L’Enigme de Saint-Olav


Tallinn, 1409
Sur les hauteurs de la ville, les chevaliers teutoniques incarnent une aristocratie en fin de règne, tandis que la ville basse de Tallinn brasse une population métissée et contrastée. On y croise orfèvres, compagnons maîtres chanteurs, marchands de l’ordre des Têtes-Noires et chefs de guildes, dans l’activité bouillonnante du port de commerce de la Hanse. Un haut responsable de l’ordre des chevaliers est retrouvé décapité à la porte du monastère, une épée ensanglantée abandonnée à la hâte sur le chemin de la ville basse. Le bailli fait appel à son fidèle ami Melchior, l’apothicaire, réputé pour son ingéniosité. Courtisé pour une liqueur de sa fabrication, Melchior est un esprit éclairé au sein d’un monde obscurantiste et naïf. Il faudra toute sa perspicacité pour démêler « l’énigme de Saint-Olav ».


L’histoire commence sur les chapeaux de roue en l’an de grâce 1409 dans une ville décrite de manière tout à fait pittoresque. L’ambiance est donc au rendez-vous dès les premières pages de ce roman pour le plus grand plaisir de la férue d’univers médiévaux que je suis, et c’est cette immersion immédiate et totale qui constitue selon moi le point fort de ce roman.
Concernant l’histoire, j’en ressors beaucoup plus mitigée : ce qui me paraissait être un bon début, un meurtre pour le moins sanglant et une enquête qui se met en place laisse vite la place à de multiples méandres.
Les personnages sont trop peu creusés, et leurs passage donnent l’impression qu’ils sont là pour peupler cette ville, mais que même les plus impliqués dans la trame de l’histoire ne sont que de passage. Reste Melchior, le personnage principal, qui est un peu plus approfondi que les autres. Mais malheureusement j’aurais apprécié en savoir un peu plus sur la mystérieuse malédiction. De plus, l’auteur fait allusion à un passé qui n’est une fois encore qu’explicité.
L’énigme de Saint-Olav n’est pas un roman que je garderai en mémoire, mais n’est pas le pire que j’ai pu lire depuis le début de l’année.

Roman lu dans le cadre de la masse critique du site 

Mortimer



Mortimer court à travers champs, agitant les bras et criant comme une truie qu’on égorge. Et non. Même les oiseaux n’y croient pas. « Il a du coeur », fait le père adossé contre un muret. « Dame, c’est le reste qui lui manque », répond l’oncle Hamesh. Mais à la foire à l’embauche, la Mort le remarque et l’emporte sur son cheval Bigadin. Il faut la comprendre : elle a décidé de faire sa vie. Avec un bon commis, elle pourrait partager le travail quotidien, ce qui lui laisserait des loisirs. Un grand destin attend donc Mortimer. Mais… est-ce bien raisonnable ?

C’est un peu par hasard que ce roman m’est arrivé entre les mains. Je ne connaissais Terry Pratchett que de nom et ne prévoyais pas du tout de lire ce roman, dans l’immédiat en tout cas. C’est vrai que l’idée de mettre en scène la Mort pouvait être drôle. Je me suis donc laissée tenter par un conseil pour le moins enthousiaste.

Comme dans de nombreux romans de cet auteur, l’humour est au rendez-vous, et pas à moitié : chaque page recèle son lot de rebondissements comiques, de jeux de mots et de piques humoristiques.

Je n’ai certes lu qu’une traduction française d’un roman de langue anglaise. Néanmoins, j’ai eu le plaisir de relever quelques jeux de mot plus drôles les uns que les autres. De petits détails certes, mais qui peuvent rendre une lecture agréable ou désagréable. Eh bien, je peux vous dire que rarement une lecture ne m’a parue aussi drôle et bien écrite tout au long du texte.

Aucun temps mort (sans mauvais jeu de mot) dans la lecture de ce court roman. Je me suis amusée du début à la fin, et je ne peux que vous conseiller de lire cette histoire ! Aucun point négatif à relever.

