[Lecture commune] Mordre le bouclier


Castel de Broe, six mois ont passé depuis la mort de Noalle et Chien du heaume, anéantie par la perte de ses doigts, s’abîme dans la contemplation de sa griffe de fer, cadeau de Regehir le forgeron. Bréhyr entend lui redonner vie et l’entraîne sur les routes à la recherche du dernier homme qu’elle doit tuer : Herôon. Parti en Terre sainte, celui-ci reviendra par le Tor, une tour mythique où le monde des vivants s’ouvre à celui des morts. Les deux guerrières remontent alors le sillage de sang, de larmes et de pourriture des croisades, arpentant côte à côte la voie de la folie et de la vengeance. Dans ce calvaire, Chien rencontrera Saint Roses, chevalier à la beauté d’icône, au savoir de maestre et dont la foi s’est érodée au pied des hautes murailles de Jérusalem. Une faible lueur qui annonce peut-être un espoir de rédemption.

Ce roman sommeillait dans ma PàL depuis son achat en 2011 au Salon du livre de Paris avec la pastille orange qui le prouve ! J’avais apprécié le premier tome de ce diptyque, son écriture franche et sans fioriture à l’image du personnage principal. Mais ce court second tome s’est vite perdu sous de nouveau livres et il a fallu que je compare ma PàL avec celle de Rhi-Peann pour qu’il retombe entre mes mains ! Car oui, il s’agit de la première lecture commune de ma seconde année de partenariat avec le Livre-Monde !
Comme lors de la lecture de Chien du Heaume, j’ai à nouveau été de suite percutée par la plume acérée, sans concession et au style franc de Justine Niogret. Les amateurs de contemplation en littérature peuvent reposer ce livre s’ils s’attendent à de longues descriptions de personnages ou d’envolées lyriques à propos des paysages. Dans Mordre le bouclier, tout est efficace et direct, à l’instar des personnages. Justine Niogret ne prend de pincettes ni avec les portraits qu’elle nous offre, ni avec les dialogues qu’elle nous rapporte.
L’auteur nous propose ici encore des personnages semblant taillés à la serpe : ils sont rudes et tout en saillies de tempérament. Ce sont des portraits sans concession que nous propose Justine Niogret, portrait qui dégagent même une impression de réalisme presque palpable qu’on en aurait presque le cœur serré à ressentir toutes les épreuves qu’ils ont enduré avec courage et force morale.

J’ai pu noter dans les personnages un rapport étroit entre les personnages et leurs caractères : Chien, jeune femme taciturne et toujours au bord de la colère à l’image d’un dogue, Béhyr au caractère affirmé et volontaire comme l’image qui est donné d’elle par l’auteur, et Saint Roses le chevalier désabusé et méditatif qui se perd dans de longs discours presque métaphysiques.
Les descriptions des personnages que nous propose l’auteur sont réussies et mettent en valeur aussi bien les qualités que les défauts des protagonistes. Tout n’est pas noir ou tout blanc, et Justine Niogret fait preuve d’un sens aigu de l’observation du genre humain.
Mais Mordre le bouclier n’est simplement la suite d’un bon premier tome : cette histoire peut presque se lire pour elle-même, c’est à dire sans connaître l’intrigue du premier tome dans les détails. L’immersion est quasi-instantanée : quelques pages de tournées et nous voilà plongés dans le climat rigoureux du Nord en compagnie de personnes au caractère pour le moins taciturne. Tous les détails de cette histoire vous frapperont avec plus de force que lors d’une lecture normale. C’est du moins ce que j’ai pu ressentir.

Les propos échangés par les personnages portent à une certaine réflexion sur la vie et la croyance en dieu, ce qui pourrait même pousser le lecteur à parfois poser son livre pour s’attarder un petit moment sur la question. Pas à chaque fois bien sûr, mais l’une des questions soulevées, sur celle que l’on doit appeler sa mère par exemple, m’a fait réfléchir pendant un petit moment. J’apprécie particulièrement ce genre d’histoire qui ne se contente pas de raconter, mais qui propose une réflexion derrière le plaisir.
~ En bref ~
Je ne m’explique pas pourquoi j’ai laissé ce petit roman prenant dans ma PàL. Je suis sûre qu’il y a encore beaucoup de petits trésors dedans. Peut-être que la prochaine lecture commune le permettra ?:)
Mordre le bouclier.- Justine Niogret.- Ed. Mnémos.- 2010

Le Boucher


Dans sa jeunesse, l’empereur Marcus mena de nombreuses guerres et étendit son territoire avec l’aide d’un combattant et général hors pair, Rekk. Ses méthodes impitoyables et sa propension au massacre contribuèrent à pacifier les provinces et à annexer les jungles de Koush, au sud – mais provoquèrent également la haine du peuple. Afin de s’attirer leurs bonnes grâces, l’empereur exila donc Rekk le Boucher aux confins de l’empire. Vingt ans plus tard, Marcus est vieux et malade. Il n’a qu’un fils, Theorocle, qui lui cause plus de souci que de fierté. Les familles nobles intriguent dans l’ombre pour préparer sa succession. Quant à Rekk, ce n’est plus qu’un nom avec lequel les mères effraient leurs enfants le soir.

