La Prophétie de Viviane

Couverture La Légende de Kaelig Morvan, tome 1 : La Prophétie de Viviane
Lorsque le druide Delienn vient interrompre le deuil du seigneur Kaelig Morvan, ce dernier est loin d’imaginer que sa fille est condamnée à un sort funeste par une mystérieuse secte religieuse. En effet, une prophétie désigne Aela Morvan comme la descendante de la fée Viviane. Dans une Bretagne du XVIIème siècle, Kaelig va devoir laisser resurgir les démons enfouis au plus profond de son être pour tenter de déjouer les plans du baron Claude de Lessac.
Aidé par trois amis déterminés à offrir leurs vies pour sauver Aela, il va découvrir les mondes imaginaires du Sidh et tenter de dérober la flèche de Steor, seule arme capable de terrasser le baron.
Mais une question demeure : Kaelig Morvan parviendra-t-il à ne pas sombrer dans cette violence sanguinaire que sa défunte épouse était parvenue à contrôler ?


Ce premier tome de La Légende de Kaelig Morvan est assurément un roman étonnant, ce à plusieurs aspects. De petite taille, moins de 200 pages, il nous emmène à travers l’Histoire baignée par la féerie propre à la Bretagne. Romain Godest, l’auteur, est amoureux de sa région, et ça se voit.

C’est une histoire originale que l’auteur nous offre ici. Lorsqu’on parle de la Bretagne et du cycle Arthurien, on lit souvent des textes se déroulant dans un univers médiéval fantastique. Ici, l’époque a de quoi surprendre : le XVIIe siècle. Quant au voile féerique, il est bien présent. Mais en filigrane, comme une rumeur à peine évoquée. Ce voile confère au texte une sensibilité particulière que j’ai beaucoup appréciée. 

On retrouve des éléments de l’imaginaire celte et breton que j’apprécie particulièrement : le Sidhe, les druides et des éléments de la légende Arthurienne. Celle-ci est exploitée sous un angle nouveau : on ne s’intéresse pas au roi Arthur et à ses chevaliers mais plutôt à Viviane et sa descendance. Car la fée en a eu une et il importe de la protéger envers et contre tout. 

La plume directe et simple de l’auteur alliée à l’intrigue créent une atmosphère particulière où la sensation d’urgence est omniprésente. Cela passe par les héros harcelés par un ennemi (presque) sans visage, mais aussi par la rapidité des actions décrites. Ici, j’ai peu apprécié l’économie de détails que réalise l’auteur dans les scènes d’action. Qu’il résume une nuit de voyage en une ou deux phrases passe encore, mais les scènes d’action sont trop vite passées.

De la même manière, les personnages se montrent peu attachants, mis à part le barde Caerwyn et la petite Aela. Les autres protagonistes m’ont semblé un peu superficiels dans leurs réactions et leur construction. Kaelig Morvan quant à lui est un personnage intéressant dans les relations qu’il entretient avec sa fille et son rapport à sa famille disparu. L’auteur nous propose un héros dur et tourmenté mais touchant à sa manière. Une bonne réussite donc sur trois des personnages, tant pis pour le reste. 

#En Bref

J’ai plutôt apprécié la lecture de La Prophétie de Viviane malgré sa brièveté et la trop grande concision de l’écriture. Quelques personnages ont su me séduire et j’ai été enchantée par le mélange entre l’Histoire et la féerie dans ce texte. Surtout par la féerie. 🙂

La Légende de Kaelig Morvan T1 – La Prophétie de Viviane.- Romain Godest.- Ed. Ouest France

Trolls et légendes

Couverture Trolls et Légendes : l'anthologie officielle
Depuis dix ans, le festival Trolls et Légendes est un événement incontournable pour tous les amateurs de fantasy.
En partenariat avec le festival, les éditions ActuSF vous proposent cette anthologie exceptionnelle, rassemblant une formidable sélection d’auteurs francophones et une nouvelle inédite de la star mondiale du genre : Robin Hobb.
Entre mythologie, humour et (en)quêtes, parcourez avec eux les sentiers qui mènent aux trolls, ces créatures de légende. Retournez dans le Paris délicieusement steampunk d’Ambremer avec Pierre Pevel ; embarquez pour l’Islande aux côtés de Claudine Glot et d’un chevalier en mal d’aventures ; tombez sous le charme d’un retable aux étranges pouvoirs avec Estelle Faye ou mettez fin à l’exploitation des nains de jardin dans le monde de la nuit parisienne en compagnie d’Adrien Tomas.


Pour certains, c’est celle des Imaginales. Pour moi, c’est l’anthologie de Trolls et légendes que je ne peux pas louper ! Retour sur ce recueil de dix nouvelles de bonne qualité à propos de ces chers trolls.

~ Sous les ponts de Paris de Pierre Pevel ~

Une très belle nouvelle, toujours aussi bien écrite. Mais on en attendait pas moins de Pierre Pevel ! Elle ouvre le recueil et nous plonge dans le Paris de la Belle Epoque avec une Tour Eiffel en bois et des trolls portant le nom de chaque pont. Un régale à lire et une piqûre de rappel des Enchantements d’Ambremer, un roman que j’avais adoré et qui m’a fait découvrir l’immense talent de son auteur ! Une nouvelle hélas trop rapide, mais j’ai eu plaisir à retrouver les personnages du roman.