Mortimer.- Terry Pratchett.- Ed. Pocket

Le Grand livre des gnomes


Depuis des siècles, le gnomes vivent en paix avec les rats et les pigeons de la station service. Depuis trop longtemps hélas. La nourriture vient à manquer. La petite communauté menée par les anciens ainsi que par Masklinn, un jeune gnome débrouillard décide de déménager. Une véritable expédition ! Ils montent au hasard dans un camion, et en route vers l’Inconnu !
Les voilà arrivés dans un immense bâtiment, un nouveau monde. Le Grand Magasin dirigé de main de maître par Arnold Frères (fond. 1905) et habité… par d’autres gnomes !
Se produit alors un choc des cultures entre ceux « du dehors » et ceux du magasin. Mais à nouveau, une menace pèse sur le Grand Magasin. Les gnomes vont-ils réussir à convaincre leurs congénères de braver leur croyances en Arnold Frères (fond. 1905) et sauver leur vie ?

Le Disque-Monde, je ne connaissais Terry Pratchett que par cette immense saga. Le Grand livre des gnomes est un roman rempli d’humour et de dérision. Le lecteur est placé de telle manière qu’il a l’impression de voir tout ce petit (c’est le cas de le dire) monde de haut. Il peut assister à un véritable choc des cultures entre deux groupes du même peuple mais avec des modes de vie différents.

Le comique se cache en grande partie dans les descriptions de la société gnomique vivant dans le Grand-Magasin gouverné par Arnold Frères (fond. 1905). Des commandements ont été édictés et un ordre clérical établit. Chaque rayon du magasin voit son entresol habité par une famille, presque une guilde de gnomes, et ce rayon définit leur importance dans la société qui semble parfaitement fonctionner.

Suivez les pérégrinations d’une véritable communauté de gnomes contraints de remettre en cause leurs croyances les plus profondément enfouies pour sauver leur vie : affronter le monde du dehors pour retrouver leurs origines : un vaisseau spatial qui les aurait amenés sur terre et dont le seul élément encore en leur possession serait le Truc… Une lutte de tous les instants contre l’inconnu, les préjugés et les dangers du Dehors… Quelle est cette chose étrange au dessus de leur tête qui bouge et change constamment ?

Mais derrière l’humour se cache un véritable message. Qui ne reconnaîtrait pas derrière ces petits êtres l’ombre de nos propres comportements sociaux : la méfiance à l’égard des étrangers, et le besoin irrépressible de croire en une puissance supérieure, un être suprême incarné dans ce roman par Arnold Frères (fond. 1905).

Amateurs de fantasy délurée, courez vous procurer Le grand livre des gnomes !

Les phénomènes de Corneghem – L’esprit de la forêt (T1)


Quelque part, entre les monts des Flandres, se cache un petit village appelé Corneghem. Dans ce bourg en apparence tranquille, une mystérieuse aura se dégage : celle de la magie des fées, des fantômes et des elfes. C’est dans cet univers merveilleux que vivent des personnages hors du commun, dont Walter Katt, un conteur de talent qui va faire de belles rencontres au cœur de la forêt des fées… Asseyez-vous et savourez une petite histoire au coin d’un bon feu.


Dès les premières pages de ce roman,vous vous retrouverez plongés dans l’univers merveilleux si particulier à ce petit village. Si les histoires se déroulent (en grande partie) entre les monts de Flandres, il n’est pas utile de posséder une connaissance parfaite de la géographie du Nord pour profiter au maximum des contes. Il vous suffira de vous laisser entraîner dans une réalité qui se fissure pour laisser échapper quelques bribes de magie. Peut-être même entreverrez-vous une autre réalité, si les fées vous en donnent l’occasion…
Au fil de plusieurs contes, l’auteur nous fait découvrir de nombreux personnages dont les aventures ne sont décidément pas banales !
Au détour de ces pages, vous rencontrerez un conteur dont la vision du monde va changer par le truchement des fées de la forêt, des vampires las de leur château, et même des sirènes boiteuses !