Les éditions Midgard ont eu l’immense gentillesse de m’envoyer Le Boucher en plus du second tome qui est sa suite, ce qui m’a permis de me plonger dans cet univers totalement original. Et bien sûr, je les en remercie.

Il s’agit donc d’une histoire fantasy dont l’inspiration « gemmellienne » est très forte : un monde brutal et très terre-à-terre. Qu’on se le dise, il n’y a pas de magie dans cet univers qui reste relativement réaliste et cohérent. Les dangers et la vie et les risques encourus pour qui sort des zones protégés par les gardes ne sont pas sans rappeler ce à quoi les gens vivant au Moyen-Age étaient confrontés.

L’auteur possède une plume qui nous immerge dans l’histoire, et ce dès les premières lignes. Il dévoile petit à petit ce qu’il faut au lecteur pour qu’il se sente partie prenante de l’intrigue à tel point que les quelques 500 pages du roman passeront sans qu’on s’en rende compte.
L’histoire est divisée en 25 chapitres au travers desquels se dessine une intrigue dont chaque partie nous mène au cœur de l’action et au dénouement. Olivier Gay nous dévoile un talent incontestable pour le maniement de l’intrigue et nous amène à la fin du roman dans une lecture fluide et sans temps mort. Chaque détail est mis à la place qui lui revient dans l’histoire et il n’y a rien de superflu.

Les personnages sont surprenants. J’emploie volontairement ce terme car ils surprennent par leur banalité : un garde ainsi qu’une servante. Deux personnes que rien ne prédestinait aux aventures qu’ils rencontrent. Mais ils se révèlent également pleins de surprises car l’aventure les transforme. Ce détail me rappelle la vision que Gandalf avait du courage, c’est à dire qu’il pouvait se trouver dans les plus petites créatures.
Le changement le plus spectaculaire est pour moi celui de Shani qui change totalement de personnalité pour devenir une femme pleine d’assurance et de courage. Concernant le personnage de Malhin, Olivier Gay a su rendre le comportement orgueilleux des hommes lorsqu’ils sont attaqués dans leur virilité. N’en déplaise aux lecteurs masculins, c’est vraiment un tableau réaliste !
J’ai beaucoup apprécié le personnage du Boucher. Il s’agit d’un homme dur et meurtrier certes, mais la complexité du personnage m’intéresse au plus haut point. Chaque page narrant sa « légende » nous montre la manière dont Rekk en est arrivé là, et nous en fait également voir la face cachée qui font du Boucher un simple exécutant.

Descriptions et scènes de combats sont précises et efficaces et s’articulent parfaitement avec l’intrigue. La seule chose que j’ai regretté tout au long de ma lecture est l’absence de carte qui fait cruellement défaut. J’aime bien pouvoir me repérer lorsqu’il est fait mention dans l’histoire d’un lieu ou d’une ville. Cet oubli est le point faible principal du Boucher. Comme quoi ce n’est pas une catastrophe !

Si vous aimez la fantasy immersive et efficace dans la lignée des œuvres de David Gemmell, Le Boucher d’Olivier Gay vous ravira !

Le Boucher.- Olivier Gay.- Ed. Midgard.- 2013

Les orcs, la Voie du Saccage


 » Nous vivons pour la guerre.  » « Il nous revient de régner sur la montagne, la forêt, la plaine et la rivière. Nous sommes les orcs, et un jour le monde entier nous appartiendra. » Découvrez ici pour la première fois le sombre héritage qui retrace l’histoire des orcs, leurs croyances, leurs coutumes et leurs rancœurs envers les autres races depuis leur apparition sur Naer Evain. Un guide illustré, indispensable, établi d’après des témoignages d’orcs, recueillis au péril de nombreuses vies. « Un dernier mot à propos des orcs. J’espère ne plus jamais avoir à leur adresser la parole, ni même à poser les yeux sur l’une de ces brutes scarifiées. Que le but de leur existence soit d’exterminer tous ceux qui sont différents d’eux devrait constituer un avertissement suffisant pour toutes les races. Sebastian Vangheus, Anthropologue royal, Hoïm. « 

Après les Nains, les Elfes, voici venu le temps d’en apprendre plus sur nos amis les orcs, mais aussi de clore ce cycle de lectures de la trilogie de Den Patrick ! Enfin, amis… comme le dit le vieux proverbe guerrier, il faut bien connaître ses amis, mais plus encore ses ennemis !