D’azur au troll d’or de Claudine Glot ~

Cette nouvelle avait tout pour me plaire. Elle reprend les codes des romans de chevalerie médiévaux que j’apprécie beaucoup et tourne le tout de manière moderne. Et avec une écriture fluide qui restitue parfaitement les émotions de l’histoire. Un bon moment de lecture. 

~ La Montagne au troll d’Estelle Faye ~

 C’est une véritable déclaration d’amour à la nature et au retour à l’essentiel que nous propose là Estelle Faye à travers sa plume que j’apprécie tant. C’est aussi un cri d’appel à la survivances des anciennes légendes. Comme quoi il vaut mieux ne pas fâcher la montagne et les représentations anciennes. Les émotions sont à vif, sauvages et sont allées jusqu’à me faire frissonner. J’ai passé également un excellent moment à cette lecture. 

~ Yamadut de Cassandra O’Donnell ~

Il y a des choses qu’on apprécie, d’autres moins. Eh bien je n’ai pas du tout accroché à cette nouvelle. J’ignore si comme d’autres auteurs, Cassandra O’Donnell utilise l’univers de l’un de ses romans, mais je n’ai pas accroché du tout au personnage et à son espèce ni à l’histoire qui nous plonge in medias res dans une action absconse. J’ai eu l’impression qu’on aurait pu remplacer le troll par n’importe quelle créature fantastique que l’effet aurait été le même. Cassandra O’Donnell n’a pas réussi à garder mon intérêt. Dommage. J’ai pourtant tenté, sans succès.

~ Seulement les méchants de Jean-Luc Marcastel ~

C’est un début de texte plutôt original que nous propose l’auteur : le polar qui détonne du reste du recueil. L’histoire reste plutôt réaliste avec cette touche de magie qui fait le charme de cette nouvelle. On y rencontre un troll bien entendu, qui respecte en tout point la légende. Mais Jean-Luc Marcastel possède cette capacité de montrer qu’il est important de ne pas s’accrocher à ses idées et d’ouvrir son esprit. Et il apparaît dans cette nouvelle que les monstres ne sont pas forcément ceux que l’on croit. Une belle nouvelle.

~ Une créature extraordinaire de Magali Ségura ~

Je ne connaissais pas cet auteur, mais cette nouvelle est sans doute l’une de mes préférées ! On plonge ici à l’époque où les vikings multipliaient les raids dévastateurs. Une époque où Yggdrasil signifiait encore quelque chose. Une jeune fille rencontre par hasard un troll et décide de lui rendre l’espoir. Une histoire où l’émotion affleure, une émotion qui fait du bien. Car sans espoir, un troll n’est que de la pierre. (Merci pour cette dédicace)

~ Le Troll de sa vie d’Adrien Tomas ~

Un récit policier où on a pas le temps de s’ennuyer. Voilà comment on pourrait résumer cette très très courte nouvelle se déroulant dans un univers plutôt contemporain. Je l’ai appréciée, et j’aimerais voir cet univers développer dans un roman comme l’auteur sait si bien le faire ! Un Paris contemporain dans lequel humains et créatures fantastiques cohabitent. Cela ne vous fait pas envie ?

~ Le Mythe de la caverne de Gabriel Katz ~

Plus qu’une nouvelle fantastique, c’est avant tout un récit humain que nous propose l’auteur. Et il sort de ce à quoi il nous a habitué avec sa trilogie du Puits des mémoires. Il reprend le fameux mythe de Platon en l’adaptant à son message. Une fin surprenante, on reconnaît bien là la fâcheuse manie de l’auteur de terminer son récit au paroxysme de l’action ! J’ai d’ailleurs eu droit à une dédicace plutôt rigolote : 

~ Le Mal caché de Patrick Mc Spare ~

On plonge de l’autre côté du miroir, l’univers de Faërie où les trolls peuvent reprendre leur apparence naturelle. Il semblerait en effet qu’ils aient traversé l’histoire des Héritiers de l’Aube. C’est la partie que j’avais préféré dans le second tome, celle où les jeunes gens étaient propulsés à l’époque de Merlin en Bretagne. J’avais regretté que ce chapitre ne soit pas plus étendu, et mes prières ont été exaucées avec cette nouvelle !

~ Vieux tacot de Megan Lindholm ~

Cette histoire m’a plutôt surprise à cause de son caractère qui détonne par rapport aux autres nouvelles. Ici, les trolls ne sont pas des créatures fantastiques, mais des voitures redevenues sauvages ! Enfin, c’est comme ça que j’ai perçu cette nouvelle.
J’en ai apprécié la lecture en tout cas. C’est la première fois que je lis une nouvelle écrite sous ce pseudo !

#En Bref

Cette anthologie Trolls et légendes est une réussite au niveau du casting, mis à part un auteur dont j’ai moins aimé la nouvelle. Mais tous les goûts sont dans la nature, et il faut reconnaître que l’ensemble est de qualité tant sur le plan de l’écriture que des histoires. Une déferlante d’imaginations toutes plus prolifiques les unes que les autres !


