Interview de Fabien Fournier – Partie 2


Vous avez apprécié la première partie de l’interview ? Voici la seconde, qui porte sur les livres et les inspirations de Fabien 🙂




Si tu devais choisir entre la littérature, la BD et la web-série, ce serait laquelle ?

Si je devais choisir une chose, ce serait les romans, car je sais qu’on ne me les enlèvera jamais. Imaginons que Philippe (Cardona, le dessinateur des BD) me dise qu’il part sur un autre projet et que je devais m’y mettre moi-même, ça donnerait des bonhommes bâtons. Pareil pour la web-série, si les acteurs s’en vont il n’y en a plus. Alors que pour le roman, je n’ai besoin que d’une feuille, d’un crayon et de mes idées et de musiques parce que j’adore écouter de la musique en écrivant.

Qu’est-ce que tu écoutes la plupart du temps pour écrire ? Quel type de musique t’aide le plus ?

Beaucoup de musiques de films. 
En ce moment j’écoute Jeff Newton Howard, Klaus Badelt, Hans Zimmer ou Danny Elfman par exemple. Depuis peu, j’écoute des musiques que des compositeurs créent pour Noob. Je suis tellement à fond dans mon univers et quand j’écoute ces musiques, je n’ai pas d’autres images que celles de la licence. Je m’imprègne du travail que réalisent les compositeurs pour qu’il y ait une osmose. 

Il y a tellement d’univers à explorer… C’est peut-être aussi pour ça que dans Noob il y en a autant également : steampunk, science-fiction, fantasy. De la magie, de l’épique, du comique et du tragique aussi. Il y a un peu de tout car j’adore la richesse qu’apporte le mélange des genres. Ça permet aussi quelque part de structurer, car on ne peut pas tout le temps rire ou mettre une ambiance de plomb.

En lisant les romans, on peut en effet presque se rendre compte de ce que tu as écouté pour les écrire…

Carrément ! Et en ce moment, je suis d’autant plus à fond que j’ai lancé pour la première fois un univers « sérieux », Néogicia. Je suis à fond car j’adore les univers comiques (je suis comblé avec Noob), et un univers plus sérieux me manquait. J’ai passé d’excellents moments sur Final Fantasy VII et j’ai pu combler ce manque grâce à Néogicia. 

Néogicia est un peu un univers dans un univers…

Exactement, ça va dans le sens de ma logique « cross-media ». Je me dis, pourquoi quand je travaille, ne pas faire en sorte que mon univers sérieux enrichisse indirectement mon univers comique et inversement ? Ainsi, les personnages de Néogicia deviennent des PNJ de Noob (Saly Asigar par exemple). Cela permet aux lecteurs de reconnaître certains personnages déjà croisés et déjà savoir de qui il s’agit. 
Les gens comprennent mieux des détails du background général : qu’est-ce qu’un néogicien, d’où vient le bouclier de la capitale de l’Empire…

On peut donc retrouver des épisodes des BD, des romans dans la web-série. C’est ce qui se fait en ce moment au cinéma dans les films de super-héros : ils racontent l’histoire d’Iron man, de Captain america, de Thor, puis tous se rejoignent. C’est un peu l’histoire de la manière dont ils ont rejoint le Shield.

Pour les gens ne connaissant que la web-série, que racontent les romans ? Est-ce que ça reprend les épisodes point par point, ou est-ce qu’il s’agit de nouvelles aventures ?

La web-série est un socle d’histoire. C’est axé sur les relations entre les joueurs, donc le côté très humain. Dans les bandes-dessinées, ce sont à chaque fois des histoires inédites qui sont complémentaires à celle de la web-série. On peut facilement les intercaler entre les épisodes de la web-série. 

Idem pour les romans mais avec une petite nuance. Ce sont des tomes 1.5, 2.5, 3.5 et 4.5, et ils se situent entre les saisons de la web-série et les relient entre elles tout en étant indépendantes. Pour cela, il a fallu que je reprenne des éléments des saisons pour expliquer l’action aux personnes qui n’auraient pas vu la web-série. Je ne veux pas que les gens qui lisent les romans se sentent obligés d’aller regarder les saisons pour comprendre ce qu’ils lisent. C’est pour ça que dans les romans, je raconte ce qui s’est passé, mais en utilisant un angle totalement différent : par exemple, raconter un événement vu dans l’épisode à travers les yeux des Noob, mais ici à travers les yeux de la guilde Justice. Le lecteur qui a vu la web-série saura ce qui s’est produit, mais verra les choses de façon totalement inédite.