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les orcs ne sont pas (qu’)une bande de sauvages qui ravagent tout sur leur passage. Eh oui, ils possèdent quelques règles de vie et même un code d’honneur ! On peut en effet imaginer assez aisément que sans cela, une race aussi belliqueuse que les orcs auraient rapidement disparu de la carte ! Parmi les quelques règles en vigueur, ne pas toucher aux femmes ni aux enfants (les ticuls comme ils appellent leur progéniture). 

Toute une philosophie de la vie à travers le combat est en effet développée. C’est une vision de l’existence qui, contrairement aux elfes, n’accorde aucune place à la réflexion ou à la contemplation. Tout y est en effet instable et bien souvent, l’existence des orcs pouvant cesser dès le premier combat. Elle dépasse de loin ce à quoi on pourrait s’attendre. Tout un culte voué au feu a donné son nom aux techniques de combat. 

Le langage utilisé par cette espèce est plus complexe que ce à quoi on pourrait s’attendre, mais j’ai eu le plaisir de constater l’existence de certaines expressions, comme par exemple « Ticul » pour parler de leur progéniture. La haine qu’éprouvent les orcs à l’égard des autres races en font de dangereux compagnons. Néanmoins, ils semblent pouvoir faire preuve de tolérance envers les humains, comme le prouve la survie de notre traducteur préféré qui a côtoyé la tribu d’orcs, parfois au péril de sa vie.

Si on connaît bien les elfes et les nains, il est plutôt rare de trouver autant d’informations sur les orcs, que ce soit dans les livres de jeu de rôle ou dans la littérature. Les orcs – La voie du Saccage est donc, comme les deux autres tomes de l’Art de la guerre, un livre à posséder absolument, que vous soyez joueur, maître du jeu ou simple amateur de fantasy !

Les orcs – La Voie du Saccage .- Den Patrick.- Le livre de Poche

La Sagesse de la Comté


Noble Smith sait depuis longtemps qu’il y a beaucoup à apprendre de la détermination de Frodon, du sens du bien-être de Bilbo, de la fidélité de Sam et de l’amour de Merry et Pippin pour la bonne nourriture. Avec La Sagesse de la Comté, il explique comment appliquer à nos vies de tous les jours les coutumes des Hobbits. De la meilleure façon de co-hobbiter jusqu’à nos relations avec nos Gollums personnels, Noble Smith sait que nous avons tous un Anneau Unique à porter. Ce guide amusant et plein de clairvoyance est tout ce dont vous avez besoin pour accomplir la quête de votre vie et jeter vos soucis dans les feux du Mordor !

Traiter de l’œuvre de J.R.R. Tolkien est toujours un véritable défi à relever. Je me méfie toujours des ouvrages traitant de l’auteur ou de son univers et me renseigne souvent sur leurs auteurs avant de me les procurer. Mais je dois dire que la quatrième de couverture et le thème de cet ouvrage ont attiré mon attention.

Loin de ces manuels de développement personnel qui fleurissent sur les étagères des librairies, Noble Smith nous fait prendre conscience qu’il est possible de changer de vie en adoptant certaines caractéristiques d’une race chère au professeur John Tolkien, les Hobbits.

Il ne s’agit pas de conseils irréalistes d’un illuminé fan de l’auteur qui nous conseille de vivre dans un monde imaginaire sans le confort moderne. Ses extrapolations sont au contraire très intéressantes et facilement applicables. Il s’agit en grande partie de changer quelque peu son mode de vie et porter son attention sur des choses plus simples : de la bonne et simple chère, des amis fidèles et un foyer chaleureux.

Rien d’insurmontable en somme : Noble Smith réussit à nous donner l’envie de revoir notre mode de vie et de l’adapter pour prendre le temps de vivre mieux. Le thème central est ce que l’on souhaite tous au fond de soi. Et les conseils de Noble Smith ont de quoi séduire tous les lecteurs sensibles à un bonheur des plus simples.