Ce livre entre dans le cadre du challenge 1 mois, 1 consigne pour ma lecture d’avril ! 

Hantise

Couverture Les héritiers de l'aube, tome 3 : Hantise

Versailles, 1672. 

Des lettres saisies au décès de l’officier Sainte-Croix déclenchent un scandale retentissant. Tous s’en avisent, poisons, vengeances et messes noires gangrènent la cour de Louis XIV. Débarqués de Londres, les Héritiers se retrouvent aux abois. La famille est brisée. Privés des talents d’Alex et de Laure, blessée, ils ont peu d’espoir de conquérir la Pierre d’Émeraude. 
Seul un Primo-Sorcier pourrait les aider, mais le comte de Saint-Germain est censé naître dans vingt ans. Au coeur de ce monde fait d’intrigues, d’autres démons que les Fomoré perpétuent le Mal. Sainte-Croix n’a pas rendu son dernier souffle ensorcelé. Nos héros vont l’apprendre à leurs dépens, un maître des rituels satanistes se moque de la mort.


Troisième (et dernier ?) volet des aventures des Héritiers à travers l’espace et le temps. Ce tome adopte une tonalité beaucoup plus sombre et l’histoire se déroule dans une ambiance plutôt oppressante. Il faut dire que l’ambiance n’est pas au beau fixe depuis la fin de leur précédente aventure. Dont je ne vous dirai rien, je vous invite à lire le second tome !
Le passage entre cette histoire et l’épisode précédent est plutôt brutal et on assiste à de nombreux changements dans l’histoire. Alex a rejoint le clan des Fomoré et les Héritiers se retrouvent seuls dans une époque dont ils ne connaissent que peu les mœurs et les habitude. Assister aux aventures de ces personnages a été un bon moment à lire, car Patrick Mc Spare a su relancer l’intrigue lorsqu’elle menaçait de s’essouffler et à créer des rebondissements aux endroits adéquats

L’auteur a su prendre son temps pour nous offrir une histoire à l’intrigue bien bâtie dont le rythme va croissant jusqu’à s’emballer dans les dernière pages du livre pour nous offrir un bon final. Malgré tout, je m’attendais à une conclusion plus éclatante d’actions et de révélations. Petite déception pour moi de ce côté là.

J’apprécie, comme dans les tomes précédents, le traitement psychologique des personnages. Celui-ci est central dans l’histoire et m’a paru très bien traité. C’est avec attention, parfois même avec plaisir que j’ai suivi les évolutions, circonvolutions et doutes des personnages sur un plan mental. Patrick Mc Spare a réussi à transmettre une empathie qui dépasse le cadre de l’histoire et touche le lecteur. On assiste également à la dualité nouvelle d’Alex, j’ai apprécié le traitement de cette particularité. 

L’écriture de ce roman enfin est vraiment fluide, donne clairement envie d’aller plus loin dans sa lecture. Et si on peut relever quelques tics d’écriture, ils ne gâchent en rien cette lecture. Jamais deux sans trois, Patrick Mc Spare propose un environnement historique dans lequel on a l’impression d’évoluer tant il est bien décrit et documenté. Le Paris du XVIIe siècle, avec ses cours des miracles est captivant, et j’aurais aimé l’explorer, bien à l’abri derrière les pages du roman.

Les Héritiers de l’Aube est une trilogie prenante. Si certains des personnages principaux peuvent être un peu énervants, comme Alex, assister à leur adaptation à des environnements qu’ils ne connaissent pas est une expérience vraiment très intéressante. On peut aisément s’imaginer à leur place et réfléchir à la réaction que nous aurions nous-mêmes. 
Finalement, l’histoire se répète. Il ne faut pas s’attendre à du nouveau à chaque tome concernant l’intrigue, puisque la quête s’étend sur les trois volets de la trilogie. Voir à chaque fois la pierre d’émeraude s’échapper dans une autre époque est un peu lassant, il faut l’avouer. Alors on se rabat sur l’instant présent. Heureusement, les péripéties ponctuelles, qui se superposent parfois à l’Histoire, sont fort intéressante.
J’ai particulièrement apprécié toute la dimension celtique en trame de fond de l’histoire, mais j’aurais aimé assister à davantage de scènes se déroulant à cette époque. Il y a aussi les personnages historique que l’on rencontre durant cette histoire. C’a été un véritable plaisir de lire ces rencontres avec Nicolas Flamel et Raspoutine. 

#En Bref

De manière générale, je conseillerais la lecture de cette trilogie à tous ceux, adolescents ou adultes qui apprécient les récits d’aventures à où l’Histoire est revisitée. Il y a de petits couacs, mais rien de redhibitoire à mes yeux. Les Héritiers de l’Aube est une trilogie très bien documentée, et ça se voit. 
Une bonne lecture en somme !

Les Héritiers de l’Aube T3 – Hantise.- Patrick Mc Spare.- Ed. Scrinéo. – 400 pages