Catégorie : chronique
Le Dernier roi des elfes
La première chose à dire, c’est que les humains ne sont pas vus sous leur meilleur jour. Ils sont représentés comme des créatures uniquement préoccupées par le pouvoir et aveuglés par leurs croyances. Dans cette époque pouvant correspondre au Moyen-Age, la religion monothéiste a balayé les croyances ancestrales, et les créatures ne partageant pas la même foi sont traquées et éliminées car considérées comme démoniaques. Un portrait qui ne laisse pas rêveur, loin s’en faut.
En face des humains, on retrouve les elfes : des créatures gracieuses, millénaires et peu préoccupées par leur avenir. Sylvie Huguet propose un système politique relativement intéressant, qui reprend celle de l’Utopie de Thomas More : un roi élu qui doit remettre en jeu sa couronne s’il faillit à la tâche ou en cas de désaccord majeur. Leur présence, en plus de justifier le côté fantasy de l’histoire, sert de terreau à la leçon de ce roman. Le Dernier roi des elfes montre au lecteur à quel point les préjugés peuvent être dangereux, et que se reposer sur eux pour juger et agir peut conduire à des catastrophes. On peut également voir en filigrane à quel point la connaissance est importante, et surtout l’importance de la curiosité d’esprit. Peut-être qu’en allant vers les autres, les jugements que nous portons seraient moins sévères et injustes…
Et puis il y a Lindyll, un enfant capturé et élevé à la manière d’un elfe par Ilgaël. Peu à peu, une véritable histoire d’amitié se lie entre les deux hommes, et la psychologie mise en oeuvre par l’auteur est vraiment très intéressante dans ce duo. J’ai apprécié assister à la croissance de l’humain, et le voisinage de ses origines et de son éducation. Plus encore, les tourments ressentis par chacun des deux protagonistes a été vraiment intéressant à lire et à découvrir. En un mot, il est difficile de rester de marbre face à leurs tourments.
Ces deux personnages sont en effet plutôt bien construits dans leur psychisme, et j’ai vraiment eu l’impression d’être à la place d’une souris qui les épiait lorsqu’ils étaient tous les deux. Le Dernier roi des elfes ouvre sur un monde dans lequel on s’immerge facilement, et l’auteur possède cette faculté de nous en faire ressentir les moindres détails à la seule force de sa plume, presque comme si on y était.
Le Dernier roi des elfes est un récit bref, poignant, qui ne montre pas le genre humain sous son meilleur aspect. Mais il est aussi un appel à la compréhension, à la tolérance et à la curiosité intellectuelle.
J’ai été remuée par cette histoire, qui fait envisager la vie et surtout le monde autrement. Je vous conseille vivement la lecture de roman, si vous aimez les textes qui font réfléchir tout en nous faisant voyager !
Le Dernier roi des elfes.- Sylvie Huguet.- Ed. La Clef d’argent
Avant le déluge
Berezina
Dearg épisodes 1 et 2
La campagne commence à la fin du premier volume, vous n’aurez pas à attendre l’épisode 2 pour lancer vos joueurs dans l’aventure !
Le second volume quant à lui est presque exclusivement consacré au déroulement de la campagne, mis à part les vingt premières pages qui vous donneront encore quelques petits conseils. Je ne vous en dirai pas plus sur l’intrigue des scénarii, ce serait tout vous spoiler ! Pour les connaître, je vous invite à vous plonger dans la lecture des deux premiers épisodes, bande de petits curieux !
Il y a plusieurs arcs narratifs, dont chacun sera le but d’une campagne. Dearg reprendra celui de l’Amour. Si toutefois vous ne vous sentez pas le roleplay romantique, d’autres sont bien entendu disponibles : l’éthique, la culpabilité, la vengeance, les origines…
Chaque arc oriente d’une certaine manière la façon de jouer le personnage, mais aussi une partie de son passé. Et si jamais votre personnage venait à mourir, votre nouvelle création devra posséder le même, pour la cohérence de la campagne.
