Tout commence comme beaucoup d’aventures, d’une discussion autour d’un verre. Ca va bientôt être le bicentenaire de la retraite de Russie de Napoléon, et si on faisait le chemin, pour commémorer cette date ?
C’est comme ça que Sylvain Tesson et quelques une de ses amis se retrouvent à traverser la Russie au guidon d’une Oural, une antique motocyclette russe.
En achetant ce roman, je ne savais pas trop où cette lecture allait me mener, sans mauvais jeu de mot. Mais je garde un très bon souvenir de Dans les forêts de Sibérie, et j’ai eu plutôt hâte de commencer cette lecture. J’ai littéralement dévoré ce roman ! Il faut dire qu’il est assez court, à peine 200 pages qui se décomposent en plusieurs chapitres, chacun concernant une journée de voyage.
Je l’ai déjà écrit, cette épopée reprend l’itinéraire de la débandade de la Grande Armée de Napoléon en 1812. Berezina n’est pas seulement un récit de voyage, pas plus qu’il n’est seulement un cours d’histoire. C’est plutôt une superposition des deux. Les époques se mélangent avec fluidité au rythme des paysages traversés. Le passage entre les deux est fluide, naturel. Sylvain Tesson possède un talent de conteur, et la force de son écriture rend le tout naturel.
J’ai à maintes reprises ressenti la fatigue, la peur et le dégoût des soldats, mais également le froid et l’engourdissement du narrateur et de ses amis lors de leurs longues chevauchées polaires. Tout cela grâce à la plume affirmée et précise de Sylvain Tesson. Son cahier de bord donne l’impression d’avoir été publié presque tel quel, sans retouche, les ajouts historiques mis à part.
Les détails historiques sont extrêmement documentés, ce qui rend l’imprégnation très facile, et la lecture encore plus fluide. En plus, deux cartes sont disponibles au début de l’ouvrage, ce qui ravit l’amatrice que je suis !
Comme dans Dans les forêts de Sibérie, Sylvain Tesson nous montre l’autre visage de la Russie et des pays de l’ex-bloc soviétique, le tout assorti d’une réflexion qui font voir au lecteur les choses sous un autre angle. Une interprétation de la position de la Russie à prendre en compte lorsque l’on se forge un jugement. Elle diffère de ce que les médias veulent bien nous montrer de ce grand pays, et cette plongée au cœur de la vie populaire russe est passionnante.
Enfin, et pas des moindres, vous trouverez aussi une réflexion très intéressante sur le voyage. J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de poser mon livre pour réfléchir à la question suivante : le cheminement du voyage est-il plus ou moins important que la destination où il nous mène ? J’aurais tendance à dire que les deux sont interdépendantes, et que je prends plaisir au voyage en lui-même. Mais ce n’est qu’un point de vue des plus personnels…
#En Bref
Berezina, qui tient son nom d’un fleuve Russe témoin de la brillante tactique de Napoléon, est un petit roman très riche en apprentissages. Historiques bien entendu, mais aussi riche en réflexions. Vous aurez du mal à le poser pour passer à autre chose !
J'adore cette question 🙂 le cheminement du voyage est-il plus ou moins important que la destination où il nous mène ?
« La destination ? Par principe, nous nous en sommes fixé une. Sans elle, nous serions vagabonds ; elle nous fait nomades.
Elle nous facilite l'avance, nous indique vers quoi nous tendons. Une lumière lointaine pour éclairer le chemin à emprunter sur les terres brumeuses du monde, de la vie, et nous voilà posés sur des rails. Il ne reste plus qu'à se laisser glisser jusqu'à la destination finale.
Pourtant, aller jusqu'au bout du chemin importe peu, ce n'est pas vraiment la destination qui est intéressante. Évidemment, son intérêt est certain, mais ne mérite guère plus d'attention que les autres étapes du périple. Ce qui fait l'intérêt du voyage, ce sont les inconnues qui le composent. »
Aller jusqu'au bout importe peu… Je ne suis pas totalement d'accord, puisque parfois le but est essentiel. Et puis s'il s'agit de retrouver l'être aimé… Je crois vraiment que tout dépend des voyages en fait. Non ?
Ah, l'être aimé… comment ne pas être d'accord 😉 Dans ce cas ce serait même l'inverse. Qu'importe les épreuves, seul la destination nous importe 🙂