Notons également la présence d’anecdotes appartenant aux romans de J.R.R. Tolkien qui montrent la connaissance de Noble Smith à propos de l’œuvre. Certaines concernent également la façon de vivre de J.R.R. Tolkien, mais aussi ses aspirations. Il va même jusqu’à affirmer que l’auteur serait un Hobbit dans l’âme ! Alors, pourquoi pas vous ? 🙂

La Sagesse de la Comté.- Noble Smith.- Ed. Fleuve Noir.- 2013

Les Haut Conteurs – T1 La Voix des rois


1190, Tewkesburry, royaume d’Angleterre. A treize ans, Roland ne rêve que de voyages, de chevalerie et d’aventures. Seulement ses parents ont besoin de lui pour tenir l’auberge familiale. Il ne connait le monde que par les gens de passage, et son meilleur ami, l’ennui, semble bien décidé à lui gâcher son existence.
La venue d’un Haut-Conteur au village va tout changer. Le prestigieux chasseur d’histoires et d’énigmes enquête sur les mystères de la forêt de Dean et sur les goules qui s’y cachent. Il ne craint pas les croque-cadavres et s’enfonce seul dans les ténèbres, nuit après nuit… mais un matin, il ne revient pas.
L’histoire a-t-elle mangé celui qui aurait dû la raconter ? C’est ce que va tâcher de découvrir Roland… et peut-être deviendra-t-il lui-même Haut-Conteur ?

Après avoir lu Druide et Martyrs d’Olivier Péru et avoir découvert les Héritiers de l’Aube de Patrick Mac Spare, je m’attaque à cette saga qui a connu un grand succès dès sa sortie. Autan dire qu’ayant adoré les trois livres précédemment nommés, je partais avec de grandes espérances.
Commençons par le fond de l’affaire. L’histoire se déroule durant une période historique que j’apprécie particulièrement dans la littérature : un monde médiéval inscrit dans notre histoire réelle. Rien de bien extraordinaire apparemment. Mais cette réalité est détournée pour y inscrire l’existence d’une prestigieuse corporation, les Hauts-Conteurs, narrateur renommés qui sillonnent l’Europe en quête d’histoires et d’aventures. Mais pas seulement : ces capes pourpres comme on les surnomme sont également à la recherche d’un mystérieux ouvrage nommé Le livre des Peurs. J’ai adoré voyager dans l’Angleterre du moyen-âge dans laquelle la réalité est légèrement différente de celle que nous connaissons. Cette nuance fait de La Voix des rois un livre à part.
L’intrigue se montre pleine de rebondissements inattendus. Patrick Mac Spare et Oliver Péru promènent leurs lecteurs au gré des chapitres et des aléas de l’intrigue. Si j’ai globalement pu voir vers quoi tendait cette histoire, j’ai été surprise par la tournure que prenaient les évènements. C’est un point important qu’il faut soulever ici : si certains éléments sont attendus, c’est la manière dont l’action parvient à son terme qui est surprenante. C’est une histoire totalement immersive dans laquelle je me suis plongée très facilement et avec un grand plaisir. Les péripéties que les personnages devront affronter se succèdent à un rythme croissant et font une intrigue de qualité avec des énigmes et des mystères qui semblent s’éclairer d’eux-mêmes.
La qualité d’écriture des deux auteurs est bien présente dans cette histoire. On se laisse porter par un style fluide et facilement immersif. Cette plume crée ainsi une ambiance véhiculant un mystère frôlant parfois la peur. Les descriptions de ces scènes vont dans ce sens : tout est mis en place, tout est écrit pour nous plonger dans l’ambiance de la quête des capes pourpres.
Chaque personnage à sa manière est attachant. L’intrigue menée par les auteurs nous montre plusieurs aspects de la personnalité de chacun et la manière dont ils appréhendent les évènements dans lesquels ils sont plongés. Chaque personnage est motivé par sa propre quête et possède ses propres secrets. C’est peut-être cela en particulier qui les rend si tangibles et humains.
~ En Bref ~
La Voix des Rois est le premier tome d’une saga qui s’annonce prometteuse. L’intrigue mise ici en place est très prenante et pousse le lecteur à vouloir en savoir plus, que ce soit sur cet ordre mystérieux ou sur la quête qu’il poursuit contre les forces du mal.

En refermant ce livre, je dois avouer que j’ai envie de retrouver Roland, Mathilde et les autres capes pourpres dans la suite de cette saga que j’espère toujours aussi captivante !

Les Haut-Conteurs – T1, La voix des rois.- Oliver Péru/Patrick Mc Spare.- Ed Scrinéo/Pocket

Les Elfes, l’Art de la Guerre


« La guerre est la seule constante. » « J’ai dormi dans les landes de Sel, combattu dans les plaines de Kourgaad et marché parmi les humains venus de l’autre côté de la mer. Je suis LaDarielle Daellen Staern, et ceci est mon cadeau aux aelfirs. L’Art de la Guerre. » Traduite de manuscrits elfiques originaux, voici l’histoire complète et illustrée de l’art de la guerre tel qu’il a été pratiqué par les Elfes. On y découvre leur arsenal, leur tactique et leur histoire militaire, mais aussi la compréhension que cette race immortelle a acquise des opportunités sublimes de mourir sur les champs de bataille. « Puisse cette traduction rappeler à tous, même aux plus vaillants de nos guerriers, que nous avons beaucoup à apprendre, aussi bien sur le plan martial que philosophique, de la guerre avec les aelfirs. Sebastian Venghaus Anthropologue royal, Hoïm »

