Fabien Fournier, l’interview – Partie 1


Lors du Festival Geekopolis, Fabien Fournier, créateur de la web-série, des romans et des BD Noob m’a accordé une longue interview réalisée avec Natalou, un ami. Entre de grosses tranches de rire, j’ai réussi à lui poser quelques questions… Voici la première partie de cet entretien !



Première question, quelles sont les origines de Noob ?

Noob a commencé en 2008 mais un groupe s’était déjà formé en 2000. On avait l’habitude d’aller dans un vieux festival à Toulon, le Cartoonist. On a découvert là-bas la série Bitoman créée par Alex Pilot (l’un des fondateurs de la chaîne Nolife). Il faisait des parodies de jeux vidéos. Nous, on était morts de rire devant ça et on a fini par se dire qu’on pourrait faire pareil.

C’est comme ça qu’on a commencé, en faisant des petites parodies avec la caméra familiale. Je me souviens, j’avais fait un costume de Link et j’avais agrafé plusieurs T-Shirt jusqu’à ce que ça ressemble un peu à sa tenue, c’était abominable.
On s’est ensuite dit qu’on pouvait aller au-delà de ces vidéos et qu’on pouvait créer notre propre univers tout en restant sur quelque chose de léger. C’est ainsi qu’est née la série Lost levels qui traitait aussi des jeux vidéos en ligne. J’aime bien mélanger les genres et je ne voulais pas faire un épisode sur la science-fiction, un autre sur la fantasy en devant à chaque fois repartir de zéro en respectant les codes de chaque univers. Je suis tombé presque par hasard sur le jeu vidéo en ligne qui permettait de ne pas inclure que des PNJ mais aussi des vraies personnes. C’était avant World of Warcraft, jeu auquel on a commencé à jouer à sa sortie. En 2008, à la fin de Lost Levels, comme on savait un peu raconter des histoires, filmer, faire des effets spéciaux et qu’on était devenu des gamers, on s’est dit « pourquoi pas faire un reboot de tout ce qu’on aime bien mais en poussant le vice à fond en mettant les curseurs et les points de vie par exemple ? »

C’est comme ça que la web-série Noob est née. On a proposé à Nolife le concept, car ils recherchaient des émissions courtes. Motivation supplémentaire, la diffusion à la TV !
J’ai toujours été attiré par le concept du « cross-media ». En tant qu’auteur, si on me laisse la possibilité de m’exprimer, j’aimerais bien le faire sur plusieurs supports. Ce que je ne peux pas faire en image, comme un dragon, je peux le mettre dans un roman par exemple. J’ai donc commencé à bâtir une histoire sans savoir si un jour j’allais être publié et aussi parce que j’étais aussi un peu frustré de ne pas pouvoir faire ce que je voulais à 100% dans la web-série.

La plupart des personnages de Noob étaient déjà présents dans Lost levels. On était pas partis sur du comique au départ, mais la diffusion sur Nolife nous a poussé à faire rire. On s’est dit, quitte à faire un truc mauvais, autant faire rire les gens !


Par rapport au côté cross-media (BD, romans, web-série, trilogie), est-ce que la motivation est toujours là ou y a-t-il eu des hauts et des bas ?

Il y a eu des évolutions, c’est vrai. Pour la web-série, tout s’est fait tout seul parce qu’au final, c’était comme il y a 14 ans sauf qu’on a plus de matos, d’expérience et d’automatismes. Mais pour la trilogie, on ne sait pas trop comment s’y prendre. On s’est dit que ça reste comme avant, qu’il faut qu’on y prenne du plaisir tout en gardant à l’esprit qu’il « ne faut pas se moquer du monde ». La question est de savoir dans quelle mesure on apporte une dose de « professionnalisme ».

On a fait quelques remaniements dans l’équipe parce que certains prenaient ça trop au sérieux et faisaient des propositions que les autres ne comprenaient pas. Tous les groupes de films amateurs ne restent pas aussi soudés que le nôtre l’est depuis 14 ans. C’est parce qu’on a grandi ensemble et qu’on a appris à discuter pour régler les problèmes, à ne pas laisser les choses se gangrener.

