaux qui nous plongent dans les abysses de la folie humaine où les pires monstres semblent pouvoir prendre corps dans la réalité.
Prenez garde où vous mettez les pieds, car dans ce roman, on se perd entre réalité, fantasme et apparitions surnaturelles. David Gibert nous propose un voyage entre présent et passé entre lesquelles les frontières semblent avoir disparues.
Les personnages de L’Ombre de l’âme sont psychologiquement très travaillés, notamment sur le plan des relations sociales et amicales. Le sentiment d’amitié occupe une place primordiale dans cette histoire : comment réagirions-nous si nos amis les plus proches, ceux avec qui nous partageons tout étaient plongés dans de tels tourments ?
L’évolution mentale des personnages, qu’ils soient possédés par Zgor ou simplement décidés à aider leur ami envers et contre tout.
N’oublions pas de préciser le PRINCIPAL point fort de ce roman : le vibrant hommage aux littératures de l’imaginaire et au jeu de rôle de manière générale. Bien sûr, je ne suis pas totalement objective sur ce point, mais voir à quel point l’écriture, la lecture, le jeu de rôle et le GN permettent de se sentir mieux dans sa peau fait du bien à mon petit cœur !
Le voyage dans le monde onirique de l’imaginaire que nous propose l’auteur est un réel plaisir. David Gibert nous laisse entrevoir des mondes fabuleux à travers des descriptions magnifiquement bien réalisées. La maîtrise est complète, à tel point que d’un revers de plume, il transforme cette situation onirique en paysage tiré des pires cauchemars d’un esprit torturé.
Je vous parle des descriptions, mais la plume de l’auteur possède le pouvoir extraordinaire de nous emmener avec lui en quelques pages pour une aventure palpitante d’où l’on ne sort pas indemne.
~ En Bref ~

Il s’agit d’un roman que je conseille vivement car il s’agit d’un véritable coup de cœur. De l’horreur à la poésie, du fantastique le plus sombre à la fantasy la plus épique, voilà ce que nous propose David Gibert dans L’Ombre de l’âme

L’Ombre de l’âme.- David Gibert.- Ed. Lokomodo.- 2014

Accros du roc

Suzanne est une jeune étudiante discrète. Si discrète qu’elle devient très souvent invisible. Ses origines familiales sont un peu floues d’ailleurs… Un beau jour, la Mort aux Rats vient la chercher en couinant, Suzanne ne comprend pas un mot mais elle sent que quelque chose de grave et d’important se prépare. Un magnifique cheval blanc l’emmène à travers les airs jusqu’à une immense demeure : ah oui, il s’agit de la maison de la Mort. Son grand-père. Il vient d’avoir une petite crise existentielle et a délaissé ses affaires courantes. Suzanne doit assurer l’intérim. Pendant ce temps-là, à Ankh-Morpork, un jeune barde débarque en ville, accompagné de sa harpe et bien décidé à en jouer. En chemin vers la Guilde des Musiciens, il rencontre ses futurs acolytes, un troll et un nain, le premier tape sur des cailloux et le second s’essouffle dans un cor. Mais un accident est vite arrivé : le jeune barde perd son instrument et trouve à la place une guitare, animée semble-t-il d’une vie propre. Le premier concert – illégal – est un feu d’artifice le premier Groupe de rocs du Disque-Monde vient de se créer et fait un sacré remue-ménage à Ank-Morpork ! Mais cette guitare met le barde en danger de mort, et Suzanne devra intervenir… Roc and troll, quand tu nous tiens !

Je continue ma découverte du Disque-Monde à travers la série de la Mort. Quoi de mieux que de découvrir le monde qu’en voyageant sur le dos de Bigandin, un cheval capable de traverser l’univers pour se rendre d’un point à un autre (l’univers est bleu, rappelez-vous!)
La Mort est décidément un personnage que j’adore. On la croit prévisible et… mortelle. Mais elle se révèle pleine de surprise ! Après avoir pris des vacances pour pêcher à la mouche et avoir pris sa retraite, la mort disparaît purement et simplement du Disque-Monde, contraignant Suzanne, sa petite-fille à le remplacer !
Terry Pratchett nous fait donc voyager entre Suzanne qui découvre peu à peu la vérité sur sa famille, et un groupe de musique qui enchaîne les concerts et crée un nouveau genre musical : le roc.
Ce que j’aime le plus dans les livres de Pratchett – ce volume ne fait pas exception à la règle, c’est que le moindre événement crée un tollé et un émoi profond dans la population. Ici, il s’agit de la musique qui crée d’importants troubles dans le quotidien des auditeurs, à tel point que certains portent d’étranges vêtements cloutés et repeignent leur chambre en noir. Ce sont les réactions des magiciens de l’université qui sont les plus drôles.
Côté ambiance, on voyage entre des parties très drôles à d’autres plus émouvantes sur la relation d’une petite-fille avec son grand-père. J’ai beaucoup apprécié ces moments entre les deux personnages.
L’intrigue quant à elle est complexe et il faut certainement plusieurs lectures pour en apprécier tous les rouages. J’ai notamment apprécié de voir la manière dont l’industrie du spectacle se crée dans cette histoire, et surtout les nombreux jeux de mots traduits avec talent qui croquent dans l’esprit comme autant de pépites !
~ En Bref ~
Le mélange entre l’humour et ses jeux de mots et les scènes plus émouvantes fond d’Accrocs du roc un plaisir à lire malgré une intrigue très complexe. Un énorme plus pour le personnage de la Mort !