Après Les Nains, voici le second volume de la trilogie des manuels de guerre écrite par Den Patrick. Je dois dire que si je devais faire un choix entre ces deux écrits, ma préférence irait de loin aux elfes qu’aux nains. Je vous entends déjà crier au scandale : “Quoi ? C’est la seule raison pour laquelle elle a préféré ce livre ?!”. Je vous rassure, ce n’est pas la seule raison, bien que j’apprécie beaucoup la gent elfique.
La première chose qui m’a frappée est la manière avec laquelle l’auteur traite la guerre. C’est en effet avec une poésie toute elfique que l’auteur de ce manuel évoque les techniques de combat de son peuple. C’est surtout la façon pour des êtres immortels d’appréhender la proximité de la mort qui m’a intéressée. Cela passe par la méditation et une grande connaissance de soi, des siens ainsi qu’une communion avec la nature.
S’il s’agit avant tout d’un traité proposant les coutumes guerrières d’un peuple à l’instar des Nains (entendez par là le volume dont j’ai parlé précédemment), Den Patrick emploie dans L’Art de la Guerre une toute autre manière d’écrire. Cette qualité est appréciable et montre un certain talent de l’auteur.
On retrouve ici aussi des illustrations bien utiles des armes et des armures du peuple aelfir, ce qui permettra au lecteur de s’en faire une idée précise. Une illustration vaut mieux que mille mots, non ?

Néanmoins, ces illustrations, lorsqu’elles ne concernent pas le détail des armes ou des armures me plaisent moyennement. Elles auraient gagné à prendre l’apparence de croquis esquissés au coin d’un carnet. Je les ai trouvées trop artificiellement placées dans le texte pour la plupart, ce qui est un peu dommage.
Certes, il ne s’agit pas exactement des elfes tels qu’on les retrouve dans Dungeons & Dragons. Mais comme pour les Nains, il peut s’agir d’une source d’inspiration plus que correcte pour créer et incarner un elfe au mieux.

Ce livre correspondra aussi bien aux amateurs de la culture elfique qu’à ceux qui souhaitent mieux la connaître pour mieux les combattre. 🙂
Fait drôle pour terminer cette critique plutôt positive, la réédition du texte écrit s’est faite mille ans plus tard environ. On peut y voir un clin d’œil humoristique à l’extrême longévité des elfes…
~ En bref ~
Les Elfes ~ L’art de la guerre est un livre très plaisant à lire et à relire si vous aimez les elfes et que vous voulez mieux comprendre ce peuple millénaire, ou que vous souhaitez simplement mieux incarner l’un d’eux lors d’une partie de jeu de rôle.
Vous ne l’avez pas encore ? Courez-vite vous le procurer !

Les Elfes ~ l’Art de la Guerre.- Den Patrick.- Ed. Le Livre de Poche.- 2013

Les Phénomènes de Corneghem – T2 Le Chiffonnier de la Nuit


– Qui est-ce le Chiffonnier de la Nuit ? demanda Mélanie interloquée. — C’est un personnage légendaire de notre pays de Flandre, répondit Walter Katt. Avez-vous déjà entendu parler de l’Ankou breton ? Oui, bien entendu… et vous savez que sa faux est redoutable. Elle fauche indistinctement pauvres et riches, faibles et puissants, les égalise sur le champ ! Notre Chiffonnier de la Nuit est tout aussi terrifiant. On dit qu’il ne faut pas prononcer son nom et qu’il apparaît toujours là où on ne l’attend pas.


