Les Profondeurs de la Terre

Lorsqu’elle était encore une colonie, la planète Belzagor portait le nom de Terre de Holman.
Mais les hommes lui ont accordé l’indépendance.
Et les nildoror et les sulidoror se la partagent. Les nildoror ressemblent à des éléphants. Ils sont intelligents ; sensibles et tolérants. Les sulidoror sont des bipèdes proches des humains.
Edmund Gundersen, qui était l’administrateur de Belzagor, revient pour retrouver son passé.
Et pour participer dans le Pays des Brumes, à la cérémonie de la Renaissance, qui peut lui révéler la vie sur Belzagor.
Par cette communion, il espère laver ses fautes, ainsi que toutes celles commises par les colonisateurs terriens,
 

Ce qui l’attend dans l’expiation bouleversera à jamais les règles de l’humanité et celles de la Vie…

# Comment ce livre m’est-il tombé entre les mains ?

Les Profondeurs de la Terre figurait parmi une liste proposée par la maison d’édition Le Livre de Poche. Le pitch a attiré mon attention. Ne connaissant l’auteur que de nom, mais étant au courant de sa renommée, j’ai pensé ne pas prendre beaucoup de risques, après tout…
Dire que je n’ai pas été déçue est un très léger euphémisme

 

#Une perle inattendue

Cette lecture n’a évidemment pas été une totale plongée dans l’inconnu : j’ai lu l’intrigue avant d’accepter le titre et je connaissais la renommée de l’auteur. Pas plus. Alors j’ai décidé de faire confiance. J’ai eu tellement raison !
 
L’histoire commence… comme un incipit de roman SF plutôt classique. L’atterrissage sur une planète à bord d’un vaisseau spatial. Le héros revient sur son passé, là où il a oeuvré durant plusieurs années. Puis on se rend compte de la véritable nature et de la complexité du protagoniste au fil des pages. Edmund Gundersen est un homme qui semble issu directement de la tradition humaniste. Il remet l’humain en perspective par rapport à sa réelle place dans l’univers plus en tant qu’entité parmi d’autres plutôt en tant qu’élément central. Et c’est d’autant plus vrai avec les observations faites des formes de vie autochtones. Les autres personnages humains… sont au contraire de vraies caricatures de touristes faits de tout ce que l’Homme peut avoir d’insupportable. Du genre qui nous font regretter d’être de la même espèce.
 
Et puis, il y a ces fameuses races autochtones. Un peu déstabilisantes puisqu’il s’agit très grosso modo d’animaux doués d’un langage complexe et d’une société structurée. Cette sortie de notre zone de confort – pour certains du moins –  nous confronte à une réflexion qui peut être adaptée à notre bonne vieille Terre : notre langage et notre aptitude à construire des bâtiments nous rendent-ils supérieurs aux animaux ?
 
Si l’histoire commence comme un récit de S-F « classique », il n’en est pas de même pour la suite. Les Profondeurs de la Terre se mue tour à tour en un récit de voyage, les mémoires vivantes du personnage et un conte philosophique durant lequel le protagoniste va subir un réel changement dans sa manière de voir le monde. Et la dimension philosophique qui sous-tend tout le récit se fait de plus en plus présente pour finir en apothéose et offre au lecteur un magnifique sujet de réflexion qui l’occupera un petit moment après sa lecture.
 
À travers le filtre S-F, c’est toute une réflexion, une critique à propos du colonialisme propre à certaines nations qui se dégage de ce texte. Surtout celui à des fins « humanistes » : apporter la civilisation à une bande de sauvages même pas capables de bâtir des villes en dur. Ça gratte, c’est incisif, mais ça fait du bien.
 
Je me suis laissée avoir. J’ai pensé que l’intrigue était un peu cousue de fil blanc et que je n’allais pas être réellement surprise par le dénouement. Oui, il trouvera son ex-compagne et ils vivront heureux en parfaite harmonie avec les peuples de cette planète. Eh bien non ! Je ne spoilerai pas plus que je ne l’ai déjà fait dans le paragraphe précédent, mais j’ai réellement été surprise par le final des Profondeurs de la Terre.
 

#En Bref

 
Les Profondeurs de la Terre est un vrai coup de coeur. À cause de la réflexion qui sous-tend le récit bien sûr, mais surtout grâce à la plume de grande qualité de Robert Silverberg et à son sens du suspens qui prendra tout lecteur par surprise.
 

Une réflexion sur « Les Profondeurs de la Terre »

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