Lovecraft : Je suis Providence T1

S. T. Joshi est un essayiste américain spécialiste des littératures de l’imaginaire, qui s’est particulièrement fait connaître par ses nombreux travaux autour de Lovecraft, dont il est considéré comme le meilleur spécialiste au monde. Nul n’était plus indiqué que lui pour publier une réelle biographie de référence de HPL, ce qu’il fait en 1996 sous le titre H. P. Lovecraft: A Life (Necronomicon Press).

C’est cet ouvrage qui fait aujourd’hui référence que nous avons publié en français.

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[Chrono-critique] Simone, éternelle rebelle

Couverture Simone, éternelle rebelle


Matricule 78651. Simone Veil a seize ans et elle est condamnée à mourir à Auschwitz. Elle est devenue immortelle. Son destin fascine et intrigue. Il était temps de percer le mystère qui entoure le parcours exemplaire de celle qui est devenue une icône pour des générations de femmes.

Se nourrissant de témoignages inédits, Sarah Briand retrace l’itinéraire de la petite fille au caractère rebelle qui s’appelait encore Simone Jacob lorsqu’elle revint des camps de la mort, sa rencontre avec son futur mari, le doux cocon familial, les coulisses de ses combats politiques, les rendez-vous secrets, les blessures et les drames qui ont émaillé sa vie.

Une plongée dans l’intimité d’une combattante.

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Dans les eaux du lac interdit

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Un voyageur anonyme a pris place à bord d’un train pour un interminable voyage à travers les steppes kazakhes. Le train s’arrête dans une toute petite gare et un garçon monte à bord pour vendre des boulettes de lait caillé. Il joue Brahms au violon de manière prodigieuse, sortant les passagers de leur torpeur. Le voyageur découvre que celui qu’il avait pris pour un enfant est en fait un homme de vingt-sept ans. L’histoire de Yerzhan peut alors commencer…


J’ai découvert ce titre grâce à la Masse Critique Babelio. J’ai de suite été séduite par le choix des couleurs de ce livre : noir, blanc et rose flashy. Il s’agit d’un tout petit ouvrage, à peine plus d’une centaine de pages, mais au contenu riche. Très riche. 

Attention, ne tentez pas de lire cette histoire si vous n’aimez pas les récits de vie. On suit en effet l’histoire de Yerzhan, un petit garçon vivant dans les steppes du Kazakhstan.  La vie s’y déroule dans toute sa simplicité et sa rudesse au sein des deux familles formant tout l’univers du petit garçon. Si je ne les ai pas vraiment enviés de vivre ainsi, cette histoire m’a laissée songeuse et admirative devant la résistance de ces gens.

Ce n’est donc pas un récit qui étouffe par la rapidité de l’enchaînement des événements.  On lit littéralement au rythme de la vie du jeune garçon, presque sans à-coups. Mais l’histoire n’en est pas moins intéressante pour autant. Yerzhan est un personnage plutôt intéressant dans l’évolution de ses schémas mentaux et de sa vision du monde. D’abord façonnée par les récits mythologiques kazakhes, elle s’élargit avec l’arrivée des cours de musique, de la radio puis de la télévision dans la vie du petit garçon.

Les émotions ainsi que les réactions psychologiques sont en effet plutôt bien travaillées. La transcription du narrateur donne vraiment l’impression d’assister au récit du jeune garçon durant un long voyage en train.

Puis vient la tragédie touchant Yerzhan : il ne grandit pas. Étrangement, ce n’est pas tant ce fait qui le touche, mais plutôt celui de ne pas grandir comme sa promise. Je n’ai pas pu m’empêcher de compatir avec les difficultés de la vie de ce jeune homme.

L’auteur possède une plume évocatrice de très bonne qualité qui donne garde l’intérêt du lecteur du début à la fin du texte. Je n’ai pas ressenti de longueur durant ma lecture et j’ai plusieurs fois été happée par l’impression de calme absolu qui se dégage de ce texte. 

#En Bref

Si vous appréciez les récits hors-genre et les récits de vie, alors Dans les eaux du lac interdit est un roman fait pour vous. Si en plus vous aimez les histoires dépaysantes, courez vous procurer ce livre !

Dans les eaux du lac interdit.- Hamid Ismaïlov.- Ed. Denoël

[Hommage] Terry Pratchett


Le 12 mars dernier disparaissait un homme. Tout le monde meurt un jour, me direz-vous, et s’il fallait pleurer sur le sort de chaque mort, on ne ferait plus que ça. C’est vrai. Néanmoins, Terry Pratchett était un auteur doté d’une imagination sans limite, et concepteur d’un univers qui le place pour moi parmi les grands écrivains de notre époque. 

Je ne vous donnerai pas sa biographie, d’autres sites le feront de toute manière mieux que moi. Mais je pense important de dire quelques mots à propos du Disque-Monde son Oeuvre.

J’ai découvert les romans de Terry Pratchett assez tardivement. Je me suis d’abord essayée à l’introduction à l’univers, livre dans lequel je me suis perdue et que j’ai fini par abandonner. Je me suis détournée de cet auteur au profit d’autres textes de fantasy, me promettant toutefois d’y retourner un jour. 

L’influence de Pratchett sur l’imaginaire est étendue, et les clins d’œil au Disque-Monde présents par exemple dans le Donjon de Naheulbeuk m’ont fait m’y intéresser de nouveau. Un coffre avec des jambes ? Et pourquoi pas la Mort qui pêche à la mouche ?

C’est donc plutôt tardivement, en 2013, que je me suis lancée à l’abordage de cet étrange territoire plat dans Mortimer, le premier tome ayant pour protagoniste la Mort. Il est vite devenu l’un de mes personnages favoris des littératures de l’imaginaire. Depuis cette lecture, j’ai dévoré les autres tomes ayant trait à ce personnage, ainsi que la réécriture de Macbeth. 

Vision du Guet d’Ankh-Morpok.


Chaque lecture d’un roman de Terry Pratchett me fait passer un excellent moment. Il fait partie des rares auteurs à savoir me faire rire. Attention, le vrai rire, pas un petit sourire. Il savait manier les jeux de mot, l’humour dans les situations et les descriptions. Un maître de l’écriture. 

Terry Pratchett a su imaginer un univers complexe, à la fois structuré et vraiment délirant, qui ne semble exister que par la volonté de Dieux se distrayant à le voir fonctionner cahin-caha. D’un point de départ, il nous entraîne dans des situations rocambolesques et picaresques qui n’ont absolument rien à envier à Jacques et son maître de Diderot, ou à Don Quichotte de Cervantès…  

Je n’ai bien entendu pas perdu un membre de ma famille avec le décès de Terry Pratchett. Néanmoins, j’ai le sentiment qu’il y a un vide dans le paysage des littératures de l’imaginaire, un creux qui aura du mal à être comblé. 

Mais Terry Pratchett ne nous laisse pas orphelins, il nous laisse une oeuvre merveilleuse, riche, et un monde fantastique dans tous les sens du terme. Peut-être le meilleur hommage à lui rendre est de continuer à lire ses romans pour faire vivre son oeuvre !