~Le Mystuurtuk~ 

Walter Katt est un homme aux goûts simples. Lors d’un beau matin d’automne, il décide de partir à la cueillette de bolets dorés. Mais au détour d’un chemin, il tombe nez à nez avec une entité un peu particulière qui va lui ouvrir une nouvelle vision des choses. Peut-être que si vous vous concentrez… Vous aurez la même aussi ! 
Patrice Michel donne plonge tout de suite son lecteur dans l’ambiance qui l’entourera tout au long de la lecture de ce recueil. On a envie de suivre Walter dans sa promenade à travers une forêt réellement enchanteresse !
~Transylvanie nostalgie~
Le prince Lymphoman doit déménager. Le dernier prince en titre est décidé à vivre en Angleterre. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Les terres françaises ne lui plaisent pas, et la traversée le répugne. Lors d’une étape dans le petit village de Corneghem (sans rire!), il rencontre le croque-mort avec lequel il s’associe, et lui fournit même quelques clients.
Une première tranche de rire ! On reconnaît dans ce conte le talent de l’auteur pour parsemer son histoire de petites touches comiques qui font de ce texte un bon moment de lecture !
~Ghislain et Ghislaute~

Un couple de charbonniers vivait misérablement dans la forêt. Un jour, la femme mit au monde deux enfants difformes. Ghislain, l’aîné, se trouve affublé d’un ventre énorme. Ghislaute, son cadet, se retrouve quant à lui bossu. Empli de joie de vivre, ce dernier gagne sa vie en chantant lors des fêtes de village. Alors qu’il rentre de l’une d’elles au beau milieu de la nuit, il tombe sur une danse bien étrange…
C’est un conte digne de ceux des frères Grimm ou de Perrault que nous offre l’auteur, avec sa morale, et même une petite rengaine écrite dans le patois local ! C’est ce genre de détail qui me permet de dire que ce conte est sans doute l’un de mes favoris !:)
~La Dame Blanche de Zutebecque~

Le maire de Zutebecque est en proie au désespoir. Personne ne vient à Zutebecque, et le tourisme est à son niveau le plus bas. Lorsqu’une idée a priori formidable lui vient à l’esprit : et si Zutebecque possédait sa légende locale ? Ce sera une dame blanche ! Mais à trop se jouer des légendes, celles-ci finiront par vous rattraper…
Un petit conte qui se lit lui aussi très vite et qui est comme ses voisins de papier plutôt bien écrit. Ce n’est pas mon histoire favorite, mais je l’ai beaucoup appréciée !
~Toussaint, ou le destin d’un veilleur de grue~

C’est la panique dans un petit village du canton de Corneghem ! Un complexe commercial et hôtelier s’installe. Mais cela n’est pas du goût de tout le monde. La nuit, quelqu’un – ou quelque chose, dérobe tous les outils. Toussaint, un ouvrier, est chargé de surveiller le chantier depuis sa grue. Et lors de la première nuit, sa vie va changer…
Un conte passionnant dans lequel l’auteur joue avec son lecteur et le mène par le bout du nez pour le mettre face à une série de péripétie mêlant frisson, soulagement et émotion. Je l’ai beaucoup apprécié !
~La Tentation du dragon~

Il est des choses dont il ne faut pas parler devant certaines personnes, et d’autres qu’il ne faut pas faire ! Et surtout, la patience paie toujours !
On retrouve encore une fois la tonalité atemporelle des recueils de contes bien connus ! La trame générale est commune, mais avec juste ce qu’il faut de modernité pour transporter le lecteur !
~Ulysse et la sirène du bout du monde~

Ulysse Tyme est un jeune homme en mal d’aventure. A tel point qu’il s’embarque aux côtés d’un étrange capitaine pour une chasse à la sirène. Mais l’aventure ne se déroule pas comme prévu, et le jeune homme devra faire face à des situations toutes plus incroyables les unes que les autres !
Et si… Qui n’a pas entendu ce début de phrase au moins une fois dans sa vie ? L’auteur revisite ici le mythe d’Ulysse qui pour une fois succombe au chant des sirènes !
~Le conteur à l’épreuve des fées~

Encore une fois l’une de mes chroniques favorites ! Un conte enchâssé dans un autre, une épreuve pour Walter qui doit prouver sa bonne foi au peuple de la forêt. C’est tout le petit peuple qui est ici mis en scène avec beaucoup de simplicité mêlée à la poésie toute en finesse. Magnifique.
~En bref~ 

L’esprit de la forêt est vraiment un très bon recueil de contes, sans doute ma lecture du mois de février !