Voilà le grand retour de l’univers féerique et attrayant de Patrice Michel dans ce second tome des Phénomènes de Corneghem ! Il m’avait laissée sur ma faim à la fin du premier volume en refermant les sentiers de ces Flandres merveilleuses dans les dernières pages…
Mais me voilà repartie sur les chemins de l’imaginaire de l’auteur comme une « voyageuse en Féerie » que j’adorerais être. Pas de comparaison possible avec le premier volume de la série, car il s’agit d’un processus totalement différent : on y retrouve Walter Katt, le forestier qui a été témoin d’une assemblée extraordinaire. Ici encore ses récits sont merveilleux, dans tous les sens du terme.
Il évoque ici des histoires mettant en scène l’au-delà dans lequel le cours habituel du temps n’a plus lieu, et surtout où les plus sceptiques perdent peu à peu leur confiance absolue dans la rationalité du monde qui les entoure. Car oui, la forêt de Corneghem et le village de Zutebecque sont décidément pleins de surprises, et mieux vaut ne pas s’y aventurer sans les conseils éclairés de notre conteur favori. Vous risquez bien de vous perdre, ou de faire des rencontres plus ou moins plaisantes…
Il ne s’agit pas uniquement d’un enchaînement de contes. Tous sont liés par un fil rouge qui est le but que semble s’être fixé Walter Katt d’ôter aux deux journalistes tout leur scepticisme. C’est encore un point qui doit être porté au crédit de l’auteur, nous dévoiler comptes et chansons à travers une trame narrative balisant tout le volume.
La plume de Patrice Michel est enchanteresse, merveilleuse. En une phrase il sait changer toute une atmosphère et nous emmener de plus en plus loin dans son imaginaire sans même que l’on s’en rende compte. L’oralité est si bien retranscrite que l’on a l’impression d’entendre la voix du conteur nous narrer ces histoires. Le temps disparaît réellement le temps de la lecture de ce recueil pour nous ramener (un peu trop) brutalement à la réalité lorsque l’on arrive à la dernière page. Mais la grande déception que j’ai ressenti est également l’une des caractéristiques qui font de ce recueil un livre inoubliable : l’envie d’y retourner qui nous fait rêver. C’est sûrement cela qui fait la valeur d’un livre.
Et comment ne pas évoquer les références multiples présentes dans ce récit ! On y retrouve tout le folklore du Nord de la France, celui du petit peuple et de l’Autre monde notamment, mais aussi des références à Pierre Dubois, grand connaisseurs des légendes de la région ! Du beau monde, je vous dis !
Le merveilleux dans ce recueil est présent jusque dans l’écriture du texte. A la lecture du premier tome, ne vous êtes-vous pas demandé si Corneghem existait ? Les détails réels s’imbriquent parfaitement au merveilleux et au surnaturel de cette histoire, une autre preuve du talent de l’auteur. Un recueil qui donne envie de se blottir au coin du feu, une bière fraîche ou un thé chaud à la main (selon la saison, adaptez!) en écoutant les histoires d’un conteur talentueux. Que faut-il de plus pour croire au merveilleux ? Pas grand chose.
L’auteur montre combien un peu de mystère dans la vie peut la rendre plus attrayante et plus belle ! L’influence du conte sur l’esprit de l’homme est loin d’être totalement réduite à néant, si tant est que celui-ci soit un peu réceptif aux images qu’il véhicule ! Je l’ai et le redis : l’imaginaire est ce qui donne de la couleur à un quotidien terne et malmené par le rythme infernal que la société l’oblige à tenir. Il est temps de se poser un instant et de prendre le temps d’observer, de réfléchir et d’écouter. Tout change alors subtilement autour de nous. Ou bien peut-être est-ce nous qui changeons notre regard sur le monde…
Le Chiffonnier de la nuit est donc un point de départ magique pour d’intenses et plaisantes divagations oniriques auxquelles je vous conseille de vous abandonner totalement lors de cette lecture. C’est aussi une véritable carte postale d’une région magique et belle dans ses traditions qui nous est offerte. Vous ne regretterez absolument pas le voyage !

Petit instant de confidence : j’ai été vraiment attristée de terminer ce livre, et je le suis tout autant mettre la dernière touche à cette critique, car celle-ci m’a permis de revivre un peu de la magie présente dans Les Phénomènes de Corneghem. Heureusement, je crois savoir qu’un tome trois est en préparation. Il ne reste donc plus qu’à attendre !

Les Phénomènes de Corneghem – T2 Le Chiffonnier de la nuit.- Patrice Michel.- 2013.- Ed. Atria

Maîtresse de guerre


Dans le même univers que celui du Puits des mémoires, Kaelyn, fille d’un maître d’armes, rêve de reprendre le flambeau paternel, tandis que les autres filles de son âge rêvent d’un beau mariage. Elle a le talent, l’instinct, la volonté. Elle ne demande qu’à apprendre. Mais cela ne suffit pas : c’est un monde dur, un monde d’hommes, où la place d’une femme est auprès de son mari, de ses enfants, de ses casseroles. Il va falloir lutter. Elle s’engage donc dans cette grande armée qui recrute partout des volontaires pour aller se battre au bout du monde. Des milliers de soldats partis « libérer » le lointain sultanat d’Azman, plaque tournante de l’esclavage, terre barbare où règnent les cannibales. Dans la violence de la guerre, elle veut acquérir seule ce que personne n’a voulu lui enseigner. Mais le grand sud, plongé dans le chaos de l’invasion, va bouleverser son destin bien au-delà de ses attentes…