Accros du roc.- Terry Pratchett.- Ed Pocket

ChessTomb

« Son corps meurtri et griffé avait pris une teinte bleuâtre se confondant avec celle du sapin, si bien que ceux qui le trouvèrent crurent un instant à une statue végétale surgie de l’arbre lui-même. »

1922. Howard Phillips Lovecraft écrit une de ses plus étranges nouvelles : Herbert West, réanimateur.
2001.
Le meurtre atroce d’une famille plonge la ville de Chesstomb dans le deuil. Journaliste de renom, Shelby Williams vient y enquêter. Accumulant une somme de documents qui fera date dans l’histoire du journalisme d’investigation, il remonte peu à peu l’histoire de la ville. Jusqu’à cette fameuse année 1922 qui a vu la querelle de plusieurs médecins tourner au tragique. Le plus étrange : tout indique que le personnage de Lovecraft aurait son origine dans ce drame. 


John Ethan Py accomplit la performance de mise en forme de ces documents presque oubliés, créant une œuvre vertigineuse, où le réel et l’imaginaire s’entremêlent avec une force insoupçonnée.

Que de mystère autour de ce roman et de son auteur ! Il m’a été chaudement recommandé et je dois avouer que j’ai été tout de suite tentée par cette énigme. Et grand bien m’en a pris, croyez-moi !
A première vue, il s’agit d’un roman à l’intrigue assez complexe où plusieurs récits s’entremêlent. A seconde vue, l’intrigue est vraiment complexe mais elle est très facile à suivre. Chaque nouvelle partie, chaque page du journal de Sheby Williams, chaque récit qu’il nous rapporte nous rapproche du dénouement, mais la richesse de cette intrigue est un véritable plaisir à découvrir et à lire !
L’histoire ne connaît aucun temps mort et vous prendrez plaisir à lire chaque histoire des personnages qui sont tous aussi intéressants tout en gardant leurs particularités dans l’écriture de l’auteur.
Ne pas évoquer le suspens omniprésent dans l’histoire. John Py fait montre d’un incroyable talent de maîtrise du suspens et vous mènera par le bout du nez jusqu’aux dernières pages où découvrirez le fin mot de l’histoire, fin mot qui ne vous laissera pas de marbre !
J’ai particulièrement apprécié le format de l’histoire sous forme de chronique ou de journaux : on peut plus aisément suivre chaque élément de l’action, et j’ai eu l’impression d’être la destinataire des lettres et des récits des personnages. C’est également un grand hommage à des romans des 19e et 20e siècles, notamment celui de Bram Stocker. Cela permet selon moi une immersion plus facile et plus grande dans l’intrigue.
Il n’y a pas à proprement parler de personnage principal dans cette histoire, mais une multitude de personnages importants. Tous peuvent être situés sur le même plan car chacun apporte sa pierre à l’édifice de l’intrigue. Mais j’ai eu le plaisir de côtoyer Howard Philips Lovecraft et Herbert West. Cette mise en scène est vraiment passionnante et la mise en abyme sur l’écriture du roman de Lovecraft. C’était un pari risqué, mais il est relevé avec succès !
Un petit plus pour la réflexion que l’auteur nous propose à propos de l’écriture et de la personnalité de l’écrivain. Cette réflexion est vraiment très intéressante, appréciera qui pourra 😀
Dernière chose : ne hurlez pas à la toute fin du livre : elle est NORMALE ! 
~ En Bref ~
J’ai adoré ChessTomb. Il s’agit d’un roman très riche, complexe tout en gardant une accessibilité qui le rend immersif et agréable à lire!
ChessTomb.- John Ethan Py.- Ed de l’Homme sans nom.- 2014

La Décroisade


Sagaï, le faiseur de pluie, retrouve la Terre après six sièclesde voyage. Mais c’est à présent un monde désertique, où les pluies sont quasi inexistantes. Le cardinal Alvin Aaleigh revient d’un autre voyage d’évangélisation des mondes lointains, de six cents ans également, et débarque en compagnie d’un prêtre extraterrestre sur une Terre désormais acquise à l’islam, où le Pape est devenu « Al Abbas ». Tous les deux ont bien des choses en commun, mais aussi bien des points de divergence. Aussi est-ce à la fois en alliés et en adversaires qu’ils tenteront de lancer une croisade. Cependant, la partie qui s’engage a plus de deux joueurs… et le véritable enjeu n’est peut-être pas uniquement religieux !