L’Année des dragons


On se pose parfois la question de savoir ce que l’on ferait si telle ou telle chose arrivait. C’est précisément le but de ce livre. En effet, que feriez-vous si du jour au lendemain toute l’électronique vous lâchait ? Que feriez-vous en cas de black-out ? C’est le problème auquel ont du faire face les habitants de Mauriac. Comment se réorganiser alors que toutes les habitudes prises depuis de nombreuses années sont chamboulées ?


C’est sans aucun préjugé que j’ai commencé ce roman dont je ne connaissais que la quatrième de couverture, dont le résumé m’a aussitôt plu. De tous les scénarii, une panne généralisée de tous les systèmes électriques en France et le retour à une vie « à l’ancienne époque» me paraît la plus plausible. Ce n’est pas un scénario catastrophe avec des zombies, mais réfléchissez : est-ce pour autant agréable de vivre sans électricité ni chauffage ?
C’est donc dans un cadre que l’on pourrait tous connaître que l’histoire se déroule. J’ai apprécié de suivre la transformation de la société et le scénario m’a paru tenir la route. C’est donc une idée très originale que l’auteur a mis en place dans son roman.
Les personnages, très nombreux, font que l’histoire est un peu difficile à suivre par moment. Néanmoins, on peut s’apercevoir en étant un peu attentif que l’auteur a réussi à respecter une cohérence tout au long des chapitres.
Si j’ai pu déplorer quelques longueurs dans certaines parties du livre, l’histoire est bien écrite, dans les dialogues notamment. Le niveau de langue est bien dosé et contribue au réalisme de l’histoire.
~ En un mot ~
Une bonne histoire.

Interview : Nathalie Dau

Le maître en dédicace, photo prise sur la page de Mathieu Coudray.
A la fois écrivain et éditrice, Nathalie Dau est passionnée par les mondes de l’imaginaire qu’elle sillonne, plume à la main, pour en rapporter des histoires teintées de folklore et de mythes.A la fois écrivain et éditrice, Nathalie Dau est passionnée par les mondes de l’imaginaire qu’elle sillonne, plume à la main, pour en rapporter des histoires teintées de folklore et de mythes. 
1 – Ton entourage t’inspire-t-il lorsque tu écris ?

Cela dépend des textes. Certains m’ont été inspirés par des anecdotes familiales. Par exemple, « Le Violon de la Fée » raconte, de façon très romancée, une partie de l’histoire de mon arrière-grand-père, Gian-Battisto Dall’Olmo, qui a vraiment perdu ses doigts dans les aciéries de Lorraine et qui a vraiment réussi à jouer du violon de l’autre main. « Notre-Dame des Algues » fait référence à un autre épisode de sa vie : quand son frère Nazzareno s’est noyé dans la Marne pour avoir voulu le sauver alors qu’il s’était pris dans des algues. Dans « Les Ailes de l’Anaconda », la fillette qui apporte du lait au serpent géant est inspirée par mon arrière-grand-tante Justine, qui agit de même quand elle vivait dans le Mato Grosso.
Il m’est arrivé aussi de placer quelques allusions, façon œufs de Pâques, dans des textes, empruntant à des gens que je connaissais, ou à mon vécu avec eux, des choses aussi simples que le nom d’un chien, le métier d’un personnage, un élément de description physique, un goût ou dégoût… Mais le plus souvent, mes personnages et le monde « réel » n’ont que peu de corrélations.
2 – Quels sont tes auteurs favoris ?