Question motivation, il est difficile de faire mieux car on le fait pour le plaisir. Elle serait là même si on continuait à le faire pour nous. Maintenant c’est différent, l’enjeu est devenu financier parce que 13 000 personnes nous ont soutenu derrière. Ce n’est pas facile, on est parfois fatigués nerveusement, mais on collectionne parfois les bons souvenirs : durant les tournages, des monuments magnifiques sont privatisés pour nous ! Le matos qu’on a acheté pour les films nous remotivent aussi : on sait qu’on va pouvoir offrir de la qualité et ça nous motive.

À côté de ça, je suis vraiment motivé à 2000% pour les BD et les romans car c’est totalement un rêve d’enfant.

Ce qui motive, c’est aussi l’engouement des fans pour la licence Noob et leurs démonstrations d’enthousiasme à chaque rencontre. C’est hallucinant de voir ça et c’est clair que ça nous motive comme jamais.

On compte pas ses heures parce que même si c’est du travail, c’est avant tout une passion.


Personne dans l’équipe n’a voulu faire autre chose, partir ou revenir ?

Certains sont tout le temps là et sont tout le temps à fond du début à la fin. Il y a ceux qui déménagent et qui ne sont pas tout le temps là à cause de problèmes. Il n’y a aucun souci dans l’équipe. Certains sont partis au Japon pendant deux ans et quand ils sont revenus c’était comme s’ils n’étaient pas partis. On leur refait un personnage et c’est reparti comme deux ans auparavant, avec les mêmes vannes et les mêmes délires.
Il y a aussi des gens qui vont tourner dans d’autres web-séries parce qu’on le leur propose. Il n’y a pas d’exclusivité, parfois il y en a qui s’en vont dans d’autres web-séries et même parfois d’autres qu’on a pas revu dans Noob mais qu’on continue de fréquenter dans la vraie vie. Gaea est notaire dans la vraie vie et Sparadrap est ambulancier !
Ce qui transparaît dans la série, c’est la camaraderie que nous avons entre nous, et on espère que les gens qui la regarderont se videront la tête et passeront juste un bon moment.

Tous ceux qui participent à l’aventure Noob sont tous des amis depuis le départ ou alors il y en a qui sont venus se rajouter au fil des années ?
La bande de pote qui s’est rencontré un beau jour et a décidé de rester ensemble est celle de la web-série, mais il y a eu le côté fédérateur du projet qui a fait qu’on a rencontré des gens qui sont devenus des amis par la suite.

Il y a aussi des gens que je ne connais pas, des développeurs qui s’occupent de choses que moi je ne gère pas directement car sinon ils auraient une réponse tous les six mois. Il y a Bastien qui reçoit tous les messages et qui me fait un rapport. Les festivals me permettent de rencontrer des gens qui travaillent pour Noob mais que je n’ai jamais vu. Je suis là en tant que chef d’orchestre en gros. Je peux dire si ce qu’ils font ou non correspond à l’univers ou sort du cadre. Je supervise, j’organise mais je ne peux pas gérer tous les projets. Moi je m’occupe des romans, des BD et de la web-série, parce que sinon il me faudrait trois semaines dans une semaine pour tout faire. Ou le Tardis.

Est-ce que tu es plus à l’aise avec des gags courts comme dans les premiers tomes de la BD ou avec des histoires plus longues ?

Au début, l’idée d’un gag pour une page venait de l’éditeur qui avait décidé ça par sécurité, et parce que c’est plus facile de vendre ce genre de BD. J’ai ensuite voulu coller à la web-série et proposer des histoires avec un peu d’enjeux et d’épique.
Les trois premiers tomes permettent à quelqu’un ne connaissant pas les MMORPG de découvrir ce milieu avec des scènes typiques (la mort d’un personnage, les PK) et le tome 4 part sur des histoires plus longues et inédites. Si je m’écoutais, je ferais bien des albums feuilletonnants, ce qui commence à être le cas par touches successives. 


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