Vous en avez assez de l’habituelle question de vos joueurs : « comment on se connaît » ? Avec la campagne Dearg, le système de jeu s’enrichit de telle sorte que vos personnages aient des liens. Ils doivent en premier lieu être originaires du val de Dearg, ils peuvent aussi être amis ou amants, ou avoir vécu leur enfance ensemble… Tout est possible, tout est envisageable !
Quelques conseils pour une ambiance sereine sont également donnés. Comme dans le Prologue, chaque scénario est agrémenté d’idées musicales pour l’ambiance et de toutes les précisions nécessaires à une partie inoubliable.
Dearg est une campagne prometteuse au gameplay (vous me permettrez cet abus de langage) intéressant. Les arcs narratifs sont certes un peu complexes à aborder, mais se révèlent attractifs et promettent un roleplay étoffé.
A essayer si vous souhaiter passer et faire passer de bons moments en Tri-Kazel !
Des profondeurs
Après la France du XIIe siècle, l’histoire nous propulse à travers un portail temporel dans le San-Francisco de 1906. J’ai beaucoup apprécié la visite, certes mouvementée, de cette ville que je ne connais pas. Le lecteur est plongé dans cette fièvre citadine et ouvrière où différents peuples se côtoient sans jamais vraiment se mélanger. Patrick Mc Spare nous montre sans fard une époque pas si éloignée de la nôtre où les préjugés et les croyances sur les races allaient mener au désastre que l’on a connu au milieu du XXe siècle.
Et l’on peut déceler dans ce roman, dans la continuité du premier tome, un double message : la joie de voir que les choses et les droits de l’Homme ont évolué (même s’il reste encore beaucoup à faire), mais que le naturel revient malheureusement au galop, et qu’une vigilance de chaque instant est vitale pour éviter de nouveaux désastres.
Cette peinture sociale sert de base à une intrigue qui se révèle toujours pleine de rebondissements. Pas le temps de s’ennuyer pendant la lecture de ces presque 400 pages, car il y aura toujours quelque danger qui poursuit nos héros. L’auteur nous plonge un peu plus dans l’ésotérisme et la démonologie dans des scènes à faire frissonner. Son écriture possède une puissance d’évocation non négligeable qui siérait tout à fait à une partie de jeu de rôle.
J’ai à la fois été ravie et frustrée à la lecture d’un certain passage qui propulse les personnages dans un passé mythique, celui de la Bretagne de Merlin. Certes il s’agit du chapitre le plus long du livre, mais j’aurais tellement aimé qu’il soit plus long !
Et puis on retrouve les personnages, bien entendu. Si celui d’Alex est une vraie tête à claques, ils se révèlent tous plutôt adultes… tous les quatre. Pourquoi quatre ? Je ne vous dis rien de plus pour ne pas vous spoiler une partie de l’histoire !
Chaque adolescent se montre donc plutôt adulte et responsable, mais je dois avouer que j’ai une grosse préférence pour Laure, qui se montre la plus mature ! J’aime sa manière de parler, sa lucidité et ses capacités d’adaptation à un siècle qu’elle ne connaît pas.
Cette série possède une certaine profondeur, au-delà de ce à quoi je m’attendais. Les réflexions sur le temps qui passe et sur l’importance du moment présent prennent une juste place, et j’ai apprécié cette inclusion.
Après le Moyen Age, Patrick Mc Spare nous propulse dans le San-Francisco du début du XXe siècle. Son écriture fluide et l’attractivité de l’histoire font que Des Profondeurs est un roman que j’ai eu du mal à lâcher.
Patrick Mc Spare.- Les Héritiers de l’Aube T2 – Des Profondeurs.- Ed. Scrinéo
Le Culte de l’Archange
Blizzard
Dans le lointain Nord, tout autour d’une cahute, s’étendent à perte de vue forêts enneigées et pics glacés. Blizzard, l’un des rares magiciens survivant d’une guerre encore fraîche et son protégé Chasseur y vivent entre retraite et exil loin d’un royaume maintenant pacifié d’une main de fer par l’Inquisiteur. Jusqu’au jour où une redoutable phalange les attaque sans raison. Jusqu’au jour où la même troupe ravage entièrement le village de Iak, dresseur de tigre des glaces. Les voilà jetés sur les routes, consumés par le désir de vengeance et la volonté de comprendre. Leur périple les confrontera à des secrets qui ébranleront tout ce qu’ils croyaient savoir.
