Ludwig grandit à Rabenheim, un petit bourg en apparence banal.
Claquemuré dans sa chambre, il s’adonne au spiritisme. À l’aide d’une radio cabossée, il lance des appels vers l’au-delà, en vue de contacter son père disparu.
Jusqu’à présent, nul ne lui a répondu… Avant ce curieux jour d’octobre.
Hasard ? Coïncidence ? La veille de la Toussaint, une inquiétante fête foraine s’installe en ville. Ses propriétaires, Alberich, le nabot bavard, et Fritz Frost, le géant gelé, en savent long au sujet du garçon. Des épreuves attendent Ludwig. Elles seront le prix à payer pour découvrir l’héritage de son père.
À la lisière du monde des esprits, l’adolescent hésite…
Saura-t-il percer les mystères de l’Abracadabrantesque Carnaval ?
#Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?
Comme beaucoup des romans d’Anthelme Hauchecorne, j’ai eu la chance d’en être bêta-lectrice. J’ai donc lu Le Carnaval aux corbeaux deux fois. Une fois pour traquer les erreurs, une autre pour redécouvrir le texte finalisé. Que voulez-vous, j’suis comme ça, moi.
#Les apparences peuvent être bien trompeuses…
Difficile de trouver plus juste que ce titre pour résumer ce texte en une phrase. Le Carnaval aux corbeaux est un roman qui entraîne son lecteur au-delà du rideau de la réalité. Et l’envers, croyez-moi, n’est pas reluisant du tout, bien au contraire !
Anthelme creuse profondément dans l’imaginaire populaire, la thématique des cirques et autres Carnivals destinés à faire frissonner les gens. J’adore retrouver cette ambiance si particulière, totalement factice mais baignant dans un mystère hors d’âge et authentique. On retrouve des personnages inquiétants dont on ne sait pas s’il appartiennent ou non à notre univers. Bien flippant, je vous l’assure.
Toute l’histoire baigne dans cette atmosphère bien particulière dont l’auteur a le secret. Sans cesse, on navigue entre imaginaire et réalité dans une ambiance oniriquo-cauchemardesque à tel point qu’il est facile de s’y perdre pour peu qu’on se laisse happer par le récit. Il suffit pour cela d’entrer sous un chapiteau de ce bien étrange cirque.
Les protagonistes eux aussi participent à l’élaboration de cette ambiance si spéciale. Consciemment ou non, ils sont imprégnés de traditions, de croyances et d’ésotérisme et s’inscrivent parfaitement à cette fresque au final très burtonienne. Ils sont pourtant affreusement réalistes et on s’y attache beaucoup trop facilement. Au grand dam du lecteur bien entendu : on ne sort pas indemne d’une confrontation avec les personnages d’Anthelme Hauchecorne. Leurs faiblesses, leurs craintes et leurs terreurs enfantines sont exacerbées et projetées sur le lecteur sans aucun filtre. Et pas de safe word bien entendu !
C’est simple, je suis une admiratrice inconditionnelle (pas comme Annie Wilkes hein) de la plume d’Anthelme Hauchecorne. Elle est pleine de vie, de verve et n’hésite pas à trancher net dans le vif. Et en plus de ça, elle est d’une qualité, d’une finesse et d’une intelligence quasiment magique. En quelques mots, elle vous fait rire, frissonner, nous plonge dans un univers onirique ou terrifiant aussi facilement que s’il s’agissait d’un film.
Et pour ne pas gâcher le plaisir des yeux, l’objet en lui-même est magnifique : un grand format à la couverture cartonnée. Et le livre est illustré aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur par les talentueux Mathieu Coudray et Loïc Canavaggia.
#En bref
J’ai lu Le Carnaval aux corbeaux il y a très longtemps, mais j’en garde un excellent souvenir après tout ce temps (toujours). L’ambiance, les protagonistes, la plume de l’auteur… absolument rien n’est à jeter dans ce texte !
Nibelung, T1.- Le Carnaval aux corbeaux.- Anthelme Hauchecorne.- Ed. Le chat noir.