Dans la Confédération des Cent Mondes, Sandiane Ravna, fille d’un grand reporter peu scrupuleux, marche sur les traces de son père à la recherche du scoop à tout prix. Quand elle doit la vie sauve à un Abîme d’Autremer, l’un des mystérieux vaisseaux spatiaux de la planète-océan, elle se met au défi de filmer en action un perl, un pilote d’Abîme. Mais elle se heurte à Mél Maguelonne, futur pilote lui-même et farouche adversaire des médias comme tous les Autremeriens.
Le début d’une folle aventure qui va bouleverser sa vie, comme celle des milliards d’habitants de la Confédération.
# Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?
#Épopée familiale, spatiale et humaniste
Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre concernant cette histoire, sinon qu’elle allait a priori de journalistes peu scrupuleux et prêts à tout pour un scoop. Exactement le genre que je n’aime pas. Mais j’ai été plutôt surprise par l’évolution du récit et la tournure dynastique que les trois épisodes peuvent prendre. Si la transition entre la première et la seconde partie me semble un peu superficielle – la protagoniste change totalement de personnalité et de manière d’agir en tombant amoureuse – le reste du récit reste dans une logique d’ensemble plutôt cohérente.
Les protagonistes sont au final assez peu décrits physiquement, tout tournant autour de leurs interactions avec les autres. c’est d’ailleurs sur cela qu’est mis l’accent. L’auteur a réalisé un gros travail sur ce sujet et ce que l’on sait d’un personnage n’est que la perception de ses vis-à-vis. Cette manière de présenter les choses est très intéressante dans le sens où elle montre à quel point une personne peut changer selon la nature du regard qui se pose sur elle…
Si un mot devait décrire la plume de l’auteur, je crois que ça serait « directe ». Dominique Martinigol ne s’embarrasse pas de fioritures stylistiques et propose un texte épuré et très sobre. Un peu oral à certains endroits, mais globalement le niveau de langue s’adapte très bien au protagoniste qui l’emploie. Et bien connaître ses personnages mine de rien, c’est un long travail pour un auteur.
À première vue, l’histoire tourne autour de la relation entre les hommes et les machines. Oui mais… non. Car les abîmes dont on parle tout au long du texte ne sont pas à proprement parler des machines. Mais des êtres qui se lient à leur pilote – ou pearl pour les intimes – et pour la vie. J’ai beaucoup apprécié cette relation privilégiée et je suis sortie de cette lecture un peu triste que cela n’existe pas vraiment. Et souvent, c’est l’un des signes d’un texte très réussi.
Mais la présence de ces créatures-vaisseaux est aussi l’occasion pour l’auteur d’évoquer la propension humaine à mettre en place des dispositifs pour s’approprier ce qui ne lui revient pas du tout de droit. Mais aussi le penchant de l’Homme à protéger ce qui l’entoure, parfois envers et contre tout. En un mot, à mettre en lumière tout le paradoxe de l’espèce humaine.
L’histoire appartient – contrairement à ce que je craignais un peu – au genre du space-opera. L’espace et les planètes servent davantage de toile de fond à l’histoire que de thématique centrale. Quoi que… En tout cas, j’ai apprécié cet univers peuplé par l’Homme, mais qui sait aussi le surprendre et qui reste largement à découvrir. C’est un récit de voyage vraiment particulier que j’ai adoré parcourir. Et c’est dommage. J’ai apprécié le traitement du voyage spatial qui reste crédible sans pour autant s’appesantir sur des détails qui nuiraient à l’écriture et à l’histoire. Je vous avais dit que l’auteur était efficace !
#En Bref
Si j’avais un peu de craintes avant de commencer cette lecture, celles-ci se sont bien vite évanouies pour laisser la place à un véritable intérêt. J’ai aimé l’univers extrêmement riche de Danielle Martinigol et j’aurais bien voulu le prolonger encore un peu… Mais toutes les bonnes choses ont une fin, n’est-ce pas ?
J'ai aussi beaucoup aimé ma lecture ! Quant au style, c'est vrai qu'il est très direct, mais j'ai trouvé qu'il collait vraiment bien avec l'histoire très axée sur le journalisme : on pourrait justement penser que ce que l'on est en train de lire a été écrit par un journaliste du livre !