Maîtresse de guerre


Dans le même univers que celui du Puits des mémoires, Kaelyn, fille d’un maître d’armes, rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres filles de son âge rêvent d’un beau mariage. Elle a le talent, l’instinct, la volonté. Elle ne demande qu’à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c’est un monde dur, un monde d’hommes, où la place d’une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles. Il va falloir lutter. Elle s’engage donc dans cette grande armée qui recrute partout des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d’Azman, plaque tournante de l’esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l’invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes…

Voici le nouvel opus de Gabriel Katz après sa trilogie du Puits des Mémoires aussi bien écrite qu’attractive ! Un grand défi pour ce roman que j’attendais avec impatience. Allait-il être passionnant, si oui, plus ou moins que la trilogie ?
J’ai apprécié cette lecture. Retrouver la plume de l’auteur m’a fait plaisir et je dois dire que cette histoire m’a emmenée avec elle sans vraiment que je m’en aperçoive.
Je commencerai avec le seul bémol que j’ai trouvé dans cette histoire, c’est le lieu dans lequel elle se déroule. Le désert n’est pas tellement à mon goût, je préfère la neige et le froid à la chaleur et au sable. J’aurais aimé voir le conflit se dérouler dans le pays d’origine de l’héroïne, le nord ! Mais ce n’est pas vraiment un reproche, c’est mon goût personnel après tout…
J’ai dit que l’histoire m’avait emmenée sans que je m’en rende compte. C’est que la narration est fluide, le suspens dispersé aux endroits adéquats et la trame de l’histoire passionnante. On enchaîne les chapitres pour connaître la suite et on arrive à la fin plus rapidement que prévu. C’est vraiment une très bonne histoire dont chaque détail est soigné, en particulier la fin qui ne décevra pas. Si je n’ai pas hurlé comme à la fin du second tome du Puits des mémoires, j’ai été un peu déçue de l’avoir terminé, je dois l’avouer.
Les personnages aussi sont intéressants voire attachants. J’ai pris plaisir à suivre Kaelyn qui réussit à survivre dans un monde rude et sans concessions. Tous les personnages semblent réels tant dans leurs sentiments que dans leur réaction. Cela témoigne du talent d’observation de l’auteur quant à l’espèce humaine…

Un plus pour la place qu’occupe Kaelyn. J’ai apprécié de la voir surmonter les préjugés militaires et plus généraux qui peuvent exister sur les femmes. Il s’agit d’une analyse pour le moins intéressante des préjugés sur les femmes, mais aussi ceux qu’ont les hommes sur leur semblables.
~ En bref ~

Maîtresse de guerre a été une très bonne lecture pour moi. L’écriture est de qualité et l’histoire est prenante. Le bémol n’en est au final pas vraiment un, et les personnages permettent vraiment d’entrer dans l’histoire. Que demande le peuple ?

Maîtresse de guerre.- Gabriel Katz.- Ed. Scrinéo.- 2013

Les nains – Manuel de campagne


Nous sommes les nains. Seuls notre force, notre loyauté et notre sens du devoir nous permettent de survivre dans ce monde hostile. Seules la méfiance, la suspicion et la vigilance peuvent nous protéger pour les années à venir ». Ce manuel illustré, fruit de la sagesse des nains, pose les bases de leur stratégie militaire. Dans une langue claire et concise, il dévoile les tactiques, l’équipement et les armes utilisés pour vaincre l’ennemi.
Un ouvrage indispensable pour chaque nain dans chaque citadelle. Lisez-le attentivement, et que vos barbes poussent longues et drues ! « Si nous autres humains voulons résister et survivre aux ores et aux spectres de l’Ombre, nous ne pourrons le faire qu’avec l’appui des autres races, et même si vous ne le feu ; jamais admettre à un nain, ils ont besoin de nous autant que nous avons besoin d’eux.

Nain qui roule n’amasse pas mousse. Mais vous, vous récolterez un coup de hache ou bien un carreau d’arbalète si vous les énervez !