En Fantasy, j’ai mon panthéon personnel composé de Tolkien, Marion Zimmer Bradley, Tanith Lee, George Martin et Robin Hobb / Megan Lindholm. Sinon, dans un registre plus large, j’adore les essais de Claude Lecouteux, les pièces de Marcel Pagnol et les policiers humoristiques d’Exbrayat (surtout la série sur Imogène). Mais plutôt que des auteurs, j’ai des livres préférés (ce qui signifie que je n’aime pas forcément l’intégralité de la production de leurs auteurs, mais que je les trouve magistraux dans ce titre-là). Et donc je me fais plaisir, là, en citant La Déesse Blanche de Robert Graves, Faerie la Colline magique de Raymond Feist, La Femme Celte de Jean Markale, ou encore la trilogie L’enfant de la Toussaint de Jean-François Nahmias (que j’ai dans sa version en 4 tomes sous le titre Gueules et Sable, et que je relis régulièrement).
3 – Combien de temps consacres-tu à l’écriture quotidiennement ?

J’y consacre ma vie puisque même quand je ne suis pas en train de rédiger, je pense à mes histoires, à mes personnages. Ce n’est pas un travail auquel on s’astreint de façon administrative. Même s’il faut planifier un minimum, pratiquer quotidiennement… J’ai écrit certains textes dans un état second, oubliant de manger, de boire, de dormir. Je ne regarde jamais ma montre, je ne me soucie pas du temps que j’y consacre. Je donne à chaque texte autant de moi que ce dont il a besoin. Certes, parfois on panique un peu, parce qu’il y a des dates butoir, mais le plus souvent, je parviens à respecter les délais imposés. Quitte à dire à certaines histoires : « toi, je t’écrirai plus tard. » ou encore « toi, finalement, je ne trouve pas la bonne façon de te raconter, donc je renonce à toi, du moins pour l’instant. »
4 – Qu’est-ce qui t’aide à développer ton imagination ?

Tout. Quand on est écrivain, on se nourrit de tout.
5 – Pourrais-tu résumer ton style littéraire en un mot ?

En général on dit qu’il est musical et poétique. Qu’il est sensible et véhicule bien les émotions. Pour ma part, je dirai que j’essaie d’être juste. De trouver la bonne approche, le ton adéquat, les mots les plus évocateurs, les mieux appropriés. Donc oui, s’il faut un seul mot, je choisirai « juste ».
6 – Comment est née ta passion pour l’imaginaire ?

Je n’ai jamais cessé de croire à tout ce qui se tapit de l’autre côté. De voir des dragons dans les nuages, des esprits de la forêt dans les écorces, des visages et des silhouettes un peu partout, sur les murs, dans les nœuds des portes…
7 – As-tu trouvé ton propre style ou est-il inspiré de plusieurs auteurs que tu aimes ?

Je pense qu’on commence par s’imprégner des auteurs qui nous marquent, puis qu’on s’en détache peu à peu et qu’on transmute tout cela pour atteindre son propre style. Mais la notion de style est ambiguë car on peut s’exprimer de façon très différente selon l’histoire que l’on raconte et les besoins de celle-ci. Je sais que j’ai ma propre façon de placer les respirations, de rythmer les choses, de jouer avec la musique des mots. Il y a ces tournures et ce vocabulaire qui me viennent spontanément, d’autres que j’ai tendance à éviter… Je suppose que c’est tout cela qui définirait mon style.
8 – Quel est ton personnage préféré tous genres littéraires confondus ?

S’il s’agit d’un personnage créé par un autre auteur, je vais avoir du mal à choisir entre Raistlin Majere, Severus Rogue et Damon Ridenow ! S’il s’agit d’un de mes personnages, c’est mon Ceredawn, sans conteste.

9 – Un rêve littéraire ?

Un rêve d’univers partagé, oui. Autour de mes mages bleus. Voir fleurir des fan fictions dont les meilleures pourraient être rassemblées en anthologies… Mais ça ne sera pas avant d’avoir publié plusieurs tomes et donné suffisamment de matière 😉
J’adorerais aussi que des illustrateurs s’emparent de mes mots pour créer de magnifiques fan arts.
10 – Quels sont tes projets pour la suite ?

