Dans le lointain Nord, tout autour d’une cahute, s’étendent à perte de vue forêts enneigées et pics glacés. Blizzard, l’un des rares magiciens survivant d’une guerre encore fraîche et son protégé Chasseur y vivent entre retraite et exil loin d’un royaume maintenant pacifié d’une main de fer par l’Inquisiteur. Jusqu’au jour où une redoutable phalange les attaque sans raison. Jusqu’au jour où la même troupe ravage entièrement le village de Iak, dresseur de tigre des glaces. Les voilà jetés sur les routes, consumés par le désir de vengeance et la volonté de comprendre. Leur périple les confrontera à des secrets qui ébranleront tout ce qu’ils croyaient savoir.
Il ne s’agira pas ici d’un avis sur l’entreprise vidéo-ludique américaine aux jeux mondialement connus comme Diablo 3 ou World of Warcraft. Non. Il s’agit plutôt du premier tome d’une série fantasy écrite par Pierre Gaulon et publiée chez l’une de mes maisons d’éditions préférées, Mnémos.
Le mouvement est le maître-mot de cette histoire. Tout est changement, voyages et fuites. Pierre Gaulon possède une grande puissance d’évocation qui propulse son lecteur dans des paysages grandioses : majestueuses forêts, montagnes gigantesques et steppes enneigées interminables. J’ai fortement apprécié cette invitation au voyage, me projetant sans problème des steppes silencieuses au vacarme fracassant des arènes de la capitale. Les descriptions vont à l’essentiel et restent très visuelles.
L’auteur tisse dans ce premier roman un background social, historique et géographique vraiment intéressant, bien que trop survolé. La malédiction qui semble peser sur cette contrée, la couvrant de neige, prend ses sources dans le passé belliqueux du pays, et j’avoue que le manque de détails m’a laissée sur ma faim. Un retour en arrière n’aurait pas été de trop, et de simples évocations au fil du texte ne suffisent pas à nous en apprendre plus. Cette absence d’évocation dans les détails donne l’impression d’un manque d’approfondissement dans l’écriture du monde, et c’est dommage. Tout est survolé, et il en va de même pour les actions, les combats.
J’ai vraiment eu l’impression que l’auteur se retenait de trop écrire, et c’est un bémol qui a un peu frustré ma lecture. Ce manque de développement est un bémol que je dois malheureusement souligner.
Le manque d’insistance sur les actions d’éclat comme les combats est d’autant plus dommage que ce qu’on en lit laissent imaginer des scènes épiques. La saga d’ailleurs me paraît tournée en ce sens, et j’espère beaucoup des tomes suivants sur ce point.
C’est un point de vue strictement personnel, mais j’aurais aimé mieux connaître le méchant de l’histoire, Evanen. Ce que l’auteur laisse filtrer sur son passé est captivant, et j’espère vivement en apprendre plus sous peu ! Il en va de même pour le peuple des Esthètes, qui donne son nom à la saga. On rencontre celui-ci à la fin du roman, et cet événement est pour le moins intéressant. Il me rappelle, à sa manière et dans une moindre mesure, la rencontre et la réunion des Ents du Seigneur des Anneaux de Tolkien.
Ainsi, j’ai hâte de découvrir s’ils se montreront à la hauteur de leur réputation une fois la guerre venue.
Les personnages savent tout de même se montrer attachants. Certes, leur histoire n’est qu’évoquée pour la plupart, mais ils sont construits de telle manière que j’ai eu plaisir à les retrouver au fil de ma lecture. Il convient tout de même de souligner la mise en scène de personnages plutôt originaux : les magiciens, qui se révèlent être de dangereux combattants bien qu’ayant leur faiblesses, les Esthètes que j’ai mentionné plus haut, et les Erzats, des créatures déviantes issues d’expériences malheureuses.
Vivement la rencontre !
Mais il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit que du premier tome d’une saga. C’est la raison pour laquelle je ne me montre pas vraiment critique à l’encontre de cette histoire. Tout est possible dans la suite de cette série que j’attends de pied ferme !
Si je suis restée sur ma faim avec Blizzard, j’attends tout de même la suite. Ce premier tome ouvre tout un champ de possibles, et j’espère vivement que la suite sera épique et plus étoffée !