Voici le nouvel opus de Gabriel Katz après sa trilogie du Puits des Mémoires aussi bien écrite qu’attractive ! Un grand défi pour ce roman que j’attendais avec impatience. Allait-il être passionnant, si oui, plus ou moins que la trilogie ?
J’ai apprécié cette lecture. Retrouver la plume de l’auteur m’a fait plaisir et je dois dire que cette histoire m’a emmenée avec elle sans vraiment que je m’en aperçoive.
Je commencerai avec le seul bémol que j’ai trouvé dans cette histoire, c’est le lieu dans lequel elle se déroule. Le désert n’est pas tellement à mon goût, je préfère la neige et le froid à la chaleur et au sable. J’aurais aimé voir le conflit se dérouler dans le pays d’origine de l’héroïne, le nord ! Mais ce n’est pas vraiment un reproche, c’est mon goût personnel après tout…
J’ai dit que l’histoire m’avait emmenée sans que je m’en rende compte. C’est que la narration est fluide, le suspens dispersé aux endroits adéquats et la trame de l’histoire passionnante. On enchaîne les chapitres pour connaître la suite et on arrive à la fin plus rapidement que prévu. C’est vraiment une très bonne histoire dont chaque détail est soigné, en particulier la fin qui ne décevra pas. Si je n’ai pas hurlé comme à la fin du second tome du Puits des mémoires, j’ai été un peu déçue de l’avoir terminé, je dois l’avouer.
Les personnages aussi sont intéressants voire attachants. J’ai pris plaisir à suivre Kaelyn qui réussit à survivre dans un monde rude et sans concessions. Tous les personnages semblent réels tant dans leurs sentiments que dans leur réaction. Cela témoigne du talent d’observation de l’auteur quant à l’espèce humaine…

Un plus pour la place qu’occupe Kaelyn. J’ai apprécié de la voir surmonter les préjugés militaires et plus généraux qui peuvent exister sur les femmes. Il s’agit d’une analyse pour le moins intéressante des préjugés sur les femmes, mais aussi ceux qu’ont les hommes sur leur semblables.
~ En bref ~

Maîtresse de guerre a été une très bonne lecture pour moi. L’écriture est de qualité et l’histoire est prenante. Le bémol n’en est au final pas vraiment un, et les personnages permettent vraiment d’entrer dans l’histoire. Que demande le peuple ?

Maîtresse de guerre.- Gabriel Katz.- Ed. Scrinéo.- 2013

Les nains – Manuel de campagne


Nous sommes les nains. Seuls notre force, notre loyauté et notre sens du devoir nous permettent de survivre dans ce monde hostile. Seules la méfiance, la suspicion et la vigilance peuvent nous protéger pour les années à venir ». Ce manuel illustré, fruit de la sagesse des nains, pose les bases de leur stratégie militaire. Dans une langue claire et concise, il dévoile les tactiques, l’équipement et les armes utilisés pour vaincre l’ennemi.
Un ouvrage indispensable pour chaque nain dans chaque citadelle. Lisez-le attentivement, et que vos barbes poussent longues et drues ! « Si nous autres humains voulons résister et survivre aux ores et aux spectres de l’Ombre, nous ne pourrons le faire qu’avec l’appui des autres races, et même si vous ne le feu ; jamais admettre à un nain, ils ont besoin de nous autant que nous avons besoin d’eux.

Nain qui roule n’amasse pas mousse. Mais vous, vous récolterez un coup de hache ou bien un carreau d’arbalète si vous les énervez !

On peut découvrir dans ce livre tous les secrets de la vie de ces belliqueuses créatures, mais également sur l’architectures de leurs mines, de leurs armes et de leur techniques de combat. On y apprend par exemple que, loin de s’élancer dans les batailles dans un désordre indescriptible, les nains forment une société militaire très codifiée et stratifiée. 

De plus, le fait que les propos viennent d’un représentant de cette race n’est pas à prendre à la légère ! Il s’agit d’un gage de qualité, l’expérience du peuple même !
Les nains apparaissent tels qu’on les imagine : de petits êtres bourrus, méfiants à l’égard de toutes les autres races, en particulier les elfes. Mais leur haine va bien entendu aux gobelins et aux orcs qu’ils détestent par dessus tout ! Cela colle donc bien à l’idée que l’on se fait des nains, et à ce qu’on peut voir dans les œuvres de Tolkien et d’autres auteurs de fantasy ou de science-fiction, mais également dans les jeux de rôle !
Joueur de Donjons & Dragons ou tout autre jeu de rôle papier, vous rêvez de jouer un petit être râleur à la barbe longue ? Ce livre vous aidera à en savoir plus et à incarner les nains de la meilleure manière qui soit ! 