En parallèle à mon cycle Le Livre de l’Enigme, j’aimerais parvenir à écrire un one shot qui me trotte dans la tête depuis un moment et qui s’inspire de nouveau de mythes gallois. Et aussi un roman de Fantasy en deux tomes – le premier pour la mère, le second pour la fille – dans un univers tout à fait classique. J’ai également des projets à plusieurs mains, pour des albums et des artbooks sur lesquels je dois intervenir au niveau des textes, mais on aura sûrement l’occasion d’en reparler.
Merci à toi pour m’avoir à mes questions 🙂

Du numérique (la suite)

Bon d’accord, ça fait un moment que le sondage est terminé ! Mais je trouve aujourd’hui seulement le temps de rédiger un petit mot à son propos. Mieux vaut tard que jamais, comme on dit.
J’attendais quelques réponses à ce sondage, et je dois dire que mes espérances ont été comblées ! Voici les résultats :
100% pour le numérique
  4 (11%)
Un avantage indéniable pour les gros lecteurs/voyageurs
  18 (50%)
Pour les voyages… Et encore !
  8 (22%)
Aaaaaargh quelle horreur !!!
  6 (16%)
La majorité reconnaît l’utilité du livre numérique pour les gros voyageurs. C’est vrai que voyager avec une valise pleine de livre n’a rien de vraiment pratique… Pas de soucis dans ce cas là, on est tous d’accord ! C’est aussi valable pour les transports, qu’ils soient en commun ou non. 
J’entends énormément de personnes dans mon entourage quotidien et immédiat (la fac donc) parler du numérique comme une engeance maléfique sortie tout droit des portes de l’enfer. Mais je suis satisfaite de voir, le temps passant, que les positions changent et que les gens commencent à percevoir les bienfaits du numérique, pour certains domaines en particulier cela dit ! Au risque de brasser encore et encore des clichés, le livre numérique devrait jouer un rôle important dans le domaine scolaire. Quoi de plus pratique qu’une tablette pour transporter plusieurs manuels ?!

La plupart des votants restent mitigés, dans le sens où le numérique n’a pas encore révélé tout ses potentiels (ou ses risques) par rapport à l’édition papier…
Beaucoup de personnes parlent de « choix » à faire entre papier et numérique… Je ne pense pas qu’il y ait un choix à faire. L’un n’empêche pas l’autre, et les deux tendront sûrement à s’équilibrer avec le temps.

Du moins je le souhaite !

Interview : Pierre Brulhet


S’il est né en France, c’est en Afrique qu’il grandit entre la Mauritanie et la Côte d’Ivoire. A son retour en France il entame des études dans le but de devenir architecte. C’est parallèlement à son métier qu’il entame une carrière d’écrivain et publie plusieurs romans parmi lesquels L’Enfant du cimetière et Le Manoir aux Esprits. Magma est à la fois sa troisième publication, et son premier roman fantasy.



1 – Ton entourage t’inspire-t-il lorsque tu écris ?
Indirectement oui. Je pense qu’avoir une vie sociale, d’être confronté à la dure réalité des gens, de leur travail, ne peut qu’enrichir. Je vis cela tous les jours avec mon métier d’architecte et si je devais ne faire qu’écrire, il se peut que je finisse par tourner en rond. La rencontre des lecteurs lors des salons est là aussi un moment privilégié pour échanger, comprendre ce qui touche mais aussi ce qui pourrait faire que le prochain roman soit meilleur. On n’avance que confronté aux regards des autres.

2 – Quels sont tes auteurs favoris ?
Je dirais au hasard : Philippe K. Dick, Richard Matheson, Mickael Moorcock, H.P.
Lovecraft, Edgar Poe, Maupassant, Howard, J.R.R Tolkien, Ray Bradbury, Franck Herbert, et beaucoup d’autres encore…

3 – Combien de temps consacres-tu à l’écriture quotidiennement ?
En moyenne une heure par jour. Soit environ une page. Cela peut-être plus mais en règle générale, je suis assez lent dans l’écriture. Je préfère consacrer du temps à chaque page et ne pas y revenir dessus. C’est peut-être là une forme de paresse que je revendique !

4 – Le jeu de rôle prend-il une place importante dans ton écriture, surtout fantasy ?
Il fut un temps où je pratiquais beaucoup. Et pas seulement les jeux de rôle mais aussi les Grandeurs Natures et mes préférés étaient toujours dans un univers médiéval fantastique. Je dirais qu’aujourd’hui, c’est une source d’inspiration dans l’écriture. Disons plutôt que ce fut un excellent exercice pour la narration, pour développer mon imagination, construire un récit, une histoire et la tester en temps que Maître de Jeu auprès de mes joueurs à l’époque.

5 – T’a-t-il aidé à développer ton imagination ?
Je réponds à ta question dans la question juste avant (sourire).

6 – Pourrais-tu résumer ton style littéraire en un mot ?
Impossible ! (rires) Disons que je pense avoir un style assez simple, je ne cherche pas à faire d’effets et les longues descriptions m’ennuient. J’ai un style plus proche du script de cinéma je pense, ce qui donne à mon sens, une nervosité, un rythme qui ne lâche pas le lecteur. C’est aussi un défaut car du coup mes récits sont assez courts.

7 – Comment est née ta passion pour l’imaginaire ?
Je dirais que tout viens de l’Afrique. J’y ai vécu 14 ans, en Mauritanie puis en Côte d’Ivoire. Les histoires racontées le soir par les gardiens lorsque mes parents étaient de sortis, m’ont marqué à jamais. C’est le point de départ. Après ce fut « les livres dont vous êtes le héros » à mon retour en France, puis les Jeux de Rôle.

8 – As-tu trouvé ton propre style ou est-il inspiré de plusieurs auteurs que tu aimes ?
Je me cherche toujours et je pense encore évoluer. Justement, le fait de passer d’un genre à un autre, permet de tester ses limites, d’avancer, ce qui fait évoluer le style forcément. Mais je pense que le lecteur me reconnaîtra car les fondements de mon écriture restent les mêmes.

9 – Quel est ton personnage préféré tous genres littéraires confondus ?
Sans hésitation l’antihéros ! Celui que l’on rejette, le différent.


10 – Et pour ce qui est du jeu de rôle ?
C’est pareil et un peu différent. Le rôle de rôdeur style Aragorn me convient assez. Jouer un elfe ou une créature maléfique sont tout aussi jouissif. J’aime jouer les opposés. Mais cela fait presque 10 ans que je n’ai pas fait de Jeu de Rôle !

11 – Tu as écris un jeu de rôle il y a quelques années. Si l’occasion se représentait, le referais-tu ?
Je suis là impressionné ! Comment as-tu trouvé cette info ? En fait je n’ai écrit qu’un scénario qui n’a hélas jamais été publié ! J’ai juste participé de loin à l’écriture d’Empirium et encore ! C’était vraiment un excellent jeu de S-F.

12 – Quel a été ton jeu de rôle favori ? Dans quel univers ?
Difficile. Il y a eu Star Wars, l’Appel de Cthulhu, Ravenloft… Mais celui où j’ai le plus rêvé en temps que joueur est MERP (le Jeu de Rôle de la Terre du Milieu en français).

13 – Peux-tu nous parler de Magma ?
« Magma » est un roman que je qualifierais de Dark Fantasy avec une pincée de S-F. J’ai voulu revisiter le genre, à ma façon, au risque de perturber les puristes. J’ai fait la place belle à l’Aventure, des panoramas grandioses, des créatures étranges et des peuplades qui par leurs originalités vont je pense plaire aux lecteurs. Je me suis amusé comme un fou à écrire ce livre. Peut-être celui qui m’a le plus excité.

14 – Quels sont tes projets pour la suite ?
Je ne peux pas trop encore en parler car je suis un peu superstitieux mais celui que j’écris en ce moment est un polar S-F saupoudré de fantastique. J’aime m’essayer à des genres différents pour apprendre, me renouveler, surprendre. Mais il y a une constance quand même. Il y aura toujours du fantastique dans mes histoires. Sinon pour la fin de l’année et 2013, j’ai 3 ou 4 nouvelles qui doivent sortir dans diverses anthologies. Si tout se passe bien, entre 2013 et 2016, 3 nouveaux romans seront publiés.

