« Entre troll et ogre » est une métaphore sociale tout autant qu’une quête d’humanité. Les ogres – disciplinés, rationnels, cruels- dirigent la société dont les trolls – incultes, bagarreurs, hypersensibles – sont la plèbe docile. L’histoire est celle d’Arsouille un vieux troll désabusé, faible et perclus d’arthrite, qui s’inquiète pour son petit-fils bientôt obligé d’entrer au collège et d’y affronter les ogres et sa Grande Poussée Dentaire. Un soir, Arsouille reçoit une lettre pleine d’amour signée de son jumeau qu’il n’a pas vu depuis 50 ans.
Sauf que ce frère est un ogre et que les ogres n’écrivent pas aux trolls…
#Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?
Actusf a eu la grande gentillesse de me proposer ce titre. La quatrième de couverture m’a vraiment attirée. Alors je n’ai pas hésité bien longtemps. Merci !
#Entre ogres, trolls… et bien d’autres choses encore
La première chose dont il faut que je vous parle – enfin que je vous écrive, mais vous avez compris – c’est la sincérité du protagoniste. Dans ses actes comme dans ses pensées, Arsouille est extrêmement touchant et il constitue sans aucun doute le principal atout de cette histoire.
On suit le protagoniste cahin-caha à travers sa quête. Et parfois malgré nous, malgré les quelques longueurs du récit, on veut savoir s’il va réussir à parvenir à retrouver son frère. C’est un véritable parcours initiatique que réalise le vieux troll, à travers un univers post-apocalyptique où les hommes sont devenus orcs et trolls. À chaque fois que la situation devient critique, ce bon vieux Arsouille trouve une échappatoire ou quelqu’un qui lui vient en aide.
J’ai apprécié le côté décalé du récit initiatique : le troll est en effet un vieillard qui se trouve dans la posture d’un apprenti de la vie. Et il est aidé au fil de l’histoire par moult personnages qu’il rencontre sur sa route et qu’il aide. C’est l’un des autres gros points forts du récit : il fait ressortir la solidarité qui apparaît spontanément entre des personnes dans une situation un peu difficile. Et cette solidarité, elle existe aussi dans notre monde. Marie-Catherine Daniel nous adresse un sacrément beau message qui redonne foi dans notre espèce.
Au-delà de ce message, l’auteur propose un univers plutôt affreux où tout est parti à vau-l’eau, c’est le moins que l’on puisse dire : une guerre sans fin, une société de castes, la précarité et l’insécurité… Heureusement, l’auteur sait rapporter un peu de couleurs dans son univers décidément bien gris avec ses protagonistes, tous attachants à leur manière.
L’auteur nous propose toute une palette de ressentis et nous propose un récit plein d’émotion et d’humour, bref, une histoire attendrissante. J’ai adoré vivre cette aventure à travers les yeux d’Arsouille qui porte un regard intéressant sur son quotidien, pas toujours rose. Mais entre les quelques scènes plutôt violentes et brutales, le récit fourmille de petits moments positifs et résolument feel good.
L’intrigue m’a vraiment surprise en m’emmenant là où je ne m’y attendais pas. L’histoire est remplie de recoins qui se déploient au fil de la lecture pour montrer toute l’ampleur du récit. Une belle expérience.
#En bref
Entre troll et ogre est un récit plein de surprises qui redonne foi en l’humanité. Amour, amitié, fraternité, tolérance, Marie-Catherine Daniel nous offre un florilège de sentiments positifs qui font du bien. Tout n’est pas rose, attention, mais ce récit donne envie de tourner les pages sans arrêt jusqu’à la toute fin.
Entre troll et ogre.- Marie-Catherine Daniel.- Ed. Actusf.- Coll. Bad Wolf.- Disponible