On peut découvrir dans ce livre tous les secrets de la vie de ces belliqueuses créatures, mais également sur l’architectures de leurs mines, de leurs armes et de leur techniques de combat. On y apprend par exemple que, loin de s’élancer dans les batailles dans un désordre indescriptible, les nains forment une société militaire très codifiée et stratifiée. 

De plus, le fait que les propos viennent d’un représentant de cette race n’est pas à prendre à la légère ! Il s’agit d’un gage de qualité, l’expérience du peuple même !
Les nains apparaissent tels qu’on les imagine : de petits êtres bourrus, méfiants à l’égard de toutes les autres races, en particulier les elfes. Mais leur haine va bien entendu aux gobelins et aux orcs qu’ils détestent par dessus tout ! Cela colle donc bien à l’idée que l’on se fait des nains, et à ce qu’on peut voir dans les œuvres de Tolkien et d’autres auteurs de fantasy ou de science-fiction, mais également dans les jeux de rôle !
Joueur de Donjons & Dragons ou tout autre jeu de rôle papier, vous rêvez de jouer un petit être râleur à la barbe longue ? Ce livre vous aidera à en savoir plus et à incarner les nains de la meilleure manière qui soit ! 

Mais ce manuel peut être également vu comme un inconvénient. Il catalogue en effet des caractéristiques archétypales et n’apportent pas vraiment de nouveauté. Les nains, manuel de campagne ne peut donc pas être qualifié de renouveau. Que l’on apprécie ou pas cet aspect classique relève de l’appréciation du lecteur mais pas de la qualité de l’ouvrage.
~ En bref ~

J’ai apprécié la lecture de ce manuel qui ne manque pas d’humour. Tout y est pour comprendre et connaître les nains et éventuellement en jouer un lors d’une partie de jeu de rôle. Je recommande donc cette lecture aux rôlistes, mais également aux amateurs de fantasy curieux d’en savoir plus sur cette race !

Punk’s Not Dead


À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ? Qu’adviendrait-il si le QI des Français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, l’an 1789version 2.0 ?
Est-il bien sage pour un succube de s’amouracher d’un simple mortel ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Et si La Mort s’accordait un repos mérité ?
Treize nouvelles. Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux.
Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…
De toute évidence, ce recueil a été écrit pour vous.

Faites attention, malgré les propos engageants tenus par l’auteur et son éditeur, ce livre peut être dangereux. C’est du moins ce qu’en dit le courrier que j’ai reçu avec ce dangereux opus. Je vous rassure, il s’agit d’une facétie de l’auteur que l’on commence à bien connaître. Ce recueil est pour moi un coup de cœur, et je vais vous dire pourquoi !
~ Décembre aux cendres ~
L’histoire de cette petite fille est prenante. J’ai apprécié l’univers post-apocalyptique et à l’histoire qui a touché Budapest, renommée Brûle-peste. L’histoire qu’évoque l’auteur m’a donné une furieuse envie d’en apprendre plus sur cette série d’événements qui a ruiné la ville, et accessoirement le monde entier. J’ai apprécié de grapiller les détails disséminés par Anthelme tout au long de la nouvelle. Celle-ci ouvre le recueil et le démarre de la meilleure des manières.
Le petit plus : la fameuse citation que j’ai posté dans le précédent article est présente dans la partie « backstage » de la nouvelle.
~ Sarabande mécanique ~
Je ne suis pas accro à la science-fiction. Mais quand on la mélange à un style steampunk, cela m’attire déjà beaucoup plus ! J’ai particulièrement apprécié le vétéran devenu mi-homme mi-robot. L’auteur nous montre que malgré la façade de convenance que l’on peut afficher, la vraie nature humaine reprend vite le dessus. Et aussi que trop de technologie…tue l’homme !
~ No Future ~
Sûrement ma nouvelle préférée de toutes celles qui composent ce recueil ! Un punk qui devient zombi et qui nous raconte sa toute nouvelle existence. Tout n’est pas rose pour lui, mais son humour souvent piquant l’a accompagné dans son changement vers la décrépitude pour le plus grand bonheur des lecteurs. Enfin un reportage de l’intérieur sur la condition zombie, presque de quoi nous les faire aimer !
Oui, c’est vraiment un très bon texte, surtout mon favori.
~ Sale petite peste ! ~ 
Encore une très bonne nouvelle qui s’inspire avec brio du roman Mortimerde Tery Pratchett. On retrouve par exemple la typographie particulière pour le personnage de la Mort. Il en a marre. Et en plus, un étrange cas se présente à lui, un enfant qui décime des peuples entiers et lui impose un surcroît de travail. Non mais il ne faut pas abuser non plus, sale peste !:) J’ai beaucoup aimé cette nouvelle pour plusieurs raisons : elle s’inspire d’un roman que j’ai adoré, et certaines notes de bas de page sont vraiment très drôles ! Je vous invite à lire celle qui explique comment la mort à trouvé sa monture.
~ La Ballade d’Abrahel ~ 
Il s’agit d’une belle nouvelle dans laquelle Anthelme retrace l’histoire de la chute des anges rebelles qui ont voulu offrir à de pauvres mortels la connaissance, mais qui ont été puni par le tout-puissant. L’alternance entre réalité et monde souterrain produit une agréable lecture. De plus, on se rend compte que les démons ne sont pas si différents des mortels, malgré leur passé : ils sont capable de tout pour retrouver ce qui leur manque dans le passé.
~ Le Roi d’automne ~ 
Une nouvelle qui se situe dans le cycle du Sidh, le dernier roman d’Anthelme Hauchecorne. J »y ai retrouvé l’univers complexe de la saga avec grand plaisir. J’ai tout de même eu un peu de mal à me remémorer tous les détails de l’univers du roman. En plus, cela se passe à Arras, près de là où j’ai grandit:)
~ En bref ~
Un recueil de nouvelles que je retiendrai et qui trônera parmi mes préférés. Je dois dire que je l’ai de loin préféré au premier volume des Cercueils de nouvelles ! Et je vous en conseille vivement la lecture !