Il y a une vraie concordance entre tous les media. C’est grâce à un fil de fer que je construis et qui contient les étapes de l’aventure. Du coup, je sais où je vais, je connais quelques « check-point » essentiels au raisonnement, mais je ne prévois pas la manière dont je vais y arriver. 

Si certains auteurs écrivent des brouillons avec des plans ultra-complexes, je suis plus un auteur qui écrit au fil de la page. J’aime bien me dire que je vais écrire pendant une période donnée sans savoir ce que je vais écrire, car cela entretient ma motivation. Je peux être brouillon durant ces séances d’écriture, mais je garde une certaine cohérence dans ce que j’écris grâce au fil de fer et aux « check-point ». Ce n’est pas facile de se souvenir de tout ce que j’ai écrit dans les BD et les romans précédents.

J’ai pour cela ce que j’appelle mon « encyclopédie-bêta » avec des fichiers explicatifs à propos de plein d’éléments de l’univers d’Olydri. C’est aussi une vraie chronologie cross-media qui recense toutes les étapes des différentes évolutions de l’intrigue et des personnages. Quand je fais des erreurs, je fais passer ça pour une mise à jour du MMORPG Horizon et le tour est joué ! (rires)

Par rapport à la trilogie qui est tournée, est-ce qu’il va y avoir d’autres projets qui vont être mis en place ? 

Pas de stand-by durant le tournage de la trilogie. On voulait garder des tournages « cour de récré »… Il y a l’autre web-série, Warpzone project qui est tournée de la même manière que Noob : préparation la veille, tournage sans prise de tête !
J’ai toujours écrit mes scénarii la veille du tournage. On est des amateurs, je ne peux pas écrire toute une saison car il y a le risque que l’un des personnages ait un empêchement et que cela bloque le reste de l’histoire. 

J’écris également le tome 2 de Néogicia (parution début 2015). Je découvre aussi le métier d’éditeur, et l’administration ainsi que les contacts avec le diffuseur me prennent beaucoup de temps, car je n’ai pas encore l’expérience qu’il faudrait même si j’arrive avec un petit bagage (20 000 romans Noob vendus, 200 000 bandes dessinées). 

Le projet de bande dessinée est également suivi, je suis en plein dans l’écriture du tome 10 ! Il y a aussi le manga Noob dessiné par Diane Fayolle (Le Petit Prince en bande dessinée), projet qui vient d’être commencé. C’est un nouveau média mais qui fonctionnera sur le même principe que les romans. Ça racontera l’histoire d’Omega-Zell à partir du jour où il rentre dans la guilde Justice, et le manga sera du Shonen pur et dur (sortie prévue fin 2014). 

Un comics Néogicia est également en préparation, dessiné par l’illustrateur de la couverture du roman du même nom : Phanat Pak (Ash le farmer chinois dans la web-série). 

#Anecdote : Je ne connais pas encore la vraie origine d’Ash. J’ai même imaginé qu’il puisse être un bot de Tenshirock, mais cela aurait été trop cruel, car je lui aurais enlevé toute identité propre…

Par rapport aux personnages de la web-série, vont-ils tous rester ou certains ne seront pas là ?

Tout le monde sera là, même Arthéon, qui vit en Angleterre et Dark Avenger qui vit en Chine. Maître Zen quant à lui part en Nouvelle-Calédonie et on a dû tourner ses scènes avant qu’il ne parte. En plus des personnages habituels, il y aura aussi des personnages du crossover Néogicia, qui sont des PNJ de l’univers de Noob. À l’instar du film Advanced Children, ceux qui sont des PNJ dans Final Fantasy deviennent des personnages à part entière dont le devenir est irrémédiable. 

Et à propos du jeu vidéo qu’on attend tous, est-ce que ça avance ?

C’est entièrement la faute des développeurs ! (rires) Au début de l’année, j’ai mis les mains dans le cambouis. Le jeu avance, le rpg 3D est en préparation et sortira. Mais comme les gens font ça depuis 4 ans, ils sont lassés et en ont marre de travailler pour ne rien voir sortir. Je leur ai dit de changer un peu en créant des « casuals » en leur disant « sur le site il y a tout, des classements, des haut-faits. Il y a un côté communautaire, on se marre et surtout vous avez des retours. Ils vont donc sortir deux ou trois « casuals » qui sont prêts et vont sortir, on en est à l’étape de la correction des bugs.

Il y a des screens et des vidéos, mais je leur ai dit de ne pas annoncer de date, car ils ne peuvent pas les tenir et après je dois faire face à des tonnes de mails !
Une équipe cross-media, c’est pas simple à gérer parce qu’il y a plein de choses auxquelles je dois faire attention, mais c’est génial parce qu’on a pas le temps de s’ennuyer !

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