Il ne s’agira pas ici d’un avis sur l’entreprise vidéo-ludique américaine aux jeux mondialement connus comme Diablo 3 ou World of Warcraft. Non. Il s’agit plutôt du premier tome d’une série fantasy écrite par Pierre Gaulon et publiée chez l’une de mes maisons d’éditions préférées, Mnémos.
Le mouvement est le maître-mot de cette histoire. Tout est changement, voyages et fuites. Pierre Gaulon possède une grande puissance d’évocation qui propulse son lecteur dans des paysages grandioses : majestueuses forêts, montagnes gigantesques et steppes enneigées interminables. J’ai fortement apprécié cette invitation au voyage, me projetant sans problème des steppes silencieuses au vacarme fracassant des arènes de la capitale. Les descriptions vont à l’essentiel et restent très visuelles.
L’auteur tisse dans ce premier roman un background social, historique et géographique vraiment intéressant, bien que trop survolé. La malédiction qui semble peser sur cette contrée, la couvrant de neige, prend ses sources dans le passé belliqueux du pays, et j’avoue que le manque de détails m’a laissée sur ma faim. Un retour en arrière n’aurait pas été de trop, et de simples évocations au fil du texte ne suffisent pas à nous en apprendre plus. Cette absence d’évocation dans les détails donne l’impression d’un manque d’approfondissement dans l’écriture du monde, et c’est dommage. Tout est survolé, et il en va de même pour les actions, les combats.
J’ai vraiment eu l’impression que l’auteur se retenait de trop écrire, et c’est un bémol qui a un peu frustré ma lecture. Ce manque de développement est un bémol que je dois malheureusement souligner.
Le manque d’insistance sur les actions d’éclat comme les combats est d’autant plus dommage que ce qu’on en lit laissent imaginer des scènes épiques. La saga d’ailleurs me paraît tournée en ce sens, et j’espère beaucoup des tomes suivants sur ce point.
C’est un point de vue strictement personnel, mais j’aurais aimé mieux connaître le méchant de l’histoire, Evanen. Ce que l’auteur laisse filtrer sur son passé est captivant, et j’espère vivement en apprendre plus sous peu ! Il en va de même pour le peuple des Esthètes, qui donne son nom à la saga. On rencontre celui-ci à la fin du roman, et cet événement est pour le moins intéressant. Il me rappelle, à sa manière et dans une moindre mesure, la rencontre et la réunion des Ents du Seigneur des Anneaux de Tolkien.
Ainsi, j’ai hâte de découvrir s’ils se montreront à la hauteur de leur réputation une fois la guerre venue.
Les personnages savent tout de même se montrer attachants. Certes, leur histoire n’est qu’évoquée pour la plupart, mais ils sont construits de telle manière que j’ai eu plaisir à les retrouver au fil de ma lecture. Il convient tout de même de souligner la mise en scène de personnages plutôt originaux : les magiciens, qui se révèlent être de dangereux combattants bien qu’ayant leur faiblesses, les Esthètes que j’ai mentionné plus haut, et les Erzats, des créatures déviantes issues d’expériences malheureuses.
Vivement la rencontre !
Mais il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit que du premier tome d’une saga. C’est la raison pour laquelle je ne me montre pas vraiment critique à l’encontre de cette histoire. Tout est possible dans la suite de cette série que j’attends de pied ferme !
Si je suis restée sur ma faim avec Blizzard, j’attends tout de même la suite. Ce premier tome ouvre tout un champ de possibles, et j’espère vivement que la suite sera épique et plus étoffée !
Le Sommeil des dieux T1 – Le Tsar des étoiles
Comme pour La Décroisade, je reste assez mitigée concernant ce premier tome. La matière est là, mais le récit pourrait être considérablement étoffé tout en restant facile à lire et à suivre. J’ai été frustrée par l’absence de détails qui auraient pu améliorer la préhension de ce récit par le lecteur.
Chaos sous la montagne !
Le Donjon de Naheulbeuk T4 – Chaos sous la montagne !.- John Lang. Ed. Octobre