Punk’s not dead.- Anthelme Hauchecorne.- Ed. Midgard.- 2013

Ange et Loki


Gheritarish a besoin d’aide, tel est le message reçu par Cellendhyll tandis qu’il enquête sur la mort de ses parents. Il s’empresse alors de partir pour les Terres de Sang rejoindre son ami. Magie néfaste, monstres, pillards, ennemis cachés, la quête de l’Ange ne sera pas de tout repos. Il croise entre autres sur son chemin Cyndaël, une belle archère qui s’intéresse à lui d’un peu trop près. Sans compter l’arrivée des Vorpals, désormais réveillés et pour qui la chair humaine représente la plus délectable des gourmandises…
Un long parcours semé d’embûches attend l’Ange avant ses retrouvailles avec le Loki !

Après de longs mois d’attente, j’ai enfin pu reprendre les aventures de Cellendhyll de Corvatar, alors homme lige de l’empereur de la Lumière ! Cela a été un grand plaisir que de déguster cette lecture chapitre après chapitre ! Vous aurez compris, j’ai beaucoup apprécié cette lecture.
L’histoire en elle-même sort de la trame principale du reste de la série. C’est en effet un « one-shot » dans lequel l’Adhan s’écarte de la mission qu’il s’est fixée à la fin du tome précédent et suit son instinct qui lui dicte de porter secours à son ami de toujours. Cela permet à l’auteur de nous présenter une nouvelle partie de son monde qui se trouve chargée d’une histoire dont j’aimerais connaître tous les détails. Peut-être qu’un jour nous en saurons plus à propos de cette histoire…
Quelle joie de pouvoir suivre à nouveau les aventures de Cellendhyll, ce héros torturé que je connais un peu plus à chaque tome. Chaque morceau de la vie du héros nous en apprend plus sur sa manière de voir le monde, et ce tome-ci montre une véritable avancée dans le travail psychologique de Cellendhyll. J’ai aussi été très heureuse de retrouver Gheritarish, après sa disparition à la fin du tome 5 de la saga. Il est vrai qu’un couple amical aussi dissemblable pourrait étonner, mais ce sont leurs différences qui font leur complémentarité et leur donne leur force. Peut-être que cela deviendra un proverbe. S’il existe, je n’ai rien dit !
Parler de la plume de Michel Robert revient surtout à parler de la qualité de ses descriptions. L’auteur va à l’essentiel et nous propose des scènes d’action mais aussi des paysages à couper le souffle. Ni trop ni trop peu, c’est ce qui pourrait définir l’écriture de l’auteur. On peut d’ailleurs dire que la philosophie de vie du héros s’en rapproche : le trop est l’ennemi du mieux. Michel Robert l’a bien mis en application pour notre plus grand plaisir !
~ En Bref ~
C’est une très bonne lecture. Même si ce tome ne s’inscrit pas directement dans la lignée des autres tomes, ce one-shot est vraiment plaisant à lire. On y retrouve avec grand plaisir Gheritarish, le pendant extraverti de Cellendhyll, et surtout leur duo détonnant.

