L’opéra de Shaya

So-Ann, née dans un vaisseau spatial, a du mal à s’habituer aux coutumes étranges et contraignantes des mondes où se sont établis les humains. Alors quand elle entend parler de Shaya, cette planète où la faune et la flore sont en totale empathie avec ses visiteurs, elle n’hésite pas une seule seconde. Mais en vérité, qui s’adapte à qui ? Quels mystères se cachent dans ce monde qui semble idéal ?

#Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

J’aime la science-fiction écrite par des femmes. Elles y (re)mettent de l’humain là où leurs collègues écrivains écrivent surtout sur les machines, vaisseaux et performances robotiques.

Alors quand les éditions Actusf m’ont proposé le titre de cette autrice présentée comme une figure de la SF contemporaine, je n’ai pas hésité. Ça et le résumé de la novella qui m’a attirée immédiatement bien sûr.

~

#Pas facile de s’adapter à de nouvelles civilisations

Le regard que l’on porte sur d’autres manières de vivre, parfois vraiment vraiment différentes de la nôtre, est pour moi le centre du propos de cette novella. À travers les yeux de So-Ann, son héroïne, l’autrice nous emporte dans deux mondes qui s’éloignent progressivement de la façon de vivre et des rites que l’on peut avoir dans nos civilisations occidentales, sinon humaines.

L’opéra de Shaya nous confronte également sur le regard que l’on porte sur des comportements d’animaux non humains, qui nous semblent barbares et horribles. À travers les habitant·es de la planète Shaya, Sylvie Laîné nous pousse dans nos derniers retranchements en faisant assister son héroïne à une scène qui la choque au plus haut point et qui la pousse à agir par vengeance, au mépris de la compréhension de cette autre culture.

Et il y a aussi le sujet de l’implication de l’humain sur des écosystèmes étrangers. Le filtre de l’imaginaire est puissant en cela : au-delà du « simple » divertissement, j’y vois un message critique de la trop grande et trop forte implication de l’Homme sur son environnement sur Terre. Mais cette novella montre aussi à quel point tous les éléments d’un écosystème sont interdépendants pour survivre et à quel point nous faisons partie de la nature.

J’ai aimé l’écosystème de la planète Shaya qui a besoin de l’attention humaine pour s’épanouir. Par contre, j’avoue que le trop grand rôle joué par la protagoniste sur les changements qui interviennent dans les différentes espèces vivant sur la planète « juste » pour lui plaire m’a plus d’une fois fait grincer des dents.

So-Ann n’est pas un personnage que j’ai particulièrement aimé. Mais elle a joué son rôle à la perfection, selon moi : une humaine imparfaite (comme nous toustes) qui imprime sa présence et agit selon son filtre de valeurs, de connaissances et de préjugés. Les personnages Shayens sont touchants et découvrir leur culture (avec ses aspects choquants) à travers les yeux de So-Ann m’a réellement plu.

L’autrice maîtrise son récit à la perfection. En à peine plus d’une centaine de pages, elle a réussi à m’emmener dans cet univers (au sens propre) à la découverte de civilisations que j’aurais aimé connaître davantage. J’ai aimé les mondes qu’elle nous a présentés et la précision efficace avec laquelle elle dessine ses personnages et façonne ses dialogues.

Et surtout, elle m’a fait me demander : « serais-je si différente de So-Ann dans un cas comme celui auquel elle a été confrontée » ? Grande question que je n’ai pu qu’effleurer mais qui m’a passionnée !

L’opéra de Shaya.- Sylvie Laîné.- Ed. Actusf.- Coll. Hélios

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *