Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom
#Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?
Les éditions Gallimard ont mené une très bonne opération de communication autour de ce titre, comme ils l’avaient fait pour Le liseur du 6h27. Je l’ai tellement vu passer que j’ai décidé de l’ouvrir pour en découvrir l’histoire. Et je dois dire que je suis ravie d’avoir découvert cette histoire !
#Tourbillon d’émotions et de folie
En attendant Bojangles porte à la fois mal et bien son titre. En effet, il s’agit d’un texte en mouvement. Le texte entraîne le lecteur dans un tourbillon frénétique où tout n’est que fête, dynamisme et danse. Difficile de poser le récit, car chaque paragraphe tend la main au suivant pour un texte qu’il est dur de lâcher.
Il faut dire que la plume d’Olivier Bourdeaut compte pour beaucoup en cela. Avec sa grande efficacité et son contrôle total du récit, elle sait laisser facilement transparaître les émotions du récit. Et celles-ci sont nombreuses et tout le temps exacerbées. Joie, folie, mais aussi tristesse et désespoir sont abordés avec une vision totalement humaine et brute, sans aucun filtre. Le lecteur y est confronté, ou plutôt projeté dans ce bain de ressentis sans filet. Une bonne baignade en perspective !
Malgré son apparence très frivole, j’ai découvert avec surprise et plaisir la « face cachée » d’En attendant Bojangles qui se montre d’une extraordinaire profondeur et fait la grande force du roman. J’ai écrit plus haut que ce roman portait mal, mais aussi très bien son titre. Car le lecteur est plongé dans une atmosphère qui devient de plus en plus oppressante et tendue… qui finit par éclater. C’est l’attente du climax de l’histoire qui maintient le lecteur en alerte.
Deux points de vue s’alternent dans ce texte. Le principal – par la place qu’il prend, celui du petit garçon qui assiste en témoin émerveillé et naïf de la vie de ses parents. Pour lui, ils sont les centres et les piliers de sa vie. Difficile de les imaginer sans. Alors quand tout va mal… C’est là que le récit devient poignant. Le petit garçon assiste assiste à la déchéance psychologique de sa maman et à l’effondrement de son papa sans pouvoir rien y faire. Et nous avec.
Le second point de vue est celui du père à travers des écrits rapportés. La vision du petit garçon est à nouveau exposée, dépouillée de sa naïveté. La réalité de la maladie nous explose en pleine face. Quand on a été pris dans le récit, je pense qu’il est impossible de rester indifférent face à ce genre de choses. En attendant Bojangles est un conte prenant, poignant et au final vraiment humain dans lequel le lecteur est confronté à sa nature et à toutes les émotions brutes qui peuvent se présenter à lui.
#En Bref
Je suis restée sidérée par ce texte que je pensais extrêmement léger et frivole. La partie cachée de l’iceberg est forte, riche et le récit est bien maîtrisé. Si vous êtes curieux et que vous appréciez les récits bien construits et les histoires dans lesquelles on n’a pas le temps de s’ennuyer, alors jetez-vous sur ce titre !
En attendant Bojangles.- Olivier Bourdeaut.- Ed. Gallimard. Coll. Folio. Disponible
J'ai moi-même passé un très bon moment avec ce livre !
Merci pour ton avis 🙂
Je suis à contre-courant : presque tout le monde a adoré ce roman, mais pas moi. Les manifestations de la folie de la mère et l'absence de réaction du père au début qui entre dans son jeu m'ont paru tellement énormes que cela ne m'a pas touchée du tout, je suis passée complètement à côté. Trop c'est trop. Dommage pour moi et tant mieux pour toi qui as apprécié 🙂