Si vous voulez de la fantasy de qualité, vous serez servis ! Avec de grosses bêtes dégoûtantes en prime…

Ange et Loki.- Michel Robert.- Ed Mnémos.- 2013

Les Héritiers de l’Aube – T1, Le Septième sens


Trois jeunes personnes ont été arrachées à leurs époques respectives : Alex l’australien du XXIe siècle, Laure la française du XVIIIe siècle et Tom l’anglais du XIXe siècle. Transportés par la volonté de Merlin dans le Paris de l’an de grâce 1411. Que peut bien relier ces adolescents appartenant à des époques différentes ? Les pouvoirs qu’ils possèdent sans le savoir ainsi que l’absence de ligne de vie au creux de leur main qui font d’eux les Héritiers d’une ancienne magie qui date de l’aube des temps. Leur mission est simple en apparence : récupérer une mystérieuse pierre verte. Mais plusieurs ennemi de taille se dresseront sur leur route, dont un démon qui traque l’objet depuis le premier matin du monde…

Ce roman est le premier tome de la nouvelle saga de l’auteur des Hauts-Conteurs, Patrick Mc Spare. Il s’agit d’un retour dans le passé, dans le paris médiéval. Un beau voyage en perspective. C’est du moins ce que je me suis dit une fois le résumé de l’histoire lu.
Les trois aventuriers sont de jeunes gens venant d’époques différentes. L’on peut tout de suite percevoir un vent de compréhension et de tolérance mutuel – bien qu’un peu chaotique – souffler entre les adolescents. L’auteur fait montre de bonnes qualités d’observation et a su rendre correctement des réactions typiquement adolescentes, surtout concernant Alexander. C’est d’ailleurs ce qui m’a un peu lassée dans cette histoire, les jérémiades incessantes de cet adolescent que tout incommode.
Mis à part ce petit bémol, rien à redire sur les personnages. L’auteur a su reprendre les réactions des français que l’on suppose «normales » au moyen-âge vis à vis de la technologie. C’est avec le sourire que j’ai lu les tours de « magie » mis en place par Alex avec son briquet pour soutirer aux brigands ce qu’il voulait savoir.
J’ai déjà lu de très bonnes histoires mélangeant histoire et fantasy. Je pense bien sûr à la Wielstadt de Pierre Pevel (n’ayant pas encore commencé les Lames du Cardinal). Ce premier tome des Héritiers de l’Aube conviendra autant à tous les accro à la fantasy qu’aux amateurs d’histoire curieux de se plonger dans un genre nouveau. Je ne me suis pas plongée dans l’histoire de France du XIIIe siècle, mais le peu que j’ai pu lire sur le sujet montre que les personnages et les factions ont bien existé.
L’intrigue est prenante et les péripéties dans lesquelles sont plongés les héros vous donneront envie de connaître la suite de l’histoire, d’autant que l’auteur a eu la bonne idée (pour la plus grande frustration de son lecteur) de terminer son premier tome par une magnifique piste lancée qui donne envie de commencer le second volet de l’histoire sans attendre !
~ En bref ~

Le Septième Sens ouvre une série qui promet d’être palpitante et pleine de surprise. J’aurais cependant préféré voir une couverture illustrée par Olivier Péru, auteur et artiste que j’aime beaucoup.