J’ai pu lire de bons retours de lecteurs qui avaient apprécié ce petit roman d’à peine 300 pages. Malgré mes appréhensions concernant la thématique centrale, la religion dont je craignais une prise de position trop forte, j’ai décidé de l’essayer.
Au fil de ma lecture, j’ai été soulagée de constater que l’auteur, sous couvert de guerres de religion, nous montre la vraie nature de l’homme. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de cette intrigue pour moi, de voir qu’au nom de Dieu, l’homme peut manipuler les foules et assouvir ses intérêts. La tonalité futuriste et la place prépondérante qu’occupe l’Islam montre qu’à part quelques changements mineurs, les choses restent les mêmes.
Une chose que je déplore, que l’intrigue ne soit pas plus développée, ce qu’elle mériterait largement. Il s’agit pour moi d’un livre beaucoup trop bref, et l’intrigue qui m’a finalement un peu ennuyée aurait peut-être été plus attrayante si l’auteur avait pris son temps pour nous la proposer.

Néanmoins, l’intrigue est tout de même présente et les retournements de situation dans l’histoire sont assez surprenants et ont réussi à maintenir mon attention jusqu’à la fin du livre. J’aurais tellement aimé que plus de place soit accordée à une catégorie de personnage finalement trop laissée de côté, les faiseurs de pluie ! Leur rôle pourrait être tellement plus centrale, étant donné l’état de sécheresse avancée dans laquelle la Terre se trouve. Leur rôle est trop rapidement évoqué en début puis en fin de texte, et je trouve cela dommage.
Un petit plus cela dit pour le Scranxien qui se montre plein d’humour et porte un regard neuf sur la situation, parfois avec humour. Il apporte de la légèreté dans des situations parfois un peu lourdes.
~ En Bref ~
La Décroisade est une lecture qui ne m’a pas absolument déplu, mais je n’ai pas été transportée non plus. L’intrigue et l’histoire de départ sont intéressantes mais finalement trop peu exploitées dans ce livre.

La Décroisade.- Pierre Grévart.- Ed. Lokomodo

La Servante

« Rekk le boucher », Rekk le sanguinaire est en train de croupir au fond d’une geôle crasseuse. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Et pourtant le meurtre de sa fille reste impuni. Sa soif de vengeance le ronge. Shani n’était alors qu’une servante, elle passait presque inaperçue mais par amour et par amitié, elle libérera le Boucher et ensemble ils mettront l’Empire à feu et à sang.

La Servante est le second volet du dyptique commencé par Le Boucher. Ces deux romans se situent dans la droite lignée d’un David Gemmell ou d’un G.R.R. Martin : il s’agit de « low fantasy » où la magie et les créatures fantastiques n’ont pas leur place. Olivier Gay nous propose encore une fois un monde rude rempli de dangers que l’on est bien content de suivre tranquillement à travers l’écran protecteur du livre.
Nous retrouvons les personnages laissés à la fin du tome 1 partis libérer Rekk des griffes de Theorocle, le nouvel Empereur aussi vicieux et incompétent qu’il est jeune et expérimenté. Les actions s’enchaînent et de nombreux périls se dressent sur le chemin de la compagnie menée par Rekk le Boucher. En bref, on a pas le temps de s’ennuyer ! Une chose que j’ai particulièrement apprécié lors de la lecture de ce tome est le fait que l’auteur ne ménage pas ses personnages lors des combats, et qu’il n’hésite pas à en faire mourir certains. Je ne dévoilerai rien de plus, rassurez-vous ! Cela évite tout de même trop de deus ex machina dans lesquels les personnages s’en sortent d’une manière totalement incongrue.
Vous n’aurez pas le temps de vous ennuyer dans la lecture de ce roman : chaque fin de chapitre ou presque recèle un rebondissement qui vous fera continuer la lecture encore et encore. Pour cause : Olivier Gay possède un véritable sens de l’intrigue et de sa gestion dans son histoire. Cela fait vraiment du bien de voir cela dans un roman fantasy.
Autre point positif, les personnages. Pouvoir les suivre à travers deux tomes permet à l’auteur de les faire évoluer. J’ai surtout pris un grand plaisir à voir l’évolution de Shani dans l’histoire, à la voir s’affirmer et développer ses capacités et son autonomie. On pourrait même peut-être y voir un appel à une certaine émancipation féminine, bien que portée à son paroxysme ici.
Le seul point négatif, une carte par pitié ! J’aime tellement pouvoir me repérer, d’autant plus qu’il s’agit d’un roman où le voyage prend une grande place. Mais c’est vraiment le seul point négatif de cette histoire. Si je devais choisir entre Le Boucheret La Servante, c’est le second roman que je choisirais.
~ En Bref ~
La Servante est vraiment une bonne lecture qui se montre largement à la hauteur du premier tome de ce diptyque. J’ai pris grand plaisir à le lire et à suivre l’évolution des personnages dans les péripéties faces auxquels ils doivent faire face.
Si vous aimez la fantasy de Gemmell ou Martin, vous aimerez Olivier Gay ! 
La Servante.- Olivier Gay.- Ed Midgard.- 2014