Elle écrit depuis toujours, mais de façon professionnelle depuis l’an 2000. Cap de millénaire, nouvelles résolutions ? Jeanne Debats manie sa plume avec une belle dextérité et beaucoup d’humour et de talent.
Retour sur cet auteur qui vaut le détour !
À propos du métier d’auteur…
- Depuis quand écrivez-vous ?
Depuis mes sept ans, c’est à dire le cours préparatoire comme tout le monde. De façon, pro ou en devenir pro depuis l’an 2000 environ.
- Quelle place occupe l’écriture dans votre vie ?
Centrale, forcément centrale.
- Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ?
Je crois que chaque lecteur finit toujours par se demander comment « cette » histoire aurait pu être racontée par lui. Plus sérieusement, j’ai commencé par raconter une histoire par e-mail à une amie malade et coincée chez elle pour la distraire.
Cela a fini par donner un roman (de fantasy) que l’amie m’a conseillé de montrer à quelqu’un. Le quelqu’un en question, éditeur de l’maginaire n’en a pas voulu, mais m’a encouragée à poursuivre mon travail. Ce roman ne sera jamais publié mais c’est lui qui m’a donné le vrai départ.
- Faut-il être lecteur pour (bien) écrire ?
J’en suis persuadée, ne serait-ce que pour éviter de réinventer l’eau tiède en se prenant pour Archimède.
- Êtes-vous lectrice ?
OUI. Névrotique et névrosée. j’ai passé la quasi-intégralité de mon adolescence à lire quand je n’étais pas au lit, dans mon bain ou aux toilettes (et même dans ces moments-là parfois !).
- Quel est votre quotidien d’écrivain ?
Je n’ai pas un quotidien d’écrivain, j’ai un quotidien de personne qui va travailler aussi en classe, qui a 1 000 trucs à faire dans la journée et qui essaie de trouver un temps pour pondre 3 000 signes par jour dans les périodes moyennes, 6 à 7 000 dans les bonnes et pas du tout dans les mauvaises. En général c’est le matin de 5 à 8 heures.
- Vos inspirations ?
L’univers, le voisin, les livres que j’ai lus, 53 ans de vie humaine.
Testament
- D’où vous est venue cette idée ?
En me cassant le nez un jour sur les portes du Père Lachaise en train de fermer que je voulais voir et qui ferme horriblement tôt.
J’ai cherché à savoir si on pouvait rentrer subrepticement (en fait la réponse est oui et non, mais les grilles qu’escalade Agnès au premier tome n’existent pas. J’ai trouvé deux vrais moyens depuis.)
- Comment écrit-on une trilogie comme Testament ?
Lentement.
- Comment gérez-vous l’intrigue (vraiment bien ficelée au passage) de votre histoire ?
Je ne peux pas répondre à cette question, je suis une autrice scripturante, j’écris et ça vient (ou pas). Parfois, lors de l’édition, sur les conseils de mon éditeur, je modifie la structure (entre copier-coller et réécriture)…
- Si vous deviez décrire cette histoire en une phrase pour tenter un lecteur indécis qui n’aurait lu aucun avis ?
C’est une histoire féministe de jeune sorcière alcoolique, agoraphobe et dépressive qui conquiert son indépendance.
(Je ne suis pas sûre que ce soit très shiny raconté comme ça, finalement…)
- Pourquoi ancrer votre intrigue dans un futur proche ?
Parce que je ne peux pas m’empêcher de faire de la SF, mon premier amour dans les littératures de l’imaginaire.
- Comment avez-vous construit le personnage d’Agnès au regard des protagonistes qui l’entourent ?
Je voulais qu’elle arrive mousse et finisse figure de proue sans rien perdre de sa fragilité, sans renoncer à son regard sur le monde, c’est à vous de me dire si j’ai réussi.
- En deux mots, comment construire des personnages aussi réalistes et hauts en couleurs que les vôtres ?
Euh… du diable, si je peux répondre à cette question ! Je ne sais pas. Je pense que les gens existent parce qu’ils ont des petites manies rien qu’à eux, qui leur font parfois frôler la caricature, je suis comme ça avec les vestes kenzo à fleurs et les machins scintillants qui pendouillent ; mes personnages sont comme moi.
- Comment doser l’intensité du récit, entre moments graves et d’autres plus légers ?
Même réponse que pour la gestion d’intrigue, ça vient ou pas, à l’humeur. Le truc, c’est que j’embarque en sachant comment ça commence et comment ça finit la plupart du temps, entre les deux, je navigue en vue des côtes.