Les Héritiers de l’aube.- T1 Le septième sens.- Patrick Mc Spare.- Ed. Scrinéo.- 2013

Palace Athéna


Paris, 1889, l’Exposition Universelle vient d’ouvrir ses portes. Trois enquêteurs hors normes poursuivent un mystérieux tueur dont les méfaits semblent liés à la mythologie grecque. Tandis qu’ils se lancent sur les traces d’une étrange actrice de cabaret, d’inquiétants phénomènes se multiplient dans la capitale. Et si tout cela était lié à un retour des dieux antiques ?


Je ne suis pas férue du tout de mythologie grecque, mais j’adore les romans qui mêlent histoire et imaginaire, quand c’est réussi bien sûr. C’est le cas pour Jonas Lenn qui réussit relativement bien le pari de mélanger les deux.

Les Dieux de la Grèce Antique qui, souhaitant revenir parmi les hommes, choisissent le Paris de la Belle Époque. Pourquoi pas ? C’est au moins une idée originale qui m’a changé de mes lectures habituelles. J’apprécie beaucoup cette période historique que j’avais déjà eu l’occasion de rencontrer dans Les Enchantements d’Ambremer, de Pierre Pevel, qui est depuis l’une de mes histories favorites.
Toutes les descriptions sont bien dessinées et avec suffisamment de détails pour que l’on puisse se croire partie prenante de l’histoire.
L’histoire est quant à elle plutôt dure à suivre. Je cherche toujours le lien entre le prologue et la suite de l’histoire, et ma compréhension de l’enchaînement des scènes m’a parfois semblé relever du hasard. De plus, certaines explications m’ont semblé plutôt capillotractées… Je m’attendais à une vraie course poursuite, et une intrigue mieux travaillée avec une implication plus forte des femmes hystériques. Pourquoi pas remonter au personnage de Charcot lui même ?
J’ai globalement apprécié les trois protagonistes, avec une préférence pour La Dive dont les péripéties m’ont plutôt fait sourire. Les personnages restent toutefois plutôt archétypaux, ce qui est un peu dommage. Je regrette ne pas avoir passé plus de temps dans le théâtre de Méliès, un personnage dont le travail me fascine.
~ En bref ~

Une lecture en demi-teinte qui m’a laissé sur ma faim. Malgré quelques personnages drôles ou intéressants (Méliès, vous l’aurez compris), une histoire pour le moins originale mais très difficile à suivre par moments, ce ne sera pas pour moi un livre inoubliable. 
J’en suis d’autant plus surprise que j’avais beaucoup aimé son recueil de nouvelles intitulé Crop Circles dont vous pourrez lire la chronique bientôt. 

Palace Athéna.- Jonas Lenn.- Ed Asgard.- 2013

Interview : Alexis Flamand


Alexis Flamand, extraterrestre en visite sur notre planète, a pris forme humaine en 1970 mais s’est finalement retrouvé coincé dans son corps d’emprunt. Pour gagner sa vie, il a commencé par organiser un trafic d’organes de caniches nains, puis une secte autour du tire-bouchon avec adoration de la Grande Visseuse. Se rendant compte de ses erreurs, imputables à sa méconnaissance de notre culture, il change son fusil d’épaule et entreprend des études de biologie. Hélas, après quelques années, les dissections de rats ne lui apportent plus guère qu’une satisfaction modérée. Il s’oriente alors vers l’enseignement, puis vers la littérature. Il écrit des romans réalistes sur sa galaxie, que les humains considèrent comme des récits imaginaires de SF ou de fantasy. Enfin, il est fan, dans le désordre, de jeux de rôle, de jeux de plateau, de jeux vidéo, de graphisme et de rock progressif.

Biographie visible dans sa forme originale ici


1 – Ton entourage t’inspire-t-il lorsque tu écris ?
Pas du tout ! À part quelques clins d’œil à des amis sous la forme de références, je ne m’inspire que très peu de la réalité. Quand je mets en place telle ou telle situation, je réfléchis à la manière la plus crédible pour les héros de réagir. Je me base donc sur ce que je sais d’eux et de leur caractère plutôt que sur des êtres humains « réels ».

