Pourquoi, l’élitisme littéraire m’énerve

Je suis un fervent défenseur du « tant qu’on lit et qu’on aime ça, c’est cool ». Mais ce n’est pas le cas de tout le monde, malheureusement. De la même manière que certains énergumènes (souvent végans, faut dire ce qui est) viennent juger ce qui se trouve dans ton assiette, d’autres viennent donner leur avis sur les livres que vous avez entre les mains.

Et je dois dire que cet élitisme littéraire m’énerve un peu.

Bon. En fait, ça m’énerve beaucoup, mais je reste zen.

Ce que j’entends par élitisme littéraire

Ce sont ces personnes, possédant parfois une très haute opinion d’elles-mêmes, qui se permettent de porter un avis sur tel ou tel genre littéraire ou style d’oeuvre. Bien entendu, elles n’en ont pas lu une seule ligne.

Par contre, elles savent parfaitement ce que c’est de la « vraie littérature ». En général, il s’agit de littérature générale, dite blanche : celle qui se passe dans la vraie vie et qui parle des vrais problèmes de la vie.

Mais il y a autre chose aussi. Ces personnes qui s’étonnent (sans aucune modération), quand tu leur dit que tu n’as pas lu LE livre dont tout le monde parle. Et parce que tu ne l’as pas lu, tu es mis au pilori de manière plus ou moins voyante. Je ne crois pas que ça soit dit méchamment, mais ça reste pas très cool.

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Pourquoi ça m’énerve ?

Parce que s’il y a des auteurs, des genres, des styles qu’on apprécie plus que d’autres, c’est avant tout une question de goût. Et que le goût, c’est comme les avis, tout le monde en a.

Et on peut en discuter, ce n’est pas un problème, bien au contraire. Sinon ce blog n’existerait pas.  Ce que je n’aime pas, avec ce type de snobisme, c’est que la discussion se résume à l’un des interlocuteurs qui affirme qu’il ne lit pas tel ou tel genre, mais de « vrais livres ». Il n’y a pas d’échange, aucun interlocuteur n’en sort enrichi. Dommage, quand on est sensé discuter.

C’est cette expression qui m’agace le plus, davantage encore que l’air convaincu et suffisant que les personnes peuvent prendre dans ces moments-là.

Parce que la France possède une culture littéraire immense, beaucoup (les élitiste, vous l’aurez compris) ont tendance à penser que ce qui se fait maintenant est bien loin question qualité. Et surtout, que les genres qui osent trop s’éloigner des sacro-saints classiques*.

Si ça m’énerve aussi, c’est parce que je lutte pour que la lecture cesse d’être considéré comme un loisir « d’intello », d’introverti et de snob. Et que des réflexions du genre de celles qui peuvent être faites, ça n’aide pas du tout.

Et ne croyez pas que les élitistes ne se cantonnent qu’à un seul genre littéraire. Il y a ceux qui ne jurent que par les classiques, un auteur, un type d’histoire et qui démoliront les autres titres qui sortent de leur catégorie fétiche.

Dites à certains mordus de Game of Thrones que vous n’avez pas apprécié le livre… ça m’est arrivé, j’ai rencontré ce genre de personnes.

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Ce qu’il faut entendre par « ce n’est pas un vrai livre »…

Petite liste, vous n’êtes jamais à l’abri :

  • les littératures de l’imaginaire (un premier piège avec le mot « littérature ») ;
  • les romans policiers et les thrillers ;
  • les bandes dessinées ;
  • les mangas (en plus, ça ne se lit pas dans le même sens qu’un livre, où avez-vous l’esprit ?) ;
  • les livres audios (oui, il y a le mot « livre » dedans, un autre piège).

<second degré>

Les styles, comme le théâtre ou la poésie, sont sûrement considérés comme se rapprochant de « vrais livres », étant donné que parmi les classiques de la littérature, on retrouve souvent ces deux genres-là. Alors si tu dévores en majorité des pièces ou des sonnets, tu es sauvé. Tu lis de vrais livres.

</second degré>

En bref…

Avec ce genre de personnes, il n’y a qu’une seule chose à faire : ne pas en tenir compte. Lisez ce que vous voulez, ce que vous aimez et comme vous aimez. C’est ça qui compte !

* Attention, je ne suis pas en train de dire que les classiques de la littérature française ne sont pas bons, bien au contraire (Diderot 4 ever).

7 réflexions sur « Pourquoi, l’élitisme littéraire m’énerve »

  1. Oh lala ! Mais cela voudrait dire que moi, lectrice de fantasy et de thriller, je ne lis pas de vrais livres ? On m’aurait donc menti depuis tout ce temps ?! ^^
    Mais à ce moment là, Maupassant et Théophile Gauthier qui ont écrit beaucoup de fantastique ne sont pas auteurs de vrais livres ?
    Je ne comprends pas l’intérêt de juger les littératures des uns et des autres, on est tous complètement différents et si on peut s’épanouir par la lecture, c’est ce qui compte. Je pense que les individus qui ont ce type de comportement n’ont malheureusement rien compris au principe même de la lecture, l’aspect évasion tout ça tout ça …
    Et moi qui m’engage dans des études littéraires… Je pense que je risque d’en croiser des énergumènes pareils… !!

  2. Merci pour ton article. Personnellement, je lis de tout avec une majorité d’imaginaire quand même. Comme toi ça m’énerve. J’ai même eu l’occasion de discuter avec un libraire qui refuse la romance et l’imaginaire plus adulte type bragelonne.

    Effectivement, pas moyen de discuter avec ce genre de personne qui cherche toujours à te démontrer par A+B que c’est nul ou que la maison d’édition fermera. Enfin, bref. Comme je dis, la lecture doit rester un plaisir avant tout peut importe ce qu’on lit.

  3. Franchement merci pour cet article. Si vous saviez comme en ce moment j’en ai ras la casquette de ces personnes qui se permettent de juger les lectures des gens. Ceux qui disent que c’est un scandale que tel auteur ait vendu autant de livre car ce qu’il écrit ce n’est pas de la littérature mais en quelques mots de la m****, que c’est navrant comparé à d’autres qui eux, écrivent de la « vrai littérature » et qui ne voient pas leur vente décoller. J’ai juste envie de dire comme vous, tant que les gens sont contents de ce qu’ils lisent, il faut les laisser lire point barre ! Il faut garder en tête que la plupart lisent dans l’optique de se distraire, de se vider la tête, alors oui on recherche des romans qui se lisent facilement et pas ceux dont il faut avoir un dico à porté de mains ou s’arracher les cheveux pour comprendre ce qu’on lit. Maintenant, comme tout est matière à débat de nos jours et que bien souvent, chacun campe sur ses positions, la discussion n’aboutira jamais sur un terrain d’entente.

  4. Ce qu’il y a de beau, c’est qu’on s’enrichit plus à être ouvert et à lire ce qui nous intéresse, plutôt qu’à se restreindre à seulement un genre soi-disant considéré comme le meilleur. Certains ne le comprennent malheureusement pas.

  5. Alors dans l’ensemble je rejoins ton article. Mais étant moi même vege, je peux t’assurer que le jugement vient plus facilement des carnés que le reste. Suffit de voir la violence des gens dès qu’on aborde le végétarisme et je ne parle pas de veganisme. Qui j’en conviens ont parfois des façons de penser extrêmement illogiques quand ils vont au bout de leurs idée et convictions. Ton intro est un petit aperçu qui en fait un hors sujet.

    1. Les deux partis ont des raisonnements illogiques. Mais je trouve mon analogie plutôt correcte. Heureusement que ce n’est pas le sujet de l’article ! 🙂

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