Chants d’automne

L’effroi primordial, implacable lucidité des premiers âges, seuls l’ont désormais en partage quelques initiés qui se transmettent, tel un virus létal, ce terrible héritage. Les ombres de Flamel, Fulcanelli, Simon le Magicien, Locuste, Zoroastre et Hermès Trismegiste hantent encore aujourd’hui Clermont-l’Hérault, pour qui sait les y apercevoir… Un exemplaire inconnu du Necronomicon, grimoire maudit entre tous, pourrait bien se trouver dissimulé dans quelque recoin d’une bibliothèque de Lunel, pour qui saurait l’y retrouver… Le terrible culte de Mithra semble avoir bel et bien ressuscité au coeur de la Camargue, au bord du Vaccarès, pour qui sait voir au-delà des apparences…


J’ai eu du mal à lire ce livre car ma lecture a réellement été en dent de scie. Il s’agit d’un recueil de nouvelles à la longueur variable et ressemblant pour certaines d’entre elles à une novella.
L’auteur est originaire du sud de la France, et situe la totalité de ses intrigues dans ces régions, en particulier la Camargue. Ainsi, les histoires portent de nombreuses particularités à côté desquelles je suis sûrement passée, n’étant pas de cette région. Ce régionalisme a été le principal frein à ma lecture.
Néanmoins, le fantastique bien présent dans chaque nouvelle réussit à transporter le lecteur dans un monde dans lequel la réalité est émaillée de forces inconnues, terribles et cachées. Un style lovecraftien revisité avec de nombreuses évocations du Necronomicon et d’entités horrifiques qui font trembler les personnages, et le lecteur aussi.
Un avis en demi-teinte donc pour ce recueil qui m’a laissé une sensation de frustration, ce qui est sans doute du au caractère régional de ces nouvelles. Je suis néanmoins toujours ravie de découvrir des écrits fantastiques où celui-ci apparaît au détour d’une page pour mieux nous surprendre…

Chant d’Automne.- Christian Jougla.- Ed. La Clef d’argent.- 2012

Le pianiste


Septembre 1939. L’invasion de la Pologne, décrétée par Hitler, vient déclencher la Seconde Guerre mondiale. Varsovie est écrasée sous les bombes ; à la radio résonnent les derniers accords d’un nocturne de Chopin. Le pianiste Wladyslaw Szpilman est contraint de rejoindre le ghetto nazi recréé au coeur de la ville. Là, il va subir l’horreur au quotidien, avec la menace permanente de la déportation. Miraculeusement rescapé de l’enfer, grâce à un officier allemand mélomane, le pianiste témoigne au lendemain de la victoire alliée…


Tout le monde connaît le film réalisé par Roman Polanski où Wladek est brillamment interprété par Adrien Brody. Le pianiste est également un véritable témoignage rédigé par Wladyslaw Szpilman après-guerre.


C’est un récit poignant dans lequel l’auteur détaille son quotidien dans une atmosphère allant de l’incrédulité générale à l’horreur en passant par la peur. Dans ce ghetto où la mort règne en maîtresse absolue, l’auteur nous décrit la manière dont il a réussi à survivre durant six années, bravant le froid, la faim et la maladie, et surtout les pires épreuves physiques comme morales.
Qu’il soit simple curieux ou bien féru d’histoire, différents sentiments traverseront le lecteur du Pianiste. L’horreur, la peur, le dégoût mais également une émotion lorsque l’officier allemand choisit d’aider le musicien en lui fournissant draps et fournitures.

Chaque témoignage de cette guerre me semble digne d’être pris en compte. L’oubli est en effet le meilleur moyen de permettre à la folie des hommes de commettre à nouveau de telles horreurs.
Cela a été un rude moment de lecture, mais que j’ai malgré tout apprécié. Les lectures fortes qui remuent aussi bien l’esprit que les tripes font du bien parfois. Ceux qui me connaissent personnellement savent l’importance que j’attache à la sauvegarde de la mémoire de l’extermination effectuée par les nazis, non seulement sur les Juifs, mais sur d’autres personnes comme les homosexuels et des personnes handicapées.
Je vous invite à lire ce récit qui ne vous laissera pas indifférent.

Le pianiste.- Wladyslaw Szpilman.- 2001 (Ed Belfond)