2 – Quels sont tes auteurs favoris ?
Ceux de l’âge d’or de la Fantasy, quand cette Fantasy ne tournait pas en rond comme elle a tendance à le faire aujourd’hui  Des auteurs comme Roger Zelazny et Fritz Leiber ont apporté beaucoup au genre, mais mon auteur fétiche demeure Jack Vance. Il a non seulement posé les bases de ce qu’on appelle la « Science Fantasy », mais il a écrit des livres originaux qui font aujourd’hui figure d’OVNI à côté des régiments d’elfes, de dragons et de nains qu’on essaie de nous recycler ad nauseam.


3 – L’écriture : métier ou occupation ?
Tous les auteurs aimeraient en faire un métier, et pratiquement tous le pratiquent en tant qu’activité. Il faut savoir que très peu d’auteurs vivent de leur plume en France : moins de 100 !

4 – Qu’est-ce qui t’aide à développer ton imagination ?
Tout ! Aussi bien la lecture que le cinéma, les jeux vidéo, les jeux de rôle, mais aussi la musique, les rencontres, les infos, les découvertes scientifiques… Je pense qu’un auteur se nourrit de tout ce qui l’entoure et le recrache ensuite après un passage dans sa petite usine à imaginaire personnelle. Je dis souvent que la création n’est rien d’autre qu’un recyclage de talent, avec un double sens pour ce dernier mot. On recycle en effet d’abord le talent des autres, mais il faut aussi essayer de le faire avec talent, c’est-à-dire en proposant une valeur ajoutée qui passe par une sensibilité personnelle. La création ne consiste pas à refaire ce qui a déjà été fait !

5 – Pourrais-tu résumer ton style littéraire en un mot ?
J’essaie d’être le plus efficace possible quand j’écris, c’est donc le mot que je choisirai. Quelques lecteurs disent que mon style est « cinématographique ». Il est vrai que quand je décris une situation, j’ai tendance à poser ma caméra dans tel endroit et à régler l’action avec des plans, comme dans un film. Après, au lecteur de dire si je réussis toujours mes prises de vue !

6 – Comment est née ta passion pour l’imaginaire ?
J’étais un lecteur très moyen et sans enthousiasme jusqu’à mes 11 ans, quand j’ai découvert un petit livre appelé « Le Hobbit » dans un recoin du CDI de mon collège. Ce fut une révélation, et je suis depuis devenu un véritable drogué à l’imaginaire. Comment le devient-on est certainement une question complexe. Peut-être qu’à un moment de notre vie, la réalité se fait trop pesante, et l’imaginaire constitue alors une soupape mentale permettant de faire une pause avant de se jeter de nouveau dans la mêlée.

7 – Si je te dis « magie »… que me réponds-tu ?
Je te réponds « sel de l’imaginaire ». La magie, c’est de l’imaginaire condensé, matérialisé. Peut-être n’est-ce d’ailleurs pas un hasard si l’on entend « magie » dans « imaginaire ». C’est tout simplement une clef vers autre chose, une chose que notre cerveau rationnel n’a pas besoin d’expliquer pour apprécier. Une pause de la réalité !

8 – Quel est ton personnage préféré tous genres littéraires confondus ?
J’ai une tendresse particulière pour Arsène Lupin, son charisme, son humour et sa vivacité d’esprit. Ce n’est pas un hasard si mes livres contiennent souvent des énigmes à résoudre ou des situations délicates qui mettent à rude épreuve l’ingéniosité de mes personnages.

9 – Un rêve littéraire ?
Ce serait voir mes créations se mettre à vivre leur propre vie, indépendante de leur créateur, quelle que soit la nature du projet. C’est magique quand vous voyez un autre créateur reprendre ce que vous avez inventé et proposer une vision parallèle qui enrichit celle d’origine.

10 – Quels projets pour l’après-Alamänder ?
D’autres mondes en chantier, mais aussi un univers de jeu de rôle à développer. Et tout un avenir que j’écris jour après jour, lequel donnera au final un livre que j’espère riche en rencontres, en découvertes et en idées !

