Aplecraft était un personnage reconnu grâce à sa magie du chant. Trouvère pour la fille du roi d’Oniriad, sa cité, il mène la belle vie. Tout bascule le jour où il tombe amoureux d’une des suivantes de la princesse. Rien de grave au premier abord, mais il s’agit en fait d’une double erreur. La première : la suivante en question est une solaire, et l’amour entre humains et solaires est prohibé. Mais c’est la seconde qui sera fatale. La princesse, qui l’aimait en secret, découvre la liaison que son trouvère n’a pas encore consommé et, aveuglée par la jalousie et la haine, les fait condamner à mort.
Trahi, découragé, abandonné par son aimée qui s’est suicidée, Aplecraft se prépare à mourir. Quand un homme étrange croisé par hasard dans la rue quelques jours plus tôt vient lui proposer un étrange marché : lui apprendre sa magie des mots et l’accompagner dans périlleux voyage au pays obscur, où la nuit règne en maîtresse absolue.
Que va trouver Aplecraft là-bas, et surtout va-t-il revenir sauf pour accomplir la vengeance comme il se l’est juré ?
Fantasy, récit initiatique, aventure et suspens, Le Bord du monde contient tout ces éléments. Étant donné la pile de livres qu’il me restait à lire, j’ai été tentée de le laisser un peu de côté. Mais j’ai finalement décidé de commencer celui-ci. Grand bien m’en a pris ! J’ai rarement vu un récit aussi rapide à lire.
Des chapitres un peu longs certes, mais la narration et les aventures vues par les yeux du héros semblent les raccourcir. Les descriptions et les dialogues s’alternent sans déséquilibre d’un côté ou de l’autre.
Le langage que les personnages emploient donne une tonalité médiévale à l’histoire qui n’est pas sans laisser indifférent. Ces touches subtiles présentes également dans les descriptions faites par le personnage à son auditeur (pourquoi pas le lecteur ?) font de ce roman une invitation au voyage que l’on serait heureux de faire, nonobstant les risques présents dans le Monde Obscur.
Je pense que l’on peut reconnaître ici un « trait de plume » de l’auteur : sa capacité à faire voyager le lecteur, à lui donner envie de suivre ses personnages malgré tous les dangers encourus.
Fabrice Anfosso propose dans ce roman un panel de personnages dont les caractères sont aussi divers que leur apparence. A l’image de nombreuses compagnies, celle-ci se compose d’une drague (une magicienne), un solaire archer, un demi-loup guerrier, un montorin et bien sûr le chef de leur clan, le Scientifique Théodulf.
C’est par ce personnage que prend place selon moi le thème central de ce roman, la véritable réflexion que l’auteur nous propose : jusqu’où peut-on croire ses convictions, alors que maintes preuves de ses paradoxes abondent sous nos yeux ?
J’ai aimé Le Chemin des fées, un autre roman de Fabrice Anfosso. Et j’ai adoré Le Bord du monde.
Le bord du monde – Livre 1.- Fabrice Anfosso.- Ed. Lokomodo.- 2012