Mais ce manuel peut être également vu comme un inconvénient. Il catalogue en effet des caractéristiques archétypales et n’apportent pas vraiment de nouveauté. Les nains, manuel de campagne ne peut donc pas être qualifié de renouveau. Que l’on apprécie ou pas cet aspect classique relève de l’appréciation du lecteur mais pas de la qualité de l’ouvrage.
~ En bref ~

J’ai apprécié la lecture de ce manuel qui ne manque pas d’humour. Tout y est pour comprendre et connaître les nains et éventuellement en jouer un lors d’une partie de jeu de rôle. Je recommande donc cette lecture aux rôlistes, mais également aux amateurs de fantasy curieux d’en savoir plus sur cette race !

Punk’s Not Dead


À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ? Qu’adviendrait-il si le QI des Français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, l’an 1789version 2.0 ?
Est-il bien sage pour un succube de s’amouracher d’un simple mortel ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Et si La Mort s’accordait un repos mérité ?
Treize nouvelles. Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux.
Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…
De toute évidence, ce recueil a été écrit pour vous.

Faites attention, malgré les propos engageants tenus par l’auteur et son éditeur, ce livre peut être dangereux. C’est du moins ce qu’en dit le courrier que j’ai reçu avec ce dangereux opus. Je vous rassure, il s’agit d’une facétie de l’auteur que l’on commence à bien connaître. Ce recueil est pour moi un coup de cœur, et je vais vous dire pourquoi !
~ Décembre aux cendres ~
L’histoire de cette petite fille est prenante. J’ai apprécié l’univers post-apocalyptique et à l’histoire qui a touché Budapest, renommée Brûle-peste. L’histoire qu’évoque l’auteur m’a donné une furieuse envie d’en apprendre plus sur cette série d’événements qui a ruiné la ville, et accessoirement le monde entier. J’ai apprécié de grapiller les détails disséminés par Anthelme tout au long de la nouvelle. Celle-ci ouvre le recueil et le démarre de la meilleure des manières.
Le petit plus : la fameuse citation que j’ai posté dans le précédent article est présente dans la partie « backstage » de la nouvelle.
~ Sarabande mécanique ~
Je ne suis pas accro à la science-fiction. Mais quand on la mélange à un style steampunk, cela m’attire déjà beaucoup plus ! J’ai particulièrement apprécié le vétéran devenu mi-homme mi-robot. L’auteur nous montre que malgré la façade de convenance que l’on peut afficher, la vraie nature humaine reprend vite le dessus. Et aussi que trop de technologie…tue l’homme !
~ No Future ~
Sûrement ma nouvelle préférée de toutes celles qui composent ce recueil ! Un punk qui devient zombi et qui nous raconte sa toute nouvelle existence. Tout n’est pas rose pour lui, mais son humour souvent piquant l’a accompagné dans son changement vers la décrépitude pour le plus grand bonheur des lecteurs. Enfin un reportage de l’intérieur sur la condition zombie, presque de quoi nous les faire aimer !
Oui, c’est vraiment un très bon texte, surtout mon favori.
~ Sale petite peste ! ~ 
Encore une très bonne nouvelle qui s’inspire avec brio du roman Mortimerde Tery Pratchett. On retrouve par exemple la typographie particulière pour le personnage de la Mort. Il en a marre. Et en plus, un étrange cas se présente à lui, un enfant qui décime des peuples entiers et lui impose un surcroît de travail. Non mais il ne faut pas abuser non plus, sale peste !:) J’ai beaucoup aimé cette nouvelle pour plusieurs raisons : elle s’inspire d’un roman que j’ai adoré, et certaines notes de bas de page sont vraiment très drôles ! Je vous invite à lire celle qui explique comment la mort à trouvé sa monture.
~ La Ballade d’Abrahel ~ 
Il s’agit d’une belle nouvelle dans laquelle Anthelme retrace l’histoire de la chute des anges rebelles qui ont voulu offrir à de pauvres mortels la connaissance, mais qui ont été puni par le tout-puissant. L’alternance entre réalité et monde souterrain produit une agréable lecture. De plus, on se rend compte que les démons ne sont pas si différents des mortels, malgré leur passé : ils sont capable de tout pour retrouver ce qui leur manque dans le passé.
~ Le Roi d’automne ~ 
Une nouvelle qui se situe dans le cycle du Sidh, le dernier roman d’Anthelme Hauchecorne. J »y ai retrouvé l’univers complexe de la saga avec grand plaisir. J’ai tout de même eu un peu de mal à me remémorer tous les détails de l’univers du roman. En plus, cela se passe à Arras, près de là où j’ai grandit:)
~ En bref ~
Un recueil de nouvelles que je retiendrai et qui trônera parmi mes préférés. Je dois dire que je l’ai de loin préféré au premier volume des Cercueils de nouvelles ! Et je vous en conseille vivement la lecture !

Punk’s not dead.- Anthelme Hauchecorne.- Ed. Midgard.- 2013