11 – Si je te dis 42 ?
Je te répond qu’il faudra attendre quelques milliers d’années pour découvrir la question à cette réponse.

[Lecture commune] Macbeth de Shakespeare

A la suite d’une bataille victorieuse, le valeureux Macbeth, sujet du roi Duncan d’Ecosse, rencontre trois sorcières qui le désignent comme le duc de Glamis (ce qu’il est ) le duc de Cawdor, et le futur roi. Peu de temps après, Macbeth est informé que le roi, en récompense de son courage et de sa dévotion, le fait duc de Cawdor.
Macbeth fait part de la singulière entrevue à son épouse qui va le pousser à assassiner le roi pour prendre sa place, réalisant ainsi la troisième prédiction des trois sorcières.


Comme pour la précédente lecture commune, j’ai réussi à joindre l’utile à l’agréable en alliant une lecture universitaire à la lecture commune prévue avec Rhi-Peann. C’est donc sur Macbeth que se porte notre choix ce mois-ci !

Shakespeare est un auteur que j’apprécie beaucoup. Par ses pièces bien sûr, mais surtout pour ses fameux Sonnets que je prend plaisir à lire tant en français qu’en anglais. Macbeth n’est pas ma tragédie préférée du dramaturge, mais j’aime le style piquant et satirique de Shakespeare a tout pour me plaire. 

On peut voir la dimension satirique dans le personnage éponyme, en particulier dans la manière qu’il a de passer de la figure d’un conquérant à celle d’un homme soumis aux caprices de son épouse assoiffée de pouvoir. Sa dégringolade reflète le pathétique du personnage qui, pour se rassurer, entend ce qu’il veut des prédiction des trois sorcières… 

Je pense que lorsqu’on perçoit le côté ironique de la situation de Macbeth, cette pièce prend toute sa dimension satirico-comique qui ravira les amateurs et qui m’a personnellement ravie. 

Les Faucheurs sont les anges


Depuis vingt-cinq ans, la civilisation se réduit à de pauvres enclaves qui s’efforcent d’endiguer des flots de morts-vivants. Une jeune fille nommée Temple sillonne ces paysages d’une Amérique dévastée lors d’une errance solitaire qui lui permet de faire taire ses démons intérieurs. Elle n’a pas souvenir du monde avant l’arrivée des zombies, mais se rappelle le vieil homme qui les avait recueillis, son jeune frère et elle ; un cadet dont elle a eu la charge jusqu’à la tragédie qui l’a poussée à aller de l’avant, en quête de rédemption. Un voyage initiatique d’îlot préservé en îlot préservé, à travers un Sud ravagé en proie à la sauvagerie, au cours duquel Temple devra décider où fonder un foyer et trouver le salut qu’elle cherche désespérément.


A ceux qui attendraient le récit du début d’une apocalypse zombie, rien de tout ça dans ce roman. L’histoire se déroule une période ultérieure à cela. C’est donc en plein scénario post-apocalyptique que nous suivons Temple, une adolescente à travers les États-Unis.

Une histoire un peu différente de tous les films ou histoires catastrophes que j’ai pu voir ou entendre, et le concept a pu me plaire bien que j’aime aussi les premières heures d’une invasion de Zombies.
On y suit donc une jeune adolescente de 15 ans, Temple, qui n’a connu de ce monde que sa version post-apocalyptique. C’est un véritable survival roadtripque ce roman. L’auteur dessine un nouveau pays à travers les rencontres de personnes qui tentent de rebâtir un nouveau quotidien malgré tout. L’accent est donc mis sur les rencontres entre vivants plutôt que sur le dégommage de « sacs à viande » comme Temple appelle les zombies.
On y découvre des personnes animées d’un véritable esprit d’équipe, mais également des personnes préférant faire « cavalier seul ». Tout un panel de personnes dont le véritable fond n’a pas été changé par le réel chambardement, et qui ne sont pas très différentes de celles que l’on peut croiser dans notre réalité.
J’ai été un peu déçue par la fin de l’histoire qui tombe un peu à plat. L’on pouvait s’attendre à de plus amples péripéties et un duel plus… épique. J’ai presque eu l’impression que l’auteur en a eu assez de cette histoire et a trouvé une porte de sortie un peu grossière.
~ En bref ~
Les faucheurs sont les anges est une lecture assez plaisante et un roman qui se lit vite. Mais la fin un peu abrupte m’a clairement laissée sur ma fin. J’ai refermé mon exemplaire en me disant « Et.. ? ». Mais la suite n’est pas encore venue.

