Alexis Flamand, extraterrestre en visite sur notre planète, a pris forme humaine en 1970 mais s’est finalement retrouvé coincé dans son corps d’emprunt. Pour gagner sa vie, il a commencé par organiser un trafic d’organes de caniches nains, puis une secte autour du tire-bouchon avec adoration de la Grande Visseuse. Se rendant compte de ses erreurs, imputables à sa méconnaissance de notre culture, il change son fusil d’épaule et entreprend des études de biologie. Hélas, après quelques années, les dissections de rats ne lui apportent plus guère qu’une satisfaction modérée. Il s’oriente alors vers l’enseignement, puis vers la littérature. Il écrit des romans réalistes sur sa galaxie, que les humains considèrent comme des récits imaginaires de SF ou de fantasy. Enfin, il est fan, dans le désordre, de jeux de rôle, de jeux de plateau, de jeux vidéo, de graphisme et de rock progressif.
Biographie visible dans sa forme originale ici
Interview : Alexis Flamand
1 – Ton entourage t’inspire-t-il lorsque tu écris ?
Pas du tout ! À part quelques clins d’œil à des amis sous la forme de références, je ne m’inspire que très peu de la réalité. Quand je mets en place telle ou telle situation, je réfléchis à la manière la plus crédible pour les héros de réagir. Je me base donc sur ce que je sais d’eux et de leur caractère plutôt que sur des êtres humains « réels ».
2 – Quels sont tes auteurs favoris ?
Ceux de l’âge d’or de la Fantasy, quand cette Fantasy ne tournait pas en rond comme elle a tendance à le faire aujourd’hui Des auteurs comme Roger Zelazny et Fritz Leiber ont apporté beaucoup au genre, mais mon auteur fétiche demeure Jack Vance. Il a non seulement posé les bases de ce qu’on appelle la « Science Fantasy », mais il a écrit des livres originaux qui font aujourd’hui figure d’OVNI à côté des régiments d’elfes, de dragons et de nains qu’on essaie de nous recycler ad nauseam.
3 – L’écriture : métier ou occupation ?
Tous les auteurs aimeraient en faire un métier, et pratiquement tous le pratiquent en tant qu’activité. Il faut savoir que très peu d’auteurs vivent de leur plume en France : moins de 100 !
4 – Qu’est-ce qui t’aide à développer ton imagination ?
Tout ! Aussi bien la lecture que le cinéma, les jeux vidéo, les jeux de rôle, mais aussi la musique, les rencontres, les infos, les découvertes scientifiques… Je pense qu’un auteur se nourrit de tout ce qui l’entoure et le recrache ensuite après un passage dans sa petite usine à imaginaire personnelle. Je dis souvent que la création n’est rien d’autre qu’un recyclage de talent, avec un double sens pour ce dernier mot. On recycle en effet d’abord le talent des autres, mais il faut aussi essayer de le faire avec talent, c’est-à-dire en proposant une valeur ajoutée qui passe par une sensibilité personnelle. La création ne consiste pas à refaire ce qui a déjà été fait !
5 – Pourrais-tu résumer ton style littéraire en un mot ?
J’essaie d’être le plus efficace possible quand j’écris, c’est donc le mot que je choisirai. Quelques lecteurs disent que mon style est « cinématographique ». Il est vrai que quand je décris une situation, j’ai tendance à poser ma caméra dans tel endroit et à régler l’action avec des plans, comme dans un film. Après, au lecteur de dire si je réussis toujours mes prises de vue !
6 – Comment est née ta passion pour l’imaginaire ?
J’étais un lecteur très moyen et sans enthousiasme jusqu’à mes 11 ans, quand j’ai découvert un petit livre appelé « Le Hobbit » dans un recoin du CDI de mon collège. Ce fut une révélation, et je suis depuis devenu un véritable drogué à l’imaginaire. Comment le devient-on est certainement une question complexe. Peut-être qu’à un moment de notre vie, la réalité se fait trop pesante, et l’imaginaire constitue alors une soupape mentale permettant de faire une pause avant de se jeter de nouveau dans la mêlée.
7 – Si je te dis « magie »… que me réponds-tu ?
Je te réponds « sel de l’imaginaire ». La magie, c’est de l’imaginaire condensé, matérialisé. Peut-être n’est-ce d’ailleurs pas un hasard si l’on entend « magie » dans « imaginaire ». C’est tout simplement une clef vers autre chose, une chose que notre cerveau rationnel n’a pas besoin d’expliquer pour apprécier. Une pause de la réalité !
8 – Quel est ton personnage préféré tous genres littéraires confondus ?
J’ai une tendresse particulière pour Arsène Lupin, son charisme, son humour et sa vivacité d’esprit. Ce n’est pas un hasard si mes livres contiennent souvent des énigmes à résoudre ou des situations délicates qui mettent à rude épreuve l’ingéniosité de mes personnages.
9 – Un rêve littéraire ?
Ce serait voir mes créations se mettre à vivre leur propre vie, indépendante de leur créateur, quelle que soit la nature du projet. C’est magique quand vous voyez un autre créateur reprendre ce que vous avez inventé et proposer une vision parallèle qui enrichit celle d’origine.
10 – Quels projets pour l’après-Alamänder ?
D’autres mondes en chantier, mais aussi un univers de jeu de rôle à développer. Et tout un avenir que j’écris jour après jour, lequel donnera au final un livre que j’espère riche en rencontres, en découvertes et en idées !
11 – Si je te dis 42 ?
Je te répond qu’il faudra attendre quelques milliers d’années pour découvrir la question à cette réponse.