Tout est parfait dans la cité d’Eksamorrhe. Tout y est aussi réglé comme il faut : les repas, le quotidien, et même la vie et la mort, le tout dans la foi et la dévotion des Bienfaisants. Une véritable utopie. Mais pas pour tout le monde. Pour Teliau, cette cité ressemble à une prison. Le garçon intelligent brave tous les interdits pour vivre comme il l’entend avec Ande, celle qu’il aime. Ainsi, il vit avec elle une relation allogène, exclusive et renie le principe de l’idylle qui vise à des ébats anonymes pour éviter les familles biparentales. Il découvre également le secret de la sublimation… Banni, il découvre le Dam tant craint par les habitants d’Eksamorrhe, la face cachée de sa cité. Sa ténacité et sa volonté de changer le monde causeront-ils la perte de la ville des Bienfaisants ? Comment les Eksamorrhiens réagiront-ils ?
Je n’ai jamais eu l’occasion de lire de la science-fiction moderne. J’avais en tête les clichés d’une science-fiction présentant notre époque de manière totalement technologique, robotisée et extra-terrestre. Mais je suis heureuse de constater que les choses ont changé.
Gilles Warembourg nous livre ici sa vision (mathématique certes) de l’utopie. Mais comme toutes les utopies, celle-ci est gangrenée et les foules sont manipulées. Étant un esprit purement littéraire, j’ai craint de devoir me confronter à de difficiles concepts mathématiques lorsque j’ai feuilleté ce livre. Mais j’ai été rassurée de constater que ce n’est pas du tout le cas.
L’aspect scientifique est totalement intégré à l’histoire, et ne se situe donc pas au premier plan.
La chose m’ayant le plus interpellée est le véritable cheminement, la maturation mentale qu’accomplit Teliau, le héros, pour faire éclater la vérité. Cette lutte d’un esprit éclairé fait écho à celle qu’ont du mener nombre d’esprit éclairés contre l’obscurantisme (souvent mené par la religion) tout au long de notre histoire.
Par cet aspect, le jeune Teliau ressemble à Galilée qui avait remis en cause la place de l’Homme dans le système solaire et par là bafoué la toute puissance de Dieu. Tous deux ont dû renoncer à leurs certitudes scientifiques et se soumettre à l’autorité.
Dans l’Ellipse, Teliau est condamné à errer dans le Dam, présenté comme un enfer sur terre. Mais ce qu’il y découvre le conforte dans ses convictions. Il réussit, grâce aux mathématiques et à la géométrie, à retourner dans Eksamorrhe et à y délivrer les habitants de leurs certitudes.
Le roman de Gilles Warembourg donne une importante leçon à méditer : comment réagirions-nous si nos croyances les plus profondément ancrées se révélaient être des contes et des mensonges ? Je pense que l’auteur a su mettre le doigt sur une question qui me semble centrale dans l’entreprise titanesque qu’est la connaissance de soi. C’est pour moi un des aspect qui font un bon livre : au delà du style littéraire (qui reste très fluide chez Gilles Warembourg), une question donnant à réfléchir.
L’Ellipse.- Gilles Warembourg.- Env. 290 pages.- Editions Atria
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