Point important, cette lecture m’a été permise par l’opération Masse Critique de Babelio. Merci à eux pour nous donner souvent la chance de découvrir de nouveaux auteurs. 

Les Faucheurs sont les anges.- Alden Bell.- Ed Folio.- 2013

Frankia, Livre 1


1940, Seconde Guerre Mondiale.
Dans une France décalée où la magie se mêle à la technologie, les tracteurs à vapeur sont actionnés par des élémentaires de feu, les arachnopanzers et mécanovouivres déchaînent leur fureur mécanique, les protocoles technomanciens altèrent la réalité, les orcs, colonisés et exploités, se sont battus aux côtés des Frankiens pendant la première guerre mondiale et les elfes sont persécutés et exploités par les Teutoniens et leur maître, le Technarkonte Von Drakho.
C’est dans ce contexte que Loïren, un jeune Frankien élevé par un orc, en zone libre, va recueillir une jeune femme elfe poursuivie par la milice, et se retrouver au cœur du conflit qui embrase Europa. Derrière l’Histoire, celle des États et des Nations, ici ou ailleurs, se cachent le combat, la haine et l’amour des hommes et des femmes emportés dans la tourmente, qu’ils soient réels ou imaginaires.

Rude programme que de s’attaquer à une réécriture de la seconde guerre mondiale, sujet sensible par excellence ! Parce que oui, cette histoire traite de l’occupation allemande (Teutonia dans le roman) en France (Frankia, toujours dans le roman) et de la déportation. Mais ce pari est relevé avec talent par Jean-Luc Marcastel qui l’adapte à la sauce fantasy. Car nains, elfes, orcs et même des mages, les fameux technomanciens s’invitent dans cette histoire revisitée.
Cette fois, ce sont les elfes qui sont opprimés par les Teutoniens, et l’on peut lire dans cette histoire un véritable hommage à la résistance française durant l’occupation allemande au début des années 1940. On peut en effet lire quelques passages narrant l’histoire de personnes abritant des réfugiés elfes qui mettent en péril leur vie en luttant contre le géant teutonien. C’est dans tous les cas un bel hommage de l’auteur à ces héros souvent méconnus voire inconnus.
L’histoire quant à elle est prenante. Au-delà de l’histoire d’amour qui a le mérite d’apporter un mystère sur la véritable personnalité du héros nommé Lorïen, Jean-Luc Marcastel nous offre un espoir salvateur concernant le peuple elfique en la personne d’une jeune elfe dont les ancêtres ne sont rien moins que les fondateurs du peuple elfique.
Le suspens à la fin de chaque chapitre, et de manière plus générale à la fin de ce premier tome est bien gérée, ce qui donne sincèrement envie de se pencher sur le second tome de l’histoire.
Les personnages enfin sont drôles et attachants, ce qui fait que j’ai eu hâte de tourner les pages pour les retrouver au plus vite et frissonner en lisant leurs péripéties. L’auteur fait encore une fois montre de son talent pour la narration et nous emmène dans un monde noir aux mains d’un véritable homme devenu monstre et à la lutte des races minoritaires pour survivre malgré le racisme et les brimades.
~ En bref ~

Au-delà d’une fantasy classique, Jean-Luc Marcastel a tenté de faire passer un message de tolérance, mais également un véritable hommage aux personnes déportées mais aussi aux héros de l’ombre, la résistance qui a lutté sans relâche contre l’oppresseur lors de la seconde guerre mondiale. 

Frankia, Livre 1.- Jean-Luc Marcastel.- Ed Mnémos.- 2013 (Collection Hélios)